D. UN SYSTÈME DE SANTÉ DONT LA COHÉSION EST DÉSORMAIS MENACÉE
1. Un secteur public confronté à de nombreuses difficultés
Elément essentiel de la politique sanitaire, le système public de santé du Viêt-nam est aujourd'hui confronté à de nombreuses difficultés, principalement :
- le sous-équipement des établissements publics de santé : ainsi, les unités d'imagerie médicale et les blocs opératoires sont, officiellement, les grands bénéficiaires de l'équipement des hôpitaux vietnamiens. Toutefois, on estime que seulement 18 % des équipements médicaux sont modernes, et que 50 % d'entre eux sont inutilisables, faute de maintenance.
Par ailleurs, la capacité d'accueil des hôpitaux est inadaptée à l'accroissement rapide de la population. On comptait ainsi un lit pour 380 habitants en 2000, contre un lit pour 300 habitants en 1989. Ce phénomène, particulièrement aigu en pédiatrie, est accentué par la désaffectation de la population, déjà mentionnée, à l'égard des hôpitaux de district et des dispensaires communaux. En effet, les patients s'adressent désormais directement aux hôpitaux des grandes villes, présumés plus efficaces.
- la faiblesse des rémunérations des professionnels de santé dans le secteur public : rémunérés sur des fonds publics, et assimilés à des fonctionnaires, les professionnels de santé vietnamiens perçoivent des salaires modestes dont le niveau, parfois à la limite du minimum vital, n'a pas varié, en termes réels, depuis 1994. On évalue ainsi à 29 dollars le salaire mensuel moyen dans le secteur public de santé. Pour vivre, la majorité de ces professionnels est donc obligée d'exercer une autre activité, qu'il s'agisse de médecine libérale ou d'un métier totalement étranger au domaine médical. Dans tous les cas, cette situation a nécessairement des conséquences défavorables sur la motivation et la disponibilité des professionnels concernés.
Le Viêt-nam compte désormais sur l'aide internationale pour remettre à niveau son système de santé. Cette aide, qui représente déjà 20 % du total des dépenses de santé, concerne les domaines les plus variées et la France, grâce notamment à la réputation de sa médecine, y occupe une place de premier plan.
A cet égard, les médecins vietnamiens rencontrés par la délégation sénatoriale, et qui ont bénéficié d'une formation en France, ont unanimement salué la qualité et l'importance des contacts qu'ils ont noués, à cette occasion, avec le milieu médical français, et notamment avec les universités de Bordeaux et de Nancy.
En outre, la visite de la bibliothèque de l'hôpital pédiatrique Nhi Dong II (Hô Chi-Minh Ville) a permis à la délégation d'apprécier la place encore privilégiée tenue par la littérature médicale francophone parmi les sources de documentation, et ce en dépit de la concurrence de plus en plus affirmée des publications anglo-saxonnes.