B. ... MAIS ÉTAYÉ PAR DES DONNÉES ARITHMÉTIQUES PEU CONTESTABLES
Malgré ces réserves, les données
arithmétiques viennent conforter l'idée que la prise d'un emploi
est souvent peu attrayante financièrement.
Dans le cas français, la comparaison entre les revenus tirés du
Revenu minimum d'insertion (RMI) et les revenus tirés d'un emploi
payé au niveau du SMIC présente la situation suivante pour
l'année 2000.
Gains mensuels à la reprise d'activité (en francs) |
||
|
du RMI à ½ SMIC |
du RMI à 1 SMIC |
Célibataire sans enfant |
- 149 |
1 782 |
Couple 2
enfants
|
- 1 479 |
779 |
Couple 2
enfants
|
2 097 |
4 088 |
Source : OFCE (2001) |
Ces données ne sont pas propres à la France comme le montrent les informations ci-après extraites de l'étude de l'OFCE figurant en annexe.
Taux effectifs d'imposition
de la reprise d'un emploi en 1997
(le travailleur principal a le niveau de salaire moyen 1)
Travailleur principal : |
Du
chômage
2
|
Du chômage de longue durée 4 à l'emploi à temps partiel 5 |
Travailleur secondaire : |
Non emploi 3 |
Non emploi |
Allemagne |
80 |
115 |
Autriche |
76 |
135 |
Belgique |
68 |
109 |
Danemark |
84 |
118 |
Espagne |
78 |
159 |
Finlande |
88 |
152 |
France |
76 |
133 |
Grèce |
54 |
104 |
Irlande |
68 |
60 |
Italie |
63 |
84 |
Luxembourg |
87 |
198 |
Pays-Bas |
89 |
134 |
Portugal |
79 |
174 |
Royaume-Uni |
72 |
93 |
Suède |
88 |
154 |
Eu15 |
77 |
128 |
Etats-Unis |
68 |
102 |
1.
SMO : Salaire moyen ouvrier, calculé comme le salaire moyen brut
d'un adulte travaillant à plein temps dans le secteur manufacturier.. En
Espagne, par exemple, le salaire minimum correspond à 50 % du SMO
alors qu'en France en 1998, le SMIC représente 60 % du SMO
(Joumard, 2001).
2. 1
er
mois de chômage du travailleur principal qui
était employé au niveau du SMO. Il reçoit le montant
d'allocation chômage de base plus éventuellement des aides
sociales pour personne à charge et pour le loyer.
3. Le travailleur secondaire ne perçoit aucune allocation chômage.
4. On suppose que le chômeur de longue durée reçoit une
aide sociale s'il est en fin de droit d'allocation chômage.
5. Le temps partiel est supposé correspondre à un salaire de
40 % du SMO.
Lecture du tableau : En France, 76 % du salaire du temps plein est
perdu en impôt et réduction de transferts sociaux. Un taux
effectif d'imposition supérieur à 100 % indique que le
ménage perd de l'argent lors du passage au temps partiel, ce qui est,
par exemple, le cas en France lorsque le travailleur principal passe du
chômage de longue durée au temps partiel.
Source : OCDE,
Benefit systems and Work Incentives,
(1999)
.
Le tableau évalue l'imposition effective qui pesait en 1997 sur la
transition emploi/non emploi au sein du couple. La première colonne du
tableau donne le montant de salaire retiré quand, dans un couple, une
personne est non employée et ne perçoit aucune aide
particulière et que le travailleur principal passe du chômage
(indemnisé) à l'emploi à temps plein (au salaire moyen).
En moyenne pour l'Europe des 15 en 1997, 77 % du salaire individuel est
retiré dans le cas de la prise d'un emploi à plein temps. Ceci
est le résultat de l'interaction entre l'impôt et le retrait des
allocations chômage. Les Pays-Bas (tout comme la Finlande et la
Suède) retirent un taux plus élevé, de 89 %, alors
qu'en France, il est de 76 %.
La deuxième colonne concerne l'imposition de la reprise d'un emploi
à temps partiel du travailleur principal qui était au
chômage de long terme. Dans ce cas, il n'existe pratiquement aucune
incitation financière à prendre un emploi à temps partiel
dans aucun pays (à l'exception de l'Irlande avec un taux de 60 %).
La moyenne européenne est de 128 %, cette transition est donc
fortement pénalisée. L'Italie et le Royaume-Uni ont un taux
élevé qui reste inférieur à 100 %, mais dans
tous les autres pays et en particulier en France, le taux est très
élevé, indiquant une forte désincitation des individus
dans des situations précaires à prendre un emploi à temps
partiel.