III R & D innovante
Le CEA a
élaboré un programme de R & D destiné d'une
part à étudier des options alternatives qui pourraient,
au-delà de l'EPR, offrir des perspectives intéressantes tant du
point de vue technique qu'économique, et d'autre part participer
à l'évolution de l'EPR au cours des prochaines décennies.
Si le projet EPR est retardé, je suis convaincu qu'il faudra
intégrer certains de ces points dans les centrales du futur, dont je ne
citerai ici que les têtes de chapitre :
•
Nouveaux combustibles
permettant des cycles plus longs et une
meilleure rétention du césium par optimisation des
microstructures des oxydes, en utilisant des matrices en céramique ou
métallique.
•
Nouveaux systèmes de sauvegarde
utilisant notamment
certains systèmes passifs. On étudie en particulier des
injecteurs de vapeur qui, dans certains cas, peuvent remplacer des pompes pour
mettre en mouvement des fluides de refroidissement.
•
Amélioration de la sûreté et de la
fiabilité de fonctionnement
par des aides à
l'opérateur, le recours à une automatisation accrue et le
développement d'une instrumentation plus performante.
• La recherche de
nouveaux matériaux
: acier de cuve
résistant mieux aux hautes températures, matériaux de
remplacement pour les stellites, matériaux de structures internes moins
sensibles au vieillissement, aciers moins contaminants etc...
•
Utilisation du Plutonium
en étudiant la
faisabilité de coeurs pouvant être chargés
intégralement en combustible MOX.
Dans le domaine des accidents graves, trois concepts méritent
d'être étudiés :
• l'évaluation de concepts de récupération de corium
alternatifs au projet EPR (cf. supra),
• l'étude de la possibilité du refroidissement externe de la
cuve, ce qui permettrait de confiner le corium à l'intérieur du
circuit primaire,
• l'étude de concepts d'enceinte innovants (utilisation de
l'inertage etc.) (cf. infra).
Mais je considère qu'il est indispensable, parallèlement à
ces études, de conduire une veille technologique sur d'autres types de
réacteurs.
J'ai été plutôt rassuré de ce point de vue lorsque
j'ai procédé à l'audition des responsables du CEA, qui
m'ont confirmé l'attention qu'ils continuent de porter aux projets de
réacteur à haute température ou à des concepts tels
que l'AP 600 (cf. infra - chapitre II du Titre I).
D'autre part, il est important de noter que la recherche ne se limite pas au
couple franco-allemand et que des accords avec le Japon permettent de maintenir
la compétence dans des secteurs tels que la thermohydraulique des
générateurs de vapeur.
Les responsables du CEA ont mis l'accent auprès de votre Rapporteur
sur l'importance du projet EPR dans le maintien de son niveau technologique et
surtout sur la difficulté qu'il y aurait à reconstituer les
compétences après un " trou " de plusieurs
années.
Le coût risque d'en être prohibitif et d'obérer, en fait, la
liberté de choix des gouvernants de l'époque et ce ne serait non
plus pas très bon pour le maintien à niveau de la
sécurité des centrales nucléaires actuelles, dans la
mesure où l'excellence des personnels implique leur mobilisation sur des
projets porteurs.
J'approfondirai ce thème en conclusion de ce rapport, mais il est
nécessaire de l'avoir à l'esprit.