c) les règles de déontologie
Comme on l'a vu, les médias ne sont pas à l'abri
d'une dérive qui consiste à donner au lecteur, au
téléspectateur, les images, qu'inconsciemment ou non, il attend.
Les images de la guerre du Golfe et du charnier roumain ne sont pas seulement
des manipulations de l'opinion, mais sont aussi un miroir : l'opinion
"attendait" ces images. Les médias les ont livrées.
La vérification des sources est le fondement même en
matière de presse, mais l'expérience montre qu'elle n'est pas
toujours possible ou, si elle est possible, qu'elle n'est pas toujours
effectuée. Il en sera de même demain, avec cependant un facteur
aggravant dans la mesure où le traitement d'images ouvre des
possibilités nouvelles.
De temps à autre, quelques médias sont montrés du doigt
pour s'être livrés à des manipulations d'information. Mais,
après les révélations, un silence -gêné ou
complice ?- se referme sur leurs auteurs. Comme l'indique M. Francis
Balle, alors directeur de l'Institut de recherche et d'études sur la
communication (IREC), lors de son audition :
" Il y a un certain
nombre
d'expériences malheureuses où la manipulation de l'information a
été flagrante. Ce problème est amplifié par
l'impression d'irresponsabilité relative de leurs auteurs. Les
utilisations frauduleuses ou quasi délictueuses d'informations ou
d'images n'ont pas été suffisamment dénoncées et
sanctionnées. Il faudra bien, un jour, réfléchir à
la responsabilité personnelle du journaliste ; alors qu'un enseignant
perd immédiatement (dans la seconde) son crédit quand il dit
quelque chose d'erroné, un journaliste ne perd jamais aucun
crédit à en dire plus que ce qu'il sait et à montrer
délibérément quelque chose qu'il sait ne pas être
vrai. "
L'image de synthèse peut offrir l'occasion de redéfinir ou
réaffirmer certaines règles professionnelles et de trouver les
moyens de les faire appliquer.
d) Les solutions rédactionnelles
Le problème posé renvoie directement à la
responsabilité éditoriale de la publication. Pour les
professionnels, cette responsabilité passe par la formation des hommes,
notamment dans le cadre des écoles de journalisme, qui pourraient
développer ces thèmes, en faire des axes forts de leur
enseignement
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*
)
et, surtout,
l'adoption d'une sorte de "politique de marque". Les chartes de
déontologie évoquées ci-dessus sont bien souvent des
leurres, mais les risques de discrédit sont réels. L'une des
réponses possible est de parvenir à donner au public une sorte de
label de garantie, d'authenticité.
Pour le président de l'Institut national de l'audiovisuel,
" Avec la multiplicité des sources, la véracité de
l'information va prendre une valeur. Certains sites, certaine chaînes
vont être connus et reconnus pour leur fiabilité, comme l'ont
été les marques pour les produits de consommation. "
Cela suppose une ligne éditoriale très stricte qui peut aller
jusqu'à interdire l'usage de l'image virtuelle dans l'information, mais
qui s'avérera "payante".
Les intéressés reconnaissent toutefois qu'en
télévision, aucune ligne rédactionnelle, aucune ligne de
conduite, ne garantira la fiabilité à 100 %. Les
capacités techniques, la course à l'audience, la recherche du
scoop
incitent les journalistes à privilégier le direct
qui, par définition, ne laisse plus de place au contrôle et
à la vérification.. Tous reconnaissent que dans certaines
circonstances, et compte tenu de la pression concurrentielle, le travail
fondamental de vérification ne peut être effectué.