La nécessité d'augmenter les marges d'entreposage du combustible irradié
Un
éventuel blocage des autorisations de chargement du Mox à 16
tranches n'aurait pas pour seule conséquence une remise en cause de
l'équilibre économique de l'aval du cycle. Il entraînerait
aussi, selon EDF, une saturation rapide des capacités d'entreposage des
combustibles irradiés. Ceci illustre le fait que le système
actuel d'entreposage du combustible irradié, en attente de retraitement
ou non, atteint ses limites.
Il est clair que le blocage actuel des autorisations aurait des
conséquences graves sur toute la filière avec la saturation des
piscines et un accroissement inévitable des stocks de plutonium. C'est
peut-être une autre stratégie de blocage de la filière
nucléaire dont on voit se dessiner les contours.
Les capacités totales d'entreposage du combustible irradié en
piscine s'élèvent à 4 000 tonnes sur les sites
des centrales nucléaires d'EDF. Les capacités actuellement libres
sont de 1 100 tonnes. En cas d'arrêt immédiat des
évacuations de combustibles irradiés vers La Hague, par exemple
à la suite d'un blocage des transports, ces capacités
d'entreposage sur site seraient saturées en un an.
Les piscines de La Hague présentent quant à elles une
capacité de 18 000 tonnes. Ces piscines ne peuvent accueillir
que des combustibles en attente de retraitement, qu'ils proviennent d'EDF ou de
clients étrangers. Les piscines de La Hague ne sont
agréées qu'à ce titre. Il ne s'agit pas in fine d'un
centre d'entreposage. La capacité réservée à EDF
est de 14 000 tonnes.
Le chargement en Mox de 28 tranches correspond au retraitement effectif de 850
tonnes par an. EDF indique que les 350 tonnes non retraitées sont en
réalité considérées comme en attente d'un
retraitement différé. Elles sont donc entreposées à
La Hague. Avec les flux correspondant aux 28 tranches, la saturation des
emplacements réservés à EDF n'interviendrait qu'en 2018.
Des solutions de stockage à sec seront alors vraisemblablement
disponibles. Le système actuel est donc bien calibré.
Au contraire, avec le passage à un retraitement de 550 tonnes par an,
correspondant à 16 tranches ""moxées ", la saturation des
espaces piscine réservés à La Hague pour EDF
interviendrait en 2008. Dans le cas extrême d'un arrêt du
retraitement à l'expiration du contrat actuel d'EDF avec Cogema, c'est
en 2004 que les piscines seraient
" bouchées "
.
Alors que les études de l'entreposage à moyen terme des
combustibles commencent seulement, vos Rapporteurs estiment qu'il n'est pas
opportun de modifier l'équilibre d'un cycle qui semble, au demeurant,
fondé sur le plan économique.