II. PROMOUVOIR UNE RÉPONSE FRANÇAISE PERTINENTE, RAPIDE ET RIGOUREUSE
A. DONNER AUX POSTES LES MOYENS DE LEUR ACTION
Lorsque survient une catastrophe d'une ampleur aussi exceptionnelle que celle du 26 décembre, la rapidité de mobilisation des moyens humains, techniques et financiers devient une variable clef de l'efficacité des Etats partenaires dans la nécessaire solidarité avec les victimes, mais aussi, il faut bien le reconnaître, du profit politique qu'ils peuvent en escompter. A ce titre, vos rapporteurs spéciaux estiment nécessaire que les postes diplomatiques des pays concernés, et singulièrement celui de Jakarta, puissent disposer d'une réserve de crédits immédiatement mobilisable pour des actions d'urgence , que l'on pourrait familièrement désigner comme de l' « argent de poche ».
Le poste de Jakarta s'est très rapidement vu déléguer 30.000 euros , imputés sur les crédits de la Délégation à l'action humanitaire. Plus des deux tiers de cette somme, soit 21.500 euros, ont servi à acquitter les frais de fonctionnement et d'hébergement de la mission de la sécurité civile, qui aurait théoriquement due être intégralement financée par le ministère de l'intérieur. L'affectation du solde au coût de la location pour trois mois d'une maison à Banda Aceh (soit 7.344 euros), que le poste considère légitimement comme indispensable pour assurer l'hébergement des diplomates fréquemment envoyés sur place (aux fins de coordination des actions des ONG en particulier) comme des délégations officielles venues de France, supprimerait toute marge de manoeuvre pour d'autres actions. En outre, vos rapporteurs spéciaux ont relevé que l'ambassade des Etats-Unis disposait d'une ligne de crédit constante d'environ 100.000 euros pour ce type de dépenses imprévues ou propices aux « effets d'annonce ».
Sans aller jusqu'à octroyer ce type de ligne renouvelable, qui n'est pas de nature à garantir une utilisation rigoureuse des crédits, vos rapporteurs spéciaux estiment que le premier versement de 30.000 euros n'était pas suffisant.
Ils ont néanmoins appris avec satisfaction, à leur retour de mission, que les trois postes les plus concernés par le tsunami (Indonésie, Sri Lanka et Thaïlande) avaient individuellement bénéficié début février d'une délégation de crédits de 200.000 euros, imputés sur les 20 millions d'euros destinés au financement des projets prioritaires de coopération . L'ambassade de Jakarta cherche, de fait, à établir dans la province d'Aceh des relais locaux français ou indonésiens, afin d'identifier les besoins de formation (électriciens, maçons, personnel paramédical...) qui seraient susceptibles d'être financés par la coopération française.
Vos rapporteurs spéciaux considèrent également que la France serait tout à fait fondée à promouvoir auprès des autorités indonésiennes la mise en place d'un plan de type « ORSEC » , qui permettrait de remédier à nombre de carences d'organisation constatées, dans le cas où se produirait une nouvelle catastrophe naturelle, malheureusement envisageable compte tenu des forts mouvements sismiques et volcanologiques qui affectent ce pays.