b) « Beaucoup d'espace mais peu de foncier disponible »
D'autres
handicaps s'imposent à l'agriculture de montagne. Au cours de ses
déplacements, la mission commune d'information a pu constater, par
exemple dans le Massif central, que l'impression visuelle de vastes
étendues herbagères se révélait trompeuse :
les agriculteurs ont à faire face à une rareté
foncière et à un coût d'acquisition de la terre parfois
« aberrant » et par exemple qualifié de
« beauceron » par un interlocuteur, ce qui correspond
à 6.000 à 7.500 euros à l'hectare.
Cette rareté foncière s'explique, tout d'abord, par l'histoire.
L'héritage des structures agraires du XIXe siècle et le
mécanisme des successions ont débouché sur un fort
morcellement du foncier et des parcelles généralement
exiguës.
En outre, plusieurs raisons expliquent la difficulté du
remembrement :
- l'absentéisme d'un grand nombre de propriétaires qui ont
émigré définitivement en milieu urbain ;
- l'augmentation du prix des terres et la concurrence avec d'autres
activités économiques dans les régions à potentiel
touristique ;
- et l'importance de son coût financier: proportionnel au nombre de
transactions, il est très élevé en raison de la multitude
de parcelles concernées.
Le grand nombre de parcelles entraîne, pour les producteurs, de multiples
déplacements, des perte de temps et au total une limitation de la
productivité du travail agricole.
A ces freins à l'agrandissement des exploitations, s'ajoutent les
très importantes difficultés rencontrées dans
l'application du statut du fermage en milieu montagnard. Hormis le faire-valoir
direct, l'accès aux ressources fourragères ne peut
généralement se faire que par des « ventes
d'herbe » (vente de production sur pied) annuelles et donc
précaires. De ce fait, les investissements dans l'amélioration
des terres pastorales souffrent d'une grande insécurité et ne
peuvent donc être que plus difficilement réalisés.