b) Les principaux dispositifs

Les informations disponibles au sujet des principaux dispositifs contractuels ne permettent pas d'effectuer une description satisfaisante de la situation actuelle.

De manière très indicative , on peut évaluer à 9 milliards d'euros l'ordre de grandeur des crédits publics en faveur de la montagne prévus pour la période 2000-2006.

Crédits en faveur de la montagne prévus dans le cadre des principaux dispositifs en faveur de la montagne (France métropolitaine)

2000-2006

En millions d'euros

Sources et modalités de calcul :

(1) Selon l'hypothèse d'un montant de 400 millions d'euros par an (dont la moitié financés par l'Union européenne).

(2) Selon l'hypothèse d'une répartition homogène sur l'ensemble du territoire.

(3)Totalité des CPER des régions concernées pour le Massif central (Auvergne et Limousin), volets montagne des régions concernées pour les Alpes, le Jura et les Pyrénées (les Vosges et la Corse ne sont pas pris en compte). Source : données fournies par la DATAR.

(4) Source : DATAR.

(5) Source : lois de finances initiales.


Même si l'on prend en compte le fait que les chiffres relatifs aux CPER sont probablement sous-estimés (les sommes dont bénéficie la montagne pouvant dépasser le seul volet montagne), il semble que les fonds structurels communautaires représentent environ la moitié des crédits disponibles pour la politique de la montagne (plus de 5 milliards d'euros sur 9 milliards en 2000-2006). D'où l'enjeu stratégique que représente la réforme des fonds structurels au-delà de 2006 pour les zones de montagne.

Il convient cependant de souligner que la situation est peut-être sensiblement différente en ce qui concerne les crédits effectivement dépensés , comme le suggère le graphique ci-après, relatif aux crédits engagés en 2001.

Crédits engagés dans le cadre des principaux dispositifs d'aménagement du territoire en 2001 (France métropolitaine)

En millions d'euros (échelle logarithmique)

(1) Le Massif central n'est pas pris en compte.

Sources :

(a) Cf. graphique précédent.

(b) DATAR.


Ainsi, en 2001, les engagements de crédits des principaux dispositifs d'aménagement du territoire (c'est-à-dire hors ICHN) ont été vingt fois inférieurs à la moyenne annuelle correspondant aux crédits programmés pour la période 2000-2006. En particulier, les fonds structurels européens n'ont pas joué de rôle significatif , avec un chiffre mille fois plus faible que les estimations avancées par la Commission européennes (moins de 600.000 euros, contre environ 500 millions d'euros selon la Commission). En définitive, seuls les crédits de la PAT ont été engagés à un taux satisfaisant (de l'ordre de 100 %), de sorte qu' en 2001 la PAT a représenté la quasi-totalité des engagements de crédits d'aménagement du territoire destinés à la montagne.

(1) Les CPER

Les chiffres transmis à la mission commune d'information par la DATAR ne permettent pas d'évaluer la part des crédits des CPER consacrée à la politique de la montagne.

Interrogée à ce sujet par la mission commune d'information, la DATAR a répondu que « toutes les régions de massif disposent au sein de leur CPER d'un volet montagne ou considèrent lorsqu'elles sont entièrement incluses dans un massif que l'ensemble du programme peut être mobilisé par le massif (Auvergne et Limousin) ».

Cette approche ne permet pas d'obtenir des chiffres satisfaisants.

Tout d'abord, le volet montagne, dans les différents CPER, ne regroupe pas l'ensemble des dépenses dont bénéficient les zones de montagne, mais les dépenses qui, de par leur nature, leur sont spécifiques. Ainsi, les informations fournies par la DATAR ne permettent pas de comparer les crédits dont bénéficie le Massif central (de l'ordre de 1.500 millions d'euros en 2000-2006, dont 1.000 dans le cadre du CPER de l'Auvergne et 500 dans celui du Limousin) à ceux dont bénéficient les autres massifs (si l'on prend en compte les seuls volets « montagne », quelques dizaines de millions d'euros pour les Alpes, le Jura ou les Pyrénées).

Ensuite, la DATAR ne fournit aucune information relative aux Vosges et à la Corse.

Par ailleurs, les chiffres relatifs à certains CPER (PACA, Midi-Pyrénées pour le soutien aux politiques sectorielles des zones de montagne) ne ventilent pas les crédits entre les différents massifs concernés. Les données transmises par la DATAR au sujet des volets « montagne » des CPER sont synthétisées par le graphique ci-après.

Volet « montagne » des CPER : répartition pour trois massifs selon la DATAR (2000-2006)

En millions d'euros

(*) Ces chiffres comprennent des subventions destinées au Massif central (non individualisées).

Source : DATAR.

(2) Les conventions interrégionales de massif

Les chiffres disponibles relatifs aux conventions interrégionales de massif semblent plus satisfaisants.

Le montant total des crédits est de 606 millions d'euros pour la période 2000-2006 (333,5 sans prendre en compte les grands travaux), comme l'indique le graphique ci-après.

Conventions interrégionales de massif 2000-2006

En millions d'euros

Source : DATAR.

Les conventions interrégionales de massif constituent donc un complément appréciable des CPER.

Les conventions interrégionales de massif

1. Les politiques interrégionales de massif

La loi n° 95-115 du 4 février 1995, dite « loi Pasqua », prévoit que « les massifs de montagne s'étendant sur plusieurs régions font l'objet de politiques interrégionales ».

Elle précise que « ces politiques peuvent prendre la forme d'un schéma interrégional d'aménagement et de développement de massif », « élaboré et approuvé conjointement par les conseils régionaux », au sujet duquel le comité de massif joue un rôle consultatif.

Les politiques interrégionales de massif s'inscrivent dans les orientations définies par la loi « montagne » ainsi que par les schémas de services collectifs.

2. Les conventions interrégionales de massif


Cette politique interrégionale a pris la forme des conventions interrégionales de massif , conclues entre l'Etat et les conseils régionaux concernés.

Lors du Conseil national de la Montagne du 19 mars 1999, le Premier ministre a confié aux préfets coordonnateurs de massif l'élaboration des conventions interrégionales de massif.

Cinq conventions interrégionales de massif ont été conclues en 2000 entre l'Etat et les conseils régionaux (Alpes, Massif central, Pyrénées, Jura, Vosges).

Les programmes portent généralement sur :

- les politiques environnementales propres au massif (connaissance géographique, valorisation des sites remarquables, gestion de l'eau...) ;

- les politiques touristiques (réhabilitation de l'accueil, soutien à la randonnée, diversification de l'offre) ;

- les politiques agricoles (aides à une production diversifiée et de qualité, à l'agriculture biologique, aux programmes pastoraux...) ;

- la gestion des forêts (exploitation durable et mobilisation du bois) ;

- la prévention des risques naturels ;

- le soutien à l'artisanat et aux entreprises ;

- la formation ;

- la communication autour du massif.

(3) Les fonds structurels communautaires

Les fonds structurels communautaires constituent un élément essentiel des financements publics en faveur de la montagne.

(a) Présentation générale

Selon les informations obtenues par la mission commune d'information auprès de la Commission européenne, il n'existe de définition communautaire de la montagne ni au titre de la politique régionale, ni au titre d'aucune autre politique communautaire. Ainsi, jusqu'en 2006, les critères d'éligibilité aux fonds structurels porteront seulement sur le retard de développement.

Dans l'ensemble de l'Union européenne, 85 % de la superficie des zones de montagne est éligible aux objectifs 1 ou 2 (hors zones en phase de sortie du dispositif), comme l'indique le tableau ci-après.

ZONES DE MONTAGNE ET ZONES ARCTIQUES : SUPERFICIE ÉLIGIBLE
AUX OBJECTIFS 1 ET 2, 2000-2006

Objectif

% du total des zones de montagne

Objectif 1

61,5

Sortie progressive de l'objectif 1 ou programme spécial

3,1

Objectif 2

24,7

Sortie progressive de l'objectif 2

5,8

Non éligible

4,9

Total zones de montagne

100

Zones de montagne en % de la superficie totale de l'Union européenne

38,8

Source : Commission européenne, deuxième rapport sur la cohésion économique et sociale, 2001.

(b) Le cas de la France

La mission commune d'information n'a pas pu obtenir auprès de la Commission européenne un chiffrage précis des crédits de la politique régionale alloués à la montagne française. Cependant, certains ordres de grandeur lui ont été indiqués.

Environ 75 % des zones de montagne françaises seraient éligibles aux objectifs 1 ou 2, mais les massifs métropolitains relèvent de l'objectif 2, la Réunion étant le seul territoire à bénéficier de l'objectif 1.

Les financements des fonds structurels à destination de la montagne seraient de l'ordre de 4 milliards d'euros pour la période 2000-2006. En effet, en France les crédits alloués aux fonds structurels s'élèvent à 17,5 milliards d'euros. Si l'on suppose que les subventions sont réparties en fonction de la superficie, et que la montagne représente 25 % du territoire français (hypothèses retenues par la Commission devant la mission commune d'information), celles allouées aux zones de montagne correspondraient à environ un quart de cette somme.

(4) La prime d'aménagement du territoire (PAT)

Enfin, il convient de prendre en considération l'aide aux entreprises que constitue la prime d'aménagement du territoire (PAT).

Les montants de la PAT inscrits en loi de finances pour la période 1996-2002 ont été de l'ordre de 300 millions d'euros. Si l'on suppose que cette prime est également répartie sur l'ensemble du territoire, et que les zones de montagne représentent 30 % du territoire national, la PAT totale allouée aux zones de montagne aurait été de l'ordre de 100 millions d'euros sur la période 1996-2002, soit 14 millions d'euros par an.

Les crédits engagés en 2001 dans les différents massifs au titre de la PAT se sont d'ailleurs élevés, selon la DATAR, à 14 millions d'euros. Ainsi, la PAT présenterait, par rapport aux autres dispositifs en faveur de la montagne, l'avantage d'avoir un taux d'engagement de l'ordre de 100 % des crédits disponibles.

Cette estimation globale ne doit pas dissimuler le fait que la carte PAT présente de graves incohérences, dont pâtissent certaines zones de montagne.

(a) Les aides d'Etat sont généralement interdites dans le cadre de l'Union européenne

Les aides publiques versées aux entreprises sont soumises à la réglementation européenne en matière de concurrence, issue des articles 92 et 93 du Traité instituant le Communauté européenne (TCE), qui interdisent les aides faussant la concurrence au sein du Marché commun, dénommées « aides d'Etat ». Cette réglementation n'a cessé de se développer ces dernières années et fait l'objet d'un contrôle toujours plus strict de la Commission européenne.

Le pouvoir d'appréciation sur les projets d'aides notifiés par les Etats appartient exclusivement à la Commission européenne sous le contrôle du juge communautaire.

Des dérogations, pour la plupart prévues dans le Traité, peuvent atténuer cette interdiction. Tel est le cas, à certaines conditions, des mesures destinées à aider le développement économique des régions en difficulté.

(b) Il existe une dérogation dans le cas des aides à finalité régionale

Les aides d'Etat à finalité régionale 107( * ) ne peuvent être autorisées que dans certaines zones (dénommées par référence aux dispositions du traité CE qui leur servent de base juridique) :

- les zones 87.3.a (régions dont le PIB par habitant est inférieur à 75 % de la moyenne communautaire) ;

- les zones 87.3.c (zones définies par les Etats parmi des critères choisis parmi une liste de cinq).

Il convient de souligner que dans chaque cas, l'éligibilité est déterminée en fonction du retard de développement. Ainsi, la Commission ne fait pas de différence entre deux régions connaissant le même retard de développement, l'une connaissant un handicap géographique, l'autre pas.

Les seules exceptions concernent les régions ultrapériphériques (article 299.2 du traité CE et lignes directrices concernant les aides d'Etat à finalité régionale) et les îles (article 158 du traité CE et déclaration n° 30 du traité d'Amsterdam relative aux régions insulaires).

(c) La France a déterminé elle-même le zonage PAT

Les Etats ont eux-mêmes déterminé leur zonage 87.3.c, dans le respect de certaines règles fixées au niveau communautaire.

Un plafond de population a été déterminé pour chaque Etat au niveau communautaire, en fonction d'un pourcentage global pour l'Union européenne, réparti en fonction de divers critères (dont le PIB par habitant, le taux de chômage et les inégalités entre régions). Dans le cas de la France, ce plafond est de 36,7 % de la population.

Les Etats ont ensuite eux-mêmes établi le zonage 87.3.c. sur leur territoire.

Ils ont pour cela utilisé divers critères, parmi une liste de cinq établie au niveau communautaire. La France n'a retenu que quatre de ces critères (cf. tableau ci-après).

Par ailleurs, afin d'éviter un « mitage » du territoire n'incluant dans le zonage que les zones potentielles d'implantation d'entreprises, les Etats avaient l'obligation de prendre comme échelon du zonage une entité unique. La France a retenu celle du bassin d'emploi.

Enfin, les Etats avaient la possibilité d'inclure dans le zonage 87.3.c. les zones éligibles à l'objectif 2.

(d) Le zonage actuel des aides d'Etat en France

En France, la nouvelle carte des zones PAT n'est entrée en vigueur qu'au mois d'avril 2001 108( * ) .

Le zonage se répartit de la manière indiquée par le tableau ci-après.

LE ZONAGE DES AIDES D'ETAT EN FRANCE

Zones

Critère

Part de la population

Régime

Article du traité CE concerné

Taux de subvention autorisé (en % de l'investissement (1) (2))

Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion

PIB par habitant inférieur à 75 % de la moyenne communautaire

2,8 %

« aides destinées à favoriser le développement économique de régions dans lesquelles le niveau de vie est anormalement bas ou dans lesquelles sévit un grave sous-emploi »

Article 87 paragraphe 3, point a), du traité CE.

65 %

169 zones d'emplois

- revenu net imposable moyen par foyer fiscal ;

- taux de chômage ;

- poids relatif de secteurs industriels potentiellement en crise ;

- importance des suppressions d'emplois par rapport à la population.

32,3 %

« aides destinées à faciliter le développement de certaines activités ou de certaines régions économiques, quand elles n'altèrent pas les conditions des échanges dans une mesure contraire à l'intérêt commun »

Article 87 paragraphe 3, point c du traité CE.

20 % à l'exception de :

- 15 % pour les zones d'emploi ou parties de zones d'emplois qui bénéficiaient jusqu'en 1999 de plafonds d'intensité égaux à 17% ESN ;

- 10% pour les zones en Alsace et dans le Doubs (Franche-Comté).

14 zones d'emploi

Zones bénéficiaires de l'objectif 2 des fonds structurels.

1,6 %

 
 
 

(1) L'investissement est défini par la notion d' « équivalent subvention net » (ESN). L'ESN indique l'intensité nette de la subvention, c'est-à-dire l'avantage final que l'entreprise est censée retirer de l'aide. Il est calculé par la commission selon des modalités explicitées dans ses Lignes directrices concernant les aides d'Etat à finalité régionales (98/C 74/06).

Selon d'autres modalités de calcul, ces taux sont de 11,5 %, 17 % et 23 %.

(2) Pour les PME, ces intensités sont augmentées de 10 points de pourcentage bruts.

(e) Certaines zones de montagne auraient dû être prises en compte

La montagne n'est que partiellement prise en compte par ce zonage.

Ainsi, si la Corse et les Pyrénées sont entièrement éligibles, tel n'est pas le cas de certaines régions du Massif central (région de Clermont-Ferrand, majeure partie de l'Aveyron, Lozère en particulier), d'une partie des Vosges, et de la quasi-totalité des Alpes et du Jura.

Pourtant, la France aurait pu inclure davantage de zones de montagne dans cette carte, dans la mesure où le plafond de la population habitant dans les zones concernées (36,7 %) n'aurait pas été dépassé.

En particulier, les Etats avaient la possibilité d'inclure dans le zonage 87.3.c. les zones éligibles à l'objectif 2. Ainsi, rien n'empêchait la France d'inclure dans la carte PAT, par exemple, la Lozère, éligible à cet objectif.

Selon les informations fournies par la DATAR, « la Commission n'est pas opposée au principe de la révision d'ici 2006 de ce zonage », à condition que le plafond de population ne soit pas dépassé. La DATAR estime cette dernière difficulté insurmontable.

En l'absence de révision de ce zonage, les zones de revitalisation rurale (ZRR) ne bénéficiant pas de la PAT devraient bénéficier d'un régime particulier destiné à leur assurer un niveau d'aide analogue à celui de la PAT. Ce régime devrait bien entendu respecter les règles communautaires en matière d'aides d'Etat.

Proposition n° 87. :

- Etudier la possibilité d'une révision de la carte PAT, afin de mieux prendre en compte les zones de montagne ;

- A défaut, instaurer, en faveur des zones de revitalisation rurale ne bénéficiant pas de la PAT, un régime particulier destiné à leur assurer un niveau d'aide analogue à celui de la PAT.

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