2. Une réalité encore difficile à évaluer
Aucune source statistique ne permet, aujourd'hui, d'évaluer de manière fiable l'importance exacte du secteur libéral au sein du système de santé vietnamien. En 1996, le ministère de la santé estimait à 26.000 personnes le nombre de professionnels de santé titulaires d'une licence, soit environ un dixième des 213.000 personnes travaillant dans le secteur public.
Toujours sur la base des évaluations officielles, les chirurgiens seraient les plus nombreux (37 % des titulaires de licences) à exercer dans le secteur libéral, suivis par les pharmaciens (24 %) et les praticiens de la médecine traditionnelle (13 %). Toutefois, environ 83 % des chirurgiens ayant une activité libérale sont également des employés du secteur public, contre seulement 45 % des pharmaciens et 2,5 % des praticiens de la médecine traditionnelle. Par ailleurs, on évaluait à 35.000 environ le nombre d'établissements de santé privés (toutes catégories confondues) en 1998, dont 32 % d'officines pharmaceutiques, 16 % de cliniques « générales », 14 % de cliniques de médecine traditionnelle et 12 % de services infirmiers.
70 % de l'activité libérale est exercée dans les villes contre 30 % dans les campagnes qui représentent, pourtant, près de 75 % de la population. Ce déséquilibre accentue donc les difficultés déjà rencontrées par les populations rurales pour accéder à des soins de qualité.
3. Un marché du médicament en pleine expansion
Autre facette de la libéralisation de la santé, la distribution des médicaments, exclusivement publique jusqu'en 1993, est le fait, aujourd'hui, de près de 8.000 détaillants officiels, publics et privés. Ils sont concurrencés par un marché parallèle, alimenté par la contrebande, qui est d'autant plus actif que la consommation de médicaments s'accroît, actuellement, de 20 % par an. Les médicaments sont inscrits sur une liste nationale de 255 spécialités et concernent, pour l'essentiel, la cardiologie, l'endocrinologie et les antibiotiques.
Les médicaments occidentaux sont au trois quarts importés, la France étant le premier pays fournisseur avant l'Inde, la Suisse et la Corée. L'aide internationale (UNICEF, Banque asiatique de développement, banque mondiale) et les nombreuses organisations non gouvernementales fournissent, en outre, des médicaments aux structures sanitaires. Quant à la production locale, elle concerne surtout les antibiotiques, les vitamines et des vaccins (Institut des vaccins de Nha Trang, Institut Pasteur de Hô Chi Minh-Ville). Le Viêt-nam exporte ainsi des vaccins vers les pays de l'ex-Europe de l'Est, le Cambodge et le Laos.