III. TERRITOIRES ET GAZ À EFFET DE SERRE
Les principaux impacts sur les territoires des conséquences des émissions accrues de gaz à effet de serre peuvent être examinés à travers l'élévation du niveau de la mer, les modifications du cycle de l'eau, le cas particulier du milieu montagnard, la fréquence des événements climatiques extrêmes et la situation des DOM-TOM.
A. L'ÉLÉVATION DU NIVEAU DE LA MER
1. L'élévation du niveau moyen de la mer
A l'intérieur du phénomène mondial d'élévation du niveau des océans, des conséquences peuvent concerner très directement la France qui, avec ses 6.959 km d'espaces côtiers (5.500 km en métropole et 1459 km outre-mer), compte 1.925 km de plages représentant 35 % du littoral métropolitain, dont 400 km de plages protégées par des ouvrages artificiels.
Deux enjeux coexistent : la préservation du trait de côte et le maintien des habitats ou activités installés sur ou à proximité des plages.
Jusqu'à une date très récente, l'élévation du niveau de la mer ne constituait pas une véritable préoccupation , mais le nouvel intérêt porté aux conséquences de l'intensification de l'effet de serre sur le trait de côte a mis l'accent sur cette question.
D'autant que certains espaces fragiles subiront, du fait de l'élévation du niveau de la mer, une salinisation de leurs sols ou des intrusions souterraines d'eaux salées dans les nappes phréatiques littorales.
Même si un très grand nombre de territoires côtiers du monde sont concernés, l'exemple de la France retenu par votre Rapporteur, permet d'exposer les divers aspects de cette question, tout d'abord, en s'interrogeant sur la nature et les caractéristiques des plages, sur la nature et l'importance de l'élévation du niveau de la mer, puis en examinant les équipements propres à protéger ces lieux et, enfin, en examinant les coûts politiques et financiers de la résistance à la mer au nom de la protection des rivages.
2. La nature et les caractéristiques des plages
Même si la vue d'une plage constitue un paysage familier, la nature même de la plage est-elle bien connue ? Davantage considérée comme simple paysage ou lieu ludique, il est généralement admis que la plage doit être préservée dans son état actuel une fois pour toutes, la mer lui semblant presque étrangère. En réalité, la plage est un lieu ayant recueilli au fil des années de nombreux sédiments et étant appelé, du fait des vents comme de l'action continue des vagues, à être sans cesse modifié.
Une plage est vivante , en ce sens qu'elle augmente sa consistance grâce aux dépôts d'alluvions et qu'elle cède du terrain sous les chocs répétés des vagues (48% des plages françaises métropolitaines subissent cette érosion qui peut atteindre 1 à 1,5 mètres par an pour les plages du Calvados et 1,5 m pour celles de la Côte d'Aquitaine).
Son maintien spontané ne peut résulter que d' un état d'équilibre dynamique et son maintien artificiel suppose de lourdes interventions de l'homme.
Ce phénomène a été expliqué en partie par le principe de BRUUN qui a montré que l'érosion continue de la plage et le recul du trait de côte s'accompagnent du maintien de l'épaisseur de la tranche d'eau littorale. Si ce n'est qu'en cas d'élévation du niveau des eaux, ce sont de plus hautes vagues qui peuvent déferler sur la plage.