2. Une profession désorganisée
Le bilan de cette réforme s'avère pour le moment encore largement insuffisant. C'est pourquoi il est souhaitable d'inciter les éleveurs à évoluer vers des niveaux supérieurs d'organisation et de faire en sorte qu'ils puissent bénéficier, lorsqu'ils font cet effort, du taux maximum des aides réservées à l'organisation.
Les éleveurs ont en effet tout à gagner en s'organisant en organisations de producteurs pour inverser le rapport de force et en évoluant vers la contractualisation sur les prix et le produit. Comme le souligne la FNSEA, l'organisation économique des producteurs peut contribuer efficacement à la gestion de l'offre et assurer une meilleure valorisation des produits. Cette organisation est d'autant plus efficace qu'elle s'inscrit dans une démarche interprofessionnelle. Néanmoins, pour réaliser cette évolution, les agriculteurs doivent acquérir une véritable « culture de marché », qu'ils n'ont pas toujours spontanément.
Par ailleurs, les éleveurs doivent avoir le choix de se fédérer soit en organisations professionnelles non commerciales, dans lesquelles ils gardent la responsabilité de la commercialisation de leurs produits , soit en organisations de producteurs constituées en société anonyme de commercialisation. Ce type d'organisation, avec des règles d'apport total, doivent pouvoir regrouper les éleveurs entrant dans une démarche de vente en confiance avec leur organisation professionnelle.
A titre d'exemple, la production organisée de Saône et Loire pèse pour moins d'un tiers dans ce département. Seul un tiers des 4000 éleveurs est engagé dans ces organisations. Comme dans d'autres régions d'élevage allaitant naisseur, le poids de la production organisée reste relativement faible, notamment si on le compare à d'autres secteurs de production d'élevages.
Au contraire, votre mission d'information a pu constater, lors de son déplacement en Aveyron, que les éleveurs avaient une culture plus forte de l'organisation économique, ce qui leur permet, dans les périodes de crise, de mieux réagir aux fluctuations du marché en adaptant l'offre.
3. Des règles de fonctionnement complexes
Les règles de fonctionnement des organisations de producteurs sont toutefois rigides et ne favorisent pas les regroupements. A titre d'exemple, les adhérents des organisations de producteurs non commerciales (OPNC) doivent vendre 70 % de leur production à trois acheteurs en début de campagne s'ils souhaitent accéder au niveau maximum d'aides pour financer leurs bâtiments d'élevage. Ces OPNC, plus souvent appelées associations d'éleveurs , sont donc constituées d'acheteurs et de vendeurs et devraient fonctionner dans le cadre d'une liberté commerciale forte, au contraire des groupements de producteurs.