B. LA MONTÉE DE LA PART DES ACTIONS DANS LE PATRIMOINE FINANCIER DES MÉNAGES

Le choix des épargnants français de placer une part plus importante de leur revenu en produits financiers tient pour beaucoup à leur intérêt renouvelé pour les placements en actions.

La part des actions dans le patrimoine financier des ménages a, en effet, été multipliée par 2,6 entre 1977 et 2001 , passant de 11 % à 30 % du total entre ces deux dates.

Cette augmentation s'explique, pour une part, par un effet de flux. Depuis 1977, les ménages ont toujours été acheteurs nets d'actions (sauf en 1982, année où la vague de nationalisations a considérablement raréfié l'offre d'actions).

Elle a été amplifiée par l'appréciation de la valeur des actions. La tendance générale à la hausse du cours des actions ne doit cependant pas masquer les importantes fluctuations qui se sont produites depuis 25 ans. De 1977 à 1982, la part des actions dans le patrimoine financier des ménages français a, par exemple, sensiblement baissé. Elle a augmenté à partir de 1982, et a connu une hausse rapide jusqu'en 1989, sous le double effet des privatisations, qui ont augmenté l'offre d'actions à partir de 1986, et de performances boursières remarquables (les cours de Bourse ont été multipliés par cinq sur la période).

La part des actions dans le patrimoine financier des ménages a régressé, par la suite, de 1989 à 1995. La hausse des cours de Bourse a été faible au cours de cette période. Et les ménages ont davantage orienté leur épargne vers des OPCVM 8 ( * ) monétaires, ou des produits d'assurance-vie incorporant peu d'actions, rendus plus attractifs par la hausse des taux d'intérêt réels. Un retournement s'est produit en 1995, encouragé par une nouvelle vague de privatisations, et par des performances boursières exceptionnelles. Enfin, une dernière rupture est intervenue en 2000, la chute des cours boursiers entraînant une forte baisse de la valeur du patrimoine en actions des ménages. Le graphique suivant synthétise ces évolutions.

Part des actions dans le patrimoine financier des ménages

Source : calcul Commissariat Général du Plan à partir des comptes financiers, FOF

* Estimation pour septembre 2002 .

L'étude réalisée par MM. Babeau et Boutillier, publiée en annexe, montre que la hausse de la part des actions dans le patrimoine des ménages résulte, à la fois, des comportements de placement des épargnants individuels, mais aussi des choix de placement des intermédiaires financiers (banques, compagnies d'assurance, OPCVM) auxquels ils confient leur épargne.

Si l'on considère les seuls actifs financiers détenus en direct par les ménages, la part des produits de fonds propre 9 ( * ) est passée de 11% en 1995 à 19% en 2000, soit une multiplication par un coefficient de 1,67. En revanche, si l'on considère tous les actifs financiers détenus par les ménages, en direct et via les intermédiaires financiers, cette part passe de 19% à 37% en 2000, soit une multiplication par un coefficient de 1,96. Les comportements de placement des intermédiaires financiers ont donc amplifié les évolutions constatées au niveau des épargnants individuels.

Les intermédiaires financiers acquièrent beaucoup plus d'actions cotées et d'actions étrangères que ne le font les ménages directement. Ils contribuent ainsi à la diversification de leur portefeuille, et notamment à une certaine internationalisation. Toutefois, 84% des actions cotées détenues par les ménages sont encore des actions françaises. Les actions non cotées sont davantage détenues par les ménages que par les intermédiaires financiers.

Ce sont surtout les compagnies d'assurance et les OPCVM qui ont réorienté leurs placements vers les actions (sans que celles-ci deviennent toutefois majoritaires parmi leurs actifs). La contrepartie de l'épargne déposée auprès des banques demeure essentiellement composée de créances sur les agents non financiers (prêts aux entreprises et aux ménages).

* 8 Organismes de placement collectif en valeurs mobilières.

* 9 Les produits de fonds propres sont les actions cotées et non cotées mais aussi les autres formes de fonds propres, parmi lesquelles on trouve notamment les parts sociales de SARL. Ces chiffres sont issus de calculs réalisés par le BIPE, à partir d'une série corrigée pour les actions non cotées.

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