B. MAIS UN RISQUE QU'IL NE FAUT PAS SURESTIMER

La situation économique, qui se caractérise par un important écart de la production par rapport à la production potentielle, ne se prête pas à des tensions particulières sur les coûts de production nationaux.

Alors que dans l'environnement économique des précédents chocs pétroliers, les ingrédients de l'enclenchement inflationniste de la boucle prix-salaires étaient réunis, la désindexation des salaires prévient aujourd'hui, croyons-nous, une élévation durable du rythme d'inflation.

D'ailleurs, si l'inflation nominale accélère , l'inflation sous-jacente dans la zone euro se modère.

INFLATION SOUS-JACENTE

(IPCH sous-jacent, en glissement annuel)

Dans ce contexte, il serait , par conséquent, particulièrement inapproprié que la Banque centrale européenne (BCE), relève ses taux .

L'une des conditions essentielles du retour à une croissance satisfaisante dans la zone euro réside dans le maintien de conditions monétaires accommodantes.

COMPOSANTES DE L'INDICATEUR DE CONDITIONS MONÉTAIRES
DANS LA ZONE EURO

(en points de PIB)

Les conditions monétaires ont été négatives depuis 2004, en raison de l'appréciation du taux de change de l'euro.

Le début d'amélioration enregistré en cours d'année 2005 doit se prolonger pour effacer le retard accumulé .

Une remontée des taux de la BCE pourrait avoir le double effet indésirable de dégrader les conditions de financement internes à la zone euro et de freiner le réajustement des taux de change internationaux.

La politique de resserrement progressif des conditions monétaires de la Fed ne saurait servir de modèle à la BCE . L'économie américaine navigue autour de son potentiel et l'inflation sous-jacente aux États-Unis est d'une autre ampleur qu'en zone euro.

INFLATION SOUS-JACENTE ZONE EURO ET ÉTATS-UNIS

Source : Comptes nationaux

Au demeurant, la BCE devrait mesurer le risque de perte de crédibilité associé à l'éventualité d'un resserrement monétaire . Aux États-Unis où le resserrement graduel de la politique monétaire est en cours, les premiers « pas » dans la hausse des taux de la Réserve Fédérale ont eu pour effet une réduction du niveau des taux longs. En bref, les marchés ont, un temps, désavoué la FED alors que les orientations de celle-ci pouvaient être justifiées par un contexte économique de croissance autour du potentiel de l'économie américaine. Il est ainsi assez probable, et en tout cas entièrement justifié par la situation économique de la zone euro, qu'un tel désaveu, intervienne si la BCE avait la mauvaise idée de resserrer ses conditions d'intervention.

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