B. EN RETRAIT PAR RAPPORT AUX PAYS ANGLO-SAXONS
Etats-Unis et Grande-Bretagne se détachent nettement dans les classements internationaux, pour ce qui concerne la détention d'actions par les ménages.
Poids des actions en détention directe et
indirecte
|
|||
France |
Royaume-Uni |
Etats-Unis |
|
2001 |
29,8 |
n.d. |
43,3 |
2000 |
33,8 |
47,7 |
48,1 |
1999 |
33,4 |
51,7 |
52,5 |
1998 |
28,1 |
48,2 |
48,7 |
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers nationaux |
Comment expliquer l'écart entre pays anglo-saxons et pays d'Europe continentale en matière de détention d'actions par les ménages ? Cette différence n'est pas conjoncturelle, mais structurelle, et résulte principalement de modes d'organisation différents des retraites.
Dans les pays d'Europe continentale comme la France, d'importants systèmes publics de retraite par répartition assurent un haut niveau de revenu de remplacement aux ménages retraités. Il n'y a pas, pour eux, de nécessité impérieuse de se constituer un complément d'épargne retraite.
Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, l'organisation du système de retraite est différente. Les systèmes publics de retraite n'assurent qu'un faible taux de remplacement du revenu d'activité par la pension qu'ils versent. Les ménages sont donc encouragés à épargner pour leur retraite. Les fonds de pension sont le véhicule privilégié de cette épargne retraite. Ils consacrent une part importante des fonds qu'ils collectent à l'achat d'actions ; une enquête conjointe de l' Employee Benefit Research et de l' Investment Company Institute (ICI), aux Etats-Unis, a montré, par exemple, que les avoirs des plans « 401 k » 11 ( * ) étaient, fin 2000, investis à 75 % en actions. En 2000 toujours, un tiers des actions détenues par les ménages américains l'étaient via les fonds de pension.
C. LA DÉTENTION INDIRECTE GAGNE DU TERRAIN DANS TOUS LES PAYS DÉVELOPPÉS
Du fait de la forte orientation des sommes collectées par les fonds de pension vers les placements en actions, la détention indirecte occupe une place plus importante aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne qu'en France.
Alors que dans notre pays la détention directe reste prépondérante (près des deux tiers du total), la situation est inverse au Royaume-Uni (64 % de détention indirecte). Aux Etats-Unis, les proportions d'actions détenues de façon directe et indirecte sont à peu près équivalentes (53 % de détention indirecte en 2001).
Montant des actions détenues par les
ménages aux Etats-Unis,
direct et indirect
(en millions
de dollars)
Source : calcul CGP à partir des FOF
Montant des actions détenues par les
ménages au Royaume-Uni
(en millions d'euros)
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers
La part de la détention indirecte demeure faible en Espagne (15 %) et se situe à un niveau intermédiaire en Italie (30 %) et en Allemagne (40 %). Il n'en reste pas moins que, ainsi que l'attestent les graphiques présentés en page suivante, « la montée en puissance relative de la détention indirecte demeure le fait majeur et le plus caractéristique des deux dernières décennies » 12 ( * ) .
Montant des actions détenues par les
ménages en Allemagne
(en millions d'euros)
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers
Montant des actions détenues par les
ménages en Italie
(en millions d'euros)
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers
Montant des actions détenues par les
ménages en Espagne
(en millions d'euros)
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers
En Europe, la croissance de la part de la détention indirecte dans les actions détenues par les ménages est due à la multiplication des fonds d'investissement centrés sur les actions. Le poids des OPCVM actions est important au Royaume-Uni et en Suède (respectivement 76 et 75 % du total des OPCVM en 2000), tandis qu'il est faible en France, (où les OPCVM restent majoritairement investis en titres de court terme), ou en Autriche (respectivement 28 % et 19 % du total).
Aux Etats-Unis, la progression de la détention indirecte s'explique, d'une part, par le choix des ménages de placer une part plus importante de leur épargne dans des produits collectifs (la part de leur patrimoine investie dans les produits collectifs est passée de 40 % à 47 % entre 1999 et 2001) et, d'autre part, par le choix des investisseurs institutionnels d'accroître la part des actions dans leurs placements (de moins de 30 % en 1990 à 48 % en 2001).
Après cette présentation du poids des actions dans l'épargne des ménages, il convient de compléter ce panorama par un examen du degré de diffusion de la détention d'actions au sein de la population.
* 11 Les plans « 401 k », dont le nom vient de l'article correspondant du code des impôts américain, sont des plans à cotisations définies ; le risque repose donc largement sur l'épargnant.
* 12 « La place des actions dans le patrimoine des ménages. Mesure et comparaisons internationales », Commissariat général du Plan, 2002, p. 32.