Audition de M. Alain DECROP,
Président de la société
Guyomarc'h nutrition animale,
accompagné de M. Alain
GUYONVARCH
(28 février 2001)
M.
Gérard Dériot, Président
- Monsieur Decrop, vous
êtes ici en tant que président de la société
Guyomarc'h nutrition animale. Je vous rappelle que vous êtes
auditionné dans le cadre d'une commission d'enquête mise en place
par le Sénat sur le problème des farines de viande, des farines
animales et des conséquences sur le développement de l'ESB et
qu'étant entendu dans le cadre d'une commission d'enquête
parlementaire, vous devrez prêter serment. Auparavant, je vais vous
relire les conditions dans lesquelles cette commission fonctionne.
Le président rappelle le protocole de publicité des travaux de
la commission d'enquête et fait prêter serment à MM. Decrop
et Guyonvarch.
M. le Président
- Très bien. Monsieur Decrop, je vais vous
passer la parole dans un premier temps pour que vous puissiez brièvement
nous donner votre position par rapport à ce problème
d'utilisation des farines animales, à ce que vous avez fait, vous, dans
votre entreprise et sur la façon dont les choses se sont passées,
après quoi mes collègues et moi-même vous poserons les
questions que nous souhaitons vous poser. Vous avez la parole.
M. Alain Decrop
- Je suis effectivement président de la
société Guyomarc'h depuis 1994 et j'étais auparavant dans
différentes fonctions au sein de la société Guyomarc'h,
avec mon collègue, qui est directeur scientifique. Nous sommes tous les
deux ingénieurs agronomes et nous avons fait toute notre carrière
au sein du groupe Guyomarc'h.
Je vais vous présenter, si vous ne le connaissez pas bien, ce qu'est le
groupe Guyomarc'h. Nous sommes une entreprise spécialisée dans la
nutrition animale en général avec trois branches
d'activité : la santé, les services que nous apportons
à des fabrications indépendantes et la fabrication d'aliments
complets.
Nous avons réalisé, en l'an 2000, un chiffre d'affaires de 4,3
milliards de francs et nous employons 3 000 salariés, dont 1 500 en
France. En France, nous disposons à l'heure actuelle de 25 usines, qui
vont d'une capacité de fabrication de l'ordre de 40 000 tonnes par an
jusqu'à 500 000 tonnes par an dans notre usine la plus importante, qui
est située en Bretagne, à Questembert.
Nous produisons environ 2 millions de tonnes d'aliments pour animaux par an en
France, 2,5 millions de tonnes dans le monde, et 6 millions de tonnes sont
produites sous notre technique dans le monde.
Je pense que vous avez eu le temps d'explorer notre métier au cours de
ces différentes auditions. Nous sommes concepteurs de recettes
alimentaires --c'est la partie des services-- et nous sommes des assembleurs de
matières premières, c'est-à-dire que nous achetons des
matières premières à des fournisseurs.
Qu'est-ce qu'un aliment ? C'est une recette spécifique à une
espèce animale et à un âge de l'animal, recette qui est
également spécifique d'une qualité requise dans le produit
fini selon la qualité gustative ou autre que l'on veut lui donner.
Si on veut bien faire ce métier, il faut avoir une bonne connaissance
des besoins des animaux, notamment des apports nutritionnels des
matières premières. Ces recettes sont définies par un
calcul matriciel entre trois ensembles de données qui sont, d'une part,
les apports nutritionnels des différentes matières
premières, les besoins nutritionnels des animaux et les prix des
différentes matières premières disponibles à un
instant t. Ce calcul matriciel donne ensuite la meilleure solution en termes
d'apports équilibrés de nutriments à l'animal.
On peut dire à l'heure actuelle que la diététique animale
est une science plus élaborée encore que l'alimentation humaine,
puisqu'on arrive à connaître très précisément
les besoins des animaux en fonction de ce que l'on recherche.
Cette recherche s'appuie, chez nous, sur un centre de recherche et de test de
différentes recettes que nous mettons au point avec un certain nombre
d'animaux, mais également beaucoup, sur le plan historique, de la
recherche publique, notamment de l'INRA qui a établi, au cours de ces
travaux, un certain nombre de tables d'utilisation de matières
premières.
Je tiens à préciser, parce qu'on a souvent mis en cause les
raisons pour lesquelles, dans cette industrie, on avait pu utiliser des farines
de viande dans l'alimentation de ruminants, en particulier de bovins, que c'est
une pratique qui existe depuis très longtemps, qui a été
recommandée dès le siècle dernier par des
vétérinaires et qui faisait tout à fait partie des tables
officielles de l'alimentation des animaux en France. J'ajoute qu'en 1988, les
farines de viande en provenance des industriels de la fabrication de ces
farines faisaient encore partie des matières premières devant
être utilisées pour obtenir une bonne production laitière.
Les matières premières utilisées globalement sont des
produits bruts issus directement de l'agriculture, entre 60 et 70 % (des
céréales, des pois, etc.), beaucoup de co-produits d'industries
alimentaires issus de la transformation de matières premières
agricoles, c'est-à-dire tout ce qui reste lorsqu'on a extrait d'une
matière première un produit qui va aller dans l'alimentation
humaine (je pense par exemple aux tourteaux : on prend des graines
oléagineuses et on en ressort une huile d'un côté et un
tourteau de l'autre), des minéraux, des vitamines et des additifs
nutritionnels ainsi que les matières premières qui sont l'objet
de cette commission, qui sont issues de la transformation de produits animaux,
qui étaient utilisées dans le passé et qui provenaient
essentiellement, mais non pas exclusivement, de l'industrie de
l'équarrissage.
C'est une spécificité européenne liée au fait que
l'Europe est faiblement productrice de protéines végétales
qui a fait qu'en Angleterre, bien sûr, mais aussi dans le reste des pays
de l'Union européenne, la diététique et la connaissance
des matières premières a été sans doute plus
élaborée que dans d'autres pays et que l'on a été
amené, pour des raisons de disponibilité de matières
premières, à utiliser une palette très large de
matières premières dans l'alimentation des animaux.
Aujourd'hui, l'Europe dispose à cet égard d'un savoir-faire, qui
est reconnu dans le reste du monde, pour l'utilisation d'une palette
très large de matières premières du fait, justement, de la
non-possibilité d'utiliser un modèle de type américain,
c'est-à-dire maïs et soja, puisque les Américains ont sur
place les protéines végétales et l'énergie qui sont
nécessaires à leurs animaux en quantité suffisante, ce qui
n'est pas le cas en Europe.
Je ferai un peu de sémantique sur les farines animales. En effet, j'ai
été surpris de l'intitulé de la commission, puisqu'on
parle de "farines animales" alors que le mot "farine" recouvre une
présentation, comme la farine de blé.
M. le Président -
Je vous donne une explication. Cela vient
simplement du mot générique qui était utilisé
à ce moment-là dans la presse et le grand public. C'était
pour que nous soyons compris. Cela étant dit, nous avons largement fait
la différence depuis.
M. Alain Decrop
- Donc vous parlez bien des farines de viande et d'os.
Je le précise parce que notre métier a été souvent
confondu avec l'industrie de l'équarrissage et de la fabrication des
"farines animales". Nous sommes des assembleurs de matières
premières, mais je tiens à dire que les deux industries sont
totalement séparées, comme vous le savez sans doute.
J'ajoute un autre point de sémantique : la poudre de lait que l'on
prend dans son petit déjeuner le matin est une farine animale.
Je ne parlerai donc ici que des farines de viande et d'os (FVO).
J'en viens au fond du sujet. Quelle ont été les mesures de
sécurité mises en place par la France sur l'usage des FVO ?
Il y a eu tout d'abord des dispositions réglementaires, puis des
dispositions qui ont été le fait de la profession et, enfin, des
dispositions que nous avons pu prendre, nous, en tant qu'entreprise.
Globalement, quand on regarde les décisions qui ont été
prises, on s'aperçoit que la réglementation sur l'alimentation
animale a globalement précédé la réglementation sur
l'alimentation humaine, c'est-à-dire que l'on a pris des dispositions
réglementaires en alimentation animale avant de prendre des dispositions
dans l'alimentation humaine pour des produits de même nature. La raison
me paraît évidente : entre 1990 et 1996, c'est une
épidémie animale qui a été gérée tant
par les pouvoirs publics que par les différentes catégories
professionnelles qui étaient concernées.
Sur le plan réglementaire, le dispositif qui a été mis en
place en France a toujours reposé sur le principe d'une triple
sécurité.
Le premier niveau de sécurité porte sur la source des co-produits
animaux qui entraient dans la fabrication des farines de viande et d'os.
A cet égard, je peux revenir sur un certain nombre de points, sachant
que cette industrie pourra vous en parler mieux que moi. Des dispositions
européennes ont été prises dès 1990 afin de
demander un traitement différencié des matériaux à
risques. En 1991, un arrêté français a repris la directive
européenne et a défini les matières à hauts risques
qui devaient subir un traitement des produits à 133 degrés et 3
bars pendant 20 minutes ou un système équivalent.
En 1996, la sécurisation a été considérablement
renforcée en France par l'élimination des cadavres et des MRS.
Ensuite, une révision régulière de cette liste de MRS a
été effectuée et on peut rappeler qu'en 1996, il y a eu
une extension de l'interdiction d'usage des FVO dans les aliments pour
ruminants à toutes les protéines animales.
Je le dis parce que, alors que l'on a souvent reproché --vous me poserez
sans doute la question tout à l'heure-- à notre industrie d'avoir
importé des farines de viande anglaises en 1988 et 1989, il faut savoir
que les Anglais, en 1989, ont supprimé les abats spécifiés
bovins (ASB) de la fabrication des farines de viande et d'os, ce que nous
n'avons fait en France qu'en 1996.
Le second niveau de sécurité, c'est le traitement.
Jusqu'en 1997, en France, le traitement qui a été appliqué
aux farines de viande et d'os était 100 degrés pendant 25
minutes, c'est-à-dire le traitement qui existait historiquement en
France et qui était considéré comme sûr.
En 1997, l'Union européenne a préconisé le traitement de
133 degrés, 3 bars et 20 minutes, qui a été mis en
application en France en 1998, qui était le traitement allemand
utilisé depuis 1938 et que les Allemands considéraient comme les
mettant à l'abri de la transmission de cette maladie.
Le dernier dispositif de sécurité, après la source et le
traitement, c'était l'espèce destinataire.
En 1990, la réglementation française a interdit l'incorporation
de farines de viande et d'os dans les aliments bovins, elle l'a fait en 1994
dans les aliments ovins et caprins et, le 14 novembre 2000, dans toutes les
espèces.
Dans un second point, je vais parler de la réglementation et de la
profession, qui a souvent anticipé sur la réglementation.
Le 30 novembre 1989, dans une recommandation syndicale, on a recommandé
de ne plus incorporer dans les aliments ruminants des farines de viande et
d'os, c'est-à-dire neuf mois avant l'interdiction officielle pour les
bovins et quatre ans avant l'interdiction officielle pour les ovins et les
caprins.
En 1997, on a transcrit les mesures qui existaient dans notre industrie dans ce
qu'on a appelé un guide de bonne pratique de maîtrise des
contaminations croisées.
Enfin, en 1999, notre industrie, le SNIA, et l'industrie de
l'équarrissage se sont mises d'accord sur une liste positive des
matières premières entrant dans la fabrication des farines de
viande et d'os. Cette décision a été prise suite à
un incident qui est survenu lors de l'incorporation de boues de stations
internes d'épuration chez un fabricant de farines de viande. Nous avions
donc demandé à l'époque que ces fabricants nous
garantissent une liste positive de matières premières entrant
dans la fabrication de FVO.
Voilà ce que la profession a fait. J'ai souhaité vous lister ces
quelques points, sachant qu'il y en a certainement d'autres encore.
Qu'avons-nous fait au niveau de notre entreprise ?
D'une part, nous avons anticipé la réglementation et, dans
certains cas, les recommandations syndicales. Nous l'avons fait sur les
préconisations de nos techniciens et de nos scientifiques, au fur et
à mesure des informations qu'ils avaient eux-mêmes. D'une certaine
manière, on peut dire que notre profession, d'une part, et nous,
industriels, d'autre part, nous avons appliqué en quelque sorte le
principe de précaution.
Par exemple, nous avons supprimé les farines de viande et d'os dans les
aliments porcs en 1996 alors qu'elles n'ont été interdites que le
14 novembre 2000. Nous l'avons fait parce que cela nous permettait de renforcer
la sécurité concernant les contaminations croisées
potentielles dans une usine d'aliments. Nous l'avons fait aussi parce que nous
avions lu quelque part qu'il était possible, pour des porcs,
d'être contaminés par cette maladie par injection dans le cerveau
ou par consommation de quantités très importantes de farines de
viande contaminées.
M. Jean Bizet, Rapporteur
- A quelle époque avez-vous pris cette
mesure ?
M. Alain Decrop
- En 1996, lorsque nous avons eu l'information, en
provenance d'Angleterre, selon laquelle cette maladie était
potentiellement transmissible à l'homme.
M. le Rapporteur
- Vous l'avez donc fait pour sécuriser davantage
vos unités de fabrication ?
M. Alain Decrop
- Cela a été fait parce que cela
permettait, effectivement, de renforcer considérablement la
sécurité.
M. le Rapporteur
- Cela voudrait dire qu'entre 1990 et 1996...
M. Alain Decrop
- J'attendais votre question sur ce point. Cela veut
simplement dire que c'était un renforcement de la sécurité
sur la fabrication, mais je ne veux pas dire par là qu'il n'y avait pas
de sécurité auparavant.
M. le Rapporteur
- Je reviens sur la question que je souhaitais vous
poser. En 1990, on a interdit l'utilisation des farines dans l'alimentation des
bovins et vous dites qu'en 1996, dans vos usines où vous fabriquez des
aliments pour les bovins, pour les porcs et, éventuellement, pour les
volailles, vous avez supprimé les FVO pour les porcs afin
d'éviter les contaminations croisées.
M. Alain Decrop
- Nous l'avons fait afin de renforcer les dispositions
qui existaient déjà.
M. le Rapporteur
- Cela veut-il dire que, dès 1990, vous avez
été en mesure de fabriquer véritablement des farines pour
les bovins à partir d'éléments techniques vous permettant
d'être sûrs d'une absence de contamination ?
M. Alain Decrop
- C'est le fond de la question que vous voulez me poser.
A partir du moment où nous avons pris la décision de ne plus
incorporer de farines de viande dans les aliments pour ruminants et où,
ensuite, cela a été effectivement interdit, nous avons
géré cette question exactement comme nous le faisons pour les
autres incompatibilités qui existaient déjà et qui
existent toujours entre des produits qui peuvent passer dans nos process de
fabrication.
Les aliments "label", par exemple, depuis l'origine, n'autorisent pas
l'utilisation des farines de viande dans leur fabrication. Ces aliments "label"
sont contrôlés historiquement, depuis 1980, pour vérifier
la présence ou l'absence de ces farines de viande. Nous avons
traité l'ensemble des ruminants, et non pas simplement les bovins, de la
même manière.
Les ovins sont très sensibles au cuivre, qui est dangereux pour eux. En
revanche, on amène cet oligo-élément dans l'alimentation
des autres espèces de manière régulière : on
met du cuivre dans tous les aliments. Or, dans une usine, quand vous fabriquez
à la fois de l'aliment pour ovins et d'autres aliments, vous avez
potentiellement un risque de contamination.
Nous gérons aussi ce principe quand nous mettons un anticoccidien comme
le Monensin dans un aliment poulet, en sachant que ce produit, à
très faible dose, est capable de tuer un cheval et que nous fabriquons
aussi de l'aliment pour chevaux dans nos usines.
Globalement, le système de précaution qui a été
appliqué à cette époque relevait du même principe de
précaution qui était appliqué pour la fabrication de ce
type de produits.
M. le Rapporteur
- Aujourd'hui, vos usines sont-elles
spécialisées pour tel type d'animaux ?
M. Alain Decrop
- Cela dépend des cas, mais nous avons pris,
depuis 1996, des dispositions visant à supprimer l'usage des farines de
viande et d'os dans les usines polyvalentes. Quand la décision a
été prise le 14 novembre, sur toute la France, nos 22 usines
polyvalentes n'utilisaient plus les farines de viande et d'os, non pas parce
que nous considérions que c'était dangereux mais parce que nous
estimions que ce n'était plus médiatiquement acceptable puisque,
à l'époque, les farines de viande étaient
considérées comme totalement saines.
C'est d'ailleurs sans doute l'un des problèmes que peut avoir la France.
En effet, nous avons toujours eu comme discours global que les farines de
viande françaises sont saines.
M. le Président -
Comme certains de vos collègues nous
l'ont affirmé, y a-t-il eu des farines anglaises (on va toujours parler
de farines puisque c'est le terme qui est utilisé) qui auraient
été mélangées avec des farines françaises et
qui auraient été ensuite incorporées dans des aliments
fabriqués par des entreprises comme la vôtre ? Je parle bien
des équarrisseurs, parce que cela ne venait pas de vous,
évidemment. Je précise donc ma question. Au niveau des
équarrisseurs, chez qui vous vous serviez, y aurait-il eu des
mélanges de farines anglaises et de farines françaises qui
auraient été ensuite rachetés par des entreprises comme
les vôtres pour être incorporés dans les aliments que vous
fabriquiez ?
M. Alain Decrop
- Des documents officiels, qui n'ont d'ailleurs pas
été rendus de façon officielle à mon avis,
indiquent qu'effectivement, des fabricants de farines de viande ont
importé des farines de viande anglaises dans les années 1988-1989.
M. le Président
- Avez-vous des documents qui le disent ou qui le
montrent, afin que nous puissions les joindre à notre rapport ?
M. Alain Decrop
- Il s'agit d'un document qui a été
diffusé dans la presse, notamment par la Confédération
paysanne.
M. le Président
- Cela a été fait ces derniers
temps. Mais auparavant ?
M. Alain Decrop
- Auparavant, je ne le savais pas.
M. le Président -
Mais est-ce que cela s'est dit ?
M. Alain Decrop
- Non. Tout s'est dit, en fait, mais en ce qui concerne
quelque chose de crédible, sincèrement, je n'avais pas entendu
parler de cela. Je ne l'ai vu que sur ce document qui a été remis
par la Confédération paysanne à la presse.
M. le Président -
Cela veut dire qu'à une époque,
malgré toute votre bonne volonté, s'il y a eu ce mélange
de farines anglaises et françaises, vous avez pu en acheter sans le
savoir.
M. Alain Decrop
- Bien sûr.
M. le Rapporteur
- Quel était le prix d'une tonne de farines
animales en comparaison avec celui d'une tonne de protéines
végétales à l'époque ?
M. Alain Decrop
- C'est en général à peu
près le même niveau de prix.
M. le Président -
Aujourd'hui ou à l'époque ?
M. Alain Decrop
- Même à l'époque. Cela a toujours
été à peu près le même niveau de prix, mais
la qualité des protéines animales, en termes de nutrition, est
supérieure à celle des protéines végétales.
A équivalence de prix, il y avait donc un usage, pour des pourcentages
faibles dans les fabrications, de ces farines de viande, mais
M. Alain
Guyonvarch
sera peut-être plus explicite que moi.
M. le Rapporteur
- A partir de 1988-1989 et pendant quelques
années, les farines anglaises ont eu un prix très
"compétitif", si je puis dire. Avez-vous ressenti cette baisse des prix
des farines en question chez vos différents fournisseurs de
l'époque ?
M. Alain Decrop
- Je n'ai pas de point de vue là-dessus,
sincèrement.
M. le Président -
Vous n'avez pas de point de vue, mais vous avez
peut-être des documents.
M. Alain Decrop
- Pour être très clair, je dirai que le
prix des matières premières évolue absolument tous les
jours. Nous avons une centrale d'achats qui se charge de l'achat de toutes les
matières premières que l'on qualifie d'oligopolistiques,
c'est-à-dire pour lesquelles il y a peu de fournisseurs potentiels. Les
farines de viande et d'os et les graisses sont un marché oligopolistique
parce qu'il n'y a que dix fabricants en France, dont deux qui sont les plus
importants.
M. le Rapporteur
- Votre centrale d'achats est-elle propre au groupe
Guyomarc'h ?
M. Alain Decrop
- Oui.
M. le Rapporteur
- Pourrions-nous avoir les documents d'archives qui
existent dans la période 1990-2000 ?
M. Alain Decrop
- Je pense que c'est possible. Vous voulez donc des
documents sur l'évolution des prix ?
M. le Président
- Sur les tonnages et les prix.
M. Alain Decrop
- Si je les retrouve, il n'y aura aucun problème
pour vous les communiquer.
M. le Président -
Nous vous les demandons tout à fait
officiellement. Nous souhaiterions donc avoir, sur la période 1988-2000,
des documents sur les tonnages et les prix d'acquisition de ces farines chez
vos fournisseurs. Ce serait, pour nous, très important. Je reconnais que
c'est un travail important, mais je peux vous dire que nous l'avons
demandé aussi à vos concurrents. Au moins, le handicap est le
même.
M. Alain Decrop
- Nous allons rechercher cela.
M. le Rapporteur
- Quels étaient précisément vos
fournisseurs de farines ? Est-ce que c'était les centres
d'équarrissage français et lesquels ?
M. Alain Decrop
- Nous avons des usines qui sont réparties
à peu près sur toute la France. Donc ce sont tous les fabricants
de farines de viande qui existent en France, à peu de choses
près. Je n'en ai pas la liste exhaustive, mais il y avait des groupes
comme Saria et Caillaud ... Ce sont les principaux qui me viennent à
l'esprit, mais d'autres petits fabricants étaient concernés
également.
M. le Rapporteur
- Vous ne vous approvisionniez pas directement sur le
marché étranger ? Vous ne passiez que par ces
intermédiaires ?
M. Alain Decrop
- Fin 1988 jusqu'au tout début de 1989, nous
avons acheté très exactement 2 752 tonnes de farines de viande
anglaises qui ont été utilisées principalement dans une
usine spécialisée volailles et nous avons acheté, entre
1993 et 1996, environ 3 000 tonnes de farines de viande d'origine irlandaise.
M. le Rapporteur
- Entre 1993 et 1996 ?
M. Alain Decrop
- En fait, cela a commencé en 1994-1995.
M. le Président
- L'intérêt d'acheter ces farines
venait-il du fait que les prix étaient plus faibles ?
M. Alain Decrop
- Les qualités étaient différentes.
Les farines de viande irlandaises étaient d'une qualité
intéressante et étaient vendues à un prix sans doute
compétitif à l'époque. Je l'espère pour nos
acheteurs. Sinon, ils n'auraient pas fait leur travail.
M. le Rapporteur
- Quand vous dites que la qualité était
différente, vous estimez que la qualité était
supérieure aux farines de viande françaises ?
M. Alain Guyonvarch
- Les caractéristiques sont un peu
différentes. La farine de viande irlandaise est un peu plus faible en
termes de protéines et plus riche en termes de matières grasses.
Pour les aliments volailles, auxquels elles étaient principalement
destinées, il y avait une adéquation plus claire par rapport au
type de formules que nous avons. Ce sont des produits qui rentrent mieux, pour
tout dire.
M. Alain Decrop
- Ces farines de viande irlandaises ont
été utilisées uniquement dans une usine
spécialisée volailles que nous avons à Questembert. Nous
avons deux usines sur place : l'une qui ne fait que des aliments volailles
et l'autre qui fait tous les autres types d'aliments.
M. le Rapporteur
- Nous l'avions bien noté. A partir du
marché unique, le 1
er
janvier 1993, les documents
d'accompagnement de ce type de produits étaient beaucoup plus succincts,
si je peux m'exprimer ainsi, que dans la période antérieure,
avant 1993. Donc je suppose que vous ne pouviez pas, à votre niveau,
faire de distinguo entre farines anglaises, farines irlandaises, etc.
M. Alain Decrop
- Si, puisque notre attention était
attirée sur le sujet. A l'époque, l'un de nos acheteurs est
allé en Irlande et il est allé voir les fabricants irlandais
d'où nous sont venus ces produits. Nous avons obtenu de leur part des
certificats d'origine des produits et nous avons eu aussi, de la part du
ministère de l'agriculture irlandais, un certificat indiquant que
l'importation de farines de viande anglaises était interdite en Irlande
et que, par conséquent, les produits vendus par l'Irlande étaient
en provenance de l'Irlande. Par ailleurs, tous ces produits ont
été contrôlés à l'arrivée des bateaux
par les services de l'Etat français.
M. le Président
- Pourrez-vous nous retrouver les documents ?
M. Alain Decrop
- Absolument. J'en ai un exemplaire.
M. le Président -
Très bien. Il sera important que vous
nous les donniez.
M. Paul Blanc
- J'ai une question à poser au scientifique. En
1989, les Anglais ont interdit les farines animales. Cela ne vous a-t-il pas
interpellé et avez-vous fait des démarches pour savoir
pourquoi ?
M. Alain Guyonvarch
- Nous n'avons pas fait une démarche.
Dès 1989, quelques articles français parlaient de
l'épidémie d'ESB en Angleterre. Des gens, en particulier Marc
Savet, commençaient à s'en préoccuper. Vers la fin de
l'année 1989, des réunions ont eu lieu avec la profession et ont
provoqué, devant l'absence de réaction ou de prise de
décision de l'administration française, la décision de
l'interprofession.
Je précise que les Anglais, en 1988, n'ont pas interdit les farines de
viande. Ils n'ont interdit que les protéines d'origine ruminants dans
les aliments pour ruminants, c'est-à-dire que leur exclusion a
été extrêmement sélective.
M. le Rapporteur
- Pouvez-vous préciser ?
M. Alain Guyonvarch
- Ils ont interdit dans les aliments pour ruminants
l'utilisation de protéines provenant de ruminants.
M. Paul Blanc
- Est-ce qu'ils les séparaient ?
M. Alain Guyonvarch
- Bien sûr. C'était effectivement ce
qui était réclamé. Maintenant, je ne suis pas allé
voir sur place s'ils le faisaient, mais c'était effectivement ce qui
était demandé. Les Anglais ont continué à utiliser
très longuement des protéines d'origine animale dans les aliments
pour ruminants, puisque ce n'est finalement qu'en 1996 qu'ils ont interdit les
protéines d'origine mammifère dans les aliments pour ruminants.
M. le Rapporteur
- Auriez-vous des documents sur ce point
précis ? Le distinguo me paraît important.
M. Alain Guyonvarch
- Je vais pouvoir vous en retrouver, mais je ne sais
pas si je les ai avec moi. J'ai un document issu d'une conférence
à ce sujet qui a eu lieu en 1997 à la Commission de Bruxelles.
M. le Rapporteur
- Entre 1990 et 1996, on a importé des
quantités relativement importantes de viandes anglaises.
M. Alain Guyonvarch
- C'est exact.
M. Alain Decrop
- Il faut être très clair, et c'est bien le
distinguo que j'ai fait en introduction. Même la réglementation
française a pris, en ce qui concerne la nutrition animale, des
dispositions réglementaires bien avant que des dispositions soient
prises sur la viande elle-même, ce qui démontre à
l'évidence que le souci de voir une transmission à l'homme
n'était pas présent dans les esprits à cette époque.
M. le Président -
Par ailleurs, vous utilisiez des graisses
animales et je suppose que, de la même manière, vous achetiez chez
les mêmes fournisseurs.
M. Alain Decrop
- Absolument.
M. le Président
- Est-ce que vous en utilisiez encore dans les
dernières années?
M. Alain Decrop
- Nous en avons utilisé encore dans les
dernières années pour tous les aliments et il a pu y en avoir
ponctuellement dans les aliments pour ruminants jusque dans les années
1997-1998, mais nous avions progressivement éliminé ces produits
dans les aliments ruminants.
Il n'y avait jamais eu de suspicion sur les matières grasses animales
jusqu'en août 2000 et c'est donc au mois d'août 2000 que l'AFSSA a
rendu un avis en indiquant qu'il serait de bonne précaution de prendre
une disposition visant à retirer les graisses animales. Nous l'avons
fait tout de suite dans toutes nos usines, partout où il pouvait
éventuellement rester quelques formules qui en avaient. C'est pourquoi
je dis que cela n'a pas été complètement supprimé,
parce que ce n'était pas une décision formelle que nous avions
prise. Nous avions dit qu'il fallait être prudents sur ce plan, mais sans
plus, parce que ce n'était pas mis en avant comme étant un risque.
C'est donc en septembre 2000 que nous avons pris une décision formelle
d'exclusion et que nous avons demandé à tous nos approvisionneurs
d'aliments de lacto-remplaceurs de supprimer de leur fabrication toutes les
matières grasses animales qui provenaient de ruminants.
M. le Président
- Pouvez-vous nous citer les noms de vos
fournisseurs pour la fabrication des lacto-remplaceurs ?
M. Alain Decrop
- Je ne pourrai pas toutes vous les citer, mais nous
avons notamment Spécilait-Serval, Bonilait, Even, Celtilait... Ce sont
les principaux.
M. Paul Blanc
- Je voudrais revenir sur ce que vous avez dit au sujet
des farines anglaises interdites pour les ruminants. Pensez-vous
réellement que, dans la fabrication des farines animales, les Anglais
ont vraiment séparé celles provenant des bovins des autres ?
Ont-ils des usines séparées ? La séparation
paraît extrêmement difficile.
M. Alain Decrop
- Personnellement, je ne suis pas capable de
répondre à cette question. Cela dit, à une certaine
époque, en France, il y a eu des fabrications séparées
entre les farines de volaille, les farines de viande et d'os, qui prenaient les
déchets d'abattoir de toutes provenances, et d'autres types de
fabrication comme les farines de plumes ou de sang, mais il s'agissait
éventuellement d'installations industrielles séparées.
Quant à l'Angleterre, je ne peux pas le dire. On devrait pouvoir le
retrouver dans la littérature, mais ce n'est pas une information que
nous avons à l'esprit.
M. Paul Blanc
- Il faudra poser la question aux Anglais.
M. Alain Decrop
- Je vais continuer mon exposé en disant que nous
avons fait un arrêt formel de toute importation de farines de viande et
d'os étrangères en 1996, c'est-à-dire que nous avons
arrêté l'importation de farines de viande irlandaises (nous
l'avions déjà fait en 1995 mais nous l'avons arrêté
formellement à ce moment-là). Globalement, lorsque le guide des
bonnes pratiques de fabrication est sorti, nous sommes allés
au-delà de ce guide et nous avons mis en place des procédures
plus strictes, notamment des réceptions totalement
séparées et des contrôles renforcés. Comme nous
avons un laboratoire important sur le plan du contrôle, nous faisions des
prélèvements statistiques systématiques qui nous
permettaient de contrôler qu'il n'y avait pas de contamination. Nous
avons également spécialisé les lignes de fabrication.
Par conséquent, en juin 2000, toutes nos usines étaient
spécialisées ou n'utilisaient pas de farines de viande et d'os.
Nous avons également mis en place, depuis 1998, la méthode
d'analyse des risques intitulée "méthode HACCP", qui est
utilisée dans le domaine alimentaire, dans toutes nos usines et nous
avons créé en interne un corps de quarante auditeurs qui audite
nos différentes usines que nous avons. Nous avons donc toujours
essayé d'aller au-delà de ce que nous préconisait la
réglementation ou même la profession.
Globalement, on peut dire que c'est en France qu'à la fois les pouvoirs
publics et les professionnels sont allés le plus loin dans la prise de
dispositions visant à assurer la maîtrise du risque ESB et que,
malheureusement, on s'en aperçoit aujourd'hui, c'est-à-dire que
l'on voit que d'autres pays, autour de nous, qui étaient assurés
d'avoir des bons systèmes de traitement, sont aujourd'hui plus
touchés que la France. Certes, il y a 260 cas et il y en aura sans doute
500 à 1 000 en France.
M. le Rapporteur
- C'est votre analyse ?
M. Alain Decrop
- Il n'y a pas de raison que cela s'arrête
brutalement demain matin. Je pense que l'on va trouver encore des cas
jusqu'à ce que toutes les dispositions successives qui ont
été prises éliminent les principaux facteurs de risques,
même si, aujourd'hui, on considère que ce sont les farines de
viande et d'os qui sont l'un des vecteurs principaux avec les matières
grasses. Une théorie qui est en train de s'élaborer à
l'heure actuelle tendrait à prouver que la contamination se ferait
plutôt dans le jeune âge. Par quelle voie ? Cela reste
à définir ; je ne suis pas compétent pour le dire.
Le fait qu'il n'y a eu que 260 cas à l'heure actuelle signifie que le
problème a été globalement maîtrisé,
même s'il l'a été insuffisamment, puisque ce sont sans
aucun doute 260 cas de trop. En tout cas, cela n'a rien à voir avec ce
qui s'est passé en Angleterre et cela n'a probablement rien à
voir avec ce qui risque de se passer en Allemagne.
M. Jean Bernard
- Est-ce que des élevages qui se fournissaient
chez vous ont été affectés ?
M. Alain Decrop
- Certains élevages dont nous étions
fournisseurs, mais non pas forcément exclusivement (de toute
façon, il est rare que nous soyons fournisseurs exclusifs) ont
été touchés, effectivement.
Je pense que d'autres vous le diront car ils seront mieux à même
d'avoir des statistiques complètes sur le sujet, mais nous avons
nous-mêmes nos analyses sur le sujet et nous nous apercevons que c'est
très largement réparti.
M. le Rapporteur
- Pourrions-nous avoir cette analyse ?
M. Alain Decrop
- C'est aux pouvoirs publics de vous la donner. Ce sont
des informations internes qui ne peuvent pas avoir une valeur officielle, dans
la mesure où c'est une indication selon laquelle tel éleveur est
fourni principalement par tel ou tel fournisseur.
M. Jean Bernard
- Il faudrait faire le rapport entre l'importance du
cheptel et ce qui vient de chez vous. Il faudrait avoir des ratios moyens, en
fait.
M. Alain Decrop
- C'est très compliqué.
M. le Rapporteur
- Vous avez parlé de contaminations des animaux
dans leur jeune âge.
M. Alain Decrop
- C'est une théorie dont je fais état et
non pas ma théorie, car je ne suis pas compétent pour l'exprimer.
M. le Rapporteur
- On peut donc imaginer que cela se fasse au travers
des lacto-remplaceurs. Nous l'avons lu également, mais nous avons vu que
cette théorie est assise aussi sur une contamination un peu plus
tardive, c'est-à-dire au-delà de trois mois de vie de l'animal,
par le biais des aliments jeunes bovins...
M. Alain Decrop
- J'ai lu cela aussi.
M. le Rapporteur
- ...au travers de contaminations croisées sur
des retours de lots et non plus de contaminations in situ dans l'exploitation
agricole elle-même. Quelle est votre analyse sur ce point ?
M. Alain Decrop
- Mon analyse, c'est que, dans la mesure où, dans
les usines, même s'il peut y avoir des retours ou des fins de lots, nos
opérateurs, par définition, ont l'habitude de les gérer et
ne le font pas dans le cadre des farines de viande, en particulier, il n'y
avait pas de réincorporation de retours de lots de volailles ou de porcs
dans des aliments ruminants puisqu'il y avait l'interdiction de l'usage d'une
matière première dans cet aliment.
C'était la même chose pour les labels. Si nous avions eu des
retours de lots de farines de viande, c'est-à-dire de volailles et
porcs, avant 1996, dans des aliments sur lesquels il y avait des interdictions,
nous aurions constamment eu des problèmes avec les organisme
certificateurs de labels, puisque c'était interdit par le cahier des
charges dans les aliments. Donc c'est une chose que nos opérateurs
géraient.
M. le Rapporteur
- Comment la géraient-ils ?
M. Alain Decrop
- Les retours allaient principalement dans les aliments
porcs, et peut-être un peu en volailles.
M. le Rapporteur
- Nous avons appris l'existence de "silos infirmerie",
si je puis dire, comme on le dit dans le jargon de votre profession. Vous dites
donc que ces silos étaient principalement destinés au
reconditionnement d'aliments pour porcs ?
M. Alain Decrop
- Oui, principalement, voire essentiellement, et ce pour
une raison simple : globalement, le coût matières aliments
ruminants est plus bas que le coût matières aliments porcs ou
volailles. Economiquement, cela n'aurait pas de sens. Globalement,
l'interdiction et le fait que cela n'avait pas de sens économique
expliquent que ce qu'on appelle "le réengrainement" se faisait
principalement dans le porc, qui est omnivore et pour lequel les choses se
passaient correctement.
M. le Président -
Très bien. Nous allons vous remercier
pour cette audition. Vous avez à nous donner quelques documents.
Par ailleurs, si, malgré tout, vous avez vos statistiques de
répartition du nombre de cas par rapport à vos clients,
même si c'est un document interne, nous en aurons besoin simplement pour
avoir une vision des choses. Je précise que, bien sûr, cela ne
sortira pas de chez nous. Si vous pouviez nous donner ce document, ce serait
intéressant.
M. Alain Guyonvarch
- Je pense que la Brigade nationale des
enquêtes vétérinaires a les plus belles statistiques de la
profession sur ce point.
M. le Président
- On me dit que nous avons ce document.
M. Alain Decrop
- Il est toujours difficile de mettre son nom lorsqu'on
est multifournisseur d'un éleveur.
M. le Président -
On le comprend parfaitement. Nous le savons
très bien.
M. Alain Decrop
- J'ai un point à ajouter. Comme on a souvent
entendu que notre profession ne donnait pas d'informations aux éleveurs,
je vais vous remettre des documents qui montrent l'étiquetage tel qu'il
existe à l'heure actuelle et l'étiquetage tel qu'il existait, en
ce qui nous concerne, avant septembre 2000.
Pour notre part, nous avons décidé de passer par
ingrédients, en donnant la liste, par ordre décroissant
d'importance quantitative, des ingrédients dans les aliments, mais nous
avions également une déclaration par catégorie, puisque
c'était une possibilité offerte à ce moment-là.
Cependant, nous avions, pour éclairer les éleveurs,
édité des documents qui permettaient de lire quelles
matières premières existaient à l'intérieur de
l'aliment en fonction des catégories indiquées sur
l'étiquette.
Il faut savoir que, jusqu'en 1992, la législation française
imposait l'étiquetage par ingrédients et que, par
conséquent, jusqu'à cette date, la liste exhaustive des
matières premières utilisées dans les aliments
était portée sur les étiquettes, et donc à la
connaissance des éleveurs.
J'ai également apporté un document qui est utilisé
à l'heure actuelle pour expliquer à nos éleveurs ce que
contiennent les aliments, quels qu'ils soient, et qui reprend toutes les
matières premières qui peuvent être utilisés dans un
aliment à l'heure actuelle de manière exhaustive.
M. Alain Guyonvarch
- Pour répondre à l'interrogation de
M. Blanc sur les matières premières qui ont été
interdites dans l'alimentation des ruminants en Angleterre, j'ai ici un article
(il s'agit d'un exemplaire unique mais je peux vous en donner la copie si elle
vous suffit) d'une conférence qui a eu lieu en juillet 1997 à
l'initiative de la Communauté européenne. Il s'agit d'un travail
effectué par M. J.W. Wilesmith qui est l'un des pontes anglais de l'ESB
et qui indique comment les choses ont été faites.
Je vous précise donc que les protéines de ruminants ont
été interdites dans l'alimentation des ruminants le 18 juillet
1988 en Grande-Bretagne et en janvier 1989 en Irlande du nord, que les abats
spécifiques bovins ont été interdits de l'alimentation
animale britannique dès le 25 septembre 1990 (je rappelle qu'ils l'ont
été six ans plus tard en France) et que la protéine
d'origine mammifère a été interdite dans l'alimentation de
tous les animaux en Grande-Bretagne depuis avril 1996.
M. le Président -
Très bien. Nous vous remercions.