Audition de M. Jean-Jacques ROSAYE, Président de la
Fédération nationale
des groupements de défense
sanitaire du bétail
(FNGDS)
(10 janvier 2001)
M.
Gérard Dériot, Président
- J'appelle maintenant M.
Rosaye, Président de la Fédération Nationale des
Groupements de Défense Sanitaire du Bétail, FNGDS,
accompagné de M. Cassagne, Directeur de la FNGDS, et Mme Touratier,
vétérinaire conseil de la FNGDS.
Le président rappelle le protocole de publicité des travaux de
la commission d'enquête et fait prêter serment à MM. Rosaye,
Cassagne et à Mme Touratier.
M. le Président
- Dans un premier temps, je vous demanderais de
nous présenter la position de votre organisme par rapport aux
problèmes engendrés par l'utilisation des farines animales et des
conséquences sur l'ESB.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Concernant la FNGDS, les groupements de
défense sanitaire sont des organismes à vocation sanitaire tels
qu'ils sont authentifiés par la loi du 4 janvier 2001. Cette loi fait
suite aux différentes lois de 1953 et 1964.
Nous réunissons la quasi totalité des éleveurs de France
puisqu'environ 96 % d'éleveurs sont volontairement adhérents
aux groupements de défense sanitaire. C'est la seule structure
française qui s'occupe du sanitaire dans les élevages et est
représentative, en matière sanitaire, au niveau français.
Concernant l'ESB, nous intervenons en échanges avec l'Etat et notamment
au niveau du soutien des éleveurs et du calcul des indemnisations dans
les cas d'ESB constatés. C'est la raison pour laquelle nous intervenons
plus particulièrement sur l'ESB, bien que cette prophylaxie soit
gérée par l'Etat.
Par ailleurs, nous avons sensibilisé M. Henri Nallet, ministre,
dès 1989 sur ce dossier. Une lettre a été remise par mon
prédécesseur, M. Alain Blandin, au ministre de l'Agriculture en
1989, car lors d'une visite en Grande-Bretagne il avait remarqué un
certain nombre de problèmes qui n'étaient pas très bien
identifiés à l'époque et qui paraissaient alarmants.
Sur ce dossier, en préambule, dès l'origine la France a toujours
pris plus de mesures que l'ensemble de ses partenaires européens. Nous
avons, tant l'Etat que la profession, toujours joué la transparence sur
ce dossier, même si nous nous apercevons que nous sommes,
malheureusement, accusés. Je crois pourtant que nous avons
été transparents et nous avons clairement expliqué la
situation.
Les décisions qui ont été prises depuis 1996 à
propos du retrait des matériaux à risques
spécifiés, les MRS, a été, à notre avis, le
point le plus important parmi les mesures de sécurité alimentaire
qui étaient prises depuis 5 ans.
Il est vrai que cette maladie a un effet retard car l'incubation est d'un
minimum de 5 ans sur les bovins et les effets de cette mesure ne se constatent
qu'à partir de maintenant.
Par ailleurs, nous avons, depuis quelques mois, procédé à
une analyse de l'évolution épidémiologique de l'ESB en
France, par les données émanant du ministère ou autres.
Elle est intéressante et je vous ferai part des conclusions.
Concernant l'analyse de l'ESB, elle fait apparaître deux vagues de
contamination. S'agissant des différentes sorties d'animaux malades, il
existe deux vagues en fonction de la date de naissance des animaux. Une
première vague, concernant principalement la Bretagne, était
probablement liée aux importations de farine de viande de 1987, 1988 et
1989 en provenance d'Angleterre car les animaux ont été malades
en 1992, 1993 et 1994.
C'était l'expression des importations de farine de viande en provenance
de Grande-Bretagne et qui, à l'époque, ont certainement
augmenté. Il aurait sans doute été nécessaire de
les limiter mais elles ne l'ont été qu'en 1989 et 1990.
La deuxième vague qui ressort actuellement, depuis 6 mois ou un an,
concerne les animaux nés en 1994, 1995 et 1996. Il semblerait,
d'après nos études, qu'il s'agirait d'animaux contaminés
par des importations (de la Grande-Bretagne vers la Bretagne) qui auraient
été réincorporées dans le circuit des farines
françaises.
L'hypothèse la plus probable, puisque normalement il n'y avait plus de
farine de viande dans l'alimentation des bovins, concerne des contaminations
croisées entre l'alimentation des bovins, des porcs et des volailles.
C'est sans doute une source essentielle mais il en existe peut-être
d'autres, à savoir les importations frauduleuses ; toutefois, il
est plus difficile de les cerner et d'en apporter la preuve. On en entend
beaucoup parler mais il est impossible d'affirmer que c'est l'une des sources
les plus importantes.
Certains GDS dans les départements nous ont fait part de naturalisation
de farine anglaise via les ports méditerranéens, la Belgique ou
les Pays-Bas, qui importaient encore, et nous retransmettaient des farines de
viande qui n'était plus britanniques lors de leur arrivée en
France. Ce type de fraude est difficile à quantifier et à prouver
car cela concerne les années 1993 à 1995. Selon des personnes qui
ont eu quelques informations, elles n'étaient pas négligeables
mais je ne sais pas à quel niveau.
M. Jean Bizet, Rapporteur
- Disposez-vous d'éléments
susceptibles de nous éclairer davantage ?
M. Cassagne
- C'est difficile car nous n'avons pas le pouvoir de la
police. Des départements nous ont indiqué qu'il avait
existé des farines naturalisées, sans qu'il soit possible de
remonter à la source de cette information. A l'époque, on nous
avait indiqué des lieux mais ces phénomènes datent de
quelques années auparavant. Nous n'avons pas les moyens d'aller chercher
des preuves en la matière. C'était plutôt une information a
posteriori.
Nous avions, au niveau national, des échos, à des moments
précis, mais ils sont arrivés tardivement. Ne disposant pas de
moyens d'investigation, il ne nous était pas possible de les chercher.
En revanche, nous soutenons totalement Madame le juge Boizette qui souhaite
pouvoir conduire une enquête. Cela nous semble nécessaire
même si nous pensons qu'il sera difficile de trouver des preuves.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Hormis ce problème majeur de fraude, je
reviendrai sur les contaminations croisées telles que nous pouvons les
analyser.
La Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires a
publié un rapport en 1999. On peut, à cet égard, regretter
qu'elle ne publie pas de rapport chaque année ; d'autres rapport
ont été réalisés avant 1999 mais ils n'ont jamais
été rendus publics.
Concernant le rapport de 1999, il est indiqué : «
L'état actuel des enquêtes alimentaires menées sur le cas
déclaré en 1999 montre que, comme les années
précédentes, à côté de possibles
contaminations croisées d'élevage par des aliments
destinés aux porcins ou aux volailles, ou des contaminations
croisées de transport, il est mis en évidence de façon
constante une possibilité de contamination croisée accidentelle
d'usine par des produits susceptibles de provenir, en tout ou partie, de
déchets à hauts risques de ruminants, d'au moins un aliment
destiné aux bovins présents dans l'exploitation.
En effet, on peut considérer que presque toutes les usines ayant
utilisé ces produits dans des aliments destinés aux volailles et
aux porcs présentent, ou présentaient, à l'époque
supposée de la contamination, un risque de contamination croisée
si elles ont fabriqué des aliments destinés aux bovins dans la
même entreprise ».
S'agissant des usines qui fournissent les aliments pour les bovins, beaucoup de
celles-ci fabriquaient des aliments pour les porcins, les volailles et les
bovins, sans avoir de chaîne distincte de production entre les trois
espèces.
Quand la fabrication d'une catégorie d'aliments était
terminée, on passait à la catégorie suivante. En raison du
type de fonctionnement de ces usines, il est évident qu'il doit toujours
rester un dépôt à un stade quelconque de la filière.
Il peut s'agir de quelques dizaines de kilos qui peuvent repartir dans la
fourniture suivante. Ce risque important existait avant 1996
puisqu'après 1996 les morceaux à risques étaient
enlevés des farines de viande, quelle que soit leur destination. Avant
1996, si des farines de viande destinées aux porcs et aux volailles
entraient dans l'alimentation bovine, des morceaux à risques pouvaient
être incorporés.
Concernant les contaminations croisées des exploitations, il n'est pas
possible de les nier car certaines élevaient des porcs et des bovins sur
la même exploitation. Quand un lot d'aliments pour les porcs était
terminé, il pouvait en rester au fond du silo.
L'AFSSA avait fait une étude à propos des premiers tests
réalisés sur Prionics et parmi les 26 premiers cas d'ESB, 20
producteurs ne réalisaient qu'un seul type de production. Il n'est pas
possible de généraliser.
S'agissant des transports, qui constituent un autre point important, on sait
que pour transporter les aliments en vrac par camion les produits sont
séparés par des cloisons. Il était donc possible qu'un
même camion livre plusieurs productions, de l'aliment pour bovins et pour
porcins. Mécaniquement, lors de la fin d'une livraison, 20 ou 30
kilos d'aliments pouvaient rester dans la vis sans fin et ils étaient
refoulés avec la deuxième livraison. Je suis éleveur et
quand un camion me livre des aliments je constate, même actuellement, que
des granulés ne sont pas de la même couleur que ceux de ma
commande d'aliments.
De plus en plus d'usines sont spécialisées et créent des
chaînes spécialisées ou enlèvent les farines de
viande de leur production. C'est donc un peu moins vrai. De plus, les farines
de viande sont plus sécurisées qu'il y a 4 ou 5 ans.
Dans les usines on pouvait constater un autre phénomène, à
savoir des possibilités de réincorporation de retour. Quand une
exploitation n'utilisait pas tout un lot d'aliments pour des porcins ou des
volailles, le fournisseur s'engageait à le reprendre. L'usine reprenait
donc les aliments mais je ne sais pas s'ils repartaient dans une chaîne
concernant la même catégorie d'animaux.
Il semble, à nos yeux, que cette contamination croisée constitue
la majeure partie des risques rencontrés dans les années 1992
à 1996 alors que les farines n'étaient pas
sécurisées. Les fabricants n'étaient sans doute pas aussi
rigoureux qu'aujourd'hui sur les croisements d'aliments.
Comment expliquer cette situation ? Avant 1996, on ne parlait pas d'ESB
comme on le fait depuis mars 1996 et depuis la déclaration du ministre
anglais de la Santé.
Il existait des recommandations mais il n'est pas possible de savoir si les
usines les appliquaient totalement. Je ne pense pas que ce soit le cas car la
séparation des chaînes d'alimentation n'était pas effective
et je ne pense pas que toutes les mesures aient été prises
correctement entre 1990 et 1996.
Concernant l'application de la réglementation, le pourcentage de farine
d'os devait être de moins de 0,1 % avec la possibilité
d'incorporer 0,35 % de farine de viande. Ce n'est pas négligeable
puisque cela constitue 3,5 kilos de farine de viande pour 1 000 kilos
d'aliments. C'était réglementaire.
Selon les chiffres de la DGCCRF, le pourcentage d'échantillons
analysés et situés au-delà de ce chiffre n'était
pas négligeable : en 1997, 4,2 % étaient au-delà
du 0,1 % réglementaire, en 1998, 1,2 % et en 1999,
1,64 %. Ce n'est pas beaucoup mais c'est plus que zéro.
Un autre point a participé à la moindre vigilance des
différents intervenants. Au niveau des scientifiques, le principe admis
au début, et la commission d'enquête britannique l'avait
souligné, était que la dose contaminante pour le bovin
était élevée. Or, après un certain nombre
d'études, il s'est avéré qu'une dose de moins de 1 gramme
pourrait contaminer un bovin. De ce fait, très peu de morceaux à
risques étaient nécessaires pour contaminer un bovin. A
l'époque, en estimant que la dose contaminante était
élevée, on pensait avoir une marge de manoeuvre importante alors
que ce n'était pas vrai.
On peut s'interroger sur l'absence de prise en compte de cette dose
contaminante par les scientifiques ; cela aurait pu être un seuil
d'alerte pour les usines.
Un autre point est, selon moi, important, à savoir le problème
des contrôles : ont-ils été effectués
correctement ou assez fortement ?
Ce n'est pas tout à fait sûr puisque l'office alimentaire et
vétérinaire européen indiquait, en 1999, que certains
problèmes existaient. Ses représentants avaient visité
deux établissements de fabrication d'aliments : l'un était
satisfaisant en fonction des législations européenne et
française, mais l'autre n'avait pas fait la preuve de son
efficacité sur la mise en place des ces mêmes législations.
Le nombre d'échantillons prélevés n'était pas
suffisant par rapport au nombre d'usines ou aux productions d'aliments faites
en France. La DGCCRF avait réalisé 307 prélèvements
en 1997, 419 en 1998 et 380 en 1999. En rapport avec le nombre d'usines en
France, c'est sans doute plus que cela. Je ne pense pas que toutes les usines
aient été contrôlées au moins une fois chaque
année. De plus, la répartition géographique n'a pas
été effectuée correctement.
Ceci soulève deux questions de nature plus ou moins politique :
pourquoi aucun protocole standardisé de contrôle sur la
maîtrise des procédures de fabrication n'a-t-il été
défini, en particulier par l'Etat, et pourquoi l'instance
d'évaluation, l'Agence Française de Sécurité
sanitaire des Aliments, n'en a-t-elle pas exprimé le besoin ?
L'AFSSA n'a jamais indiqué qu'il était nécessaire d'avoir
un protocole standard de contrôle et n'a jamais insisté dans ce
sens.
Par ailleurs, au niveau de l'estimation dans les exploitations ayant eu un cas
d'ESB, une enquête a été réalisée sur le
terrain par les vétérinaires. Dans les premières phases
d'expérimentation du test Prionics, sur les 32 premières
exploitations où un cas avait été détecté,
seules pour 26 l'enquête est remontée à l'AFSSA. Cela nous
interroge car 6 cas n'ont pas été analysés en
détail : je ne sais pas si c'est normal.
Concernant les moyens, au niveau de la Direction Générale de
l'Alimentation on constate une baisse constante des moyens mis en place,
notamment en matière d'effectifs, pour faire les contrôles ainsi
qu'assurer le suivi de l'ensemble de la traçabilité et le suivi
sanitaire.
Tant au niveau de la centrale nationale que des services
vétérinaires départementaux, le programme de
création d'emplois sur deux ans, annoncé par le ministère
de l'Agriculture, permet à peine de compenser les pertes de ces
dernières années en effectifs alors que l'on met de plus en plus
de missions, au niveau des services vétérinaires, de
contrôle, d'inspection, de suivi en matière d'ESB, de
maîtrise des abattages dans les élevages où le cheptel est
positif, etc. Notamment dans les départements de l'Ouest, certains
services vétérinaires sont dépassés parce qu'ils
n'ont pas assez de moyens en termes d'effectifs.
En conclusion, pour résumer notre analyse, les cas nés
après l'interdiction des farines depuis 1990 résultent
essentiellement d'une contamination croisée des aliments (à
l'usine, au transport ou dans l'exploitation), entre les années 1992
à 1996, ayant contaminé les bovins qui sont actuellement
positifs. Les contrôles n'ont pas été suffisants et, de
plus, leur nature et leur nombre n'ont pas pu permettre d'éviter ce
risque.
Néanmoins nous sommes convaincus que des fraudes ont certainement
été faites sans que nous puissions les quantifier, ni en apporter
la preuve ; ce ne sont pas seulement des rumeurs. Il est difficile de
savoir à quel niveau, par qui et comment elles ont eu lieu. Ce serait
difficile à prouver et nous n'avons pas les moyens de le faire. Il est
évident que ce point a pu être la source d'un risque.
Un point doit être soulevé en matière de santé
publique. On entend beaucoup de choses et parfois n'importe quoi au niveau des
médias. Il ne faut pas oublier l'effet d'optique dû aux
durées d'incubation de la maladie à propos des bovins. Les effets
concernant les mesures mises en place aujourd'hui ne seront visibles que dans 5
ans. Les mesures mises en place en 1994, 1995 et 1996 auront des effets
à partir de 2001 et 2002.
Je ne sais pas si les mesures mises en place cette année étaient
justifiées. Il aurait sans doute fallu attendre que les mesures mises en
place dans les années 1996 aient un plein effet avant de procéder
à la mise en place de nouvelles mesures qui s'ajoutent les unes aux
autres et ne sont pas toujours bien contrôlées.
Je rappelle les propos de l'Union fédérale des consommateurs et
une analyse très bien réalisée : « Les
principaux risques à la consommation existaient dans les années
1988 et 1989 et sont beaucoup plus faibles aujourd'hui. Les mesures
d'interdiction d'incorporation des farines de viande et d'os dans
l'alimentation des bovins, en 1990, et surtout la décision de retrait et
de destruction des matériaux à risques spécifiés de
tout aliment pour toute espèce, en 1996, constituent les deux mesures
essentielles pour la sécurité du consommateur ».
Au niveau de la FNGDS, nous partageons totalement cette analyse du risque.
Depuis 1996, la France a pris un certain nombre de mesures qui sont de bons
sens et porteront leurs fruits seulement maintenant.
S'il existait des contaminations entre 1990 et 1996, seraient-elles
quantifiables ? Je ne le sais pas. C'est difficile à affirmer
puisque les scientifiques britanniques avaient essayé de faire des
simulations scientifiques sur l'évolution de la variante de la malade de
Creutzfeldt-Jakob dans les 10 ou 20 ans à venir. Au niveau de la
contamination des bovins, il n'est pas possible de savoir quelle était
la contamination exacte à l'époque. Elle reste très faible
en France ; en rapportant les cas positifs par rapport au cheptel bovin
français, elle est de l'ordre de quelques animaux par million de
têtes de bétail : nous avons 20 millions de têtes de
bétail et depuis 1991, soit en 10 ans, nous avons eu 250 cas, ce qui est
relativement peu par rapport à la Grande-Bretagne (avec 190 000 cas) et
d'autres pays comme la Suisse.
Mme Touratier
- Par rapport à leur population bovine, ils ont
trois fois plus de cas. Il est important de rapporter ces chiffres aux bovins
de plus de 24 mois qui sont susceptibles de faire une ESB. Actuellement,
l'incidence augmente dans notre pays, ce qui pose un problème, mais elle
reste faible : en incidence glissante sur les 12 derniers mois, le nombre
de cas est de 15 par million de bovins de plus de 24 mois. Une maladie qui
concerne quelques dizaines d'individus par million d'individus est une maladie
à incidence faible.
Le problème est que ces incidences augmentent puisqu'il y a 12 mois il
s'agissait de 3 cas par million de bovins. Bien qu'il s'agisse d'une
multiplication par 4 ou 5 du nombre de cas, l'incidence reste faible. On peut
concevoir que sur un cheptel de 20 millions de bovins, les contaminations
croisées, avec cette dose contaminante faible, produisent les effets
actuels.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Les différents ministres, de
l'Agriculture et autres, ont pris, au niveau de la France, de bonnes mesures
pour protéger la santé du consommateur essentiellement et pour
éradiquer la maladie progressivement dans les élevages. Il est
vrai que nous avons été mis à l'index car nous avons mis
en place des tests en place au niveau français : comme on dit, qui
cherche trouve. Malheureusement, quand on trouve on est mis à l'index
mais c'est une manière de protéger les consommateurs.
La FNGDS a demandé à Monsieur le ministre de l'Agriculture qu'une
commission d'enquête publique, comparable à celle de
Grande-Bretagne, soit mise en place et qu'elle dispose de larges moyens
d'investigation pour aller plus en profondeur, notamment en termes de fraude.
Si des fraudes ont existé, il faut les trouver et les dénoncer.
Actuellement, nous n'avons pas les moyens de le faire. La brigade
vétérinaire enquête mais je ne suis pas sûr qu'elle
puisse aller jusqu'à l'investigation assez approfondie pour
dénoncer les fraudes.
Les contaminations par les farines de viande, dans les années 1990/1996,
résultent pour une grande part des contaminations croisées en
usines, et éventuellement en transport et en exploitation. La pression
des contrôles a été insuffisamment harmonisée. Les
moyens des services concernés n'étaient pas là pour le
faire.
La question en matière de sécurité sanitaire porte moins
sur les farines carnées en elles-mêmes que sur le retrait des
matériaux à risques spécifiés. Alors que depuis
1996 la France a pris des mesures, d'autres pays européens n'ont pas
procédé à de tels retraits. En matière de
circulation des farines de viande (cela nous a été dit par les
représentants du ministère), ce marché était,
jusqu'à il n'y a pas très longtemps, un marché
communautaire ; de ce fait, les frontières des pays n'existant plus
au niveau communautaire, des farines étrangères à la
France pouvaient arriver en France. Ce risque porte donc une interrogation.
De plus, des pays n'ayant pas pris de mesures depuis 1996, des produits animaux
rentraient encore en France jusqu'à il y a très peu de temps et
ont pu apporter un risque au niveau de la sécurité alimentaire de
la France.
Enfin, de manière plus large, il est nécessaire de faire part de
l'analyse de la FNGDS quant aux luttes d'influence entre les ministères,
tant sur ce dossier que, plus généralement, sur celui de l'ESB.
Ce qui apparaît comme une véritable guerre des ministères,
et de leurs services, perturbe en profondeur la lisibilité et
l'efficacité des mesures prises. Dans un climat de surenchère, de
suspicion ou de critique permanente, l'opinion publique et les producteurs
finissent par en être les victimes : les uns parce qu'ils sont les
enjeux de la communication et de la volonté de pouvoir et les autres
parce qu'ils assistent, impuissants, notamment les éleveurs, à la
destruction exagérée de leur outil de travail et à la mise
en accusation devant cette même opinion publique.
Les éleveurs ont été souvent mis à l'index depuis
quelques mois concernant ce dossier. Leur sentiment sur le terrain est une
exaspération car ils ne sont pas plus la cause de cette vague d'ESB que
n'importe qui. Ils en sont les victimes.
M. le Président
- Concernant la copie du courrier figurant dans
votre dossier, existe-t-il une réponse ?
M. Cassagne
- Les ministres n'ont pas toujours l'habitude de
répondre au courrier qu'on leur adresse. En revanche, très
rapidement, des premières réunions ont eu lieu, auxquelles nous
participions, au niveau de la Direction Générale de
l'Alimentation, pour faire le point sur ce dossier et voir ce qui pourrait
être fait dans l'hypothèse où, en France, un cas se
produirait.
M. le Rapporteur
- Êtes-vous satisfaits du dispositif
d'identification et de contrôle des mouvements d'animaux au niveau
européen ?
Il nous a semblé lire dans la presse, ces jours derniers, que le
laboratoire Boehringer Ingelheim aurait mis au point un test ante-mortem sur la
détection de l'ESB. Avez-vous quelque information fondamentale sur ce
point ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Sur l'identification, je pense que depuis la
dernière réforme, en date de 1998, l'identification fonctionne
bien en France et est fiable. Je n'affirme pas qu'il n'existe pas de fraude,
car de telles possibilités peuvent exister, mais elles sont très
minimes.
Nous disposons d'un système informatique permettant de suivre les
animaux et d'avoir connaissance de documents les concernant.
Des contrôles des services vétérinaires, qui ont lieu dans
les élevages depuis deux ans, ont permis de remonter de petites
infractions mais pas de grosses infractions permettant d'affirmer qu'il existe
une fraude. De ce côté, je ne pense pas qu'il existe de
problème majeur.
M. le Rapporteur
- Sur les carcasses et, à la fin, sur
l'étal du boucher, considérez-vous que des progrès doivent
être faits en la matière ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Je ne connais pas toute la filière
jusqu'à l'étal du boucher. Depuis un an et demi ou deux ans, tout
le monde fait des efforts pour identifier tous les morceaux. Le plus gros
problème est certainement au niveau de la restauration collective
où il est très difficile d'aller jusqu'aux consommateurs. Il
existe un point où il faut s'arrêter et la
traçabilité est très difficile à réaliser
jusqu'aux consommateurs ; toutefois, tout le monde essaie, au moins pour
rassurer les consommateurs, d'apporter le maximum d'informations.
M. Cassagne
- Le système de traçabilité
français est constitué de l'identification et de
l'étiquetage. Qu'attend-on de ce système et que veut-on
savoir ? Le consommateur peut savoir que le morceau de viande qu'il
achète provient de l'exploitation de M. Rosaye. En termes de marketing,
c'est rassurant pour le consommateur mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel
est que les contrôles permettent d'assurer la traçabilité
du morceau de viande jusqu'au bovin ou l'inverse.
Le système est sans doute perfectible mais, globalement, nous avons la
sensation que le système de traçabilité, tel qu'il est
actuellement, permet globalement la traçabilité selon la formule
« de la fourche à la fourchette » et de « l'étable
à la table ».
Nous en parlions avec des personnes d'Interbev et, globalement, on peut
l'assurer. J'avais cru comprendre que votre question avait une dimension
européenne, ce qui constitue une tout autre situation.
Concernant l'exemple de la restauration collective, vous êtes souvent,
Messieurs les Sénateurs, des élus locaux, des maires, et vous
devez vous occuper de cantines scolaires. Cela dépend probablement de la
taille des communes, c'est souvent en régie directe mais vous passez
également par l'intermédiaire d'entreprises. Vous avez sans doute
eu la curiosité de regarder, dans le cadre d'appels d'offres, les
réponses qui sont fournies. Nous avons pratiqué cela, sous une
autre forme, pour la ville de Paris.
La traçabilité est assurée, sur les viandes d'importation,
à partir de l'abattoir. Il est impossible de remonter, pour les
entreprises ayant répondu à l'appel d'offres et proposant des
animaux abattus en Hollande, au-delà de l'abattoir dans lequel l'animal
a vécu ses derniers instants. Alors qu'en France on peut remonter
jusqu'à l'exploitation d'origine, dans ce cas c'était absolument
impossible.
Ceci, dans le système que nous connaissons, ne présente pas,
à nos yeux, un niveau de garantie suffisant. Les choses
changeront ; on le constate avec ce qui se passe en Allemagne. Des pays se
sont présentés comme indemnes d'ESB, malgré l'avis des
scientifiques (ils faisaient de l'ESB sans cas clinique), et la libre
circulation faisait qu'il n'existait pas de traçabilité totale
depuis l'élevage jusqu'à l'abattoir.
M. le Rapporteur
- Cela voudrait dire que des animaux importés
d'un pays de l'Union Européenne et abattus sur le territoire
français n'auront de traçabilité qu'à partir de cet
abattoir.
M. Cassagne
- Jusqu'en octobre 2000, il n'existait pas de
décision européenne de retrait des matériaux à
risques spécifiques. Parmi les pays européens, beaucoup, pas
très loin de la France, ne procédaient pas à ce retrait
alors que l'on sait, sur un plan scientifique, que c'est la mesure, certes pas
unique mais essentielle en matière de sécurité
alimentaire. Ce manque de traçabilité et cette absence de retrait
des matériaux à risques spécifiques font que s'il existe
des risques sanitaires pour la santé publique, ils doivent probablement
être recherchés du côté d'animaux de ce genre
plutôt que sur des animaux français.
Cela ne signifie pas qu'en France tout est propre et clair. Toutefois, l'effort
fait en France en matière d'identification (certains pays ont mis en
place très tard des systèmes d'identification inférieurs
à ce qui existait en France dès 1998) procure une garantie
supplémentaire, probablement mal vendue auprès du consommateur,
et que l'on ne trouve pas, ou de manière insuffisante, dans certains
autres pays européens.
J'ajoute, en matière de traçabilité sanitaire,
qu'actuellement le ministère de l'Agriculture est en voie de
finalisation d'un logiciel informatique répondant au nom de
« Civet et Marcassin » : « Civet »
parce qu'il s'occupe d'hygiène alimentaire et
« marcassin » pour la santé animale. Ce logiciel
sera déployé d'ici septembre 2001 dans l'ensemble des
département français, à savoir les Directions des services
vétérinaires et les groupements de défense
sanitaire : Marcassin renforcera la traçabilité sanitaire
des animaux et Civet fera de même pour les produits.
Dans le même temps, il devrait renforcer la capacité
d'intervention des services vétérinaires de contrôle en
permettant d'assurer une traçabilité renforcée puisque
toutes les informations seront stockées sur une base nationale
située à Toulouse. Les contrôles seront donc beaucoup plus
faciles ; en cas de problèmes sanitaires, les services de
contrôle pourront intervenir beaucoup plus rapidement et conduire
beaucoup facilement les enquêtes épidémiologiques
nécessaires. Nous avons donc plutôt une bonne identification en
France. Nous allons renforcer, sur le plan sanitaire, cette
traçabilité par un logiciel unique de santé animale et
d'hygiène alimentaire.
Dans un autre temps, nous considérons que le risque, même s'il est
très difficilement quantifiable, repose plus sur des animaux
étrangers que sur des animaux français.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Concernant un test ante-mortem, je souhaiterais
citer une phrase du Professeur Dormont à qui la question avait
été posée concernant la date d'obtention d'un tel test. Il
nous avait répondu, à nous, éleveurs, qu'il
espérait que l'on n'en trouve jamais.
En effet, le prion, en tant que tel, ne se trouve que dans le système
nerveux central, en phase terminale. Pour trouver le prion, il faut abattre
l'animal pour analyser le cerveau et la moelle épinière. Si l'on
trouve un test permettant de détecter le prion sur le lait ou sur le
sang, cela signifiera que la contamination se fait par le lait, le sang ou la
viande. De ce fait, le risque est important.
Je ne sais pas s'il existe d'autres moyens indirects, peut-être par des
déductions scientifiques, de trouver le prion qui se trouve dans le
cerveau.
Mme Touratier
- Je complète cette réponse. Aujourd'hui, le
modèle le plus sensible permettant de détecter le prion est celui
de l'inoculation intracrânienne à la souris. Des essais
expérimentaux ont été faits sur des bovins et des veaux,
essentiellement en Grande-Bretagne, avec des doses contaminantes
expérimentales extrêmement élevées, à savoir
d'environ 100 grammes. On fait ingérer à des veaux
100 grammes de cerveau de vache folle. Cela constitue entre 100 et 1 000
fois plus que la dose contaminante déterminée -dont il a
été question tout à l'heure- qui est très faible
puisqu'elle se situe à moins d'un gramme de cerveau de vache folle.
Ces doses expérimentales sont extrêmement importantes. Ensuite,
régulièrement, tous les 4 mois, on découpe en morceaux des
lots d'animaux : 50 tissus sont ensuite inoculés par voie
intracrânienne à des souris calibrées pour cela.
Avec ces essais (qui sont aujourd'hui le modèle le plus sensible, qui ne
détecte pas le moindre prion, en raison d'un seuil de sensibilité
des techniques, bien qu'elles soient très sensibles) on ne retrouve du
prion que dans une fraction du tube digestif, ou plutôt dans les plaques
de Peyer, uniquement lors d'essais expérimentaux. En effet, sur des
animaux atteints naturellement, on ne trouve rien, y compris dans les plaques
de Peyer, parce que les doses contaminantes naturelles sont probablement
très inférieures à ces doses expérimentales.
Dès 6 mois après la contamination expérimentale, on
retrouve des traces de prion dans ces plaques de Peyer, à un taux
faible, tout au long de l'incubation. On ne commence à retrouver du
prion, à des doses faibles, que 32 mois, au plus tôt,
après. Cette dose augmente dans le système nerveux central
(cerveau, moelle épinière et un certain nombre de ganglions le
long de la moelle épinière) et cette quantité de prion
n'explose véritablement dans ce système nerveux central que dans
les 3 à 6 mois qui précèdent l'apparition des signes
cliniques.
C'est ce que l'on observe avec des doses expérimentales
extrêmement fortes. Personne ne peut dire que l'on n'en trouvera pas
ailleurs car il existe un cheminement de ce prion dans l'organisme, depuis le
tube digestif, puisque la contamination se fait par voie orale, jusqu'au
système nerveux central.
Il existe deux voies de recherche fondamentales : la voie du
système lymphatique ou la voie d'un certain nombre de troncs nerveux.
Pour le dire diplomatiquement, il est extrêmement curieux qu'un
laboratoire annonce qu'il mettra au point, dans les mois à venir, un
test sur le sang. En effet, tous les éléments scientifiques, qui
se recroisent et sont confirmés depuis des années, rendent plus
que curieux ce genre d'annonce.
Même si l'on en avait trouvé dans le sang des animaux, ce qui
n'est pas le cas chez les bovins, ce type de test est extrêmement
délicat à valider. Cela nécessite à grande
échelle, comme on le constate avec les tests Prionics ou les tests
rapides, de valider des erreurs par défaut ou par excès. Ce sont
des protocoles extrêmement délicats et, très franchement,
pour le dire un peu moins diplomatiquement, ce genre d'annonce tient plus de la
gesticulation que de ce que l'on sait au niveau de ce qui est publié
scientifiquement.
J'ai lu cette annonce dans la presse. Ensuite, des responsables viennent
tempérer ce genre d'annonce mais elles tiennent plus du marketing, ou du
commercial, que du fondé au plan scientifique.
M. Cassagne
- Le laboratoire a peut-être trouvé quelque
chose. Puisqu'il n'existe rien d'autre qu'une rumeur et une information
prospective, pour l'instant il ne faut pas se baser sur cette information.
Mme Touratier
- Le problème de ce prion est qu'il n'existe pas de
réaction. On pourrait rechercher un indicateur, et non pas directement
le prion, qui augmenterait au niveau sanguin dans le cas d'une contamination
par le prion.
La validation d'un test, quand on cherche l'agent lui-même, est
très complexe mais quand on passe par un indicateur indirect la
validation ne se compte pas en mois mais en années. Sans être
scientifique, je dispose d'une certaine culture scientifique, et je suis
extrêmement surprise devant ce genre de déclaration qui ne
coïncide pas avec ma culture scientifique.
M. Jean-François Humbert
- Je suis désolé de
revenir sur un élément car je sais que vous ne pourrez pas
répondre autre chose que ce que vous avez déjà
répondu. Vous avez parlé, à plusieurs reprises,
d'importations frauduleuses en nous disant que les informations sont celles de
« l'homme qui a dit à l'homme qui a dit à l'homme etc.
». Toutefois, ne pourrions-nous pas en savoir plus ?
Notre mission est d'essayer de comprendre un certain nombre de choses et, sans
vouloir vous demander de procéder à telle ou telle
délation, n'a-t-on pas, ici ou là, assisté à
quelques premières procédures judiciaires, notamment dans l'Est
de la France, en région Lorraine et même dans les Vosges ?
Sans avoir à citer qui que ce soit, en respectant le secret de
l'instruction ou la présomption d'innocence, en regardant du
côté de l'Est, pourrions-nous avoir quelques premiers
éléments de réponse ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Je connais le dossier car ce n'est pas loin de
chez moi dans les Vosges.
L'étude en cours concerne la recherche de farine de viande dans les
silos d'aliments d'un éleveur dont le bétail a été
touché par l'ESB. Même si on retrouve de la farine de viande dans
cet aliment, est-ce dû à une contamination croisée ou
à une fraude ? Je ne peux pas répondre.
Je pense, mais je ne peux rien prouver, qu'il s'agit plutôt de
contamination croisée d'avant 1996 puisqu'ils recherchant dans des silos
ayant quelques années. Des morceaux d'os ont été
retrouvés : s'agit-il de farines d'os d'avant 1996 et qui auraient
pu être croisées avec d'autres aliments, soit au camion soit
à l'usine, ou est-ce frauduleux ? Je ne peux pas le dire car je
n'ai aucune preuve sur ce sujet.
M. Cassagne
- Nous avons connaissance de quelques exemples, par la
presse, d'actions en justice qui avaient été engagées. Les
informations dont nous disposons complétaient certains points. On a vu,
à l'époque, comment cela s'est terminé ; il est
très difficile de retrouver les preuves car certaines entreprises, en
dehors d'une comptabilité, n'ont aucune archive. Ce n'est pas une
obligation : elles peuvent être détruites par le feu,
disparaître ou être volées. Il est donc extrêmement
difficile d'apporter la preuve de ce qui aurait pu éventuellement se
passer à tel ou tel endroit.
Dans les processus de justice qui se sont produits dans un certain nombre de
cas, nous avons constaté l'impossibilité, pour la justice et les
enquêteurs, d'aller au-delà d'un certain nombre de choses car il
n'existait aucun moyen d'aller dans un sens ou dans un autre. C'est sans doute
un travail de longue haleine.
Il faudrait d'ailleurs que ce soit coordonné au niveau européen
car il s'agissait d'un problème européen. On sait qu'il existe,
dans d'autres secteurs tels ceux des hormones ou d'autres médicaments,
des filières mafieuses de distribution « sous le
manteau » de médicaments.
Cela ne signifie pas que tous les éleveurs sont des criminels ou que
tous les vétérinaires sont des complices. Ce genre de situation
existe et provient d'autres pays. Le Président de la FNB avait
apporté des exemples extrêmement précis à la
Direction Générale de l'Alimentation sur le trafic de produits
médicamenteux. Cela se heurte à certains niveaux et c'est au
niveau européen que l'Europe de la sécurité sanitaire, ou
des investigations sanitaires, devrait être plus efficace car la France
se heurtera toujours à ces mêmes situations sans qu'il soit
possible d'aller plus loin. Nous avons d'ailleurs pu voir, sur M6, un reportage
concernant un marchand de bestiaux qui était poursuivi par la Police
française et dînait tranquillement dans un restaurant belge.
Le problème ne pourra pas, à ce niveau, être résolu
dans l'espace intérieur de chaque pays mais plutôt dans l'espace
intérieur de l'Union Européenne.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Jusqu'en 2000, le marché de la farine de
viande était européen. Cela signifie que même si la France
sécurisait ses farines de viande, des farines de viande pouvaient
transiter ou passer en France, tout à fait légalement, en
provenant de pays où les morceaux à risques et des bovins morts
étaient encore inclus dans ces farines de viande. Ceci se faisait en
toute légalité puisqu'il s'agissait d'un marché
européen.
Mme Touratier
- Concernant la difficulté d'apporter une preuve,
il faut constamment avoir en perspective le problème de l'incubation.
Nous évoquons des faits qui se sont déroulés en moyenne 6
ans plus tôt ; en effet, en France l'incubation moyenne des cas
d'ESB est de 5 ans et 10 mois. Par ailleurs, certains animaux ont une
incubation très supérieure à cette moyenne.
Sur le plan juridique, c'est très complexe car cela se heurte à
des difficultés d'apporter des preuves ainsi que, sans doute, à
des délais de prescription.
Par ailleurs, la date de 1996, celle du retrait des matériaux à
risques spécifiés, est déterminante en matière de
diminution et de maîtrise des risques. Par contre, les contaminations
croisées ont persisté même si elles ont diminué
visiblement après 1996. Concernant les chiffres de la DGCCRF, l'analyse
a été mise au point en 1997. S'agissant de la tendance de la
courbe de ces échantillons qui sont à plus de 0,1 % d'os,
soit plus de 0,3 % de farine de viande et d'os, elle est de 4,2 % en
1997, 1,3 % en 1996 et 1,6 %, ou 1,7 %, en 1998.
M. Cassagne
- Les chiffres sont de 4,2 % en 1997, 1,2 % en
1998 et 1,64 % en 1999.
Mme Touratier
- Pour les chiffres publiés jusqu'à
récemment par la DGCCRF, 0 % en 2000, avec une augmentation du
nombre d'analyses sur la dernière partie de 2000. La tendance est
à la baisse.
Or, si on met en perspective l'incubation qui est de 6 années, les cas
observés actuellement concernent des animaux nés entre 1993 et
1995, avant ces analyses. Si on reconstitue la courbe, le taux de contamination
croisée était probablement supérieur durant ces
années-là.
Sur un cheptel de 20 millions de bovins, sans parler des fraudes sur lesquelles
nous n'avons pas d'information tangible, au plan épidémiologique
je trouve qu'il n'y a rien de mystérieux à voir quelques dizaines
de bovins contaminés, de surcroît avec une dose contaminante
faible.
M. Cassagne
- L'autre méthode consiste à augmenter la
pression de contrôle ; il faut que le pouvoir régalien
intervienne, mais ceci repose le problème des moyens : un demi
contrôleur n'est pas suffisant pour surveiller 3, 10 ou 20 camions. Je ne
dis pas qu'il faut augmenter le nombre de fonctionnaires ; il existe
d'autres méthodes passant par l'intermédiaire des
vétérinaires libéraux. Toutefois, sur certaines
prestations ceux-ci nous disent que les tarifs sont ceux d'une femme de
ménage.
M. Paul Blanc
- A peine !
M. Cassagne
- Ne pouvant pas faire appel aux fonctionnaires de l'Etat,
qui sont en nombre insuffisant, il faut s'adresser à des
vétérinaires, dans le cadre du mandat sanitaire, pour effectuer
certains contrôles. Dans un cas, nous ne disposons pas des moyens et dans
l'autre cas il n'y a pas non plus de moyens pour que les
vétérinaires puissent accomplir décemment ces missions.
La pression est largement insuffisante et il faut attendre 5 ou 6 ans pour
savoir ce qui s'est passé. C'est un problème de moyens et
notamment de moyens au niveau des services vétérinaires.
M. Jean-François Humbert
- Concernant l'importation frauduleuse,
nous avons lu et entendu un certain nombre de remarques depuis que cette
Commission a commencé à travailler. L'une des hypothèses
(qui n'est pas prouvée, mais on le sait) est que les Anglais ont
continué à fabriquer des farines de viande, qu'elles auraient
éventuellement transité par l'Irlande et seraient ensuite
revenues en France, par un circuit qui n'est pas complètement
éclairé et élucidé, en passant sans doute par la
Belgique à laquelle vous faisiez allusion. Je suis désolé
d'insister davantage mais ne pouvez-vous pas nous en dire plus, vos
informations sont-elles insuffisantes ?
M. Cassagne
- Nos informations concordent avec les vôtres car,
comme vous, nous l'avons lu dans la presse. En effet, les farines irlandaises
n'ont pas fait l'objet des mêmes dispositions que les farines anglaises
et les liens historiques de la Grande-Bretagne avec l'Irlande peuvent nous
laisser faire certaines suppositions. C'est une hypothèse totalement
plausible.
Toutefois, je ne suis pas certain qu'il aurait fallu naturaliser belge,
portugais, etc. ces farines ; elle étaient irlandaises et auraient
probablement pu aller dans un certain nombre de pays. Nous ne vous apporterons
rien de plus par rapport à vos propres informations car nos seules
informations reposent sur des rumeurs et des indications. Cela fait un faisceau
de présomptions dont on peut considérer qu'il est un embryon de
preuve. Malgré cela, nous n'avons pas de « papier
miracle » à vous communiquer.
M. Georges Gruillot
- Je regrette de vous pousser dans vos
retranchements. Vous êtes ici devant une commission d'enquête, vous
êtes tenu d'y dire tout ce que vous savez, sous peine d'un certain nombre
de difficultés consécutives. Or, quand je prends votre document,
dans le dernier paragraphe vous vous permettez d'écrire, en parlant des
luttes d'influence entre ministères, tant sur ce dossier que
généralement sur celui de l'ESB : « Ce qui
apparaît comme une véritable guerre des ministères, et de
leurs services, perturbe en profondeur la lisibilité et
l'efficacité des mesures prises dans un climat de surenchère, de
suspicion et de critiques permanentes. L'opinion publique, ainsi que les
producteurs, finissent par en être les victimes, les uns parce qu'ils
sont les enjeux de la communication et de la volonté de
pouvoir.... ».
Vous vous permettez d'écrire une critique très grave mais vous
l'écrivez en termes si généraux que cela ne signifie pas
dire grand-chose. Or, je pense que vous n'avez pas écrit cela sans avoir
en tête des exemples et des cas très précis à nous
signaler. Vous devez, devant une commission d'enquête, nous donner plus
de précisions dans ce domaine et nous informer de ce que vous savez. Je
ne pense pas que vous vous seriez permis de l'écrire en termes
généraux.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Sur ce dossier de l'ESB, beaucoup de choses ont
été dites depuis quelques mois. On s'aperçoit qu'un
certain nombre de ministères, ou de représentants de ceux-ci,
pratiquent des annonces publiques, parfois contradictoires, qui font que la
communication auprès du public est de plus en plus illisible et rend la
psychose encore plus importante.
Pour ne rien cacher, on sent un certain tiraillement entre le ministère
de la Santé et le ministère de l'Agriculture ; c'est
évident et sensible. L'un dit que l'autre ne fait pas assez, le second
répond qu'il fait le maximum, etc. Quand un ministre ou un
secrétaire d'Etat annonce à la télévision que des
dizaines ou des milliers de cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob seront
enregistrés dans les prochaines années, cela ne réconforte
pas le consommateur. Scientifiquement, il n'existe aucune preuve et cela ne va
pas dans le bon sens.
M. le Rapporteur
- Avez-vous eu des échanges épistolaires
avec les différents ministères sur ce point précis ?
M. Jean-François Humbert
- C'est un document officiel et ce que
vous écrivez est grave.
M. Cassagne
- C'est une analyse de la FNGDS ; c'est notre vision.
Il est, pour nous, clair qu'il existe une lutte d'influence entre les
ministères sur l'affaire de l'ESB. Cette lutte est probablement
fondée sur une appréciation différente de la notion du
principe de précaution. Il s'agit probablement, cela n'engage que moi,
au ministère de la Santé d'un traumatisme dû au sang
contaminé avec la volonté de s'entourer du maximum de garanties
absolues.
Du côté du ministère de l'Agriculture, il existe la
même volonté d'appliquer le principe de précaution. Il
existe toutefois une différence d'appréciation puisqu'il s'agit,
d'un côté, de médecins et, de l'autre, de
vétérinaires qui sont sur le terrain avec les animaux. Bien qu'il
s'agisse de médecine dans les deux cas, il s'agit d'une médecine
vétérinaire et d'une médecine humaine et il n'est pas
possible de calibrer les deux pour n'en faire qu'une seule.
Ensuite vous avez, comme dans toutes les Administrations, des querelles et des
luttes d'influence. Quand cela s'exprime publiquement, c'était le cas du
ministère de la Consommation il y a quelque temps, cela apparaît
comme une surenchère non fondée, ni scientifiquement ni
épidémiologiquement, et donne l'impression que l'un ou l'autre
veut, dans cette « course à l'échalote »,
dans laquelle chacun veut essayer de récupérer le
« bébé », la Santé considérant
que le dossier serait mieux géré par elle et l'Agriculture estime
que les vétérinaires connaissent bien la santé animale et
le problème de la santé publique.
Cela me semble humainement normal. Toutefois, à certains moments, cette
situation laisse transparaître dans la presse, de manière directe
ou indirecte, que certains services ne font pas bien leur travail. Cela
constitue un jugement rapide et il faudrait plutôt vérifier si les
services incriminés disposent de moyens réels pour conduire ces
missions.
Il ne s'agit pas de prêter à nos propos une mise en accusation en
parlant de « guerre » entre ministères ; nous
utilisons des guillemets car ce n'est qu'une image. Dieu merci, nous n'en
sommes pas là.
M. Jean-François Humbert
- Je me contente de lire ce que vous
avez écrit. Je me serais jamais permis d'écrire cela et j'estime
que vous prenez des risques.
M. Cassagne
- La notion de prise de risques et le principe de
précaution sont très forts.
M. Jean-François Humbert
- Il y a ici un pharmacien, un
médecin et trois vétérinaires et tous s'entendent bien.
M. Cassagne
- La guerre des ministères fait
référence à la guerre des polices. Cela ne signifie pas
qu'un policier et un gendarme ne peuvent pas s'entendre.
M. Georges Gruillot
- J'admets qu'un échotier quelconque
écrive cela, mais s'agissant d'un organisme national responsable comme
le vôtre, c'est une prise de risques.
Vous avez parlé largement d'identification. En Corse le troupeau est-il
totalement identifié ? Quand j'étais
vétérinaire praticien et qu'il m'arrivait de me rendre en Corse,
je n'ai jamais vu là-bas une vache identifiée. En sommes-nous
encore là aujourd'hui ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Il existe une spécificité corse
qui n'est pas que politique puisqu'il s'agit de l'identification ; je
pense que cela s'améliore doucement au rythme de la Corse.
M. Cassagne
- Si vous connaissez bien la Corse, l'élevage y est
terriblement extensif. Actuellement, des efforts réels sont faits en
matière d'identification. Ce n'est pas de la langue de bois car nous
sommes allés sur place et nous avons constaté cette
volonté, notamment des groupements sanitaires corses,
d'accélérer le mouvement d'identification.
Nous avons discuté avec les agents identificateurs qui nous
expliqué en quoi consistait leur journée de travail. Les
spécificités géographiques et de l'élevage font que
l'identificateur a énormément de difficultés à
identifier.
Il existe ce que l'on appelle les troupeaux fantômes qui sont sans
propriétaire. Le propriétaire, qui habite en ville ou sur le
continent, a hérité d'un troupeau et ne s'en occupe absolument
pas ; de ce fait, le troupeau divague. Ce sont des
spécificités réelles qui font qu'actuellement
l'identification en Corse n'est pas aussi fiable qu'en France car tous les
animaux ne sont pas identifiées. Un effort est mis en oeuvre mais
sera-t-il suffisant ?
C'est le même problème en Corse pour les troupeaux ovins. Les
animaux en bordure de la mer sont bien identifiés et ceux qui sont dans
l'arrière-pays le sont beaucoup moins bien.
M. Paul Blanc
- Je passerai sur l'identification des troupeaux. Je ne
pense pas que les montagnes corses constituent un obstacle plus important que
les montagnes pyrénéennes, sans parler des problèmes
transfrontaliers de cette région.
Au niveau de la chaîne alimentaire, il semblerait que tout animal
présentant des symptômes de folie bovine n'ait pas toujours
été éliminé et soit rentré dans le circuit
alimentaire. Peut-être qu'un diagnostic formel n'avait pas
été fait ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Cela dépend de la date à laquelle
vous situez cela. Il est possible, il y a deux ou trois ans, que des animaux
ayant des problèmes neurologiques aient pu rentrer dans
l'équarrissage, après leur euthanasie, ou en abattage d'urgence
et qu'ils soient passés dans la chaîne alimentaire.
M. Paul Blanc
- Pouvez-vous indiquer une date à partir de
laquelle plus aucun animal présentant de tels problèmes ne serait
rentré dans la chaîne alimentaire ?
M. Cassagne
- Je parle sous contrôle des
vétérinaires. Il existe d'autres possibilités de
comportement anormal de l'animal en dehors de la maladie de la vache folle.
Durant des années, de bonne foi, l'examen ante-mortem pouvait ne pas
orienter nécessairement vers une suspicion d'ESB.
Mme Touratier
- Cela a été abordé
dernièrement dans la presse et cela corrobore peut-être la
question grave que vous avez posée.
Un rapport de l'AFSSA sur les 15 000 premiers prélèvements du
programme de tests a été publié le 11 décembre. Il
met en perspective que le réseau d'épidémio-surveillance
n'aurait pas fonctionné aussi bien que souhaitable. Pour alimenter cette
thèse, il indique que l'état de déclaration du nombre de
suspicions augmente de façon conséquente à partir de mai
et juin 2000, à savoir quand le programme de tests a été
rendu public.
Ces éléments sont incontestables mais, très
sincèrement, penser que l'ESB (les vétérinaires ici
présents le savent) se manifeste systématiquement sous la forme
des images d'animaux atteints passant en boucle à la
télévision, c'est loin d'être le cas. Beaucoup des animaux
détectés par notre système
d'épidémio-surveillance n'étaient pas facilement
détectables.
Au-delà de la fraude, personne ne peut s'engager décemment pour
indiquer à partir de quelle date les fraudes se seraient
arrêtées. C'est très ténu, l'incidence est
très faible et aucune personne honnête ne pourrait vous donner une
date juste. Cela supposerait qu'à une date donnée on passerait du
mal au bien ; or, personne ne peut rien garantir dans ce domaine.
Par contre, il faut parler d'une part de négligence et d'une pression
qui n'a pas été effectuée. La vision que l'on peut avoir
du rapport de l'AFSSA, y compris en tant que technicien, est un rejet de la
faute sur l'agriculture et les éleveurs. Très franchement, je
pense que le problème de l'ESB ne sera pas résolu en parlant de
faute ; il faut traiter les verrous à améliorer et la
responsabilité.
Évidemment, certaines suspicions n'ont pas été
déclarées. Toutefois, concernant des animaux malades tels qu'ils
sont présentés à la télévision, je n'affirme
pas que la suspicion est nulle mais elle me semble extrêmement faible.
Par contre, que des symptômes douteux n'aient pas été
déclarés, cela constitue le problème.
Dire que cela revient exclusivement aux éleveurs et à
l'agriculture constitue une analyse trop facile. Cela ne permet pas de mettre
en lumière l'ensemble des créneaux d'amélioration. Il faut
faire une analyse ne recherchant pas les fautes mais les possibilités
d'amélioration. A l'époque, le réseau
d'épidémio-surveillance était sous la
responsabilité de l'ex-CNEVA, qui est l'animateur du réseau
qu'est maintenant l'AFSSA. En quoi l'animateur de ce réseau nous a-t-il
alerté pour nous faire part d'un problème ?
Concernant les suspicions, on connaît la gamme de ce qui peut recouvrir
les animaux identifiés et classés comme atteints d'ESB :
cela couvre des champs largement plus étendus que ces animaux atteints
de façon évidente.
Cela pose un problème d'amélioration aussi sur ces phases.
Quelque part, sous-entendre, bien que ce soit peut-être une perception
exagérée, que c'est de la faute de l'agriculture, c'est un peu
court !
M. Paul Blanc
- Nous sommes là pour essayer de connaître la
vérité et vous êtes là pour essayer de nous
éclairer. Je vous pose cette question et vous êtes revenue sur une
question que je voulais vous poser concernant cette distorsion entre les
chiffres de réseaux épidémiologiques et les chiffres
réels d'ESB. A votre avis, peut-on parler d'un phénomène
de sous-déclaration ?
M. Jean-Jacques Rosaye
- Ce n'est pas une fraude en tant que telle mais
plutôt une faute ou une négligence.
M. Paul Blanc
- Nous ne menons pas une enquête policière
mais nous essayons de connaître la vérité.
M. Jean-Jacques Rosaye
- Il ne faut pas le nier, il a sans doute
existé une sous-déclaration à l'époque où
nous ne disposions pas des informations actuelles et nous ne connaissions pas
le problème comme aujourd'hui. Par ailleurs, comme le disait Mme
Touratier, nous n'avions pas un réseau de vétérinaires
capables d'identifier l'animal en tant que tel.
M. Jean Bernard
- Cela a toujours existé : durant
30 ans, j'ai rencontré des cas de vaches ayant des symptômes
neurologiques, etc. alors même qu'il n'y avait pas de farine de viande
dans les aliments.
Cela a été décrit depuis très longtemps et la
symptomatologie des maladies nerveuses n'est pas facile. Il existe le
même problème avec la rage. Il ne faut culpabiliser personne.
M. Cassagne
- C'était la nature même, en fonction des
outils dont nous disposions à l'époque, d'un système
d'épidémio-surveillance passif fondé sur l'erreur humaine,
sur la bonne volonté, etc. mais cela avait le mérite d'exister.
Je dirais plutôt que cela n'a pas été constaté sur
certains animaux.
M. le Président
- Nous vous remercions pour tous les
éléments intéressants, à approfondir, que vous
venez de fournir.