3. La nature et l'importance de l'élévation du niveau de la mer
Encore une fois, votre Rapporteur doit rappeler que le niveau de la mer n'a cessé de fluctuer au cours de l'histoire de notre planète comme cela a déjà été décrit dans la première partie du présent rapport à propos de la paléoclimatologie.
Le satellite Topex-Poséïdon, lancé en 1992, a indiqué que, au cours de la dernière décennie , le niveau global moyen de la mer a augmenté de 2,5 mm par an . Il a surtout montré, ce qui fut une révélation, que l'élévation du niveau de la mer n'était pas du tout uniforme sur l'ensemble de la surface des océans et que cette hausse était parfaitement corrélée avec la dilatation thermique de l'océan causée par le réchauffement climatique (Audition de Mme Anny CAZENAVE du C.N.E.S. ).
Au cours du XX ème siècle, la mer s'est élevée d'environ 10 à 20 cm (1 à 2 mm par an). Les rapports du G.I.E.C. prévoient pour le XXI ème siècle, une élévation moyenne du niveau de la mer oscillant entre 40 cm et 98 cm , étant précisé d'emblée que l'impact d'une telle élévation varie très fortement selon la configuration des côtes considérées. Les plages en subiront donc des modifications bien plus importantes que dans le passé récent.
Un rapport du ministère chargé de l'environnement relatif aux plages françaises a montré que, en cas d'élévation du niveau de la mer d'un mètre, le recul de la plage pourrait atteindre cent mètres mais que le sable érodé irait se déposer ailleurs.
4. Les constructions destinées à protéger les plages
Pour empêcher le recul du trait de côte, des constructions sont édifiées soit parallèlement à la plage, soit perpendiculairement à celle-ci. Il peut s'agir de jetées assimilables à des murs ou encore de cordons d'enrochements mieux à même d'absorber l'énergie des vagues.
Ces solutions d'ingénieur sont d'une grande efficacité et d'un coût non négligeable. Mais, au fil des ans, il a été constaté qu'elles avaient des conséquences négatives sur l'environnement, notamment en favorisant la réflexion des vagues sur l'obstacle formé par ces constructions.
En réalité, pour se maintenir à l'identique, la plage doit recevoir en permanence des sédiments pour compenser l'action inéluctable de la mer . Or, la formation originelle des actuelles plages françaises résulte de la remontée du niveau des eaux lors du réchauffement climatique intervenu il y a 6.000 ans, qui a apporté sables et galets. Cette action de la mer fut complétée par l'action des fleuves qui fournissaient aussi nombre de sédiments aux deltas.
C'est pourquoi, de nos jours, les plages régressent dans la mesure où l'apport de sédiments depuis le large a cessé avec la montée des eaux et où les barrages établis sur les fleuves, les digues au long de ceux-ci ou l'extraction de granulats empêchent l'arrivée des sédiments jusqu'aux deltas.
Par exemple, du fait des barrages, le delta du Rhône ne reçoit plus que 2 à 6 millions de tonnes de sédiments par an actuellement, contre environ 17 à 21 millions de tonnes de sédiments au cours du XIX ème siècle. Il en est de même, et de manière très spectaculaire, pour l'Ebre et le Nil dont les apports en sédiments ont été réduits de plus de 90 %.
Par conséquent, pour protéger les plages, il est moins important de les préserver de l'érosion des vagues, que de leur permettre de se recharger en sédiments. Cela peut d'ailleurs s'opérer automatiquement lorsque la plage est adossée à des dunes (40 ( * )) qui jouent, en quelque sorte, le rôle de réserve de sable. Dans les autres cas, un rechargement artificiel peut intervenir comme cela s'effectue par exemple aux Pays-Bas où le sable se trouvant sous les eaux du large est aspiré mécaniquement par l'homme pour recharger les plages. Il s'agit là évidemment d'une technique perfectionnée et coûteuse, mais qui permet aux Néerlandais de maintenir le bon état de la plage.
* (40) En France métropolitaine, les dunes couvraient environ 25.000 hectares au début du XXème siècle et ont diminué de 50% sur les côtes atlantiques et de 75% sur la côte méditerranéenne.