2. L'augmentation des flux échangés
Depuis dix ans les échanges mondiaux de vins ont beaucoup progressé. La part des vins originaires d'Europe dans ces échanges a toutefois diminué.
La progression des échanges de vins
En 2001, 31 % de la consommation mondiale de vin fait l'objet d'échanges commerciaux entre pays, contre seulement 18 % en 1990.
Cette croissance considérable des flux internationaux de vins a pourtant peu profité à l'Union européenne puisqu'entre 1994 et 2000, les exportations de vins des cinq plus gros producteurs européens n'ont progressé que de 21,4 % quand, dans le même temps, les exportations des vins du Nouveau Monde augmentaient de 169 % (chiffres du rapport du Wine and Spirits Intelligence Services).
Le rythme de progression des exportations des nouveaux pays producteurs est impressionnant. Sur 10 ans, il a été de 586 % pour l'Australie et de 1.500 % pour l'Afrique du Sud.
Ces pays, qui représentaient en volume moins de 10 % des échanges mondiaux de vins en 1994 assurent aujourd'hui près de 20 % des exportations mondiales, soit un doublement en 6 ans ! Selon les estimations du rapport britannique déjà cité, leur part de marché pourrait atteindre 24 % du commerce mondial de vins en volume en 2005.
Cette performance des nouveaux pays producteurs dans la conquête de parts de marché s'explique par le fait qu'ils sont acculés à l'exportation en l'absence de marché intérieur significatif . Ce constat ne vaut toutefois pas pour les Etats-Unis dont 65 % de la production est absorbé par la consommation domestique.
Enfin, il convient de souligner que l'accroissement des parts de marché des nouveaux pays producteurs sur le marché mondial des vins n'est pas seulement imputable à une augmentation des volumes vendus, mais également à une croissance en valeur . Positionnés un temps sur les vins d'entrée de gamme, ces producteurs ont, en effet, rapidement augmenté les prix des vins qu'ils exportent, en cohérence avec une rapide montée en gamme.
3. Une consommation qui ne progresse plus
Alors qu'elle avait augmenté de plus de 22 % dans les années 1970, la consommation mondiale de vin n'a cessé de baisser depuis vingt ans, comme l'illustre la courbe suivante :
Le rythme de diminution a été d'environ 2 % par an entre 1980 et 1993, soit une baisse moyenne de 5 millions d'hectolitres par an.
La consommation mondiale de vins tourne aujourd'hui autour de 220 millions d'hectolitres par an.
Cette diminution sur le long terme s'explique essentiellement par une réduction tendancielle de la consommation de vin en Europe qui, rappelons-le, représente encore à elle seule près de 80 % de la consommation mondiale.
Cette diminution globale de la consommation européenne ne doit toutefois pas cacher une tendance de fond qui conjugue une baisse de la consommation dans les pays à tradition vinicole du sud de l'Europe (Espagne, France, Italie) et un développement de la consommation dans les pays non-producteurs d'Europe du Nord (Grande-Bretagne, pays nordiques, Pays-Bas).
Au cours d'un colloque organisé par le CFCE et la SOPEXA dans le cadre du salon « Vinisud 2002 », M. Jean-François Berger, chef du secteur vins et spiritueux au CFCE a ainsi estimé que la consommation britannique de vin devrait augmenter de 30 % d'ici 2010, pour atteindre un niveau de 25 litres par an et par habitant.
Il a également pronostiqué qu'en 2006 la consommation du Danemark serait supérieure de 10 litres par an et par habitant à celle de l'Espagne. Ainsi, les pays européens producteurs de vin pourraient perdre leur place de premiers pays consommateurs.
Ce transfert de consommateurs s'accompagne d'une évolution des habitudes de consommation qui tendent à devenir moins régulières, plus occasionnelles.
En dehors de l'Europe, la consommation progresse peu
Elle s'est stabilisée aux Etats-Unis et au Canada, après avoir beaucoup augmenté entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, notamment grâce à la diffusion d'études sur les effets bénéfiques du vin sur la santé (thèse dite du « French Paradox ») ;
Les nouveaux pays producteurs tels que l'Australie, le Chili, l'Afrique du Sud, offrent peu de perspectives de développement de la consommation, compte tenu de l'étroitesse ou du manque de solvabilité de leur marché intérieur ;
Quant au marché asiatique, il génère des espoirs qui demandent à être confirmés. Le Japon et, dans une moindre mesure, la Chine, semblent des marchés porteurs, mais qui demeurent encore incertains.
Ainsi, la consommation mondiale de vin semble ne pas devoir croître sensiblement dans les prochaines années, malgré un léger redressement depuis 1995. L'OIV estime que son niveau devrait osciller entre 223 et 240 millions d'hectolitres à l'horizon 2005. Le CFCE est, quant à lui, plus pessimiste, puisqu'il table sur une baisse à 213 millions d'hectolitres à l'horizon 2007.