3. Les handicaps et les surcoûts dus aux contraintes naturelles et aux spécificités du foncier
a) Les incidences de la pente et du climat sur les rendements agricoles
Les
handicaps naturels de l'agriculture de montagne sont principalement liés
à l'altitude et à la baisse consécutive des
températures moyennes, qui est de l'ordre de 0,5 à 0,7°C par
100 mètres. Il en résulte essentiellement un allongement de
la durée de la période hivernale, qui réduit d'autant la
période de végétation (diminution de 8 à 9 jours
par 100 mètres d'altitude). Le potentiel de production des cultures
et des prairies s'amenuise donc avec l'altitude et à partir d'un seuil
variable localement la plupart de celles-ci sont
« condamnées » économiquement, sinon
techniquement.
La durée de stabulation des animaux s'accroît et les
capacités de stockage de fourrages doivent donc être plus
importantes. Les bâtiments d'élevage doivent être
fermés, plus isolés du froid et plus résistants (poids de
la neige) qu'en plaine. Le coût par animal logé est ainsi plus
élevé. En Savoie, ce surcoût de construction par vache
logée a par exemple été estimé à 73 %
en haute montagne et à 40 % en montagne par rapport aux
exploitations de plaine.
De plus, ce gradient thermique provoque un accroissement du nombre de jours de
gelées en début ou fin de cycle de croissance
végétative. Le rendement des productions végétales
prend donc un caractère de plus en plus aléatoire avec l'altitude
et la gestion du risque devient une notion décisive dans le choix des
itinéraires techniques. La pente vient le plus souvent s'ajouter aux
limitations d'ordre climatique et rend difficile voire impossible la
mécanisation des travaux agricoles. Les machines agricoles les plus
courantes ne sont généralement pas utilisables et le
matériel adapté -avec un centre de gravité abaissé
et quatre roues motrices- doit être acquis à un prix dans certains
cas deux fois plus élevé qu'en zone de plaine. Ce coût
élevé s'explique non seulement par les spécificités
techniques des matériels qui doivent évoluer en
sécurité dans les pentes, mais aussi par l'absence de
débouchés aussi larges qu'en plaine, qui ne permet pas de
fabriquer le matériel en grande série.