B. UNE PRÉSENCE FORTE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, MALGRÉ DES RÉDUCTIONS D'EFFECTIFS
1. La présence militaire internationale : de l'OTAN à l'Union européenne
L'OTAN a été chargée de la mise en oeuvre sur le plan militaire des Accords de Dayton en Bosnie-Herzégovine .
La première force de mise en oeuvre des accords de paix, l'IFOR , a duré un an, de décembre 1995 à décembre 1996, et avait pour objectif de vérifier le respect des engagements pris dans le cadre des Accords de Dayton par les trois parties belligérantes, tels que le retrait des forces, l'enregistrement des armes lourdes et le contrôle des arsenaux. Dans sa phase initiale, elle a conduit au déploiement de près de 60.000 hommes, venus des États membres de l'Alliance, des pays qui participaient au programme de Partenariat pour la paix (PPP) et aussi de la Russie et de l'Ukraine. Au total, 27 États européens ont participé à l'IFOR, dans ses trois composantes, terrestre, maritime et aérienne.
En décembre 1996, la décision a été prise de mettre fin à l'IFOR en la remplaçant par la SFOR , Force de stabilisation. Celle-ci avait au départ un effectif de 32.000 soldats, puis a connu des réductions régulières d'effectifs au fil des années. Fin 2004, la SFOR comptait entre 7.000 et 8.000 soldats en provenance de 27 États, 20 membres de l'OTAN et 7 non-membres, dont l'Argentine, le Chili et le Maroc.
Le 12 juillet 2004, le Conseil de l'Union européenne a adopté une action commune « concernant l'opération militaire de l'Union européenne en Bosnie-et-Herzégovine », l'opération ALTHEA. L'Union européenne a ainsi pris la relève de l'OTAN (SFOR) par une force européenne, l'EUFOR . La résolution 1572 du Conseil de sécurité de l'ONU du 22 novembre 2004 a donné un mandat de douze mois à l'EUFOR.
Il s'agit de la première opération de cette envergure pour l'Union européenne: 7.000 hommes, dont 460 Français. Pour la conduite de l'opération « ALTHEA », l'Union européenne a cependant toujours recours aux moyens collectifs de l'OTAN dans le cadre des accords dits « Berlin plus » sur le modèle de ce qui s'est fait dans l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (opération "Concordia " en 2003).
Le commandant de l'opération « ALTHEA » est le général John Reith (GB) qui est par ailleurs adjoint du commandant suprême des forces alliées en Europe (D-Saceur), le commandant des forces est le général David Leakey (GB).
Les opérations militaires en Bosnie-Herzégovine depuis 1995 Sous commandement OTAN IFOR : opération « Joint Endeavour » de décembre 1995 à décembre 1996 (60.000 hommes). SFOR : opérations « Joint Guard » et « Joint Forge » jusqu'en décembre 2004 (de 32.000 à 7.000 hommes). Sous commandement Union européenne EUFOR : opération « Althea » jusqu'en décembre 2005 (7.000 hommes). 33 Nations participent à l'opération Althea, dont 11 nations hors Union européenne. La France est le 5 ème pays contributeur avec 460 hommes. Source : rapport de M. Wilkinson -commission de la défense de l'UEO (décembre 2004) |
La présence militaire en Bosnie-Herzégovine est répartie en une « Task Force » multinationale Nord (1.800 soldats), une « Task Force » multinationale Sud-Est (1.800 soldats), une « Task Force » multinationale Nord-Ouest (2.000 soldats) et des forces de théâtre (1 000 soldats).
Nous avons pu nous rendre au siège de la « Task Force » multinationale Sud-Est à Mostar ainsi qu'au camp militaire de Butmir près de Sarajevo où l'on nous a présenté la cellule d'investigation et d'analyse du renseignement (CIAR). Nous avons pu constater sur place l'important travail effectué par les forces militaires européennes en Bosnie-Herzégovine.
Parmi les réalisations les plus remarquables, l'EUFOR a mis en place un dispositif original d'unités insérées dans la population locale, les LOT (Liaison and Observation Teams), qui sont en contact direct avec les bosniens et participent à la sécurité du pays, ce qui traduit un nouvel état d'esprit. Les LOT sont un concept intéressant d'immersion d'un petit groupe (huit personnes) dans la population locale, pendant une durée de 4 mois. Aucun incident majeur n'est à déplorer, ce qui montre une parfaite insertion des LOT dans la population.