E. DES CONSTATS À AFFINER
La majorité des études consacrées au développement économique du football professionnel procèdent par référence à des chiffres globaux qui ne rendent pas compte, par nature, de l' extrême diversité des situations individuelles . Celle-ci est pourtant un phénomène essentiel. Il se traduit par l'existence d'inégalités financières observables à tous les niveaux d'analyse, au sein des championnats nationaux, entre clubs de l'élite, ces clubs, et les clubs des divisions inférieures, entre les différents espaces nationaux.
1. De fortes inégalités entre championnats européens
Le chiffre d'affaires des clubs des premières divisions en Europe s'élèverait à 7,1 milliards d'euros (saison 2001-2002), dont 80 % pour les clubs appartenant à l'élite des cinq grands pays (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne, France).
La « Première League » anglaise concentre le quart des ressources ( 1,7 milliard d'euros ). L'Italie arrive en deuxième position avec 1,1 milliard d'euros, désormais suivi de près par l'Allemagne (de l'ordre de 1 milliard d'euros). L'Espagne est légèrement en retrait, et la France est décrochée (643 millions d'euros en 2001-2002).
2. Entre « élite » et « divisions inférieures » un important écart de ressources
Le niveau des recettes courantes de la Ligue 2 apparaît très en retrait par rapport à la Ligue 1 . Le chiffre d'affaires a augmenté à un bon rythme, de 14,7 % en moyenne annuelle entre 1996-1997 et 2000-2001 mais il est environ quatre fois moins élevé qu'en Ligue 1 .
LES RECETTES D'EXPLOITATION DES CLUBS DE LA LIGUE 2
(en milliers de francs)
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Saison 2000-2001 20 clubs |
% |
Saison 1999-2000 20 clubs |
% |
Saison 1998-1999 20 clubs |
% |
Saison 1997-1998 21 clubs |
% |
Saison 1996-1997 19 clubs |
% |
Saison 1995-1996 22 clubs |
% |
PRODUITS |
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Matches championnat à domicile |
69 775 |
9 |
79 978 |
10 |
87 125 |
15 |
64 345 |
11 |
48 949 |
10 |
85 081 |
16 |
Matches coupe d'Europe |
375 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
2 455 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Autres matches |
7 840 |
1 |
11 087 |
1 |
17 626 |
3 |
13 893 |
2 |
10 980 |
2 |
14 830 |
3 |
Sponsors publicités |
171 298 |
21 |
141 919 |
18 |
97 417 |
16 |
137 513 |
23 |
123 735 |
26 |
149 671 |
28 |
Subv. Collectivités territoriales |
117 918 |
15 |
116 187 |
15 |
109 395 |
18 |
128 947 |
22 |
111 725 |
24 |
128 425 |
24 |
Subv. TV & LNF |
369 778 |
46 |
389 457 |
49 |
248 652 |
38 |
215 250 |
36 |
148 139 |
32 |
128 426 |
24 |
Autres produits |
73 705 |
9 |
50 888 |
6 |
39 979 |
7 |
28 124 |
5 |
25 433 |
5 |
26 531 |
5 |
TOTAL : |
810 689 |
100 |
789 516 |
100 |
600 194 |
100 |
590 527 |
100 |
468 961 |
100 |
532 964 |
100 |
Source : LNF - Statistiques saison 2001-2002
Comme pour la Ligue 1, le poste le plus dynamique est celui des « droits-télé » qui représentent 45,6 % des recettes courantes, soit légèrement moins, en moyenne, qu'en Ligue 1. La part des subventions des collectivités territoriales a certes décliné mais, contrairement à la première division, les subventions n'ont pas diminué en valeur . Si en Ligue 1, l'apport des collectivités locales, en supposant que les chiffres mentionnés reflètent correctement son ampleur 8 ( * ) , est devenu marginal, tel n'est pas le cas en Ligue 2 où il représente encore près de 15 % des recettes.
L'absence de données relatives aux clubs de divisions inférieures dans les championnats étrangers ne permet pas d'établir en toute rigueur le constat général d'un fossé entre les clubs de l'élite et les autres en Europe. Cependant, comme les conditions dans lesquelles la répartition des « droits-TV » est assurée, en France, sont comparativement favorables aux clubs n'appartenant pas à l'élite du football professionnel par rapport aux pays voisins, il y a tout lieu de penser que l'important écart de ressources déjà observé en France est nettement plus accusé dans les pays voisins .
Quoi qu'il en soit, cette situation rend particulièrement périlleuses les rétrogradations et justifie , aux yeux de votre rapporteur , que des mesures collectives viennent amortir le choc financier d'une relégation.
Une étude consacrée au « Calcio » 9 ( * ) montre qu'un tel événement se traduit par une forte détérioration des résultats financiers des clubs concernés avec un doublement de la perte d'exploitation. Les recettes diminuent et le coût du travail, non seulement se maintient, ce qui peut traduire des phénomènes d'inertie des contrats, mais encore paraît augmenter. C'est la conséquence, observée en Italie, de stratégies visant à regagner très vite une place dans l'élite.
En France , la Charte 2002 des clubs professionnels contient un engagement d'aide , pendant deux ans, aux clubs relégués . Cette aide est dégressive puisque la seconde année elle est diminuée de moitié. Il en va de même au Royaume-Uni.
L'engagement de la Charte du football professionnel va dans le bon sens. Cependant, il est à noter que, comme toutes les clauses de cette Charte, sa pérennité est suspendue à un accord entre les différents membres de la Ligue.
Compte tenu de l'importance de ce sujet pour les différents acteurs concernés, il paraît souhaitable à votre rapporteur de consolider cet engagement en le transcrivant dans un texte juridique plus pérenne.
* 8 Les chiffres collectés représentent la contrepartie des seules subventions accordées par les collectivités. Or, le soutien des collectivités locales peut passer par d'autres canaux, comme la mise à disposition, à des conditions favorables, des stades dont elles sont le plus souvent propriétaires, de terrains d'entraînement, voire de personnels, même si ce dernier cas n'a pas été constaté formellement par votre rapporteur.
* 9 Championnats professionnels italiens.