C. L'ABSENCE PÉNALISANTE D'UNE POLITIQUE NATIONALE

Le rapport du Ministère de l'Equipement, dit « Rapport Brossier » intitulé « Imputation des charges d'infrastructures routiers pour l'année 1997 » a bien mis en évidence que les voitures couvrent largement toutes les charges directes et indirectes (notamment les coûts environnementaux) qui leur incombent grâce aux taxes, assurances et péages, tandis que cette couverture n'est que partielle pour les camions. Bien entendu, pour ces derniers, elle devient complète dès lors que la circulation s'effectue sur une autoroute à péage et que le carburant est acheté en France.

Les camions ayant une autonomie de plus de 1 000 km grâce à la taille de leur réservoir, les trafics internationaux achètent rarement leur gasoil en France, compte tenu des prix moins élevés en Espagne, Belgique et Luxembourg. Les taxes sur les carburants (TIPP et TVA) qui échappent ainsi au budget de l'Etat font supporter à la collectivité publique des charges indues, a fortiori encore plus élevées si les camions n'empruntent pas le réseau autoroutier à péage. Avec l'accroissement considérable des échanges internationaux (un doublement au cours de la dernière décennie), cette situation devient d'autant plus préoccupante qu'à l'inverse la congestion augmente sur nos réseaux.

A cet égard la Suisse et l'Allemagne ont développé une politique nationale qui est progressivement mise en application, alors que la France ne s'est pas encore fixée de lignes directrices à ce sujet.

Les principes de la politique suisse relative au trafic de transit.

En 1994, alors que le trafic routier de marchandises ne cessait d'augmenter les Suisses ont adopté par votation l'initiative sur la protection des Alpes visant à protéger la région alpine des répercussions négatives du trafic de transit. Dans ce but et en accord avec la Commission européenne, la stratégie suisse consiste à dissuader le trafic d'emprunter la route en tarifant son usage et à favoriser les transferts sur le rail grâce à une offre ferroviaire attractive (notamment transport combiné et ferroutage, soit respectivement caisses mobiles et camions transportés par wagons).

En novembre 1998, le peuple suisse et les cantons ont approuvé l'arrêté fédéral sur la réalisation et le financement des projets d'infrastructures des transports publics. Plusieurs projets contribuant au développement et à l'amélioration du réseau ferroviaire sont programmés pour être réalisés dans les vingt prochaines années pour un montant de 18 milliards d'euros (source DETEC, ministère fédéral des transport). Les plus importants sont les deux tunnels de base ferroviaires nord-sud :

- le Saint Gothard d'une longueur de 57 km pour un coût de 5.2 milliards euros, qui devrait être mis en service en 2012 ( source DETEC ),

- le Lötschberg d'une longueur de 34 km pour un coût de 2.1 milliards euros, qui ouvrira en 2008 ( source DETEC ).

L'outil de base pour réussir cette politique est la redevance sur le trafic de poids lourds liée aux prestations (RPLP). En vigueur depuis le 1 er janvier 2001, il s'agit d'une redevance basée sur la distance et le poids et s'appliquant à tous les véhicules de plus de 3.5 tonnes de poids total en charge circulant en Suisse. Les taux sont réduits pour les véhicules inférieurs à 28 tonnes, et modulés pour les véhicules les moins polluants (tels ceux de classe Euro II) ou les plus polluants (classe Euro 0).

Non seulement la RPLP renchérit le coût d'usage de la route, mais elle participe à l'amélioration de l'offre ferroviaire. La RPLP rapporte actuellement environ 1 milliard d'euros par an ( source DETEC) . Un tiers est destiné aux cantons qui emploient en priorité cet argent pour la route et deux tiers vont à la Confédération qui consacre ces recettes au financement des grands projets d'infrastructure des transports publics ferroviaires tels que les tunnels de base.

Le péage PL en Allemagne

Actuellement, les poids-lourds d'un poids supérieur à 12 tonnes circulant en Allemagne doivent payer une vignette. Son montant est fonction du nombre d'essieux, de sa période de validité (journalière, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle) et depuis le 1 er avril 2001 du niveau de pollution du véhicule. Elle varie de 750 (véhicule à trois essieux, Euro 2) par an à 1250 euros (véhicule à quatre essieux, Euro 2).

Après avoir été repoussée à plusieurs reprises, la date de mise en service d'un nouveau système de tarification en Allemagne, confiée au consortium DaimlerChrysler, Deutsche Telekom et Cofiroute, est maintenant fixée au 1 er août 2003. L'Eurovignette laissera alors la place à un système de tarification basé sur la distance, le nombre d'essieux et le niveau d'émission de gaz des véhicules. Tous les véhicules de plus de 12 tonnes devront payer un péage compris entre 0.13 à 0.17 euros/km. Le système repose sur l'utilisation d'équipements électroniques embarqués qui permettront de calculer la distance parcourue par les véhicules en les suivant grâce au système GPS. Les données seront ensuite envoyées via le réseau GSM à un centre de traitement qui facturera le péage au transporteur routier concerné. La technologie utilisée pour le système embarqué devrait être compatible avec les autres systèmes utilisés en Europe.

Pour les véhicules circulant occasionnellement sur le réseau allemand et ne souhaitant pas équiper leur véhicule d'un système embarqué, un système manuel d'enregistrement sera possible par Internet ou bien à des points de vente divers (stations services, bornes spéciales, etc).

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