B. DES RÉMUNERATIONS PEU ATTRACTIVES
1. La médiocrité des rémunérations : un handicap pour le système universitaire français
De
très nombreux interlocuteurs de votre rapporteur ont insisté sur
la « dévaluation sociale » de la profession
d'enseignant-chercheur.
Elle est dans une certaine mesure sociologiquement
inévitable car liée au grand nombre et au développement de
l'université de « masse ». De plus,
« l'aventure scientifique » ou « l'aventure
technologique » se sont banalisées aux yeux de l'opinion.
Ce constat pose également le problème de
l'attractivité
des rémunérations dans l'enseignement supérieur et la
recherche.
Il est clair qu'une
partie de cette
rémunération est de
nature non pécuniaire est
résulte de la liberté et de l'intérêt du
métier, mais l'appréciation de ces avantages
« perçus en nature » tend à fortement
diminuer.
Un message d'internaute : des rémunérations peu attractives, voire dissuasives
«
Le système universitaire manque
d'attractivité dans les domaines scientifiques et technologiques
à cause des rémunérations ridiculement faibles en
comparaison avec celles du secteur privé à qualifications et
responsabilités égales (les salaires des enseignants du
supérieur sont environ la moitié de ceux du secteur privé).
Je livre à votre réflexion le montant mensuel de mon traitement,
à 60 ans, professeur 1
ère
classe, dernier
échelon (échelon 03, chevron C3) : salaire brut de
32.550,08 francs (26.927,95 francs nets) en avril 2001, 31.196,08 francs
(25.466,07 francs nets) en mai 1996, soit une augmentation de 4,36 % en 5 ans.
Le pouvoir d'achat est-il maintenu ?
Ces traitements sont très dissuasifs à l'entrée dans la
fonction. Même ceux qui, par idéalisme ou intérêt
pour le métier, auront choisi l'enseignement supérieur finiront
par être découragés.
En conclusion, les enseignants du supérieur se sentent
dévalorisés par la faiblesse des rémunérations par
rapport à leur niveau de formation et de compétence.
[...] ».
Votre rapporteur considère que les conclusions du rapport Fitoussi
mettent bien en valeur les
conséquences engendrées par
l'insuffisance des rémunérations de départ sur la
qualité du recrutement initial :
«
un jeune
titulaire de doctorat aux États-Unis est embauché en moyenne
à un salaire supérieur à celui d'un professeur
français de classe exceptionnelle en fin de carrière. Dans une
discipline comme l'économie, où la concurrence du privé
est importante, il faut savoir que le salaire moyen d'embauche des titulaires
de certains DESS ou magistères est supérieur à celui d'un
professeur des universités débutant mais de dix ans plus
âgé. C'est la raison pour laquelle de très bons chercheurs
découragés par les médiocres perspectives de
carrière que leur offre l'université choisissent de travailler
dans des services d'études économiques
privé
».
La sensibilité à la concurrence internationale - les meilleures
universités du monde se disputent les meilleurs enseignants-chercheurs -
et à la concurrence du secteur privé est certes variable suivant
les disciplines, mais
la France risque de se doter, lors des importants
renouvellements des prochaines années d'une masse d'enseignants d'un
niveau moyen peut-être mais écartant les meilleurs.