III. LE RÔLE FIDUCIAIRE AU SENS DE CONTRAT AVEC L'ÉPARGNANT

Les investisseurs institutionnels sont devenus des gardiens importants du patrimoine financier des ménages et des autres secteurs de l'économie . Avec l'introduction de doses de capitalisation dans les systèmes de retraite, cet aspect devient de plus en plus important. C'est aussi un des éléments clés de l'appréciation des risques liés à leur montée en puissance comme nous le verrons dans le chapitre 2 de ce rapport.

IV. DES APPORTS THÉORIQUEMENT FAVORABLES DES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS

Jusqu'ici, l'analyse nous a menés vers une évaluation plutôt positive du rôle des investisseurs institutionnels dans le système financier et dans l'économie au sens large. D'une part, ce sont les capacités professionnelles des zinzins qui ont été soulignées : leur capacité d'analyse et d'utilisation des informations est supérieure à celle des investisseurs particuliers. D'autre part, on a souligné la concentration des capitaux sous gestion institutionnelle qui renforce logiquement les effets de leurs stratégies sur les marchés financiers et l'économie. Pour résumer, il y a de nombreux avantages qui ressortent de l'interaction entre le professionnalisme des zinzins et la concentration des capitaux sous gestion institutionnelle. Ils sont résumés dans le graphique 5.

Graphique 6 - Les dimensions théoriquement favorables de la gestion institutionnelle

Source : BIPE

Professionnalisme et diversification des portefeuilles au coeur de la montée en puissance des zinzins. Le choix de laisser les investisseurs institutionnels monter en puissance dans l'intermédiation financière est la résultante de décisions rationnelles : s'assurer que l'allocation des investissements est entre les mains des professionnels. Grâce à un savoir-faire supérieur, à la maîtrise des innovations financières et aux masses de fonds collectés qui autorisent la diversification des portefeuilles d'actifs sur des marchés et des secteurs différents, les gestionnaires professionnels peuvent minimiser le risque et maximiser le rendement pour les investisseurs finaux tout en assurant une allocation efficace des investissements au niveau macroéconomique.

Mais un manque de régulation ? Toutefois la maturité achevée avec la phase de titrisation, et la montée en puissance associée des zinzins, ne sont pas forcement synonymes de stabilité, ni financière, ni macroéconomique. Ceci a, du coup, de profondes implications pour la régulation. Dans le cas du secteur bancaire, une plus grande partie de la régulation est dédiée à assurer la stabilité financière (ratios de solvabilité visant à maîtriser les risques). Les mêmes réglementations ne sont le plus souvent pas appliquées au secteur zinzins. De plus il faut admettre que le développement des zinzins s'est accompagné d'épisodes où l'intermédiation institutionnelle a, par ses comportements, déstabilisé le système financier. De même il apparaît que ce développement a accru les risques encourus par les ménages, sans que ceux ci en aient forcément conscience. Ces réflexions nous entraînent vers la régulation, existante ou potentielle. Avant cela, il convient de mieux analyser les incidences des comportements des investisseurs institutionnels.

Chapitre 2
Les risques

La stabilité et la qualité d'un système financier dépendent largement de la coexistence d'acteurs avec des objectifs divergents et des comportements complémentaires (BRI, 1998). Par extension, on pourrait dire que l'allocation optimale des ressources financières dépend aussi de la diversité des sources de financement offrant l'accès aux financements pour l'ensemble des secteurs productifs de l'économie. Dans ce contexte, l'évolution des zinzins pendant les années 1990 est plutôt un élément positif ; elle a multiplié les canaux d'intermédiation financière et donc la diversité nécessaire pour promouvoir la stabilité, la liquidité et la transparence des marchés financiers.

Néanmoins, il y a aussi des problèmes potentiels pour le système financier. Il faut bien sûr aborder les effets de la concurrence entre le secteur bancaire historique et les zinzins, mais aussi ceux liés à la concurrence acharnée entre les zinzins eux mêmes. Pour le deuxième point, on parle bien sûr des comportements mimétiques ou « moutonniers » et de leurs effets sur le marché, mais aussi de la qualité de la gouvernance d'entreprise dans cet environnement.

Concernant les effets de la concurrence entre banques et zinzins deux questions principales ressortent. La réponse des banques au défi des investisseurs institutionnels est une question clef pour analyser en quoi la volatilité des prix d'actifs ou une crise sur les marchés financiers se transmet à l'ensemble du système financier, avec des conséquences graves pour l'économie réelle . Deuxièmement, la restructuration des portefeuilles des ménages au cours des années 1990 et la désintermédiation bancaire, impliquent qu'une part croissante des flux financiers de l'économie est gérée par des intermédiaires plus légèrement régulés que les banques , que cela soit en termes de structure de portefeuille, niveau de risque, solvabilité et autres.

En termes de stabilité financière, la régulation des banques est largement préventive , c'est à dire construite pour prévenir les crises financières . En revanche la régulation du secteur des zinzins est largement réactive . Certes, le secteur zinzins est quand même un peu régulé; il y a des régulations plus ou moins strictes en ce qui concerne la solvabilité des institutions de l'épargne contractuelle, principalement les fonds de pension PD et les assureurs 54 ( * ) . Mais en termes du risque pris, et de la structure du portefeuille en général, le secteur tend à être de plus en plus libéralisé. Les fonds d'investissement ouverts vers le grand public sont faiblement régulés, notamment en ce qui concerne la régulation sur les obligations d'information des souscripteurs sur les risques attachés, ou les régulations pour prévenir des comportements frauduleux.

* 54 Les fonds pension CD et l'assurance vie en support de unités de compte ne sont en général pas soumis à des restrictions de solvabilité puisque les actifs sont égaux aux engagements (passif) par définition.

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