B. LA MONTÉE EN PUISSANCE PROGRESSIVE DES SERVICES CIVILS ET MILITAIRES
1. La création des cellules de crise
Dans son rapport précité sur l'évaluation des dispositifs de secours et d'intervention mis en oeuvre à l'occasion des tempêtes de décembre 1999, M. Gilles Sanson avait observé la tendance croissante à constituer des cellules de crise , de préférence au recours au centre opérationnel de défense (COD), structure constituée par un décret n° 86-1231 du 2 décembre 1986 et désormais rarement appelée pour le traitement d'une catastrophe.
En réalité, deux cellules de crise ont en effet été constituées :
a) La cellule de crise du préfet
Placée sous la responsabilité de M. Georges Asnar, directeur du service interministériel régional des affaires de défense et de protection civiles, en veille depuis le 23 mars et activée le 3 avril, composée de fonctionnaires du SIRACED-PC et de cadres des principaux services préfectoraux concernés, la cellule de crise préfectorale était chargée, pour l'essentiel, de coordonner l'action des services civils et militaires, de favoriser l'acheminement de dons vers la Croix-Rouge ou l'Association départementale des maires de la Somme et d'établir des synthèses journalières à l'attention du préfet. Elle avait donc pour objet d'assister le préfet pendant la durée de la crise.
b) La cellule interministérielle
Chargée de coordonner l'ensemble des actions de l'État, animée par M. Jean-Yves Moracchini, sous-préfet, et mise en place le 27 avril, au lendemain de l'annonce de sa création par le Premier ministre, la cellule interministérielle avait pour fonction de concevoir et planifier sur le moyen terme les actions à mettre en oeuvre.
Créée au plus fort de la crise, cette cellule revêt un caractère exceptionnel, un tel instrument n'ayant jamais été utilisé pour le traitement d'une catastrophe naturelle, sauf en Guadeloupe pour un cyclone.
Destinée à « concevoir et mettre en oeuvre les mesures d'aide et d'assistance en faveur des habitants des zones sinistrées », la cellule interministérielle devait, aux termes du communiqué du Premier ministre du 26 avril 2001, travailler « en relation avec les collectivités locales qui seront étroitement associées ».
Elle a vu sa marge de manoeuvre renforcée par le fait qu'elle était constituée d'un nombre limité de membres (une dizaine) extérieurs à l'administration du département.
Selon M. Jean-Yves Moracchini, ce dispositif a favorisé l'unité de commandement au-delà des cloisonnements administratifs et « permis la substitution d'une logique de planification à celle d'une réponse au coup par coup ».
En outre, cela a facilité la prise de décision et amélioré la communication à destination des élus et de la population.
Selon M. Claude Lefrou, la cellule interministérielle a constitué une « expérience originale qui traduit la nécessité, pour les pouvoirs publics, de maintenir leur mobilisation et de faire face aux aspects nouveaux -logement, vie économique...- d'une crise durable et d'une réelle ampleur » . Il a aussi préconisé que soient mieux précisées pour l'avenir les modalités de constitution d'équipes nationales de ce type et les conditions de leur intégration au dispositif départemental.