En cas de limitation à 16 tranches, l'abandon du principe d'égalité des flux ou la diminution des quantités retraitées et donc des suppressions d'emploi
Selon
EDF, le nombre maximal de recharges Mox que l'on peut charger chaque
année avec 16 tranches est de 14. Pour fabriquer ces 14 recharges, il
faut retraiter 550 tonnes par an, s'il s'agit de combustible à faible
taux de combustion ou 650 tonnes par an s'il s'agit de combustible avec un fort
taux de combustion
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)
.
En conséquence, EDF se verrait contrainte d'adopter l'une des solutions
suivantes : l'abandon du principe d'égalité des flux ou la
réduction du flux annuel de retraitement.
L'abandon du principe d'égalité des flux ne paraît pas
souhaitable à EDF. L'accumulation de plutonium inutilisé n'est
pas prévue dans l'organisation actuelle de l'aval du cycle. La
quantité du stock de plutonium appartenant à EDF correspond
à un stock outil, nécessaire dans la perspective de la
fabrication du Mox. Ce stock outil est limité à son minimum et se
stabilise à une vingtaine de tonnes.
En cas de non-autorisation de moxage de 28 tranches, pour des raisons qui
échappent à la sagacité des auteurs du rapport et de
continuation du retraitement au rythme actuel, comme l'impose le contrat
passé avec Cogema, le stock augmenterait annuellement de 2,7 tonnes, ce
qui serait à tous égards regrettable.
L'entreposage pour un éventuel réemploi ultérieur de cet
excédent de plutonium ne serait pas en tout état de cause une
solution satisfaisante. En effet, le plutonium subit une dégradation
spontanée et progressive, avec la formation d'américium 241
à partir de plutonium 241. Au-delà de 3 à 4 ans, il est
nécessaire de le traiter à nouveau pour extraire
l'américium. Une opération de ce type se fait à des
coûts voisins de ceux du retraitement. Enfin, l'entreposage d'une
quantité accrue de plutonium poserait par ailleurs d'évidents
problèmes de sécurité et de sûreté
coûteux à résoudre.
La deuxième solution pour faire face à une limitation à 16
tranches consiste à diminuer la quantité de combustible
usé retraitée à La Hague. Le contrat actuellement en
vigueur entre EDF et Cogema vient à expiration en 2 000. Dès
lors, deux situations se profileraient à l'avenir.
La première serait que les conditions financières du nouveau
contrat de retraitement soient inchangées, en dépit d'une
diminution de 200 tonnes environ des quantités retraitées. Dans
ce cas de figure, Cogema répartirait ses frais fixes sur une
quantité moindre, pour s'assurer un revenu identique. Le coût du
Mox pour EDF risquerait de devenir alors prohibitif et d'entraîner une
perte de compétitivité, compromettant ainsi son
intérêt.
La deuxième éventualité serait que Cogema maintienne ses
tarifs unitaires aux niveaux actuels afin que son offre reste concurrentielle
par rapport à son concurrent britannique BNFL. Dans ce cas, Cogema
serait obligée de réduire son outil industriel de La Hague. Dans
la mesure où une baisse des contrats de retraitement étrangers
est anticipée, il est probable qu'une seule des deux usines serait alors
nécessaire pour satisfaire tant la demande nationale que la demande
extérieure. EDF chiffre à 1 500 le nombre de suppressions
d'emploi direct chez Cogema et à 1 500 emplois
supplémentaires les suppressions chez les sous-traitants.
EDF n'est favorable à aucune de ces solutions. C'est pourquoi la
montée à 28 tranches moxées autorisées lui
paraît une décision indispensable et urgente.