III. DES RELATIONS BILATÉRALES PRIVILÉGIÉES
Fondées sur une évidente proximité de vues entre les deux pays sur les enjeux régionaux, ces relations se signalent particulièrement par une coopération culturelle active et diversifiée et un partenariat commercial au fort potentiel.
Comme la France, en effet, l'Egypte plaide, sur les enjeux régionaux majeurs, pour une approche globale de la paix, fondée sur la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité et une défense du rôle des Nations unies : cela a été le cas sur l'Irak avant la guerre et le demeure aujourd'hui, comme cela reste au coeur de l'approche égyptienne de la question palestinienne ; plus largement, l'Egypte et la France s'accordent aussi sur la nécessité d'un monde multipolaire et multiculturel. L'accent est placé, conjointement par les deux pays, sur le développement du partenariat euro-méditerranéen : l'Egypte est, avec la France, à l'origine du Forum méditerranéen. C'est aussi dans cet état d'esprit que l'Egypte refuse toute approche du terrorisme ou des conflits régionaux sous l'angle d'un choc des civilisations, prônant au contraire le dialogue des cultures entre le monde arabe musulman et l'occident.
A. UNE PRÉSENCE CULTURELLE AMBITIEUSE
En 2002, le ministère des affaires étrangères a consacré près de 5 millions d'euros en crédits d'intervention au titre de la coopération culturelle, scientifique et technique.
Tout d'abord, l'université française d'Egypte , ouverte en 2002, -établissement privé sans but lucratif- est née de la volonté conjointe des deux pays et a pu être réalisée avec l'appui de représentants du monde des affaires égyptien. Située dans la banlieue du Caire, à Shourouk, elle propose des formations inédites en Egypte : langues appliquées au monde des affaires et au droit (en coopération avec l'université de Paris III Sorbonne nouvelle), informatique et management, intégrés dans la même formation, en liaison avec Paris IX Dauphine, et des spécialités dans les domaines des sciences de l'ingénieur, de l'architecture, du patrimoine et du génie civil. Ces enseignements, qui pourront concerner 2 000 étudiants à terme, sont articulés en relation avec l'entreprise -stages, bourses d'entreprises- conformes aux normes internationales et sont reconnus tant en Egypte qu'en Europe et débouchent sur une co-diplomation ou une double accréditation. Ils permettent enfin des possibilités d'échanges d'étudiants et de stagiaires.
Ouverte depuis un an, cette université française permettra de répondre à une demande locale à ce jour insatisfaite. En dépit de l'existence de 5 filières universitaires francophones regroupant 650 étudiants, la présence française dans l'enseignement supérieur égyptien restait très limitée.
En second lieu, notre coopération technique et de recherche repose sur plusieurs secteurs :
* l' agriculture , pour laquelle le Bureau de liaison agricole franco-égyptien (BLAFE) encadre une cinquantaine de projets sur financements du fonds de contrepartie de l'aide alimentaire française. Trois filières dominent cette coopération : le lait, le blé et la bonification des terres.
* le Centre français de recherche en sciences sociales (CEDEJ) est une unité du CNRS où une équipe franco-égyptienne de 26 chercheurs travaille sur l'Egypte moderne et contemporaine.
* l' archéologie qui mobilise 11 missions et surtout le prestigieux Institut français d'archéologie orientale (IFAO).
Dans les domaines de la santé , de l' environnement , de la sécurité , de la coopération administrative et de la modernisation de l'Etat , l'action de la France se veut un accompagnement de la réforme de l'Etat égyptien. A cet égard, le projet d'une coopération pour la formation des magistrats avec la création d'une académie de justice peut s'avérer essentiel.
Ensuite, la promotion du français reste un objectif prioritaire, autour des 65 établissements -congrégations religieuses et anciens lycées de la mission laïque-, où le français est langue d'enseignement pour les 45 000 élèves qu'ils scolarisent. Malheureusement, cet acquis est fragilisé par un système qui ne favorise pas les étudiants de français lors des examens de fin d'étude.
Le domaine audiovisuel est plus préoccupant : si TV5 est diffusé par le satellite égyptien Nilesat, les programmes en français -environ 50 heures hebdomadaires- connaissent une lente érosion, face à l'abondance des chaînes francophones mais aussi italiennes, espagnoles, polonaises.