II. COMPARAISONS INTERNATIONALES : LA FRANCE DANS LA MOYENNE EUROPÉENNE, ET EN RETRAIT PAR RAPPORT AUX PAYS ANGLO-SAXONS
Les données disponibles, qui doivent être traitées avec précaution, en raison des différences de mode de calcul selon les pays, suggèrent que la détention d'actions par les ménages français les situent à un niveau comparable à celui de leurs homologues des autres grands pays de la zone euro (Allemagne, Italie, Espagne). Les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume-Uni) se distinguent par la part beaucoup plus importante des actions dans le patrimoine des ménages. Cet écart est pour l'essentiel la conséquence du mode d'organisation des systèmes de retraites.
A. LA FRANCE DANS LA MOYENNE EUROPÉENNE
Les données fournies par le Commissariat général du Plan suggèrent que la France occupe une position moyenne en Europe continentale pour la détention d'actions par les ménages.
Poids des actions en détention directe et
indirecte
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Allemagne |
Espagne |
France |
Italie |
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2001 |
n.d. |
n.d. |
29,8 |
n.d. |
2000 |
26,1 |
39,7 |
33,8 |
35,6 |
1999 |
26,3 |
42,2 |
33,4 |
36,0 |
1998 |
21,1 |
35,9 |
28,1 |
27,5 |
Source : calcul CGP à partir des comptes financiers nationaux |
On observe une progression régulière du poids des actions dans le patrimoine financier des ménages à la fin des années 1990. L'appréciation des cours de Bourse pendant cette période donne cependant une image accentuée de ce phénomène. Certaines spécificités nationales s'érodent, favorisant une convergence vers un modèle commun aux grands pays de la zone euro. Notamment, les ménages italiens, qui ont longtemps privilégié l'achat d'obligations d'Etat, se tournent aujourd'hui davantage vers les placements en actions. Il est vrai que l'effort d'assainissement budgétaire conduit dans ce pays, dans les années 1990, a beaucoup réduit l'offre de titres publics.
Les problèmes de méthode que pose l'estimation de la valeur des actions non cotées doivent cependant inciter à considérer ces chiffres avec prudence. Tous les pays n'appliquent pas la même méthode de calcul, ce qui peut induire des biais de sur ou de sous-estimation (voir encadré 2).
Le rapport « Actions non cotées » a identifié trois catégories d'approche possibles pour estimer la valeur des actions non cotées. La première approche consiste à évaluer la valeur des actions non cotées par référence à la valeur des actions cotées. On calcule d'abord le price earning ratio des sociétés cotées, c'est-à-dire leur ratio capitalisation boursière sur fonds propres. Puis on multiplie ce ratio par la valeur des fonds propres des entreprises non cotées. On obtient ainsi une estimation de la valeur des actions non cotées. Cette méthode est, classiquement, utilisée, en France, par les services en charge de la comptabilité nationale à l'INSEE. Elle gagne en précision si l'on ne retient que les actions cotées les moins liquides pour le calcul du price earning ratio ; les petites entreprises cotées présentent en effet des caractéristiques davantage comparables à celles des entreprises non cotées. D'autres méthodes sont fondées exclusivement sur des données comptables émanant des sociétés non cotées : données de bilan (fonds propres comptables) ou données de comptes de résultat (cumul de résultats passés). La référence aux données de bilan est employée par les pays européens qui ne disposent pas de données plus riches. Elle présente l'inconvénient de négliger certains facteurs d'augmentation de la valeur des entreprises (les biens immobiliers d'une entreprise sont, par exemple, généralement comptabilisés à leur valeur historique, ce qui ne permet pas de prendre en compte une éventuelle appréciation de leur valeur). La référence aux comptes de résultat est la méthode employée jusqu'à présent en Espagne. Elle souffre de la grande volatilité caractérisant les données de résultat, même lorsqu'elles sont cumulées sur plusieurs années.
La troisième approche, enfin, consiste à prendre
appui sur les prix de transaction observés pour les actions non
cotées. Conceptuellement satisfaisante, cette méthode se heurte
cependant, dans beaucoup de pays, à l'absence d'un volume d'observations
suffisant pour permettre une extrapolation à l'ensemble du stock
d'actions non cotées. Cette démarche a été
testée en France par l'INSEE à partir des transactions sur
actions non cotées intervenues dans le cadre de prises de
participations. Elle a donné des résultats convaincants sur le
plan statistique, et convergents avec ceux résultant de la
première méthode décrite
précédemment.
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