LA CONSTRUCTION D'UNE NOMENCLATURE « IDÉALE »

Après avoir exposé les objectifs visés dans la construction de cette nomenclature « idéale », nous présenterons, dans un second temps, les résultats obtenus en essayant d'aller assez au-delà des informations officiellement publiées jusqu'ici.

I. LES OBJECTIFS DE LA NOMENCLATURE « IDÉALE »

S'agissant de l'évolution du patrimoine des ménages, il nous paraît intéressant de pouvoir préciser l'évolution du degré de risque supporté par les ménages au cours de la période : on a beaucoup parlé, s'agissant de la période considérée, de l'augmentation de l'importance absolue et relative des actifs risqués au sein du patrimoine financier des ménages, au moins jusqu'à l'année 2001. Concrètement, comment cette évolution s'est-elle faite ? Quels en ont été les supports précis ? Quelle répartition des risques ces nouveaux supports induisent-ils entre les épargnants et leurs « débiteurs » au sens large ?

A. LES OBJECTIFS PROPOSÉS

Du point de vue des épargnants, c'est la double dimension du risque et de la liquidité qui nous semble devoir être privilégiée :

Ø le « risque » est pris ici dans un sens très large : il englobe toutes les formes d'incertitudes qui peuvent concerner un placement (évolution instantanée de la valeur du capital, évolution des revenus, risque de défaut éventuel au moment du remboursement...etc.) ;

Ø la « liquidité » du placement réalisé : il s'agit bien sûr de son aptitude à être transformé rapidement en moyens de paiement, si possible sans aucune pénalité d'aucune sorte (contractuelle, réglementaire, fiscale).

On a évidemment compris que le couple risque/liquidité conditionnait le plus souvent le niveau du rendement global (revenu courant et plus-values) à attendre du placement considéré, depuis les placements peu risqués et liquides auxquels est associé en principe un rendement modeste (le contre-exemple est évidemment fourni actuellement par le LEP) jusqu'aux placements risqués et peu liquides auxquels doit être associé une rendement relativement élevé.

De ce double point de vue, on peut essayer de « situer » les principaux « supports » utilisées par les ménages :

Ø supports peu risqués et liquides : toute la gamme des livrets, les OPCVM monétaires ;

Ø supports risqués et liquides : détention directe d'actions cotées ; aux actions non cotées est probablement associé un « couple » assez différent avec, sauf cas extrême, moins de volatilité, mais aussi moins de liquidité ; les obligations cotées possèdent évidemment une bonne liquidité, mais supportent aussi un important risque de taux, sans parler du risque de défaut qui s'est souvent beaucoup renforcé au cours de la période étudiée ;

Ø supports risqués et peu liquides : le PEA en est un exemple ; on peut certes transformer ses titres en liquidités, mais sans pouvoir utiliser ces dernières à autre chose qu'à un remploi dans le cadre du PEA ; l'assurance vie en unités de compte dans le cadre de contrats « mono-support » en est un autre exemple ; les contrats « multisupports » ont évidemment réduit le risque du produit avec l'apparition du compartiment en euros ; il faudrait naturellement ajouter ici les créances sur les caisses de retraites capitalisées à cotisations définies, par opposition aux prestations définies ;

Ø support peu risqués et peu liquides : on peut citer ici les contrats d'assurance vie en euros (il en serait différemment des supports en devises) dont le rendement comporte un minimum garanti, mais dont la liquidité - souvent proposée sous diverses formes - est en fait « contre nature » ; on pourrait aussi mentionner les caisses de retraite capitalisées à prestations définies, par opposition aux caisses de retraite capitalisées à cotisations définies dont le risque, on l'a dit, est important pour l'assuré, sans que la liquidité en soit accrue.

A ces objectifs assez généraux, il convient d'adjoindre au moins un objectif particulier : celui d'y voir clair dans les différentes composantes de l'épargne salariale, ce qui sera tenté plus loin.

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