III Les projets révolutionnaires
Il n'est pas utopique d'envisager à long terme une énergie nucléaire qui ne produise pas de déchets et qui repose sur des matières premières inépuisables. Pour cela, il faut étudier de nouveaux concepts.
A) La fusion thermonucléaire contrôlée
Une
première voie, mais qui ne pourra probablement pas déboucher sur
des applications industrielles avant plusieurs décennies, est la fusion
thermonucléaire contrôlée.
Comme le souligne l'AIEA,
"la fusion nucléaire présente un
certain nombre de caractéristiques séduisantes à maints
égards, du point de vue énergétique et
écologique :
•
approvisionnement en combustible : l'extraction du
deutérium de l'eau se fait sans sous-produits nocifs ;
disponibilité à faible coût pour tous les pays :
réserves suffisantes dans les océans pour des millions
d'années ;
•
extraction minière : extraction limitée de
lithium, servant à produire le tritium pour les réacteurs
à fusion (l'eau de mer contient également 0,17 mg/l de
lithium)
9(
*
)
;
•
écologie : la fusion présente peu de risque pour
l'environnement ;
•
prolifération des armes nucléaires : absence de
plutonium ou d'uranium ;
•
sûreté : la quantité de combustible dans le
plasma est si faible que même une combustion complète
n'entraînerait pas d'explosion. Le caloportage ne présente pas de
difficulté, vu le faible niveau de la chaleur de décroissance
répartie sur un volume important. La quantité de tritium peut
être réduite au minimum par une conception soignée. La dose
d'irradiation potentielle hors site, en cas d'accident, ne nécessiterait
pas de plan d'évacuation ;
•
sous-produits radioactifs : la production de
radioactivité de longue période peut être très
limitée en choisissant les matériaux avec soin. L'alliage au
vanadium, le fluide de refroidissement au lithium et le
deutérium-tritium non brûlé pourraient ainsi être
recyclés."
Toutefois, ces procédés ne sont susceptibles de déboucher
sur une application industrielle que dans un horizon très lointain, ce
qui nuance leurs avantages potentiels car la fusion nucléaire met en
oeuvre des techniques très pointues.
Deux méthodes sont étudiées pour atteindre la
fusion : le confinement magnétique ou le confinement inertiel.
Les machines ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) de fusion
par confinement magnétique qui existent actuellement, par exemple LMJ
(le projet de laser mégajoule en France) ou NIF (National Ignition
Facility aux Etats-Unis) devront réaliser un gain de 10 à 30 pour
que nous puissions envisager des projets de production
d'électricité par ce moyen.
Cette solution d'avenir ne pourra donc pas déboucher sur des solutions
industrielles à court terme, mais il est évident que les
recherches devront être intensifiées dans les années
à venir et que nous devrons veiller à ce que la recherche
française y tienne sa place.