4. L'augmentation des dépenses consacrées au personnel

Les dépenses consacrées au personnel passent globalement (dans le compte financier) de 51 millions d'euros en 2002 et 53,4 millions d'euros en 2003, à 61 millions d'euros en 2004. Le budget primitif voté par le conseil d'administration de l'INRAP prévoit qu'elles atteindront 64,8 millions d'euros en 2005. La croissance des dépenses de personnel qui atteint donc 13,8 millions d'euros (+ 27,1 %) en 3 ans, par rapport au premier exercice, soit en moyenne 9 % par an , s'est accélérée en 2004 par rapport à 2003, + 7,6 millions d'euros (+ 14,3 %) et reste forte dans les prévisions budgétaires pour 2005 par rapport à 2004 : + 3,8 millions d'euros (+ 6,2 %).

L'accroissement des dépenses de personnel de l'INRAP

2002

2003

2004

2005

COMPTE FINANCIER

COMPTE FINANCIER

COMPTE FINANCIER

BUDGET PRIMITIF

CDI

27 691 097

32 652 528

35 288 029

38 030 025

CDD

5 448 096

4 955 528

6 606 172

7 251 954

TOTAL DES CHARGES DE REMUNERATION

33 139 193

37 608 056

41 894 201

45 281 979

TOTAL DES CHARGES DE SECURITE SOCIALE ET DE PREVOYANCE

11 652 218

12 523 306

14 452 390

15 891 619

TOTAL DES AUTRES CHARGES SOCIALES

881 273

783 131

905 518

955 000

TOTAL DES CHARGES DE PERSONNEL

45 672 684

50 914 493

57 252 109

62 128 598

TAXES SUR LES SALAIRES

1 981 890

2 148 973

3 413 661

2 307 676

CREDITS DE PERSONNEL A REPARTIR

3 378 963

323 296

337 292

323 296

TOTAL GENERAL DES CHARGES LIEES AU PERSONNEL

51 033 537

53 386 762

61 003 062

64 759 570

Source : INRAP - document du 21 juin 2005

Ces charges liées au personnel, qui s'élèvent donc à 64,760 millions d'euros dans le budget primitif 2005 de l'INRAP (montant proche des 64,982 millions d'euros indiqués dans le vert budgétaire 2005 du ministère de la culture pour cet établissement), représentent 56,7 % du total de ses dépenses (114,705 millions d'euros).

Leur croissance continue contribue à la réalisation des déficits finalement constatés chaque année dans les comptes de l'INRAP et rend douteuse la perspective de leur disparition, quand bien même les problèmes conjoncturels de collecte des redevances seraient enfin surmontés.

5. Le déficit chronique de l'INRAP

De fait, jusqu'à présent, les comptes financiers ont enregistré chaque année des déficits, que le ministère de la culture a dû combler par des subventions . D'ailleurs, dès son projet de budget pour 2003, l'INRAP anticipait, pour l'ensemble des exercices 2002 et 2003, un déficit global de 40,5 millions d'euros, à raison de 13 millions d'euros imputables à l'exercice 2002, et de 27,5 millions d'euros à l'exercice 2003. Une note de la direction d'administration générale (DAG) du ministère de la culture, en date du 3 mai 2005, adressée à la Cour des comptes précise que le déficit total pour 2002 et 2003 s'est finalement élevé à 39 millions d'euros . Quant à l'exercice 2004, et alors que le budget primitif ne prévoyait pas de déficit puisque l'allocation d'une subvention spéciale du ministère de la culture permettait de combler le déficit de 11,5 millions d'euros hérité de l'exercice 2002, il a été indiqué téléphoniquement par la directrice générale de l'INRAP, que le compte financier 2004 s'est soldé par un déficit additionnel de 12,3 millions d'euros . L'INRAP en impute la responsabilité au mauvais rythme d'encaissement de la redevance.

Ces résultats déficitaires résultent des évolutions respectives suivantes des dépenses et des produits (sur la base des comptes financiers disponibles (2002 et 2003) et des budgets primitifs 2004 et 2005.

Le budget de l'INRAP, de 2002 à 2005

PRODUITS
(en millions d'euros)

2002 CF

(11 mois)

2003 CF

2004 BP

2005

BP

Travaux facturés

AFAN

16,893

31,100

56,700

Prestations et études

AFAN

0,610

0,600

0,900

S/T chiffre d'affaires net

45,681

17,503

31,700

57,600

Subventions d'exploitation

(ctes 741/744/7488)

1,228

29,537

(dont 27,5 pour couvrir le déficit de 2003)

12,600

(dont 11,5 pour couvrir le déficit de 2002)

0,865

(aide à la publication + BCRD)

Redevance d'archéologie préventive (cte 757)

INRAP + FNAP

25,560

44,403

73,991

(44,8 loi de 2001 +

29,2 de la loi de 2003)

56,241

Produits divers de gestion courante

0,042

0,665

0

0

Reprises sur amortissements et provisions

1,193

0,740

0,300

0,300

Total des produits d'exploitation

73,704

92,848

118,591

115,006

Produits financiers

0

0,088

0

0

Produits exceptionnels

1,770

2,113

0

0

TOTAL PRODUITS

75,474

95,050

118,591

115,006

PERTES après subventions

3,418

1,970

2,998

Bénéfice - 0,301

PERTES avant subventions

4,646

31,507

15,598

0,564 hors remboursement en 3 ans du prêt du Trésor, dont 7,5 M€ en 2005

P.m. Crédits budgétisés par l'INRAP

109,6

BP et DM 1

105,623

BP et DM1

+ 8,541 reports de 2002

114,164

118,590

BP

114,305

BP

DEPENSES
(en millions d'euros)

2002 CF

(11 mois)

2003 CF

2004 BP

2005

BP

Personnel

45,673

50,914

62,586

62,128

Taxes (essentiellement sur les salaires)

2,735

2,343

4,873

2,531

Achats consommés

28,560

35,142

20, 938

23,593

Services extérieurs

25,586

22,304

Dotations aux amortissements et p.

0,401

0,487

1,000

1,100

Autres charges

0,083

0,053

2,327

2,254

Contributions versées aux tiers

1,272

6,673

S/T exploitation

78,724

95,613

117,310

113,910

Charges financières

0

0,187

0,250

0,300

Charges exceptionnelles

0,168

1,220

1,030

0,495

TOTAL CHARGES

78,892

97,020

118,590

114,705

hors remboursement en 3 ans du prêt du Trésor, dont 7,5 M€ en 2005

Source : comptes financiers de l'INRAP Il a donc fallu couvrir les déficits qui se sont succédé depuis la première année : d'abord par une avance de trésorerie, puis par des subventions. Elles ont été allouées de la façon suivante (selon une note de la directrice de la direction de l'administration générale du ministère de la culture à la Cour des comptes, en date du 3 mai 2005) :

- en 2002 : avance du Trésor de 23 millions d'euros à l'INRAP, à rembourser avant la fin 2002, plutôt que de constituer un fonds de roulement. Cette avance n'a pas pu être remboursée, du fait de la faiblesse du rendement de la redevance, aggravé par « l'amendement Garrigue » adopté en décembre 2002, qui abaissait la redevance de 25 %, et alors que parallèlement le MINEFI n'avait pas donné suite à la demande de création d'une taxe additionnelle sur les assurances. Le déficit constaté en 2002 atteignait 11,5 millions d'euros ;

- en 2003 : le déficit global de l'INRAP s'est accru de 27,5 millions d'euros , ce qui aboutissait à 39 millions d'euros pour les deux premiers exercices . Un « accord d'auto-assurance » a, alors, été passé entre le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (MINEFI) et le ministère de la culture, par lequel celui-ci s'engageait à prendre en charge, par redéploiement, l'aléa budgétaire résultant de l'absence de remboursement de l'avance de trésorerie par l'INRAP, en contrepartie de l'absence de gel et d'annulation de crédits sur le budget du ministère. C'est ainsi, que le ministère de la culture a versé deux subventions à l'INRAP au titre de 2003, pour un total de 27,5 millions d'euros : 12,5 millions d'euros dans les 6 premiers mois de 2003 à partir de mouvements internes au sein du chapitre 36-60 et 15 millions d'euros au titre de la loi de finances rectificative pour 2003, qui toutefois n'ont été versés à l'INRAP qu'à la fin du mois de février 2004, dans le cadre des reports exigés par le MINEFI ;

- en 2004 : le solde du déficit de 39 millions d'euros, soit les 11,5 millions d'euros de déficit de 2002, a été financé par une subvention spéciale du ministère de la culture, elle-même provenant d'un redéploiement de ses crédits, conformément au même accord d'auto-assurance. Ces versements à l'INRAP ont donc été alimentés de deux façons : 3,3 millions d'euros par des virements internes au budget du ministère de la culture, réalisés en novembre 2004 (dont 0,9 million d'euros prélevés sur le chapitre 36-60), et 8,3 millions d'euros dans le cadre de redéploiements décidés par la loi de finances rectificative pour 2004, mais versés seulement en janvier 2005. L'apparition d'un nouveau déficit de 12,3 millions d'euros en 2004 accroît à nouveau le besoin de financement ;

- or, en 2005 , conformément à un arbitrage interministériel rendu le 22 décembre 2004, doit par ailleurs commencer le remboursement au Trésor, sur 3 ans, de l'avance de trésorerie de 23 millions d'euros , qui avait été faite en 2002 et a donc été transformée en prêt du Trésor. Le premier versement doit être de 7,5 millions d'euros , et les deux suivants de 7,5 et 8 millions d'euros, tous financés par une subvention spéciale du ministère de la culture. L'arbitrage prévoit toutefois de « refaire le point » en juin 2005 sur la situation financière et la trésorerie de l'INRAP , du fait des incertitudes concernant le rendement effectif de la redevance. Il est maintenant établi que ce rendement a été, à ce point, faible que non seulement il a contribué au déficit final de 2004, mais qu'à la moitié de l'année 2005, la plus grande incertitude règne sur le montant qui sera finalement perçu en 2005. Le risque est donc élevé qu'apparaisse un nouveau déficit de l'INRAP en 2005, contrairement à ce qu'indique son budget primitif, et alors que celui-ci n'incorpore déjà pas le remboursement de 7,5 millions d'euros à subventionner.

Pour une information complète, il faut préciser que le rythme des versements indiqués par la directrice de la DAG correspond en réalité à des régularisations budgétaires, puisque le calendrier des perceptions effectives de fonds indiqué par l'INRAP est un peu différent :

Calendrier des versements destinés à l'INRAP

(en euros)

30 avril 2003

1.000.000

4 juin 2003

2.000.000

23 juin 2003

2.000.000

31 juillet 2003

3.000.000

20 octobre 2003

2.000.000

24 novembre 2003

2.502.101

24 février 2004

15.000.000

Total au titre de 2003

27.502.101

5 novembre 2004

900.000

2 décembre 2004

2.228.355

5 janvier 2005

8.371.645

Total au titre de 2004

11.500.000

Source : DAG du ministère de la culture

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