c) L'augmentation et la diversification des recettes du FNDS
C'est
dans ce contexte que doivent être appréciées les
différentes mesures entreprises pour abonder les recettes du FNDS.
Afin de conforter les recettes du fonds, plusieurs initiatives ont en effet
été prises.
La première d'entre elles a consisté à affecter au FNDS
les bénéfices du Comité français d'organisation de
la Coupe du Monde de football, soit près de 300 millions de francs. Ils
sont supposés abonder en 2000 les crédits du FNDS, sur des lignes
spécifiques dénommées " Fernand Sastre ". La
convention signée entre l'Etat et la Fédération
française de football précise en ce sens qu'un conseil
spécifique, créé par arrêté et composé
de représentants de l'Etat, du Comité national olympique et
sportif français, et de la Fédération française de
football, sera chargé de gérer ce fond. L'examen de ce dispositif
devrait intervenir à l'occasion du projet de loi de finances
rectificative.
La seconde initiative a consisté à créer un
prélèvement de 5 % sur les droits de retransmission
télévisée des manifestations sportives, à compter
du 1
er
juillet 2000. Tous les organismes qui percevront des droits
pour des événements sportifs nationaux, fédérations
et organisateurs privés, devront cotiser à ce fonds, qui devrait
être doté de 75 millions de francs environ en 2000 et entre
150 et 180 millions de francs en 2001.
L'instauration de ce prélèvement introduit un principe de partage
d'une part limitée du chiffre d'affaires des disciplines sportives.
L'explosion des droits de retransmission de certaines manifestations sportives
ne bénéficie qu'à certaines disciplines sportives
très médiatiques, notamment le football, le dernier contrat
signé par la Ligue nationale de football avec Canal + et TPS portant sur
8,1 milliards de francs pour 4 ans. La moyenne annuelle des droits de
retransmission télévisée pour le football au cours des
quatre prochaines années est évaluée à
2,92 milliards de francs, contre environ 1,35 milliards en 1999.
Pour l'année 1999, le montant des contrats concernant les autres sports
est réparti de la manière suivante :
sport |
événements |
montants pour 1999
|
tennis |
Roland-Garros, Bercy, Coupe Davis, Fed Cup |
250 |
rugby |
Championnat, Coupe de France, Equipe de Frnace |
142 |
formule 1 |
Grand Prix, essais |
150 |
cyclisme |
Tour de France, classique |
100 |
patinage artistique |
(fédération) |
17 |
basket |
(fédération) |
15 |
athlétisme |
Meetings privés |
10 |
Source : Ministère de la jeunesse et des
sports
Le total des contrats conclu avec les fédérations sportives est
évalué à 2,826 milliards de francs en 1999, mais
devrait augmenter au cours des prochaines années à travers les
droits d'image sur Internet et les droits sur les produits audiovisuels
dérivés notamment.
Le total des contrats avec les fédérations et les organisateurs
privés est quant à lui estimé à
3,634 milliards de francs, mais ce montant est largement
sous-estimé, car le ministère de la jeunesse et des sports ne
connaît pas les montants des contrats signés par de nombreux
organisateurs privés.
Le prélèvement de 5 % permettrait de redistribuer une partie
de ces droits, afin de faire profiter l'ensemble du mouvement sportif de ces
ressources. Le dispositif vise donc à limiter le décalage
croissant entre les " sports riches " (football, tennis, rugby,
cyclisme pour l'essentiel) et les autres sports, ainsi qu'à redistribuer
une partie de l'argent du sport professionnel vers des clubs amateurs souvent
pauvrement dotés.
Que penser de ces initiatives et tout d'abord de l'instauration d'un
prélèvement sur les droits de retransmission
télévisée ?
Dans son principe, le partage qu'elle instaure ne saurait qu'être
approuvé.
Votre rapporteur est certes conscient que la mesure qui anticipe le vote de la
loi sur l'organisation et la promotion des activités sportives, -ce qui
est normal si l'on en croit l'ordonnance organique du 2 janvier 1959- a
été introduite de façon quelque peu
hétérodoxe par amendement du gouvernement lors de l'examen du
projet de loi de finances par l'Assemblée nationale.
Mais, cette hâte peut se justifier par une volonté d'application
rapide.
Il est évidemment plus contestable que celle-ci concerne des accords
déjà conclus mais des avenants sont sans doute possible.
Il est enfin bien vrai que les interventions du FNDS doivent être
profondément repensées. Mais cette exigence qui demandera du
temps ne doit pas être un préalable à l'instauration de ce
prélèvement qui est de nature à conforter la participation
des sports riches au développement de la pratique sportive.
Votre rapporteur veut cependant rappeler que le FNDS est un tout et que les
informations selon lesquelles il serait découpé en trois sections
selon le schéma ci-dessous ne laissent pas d'être
inquiétantes du point de vue de la logique même du compte et de
l'efficacité de l'action qu'il est censé soutenir.
Architecture et dotations du Fonds national de
développement pour le sport
pour 2000 et 2001
|
Compte
d'affectation spéciale n° 902-17
|
||
Les différents fonds au sein du FNDS |
FNDS " classique " |
Fonds " Fernand Sastre " |
Fonds " de mutualisation " |
Dotation pour l'année 2000 (en millions de francs) |
1.014 |
300 (*) |
75 (*) |
Dotation estimée pour 2001 (en millions de francs) |
? |
(reliquat) |
150 à 180 (*) |
(*)
estimations
Cette " démultiplication " du FNDS ne permet pas, loin s'en
faut, d'améliorer la cohérence et la lisibilité de
l'emploi des fonds.
Elle va de plus à rebours de la logique de mutualisation qui inspire le
prélèvement nouvellement proposé.
Il faut surtout rappeler qu'il devient urgent d'articuler une vraie
politique du sport et que les recommandations du rapport de votre commission
des finances sur le fonds doivent recevoir des suites concrètes.