2. Le contexte régional africain : l'enjeu du Nil
La maîtrise du cours du Nil reste un enjeu essentiel pour l'Egypte et c'est cet enjeu qui, pour une très large part, conditionne les relations du Caire avec le Soudan et l' Ethiopie .
C'est ce dernier pays qui contrôle en effet les sources du Nil bleu, soit 85 % du débit total du fleuve ; le litige principal entre les deux pays repose aujourd'hui en grande partie sur la gestion, vitale pour chacun, des eaux du plus long fleuve du monde. L'Ethiopie , qui avait fortement contesté la construction du barrage d'Assouan, n'est par ailleurs pas partie au traité qui, en 1959, a permis au Soudan et à l'Egypte de s'accorder sur le partage des eaux du Nil. Aux termes de ce traité, chacun de ces deux pays se voit reconnaître un quota annuel : 55,5 milliards de m3 pour Le Caire ; 18,5 milliards pour Khartoum. L'Ethiopie, désireuse de construire plusieurs micro-barrages sur le fleuve, conteste notamment le caractère de « fleuve international » que lui reconnaît l'Egypte. La rivalité historique entre ces deux puissances, avivée par le litige sur les eaux du Nil, a généré de fortes tensions bilatérales aujourd'hui en voie d'apaisement.
Les relations avec le Soudan indépendant de l'Egypte depuis 1955 avaient connu une phase de forte tension en 1995 après la tentative d'assassinat du président égyptien, à Addis Abeba, revendiquée par les Islamistes radicaux de la Jamaa Islamiya et préparée avec le soutien de Khartoum. Depuis 1989, le pays est dirigé par un régime islamiste dont l'ambition révolutionnaire et déstabilisatrice a suscité des inquiétudes au Caire. L'évolution du régime en 1999 -notamment avec le départ d'Hassan El Tourabi- a permis d'apaiser les relations entre les deux pays.
Cependant, l'évolution du processus de paix au Soudan (accords de Machakos) qui pourrait aboutir, craint-on au Caire, à compromettre l'unité du pays suscite de nouvelles craintes. Il serait notamment de nature à ajouter un nouveau partenaire dans le dialogue égypto-soudanais sur la gestion des eaux du Nil.
C'est aussi au sein de l'Union africaine que l'Egypte entend s'impliquer dans le devenir du continent. L'influence qu'elle souhaite y exercer n'est pas sans lien avec la réforme projetée du Conseil de Sécurité de l'ONU qui verrait, selon certaines hypothèses, l'Afrique disposer de deux sièges dont un de membre permanent.