CHAPITRE III
LE DÉVELOPPEMENT DE LA PRATIQUE
SPORTIVE
Les crédits consacrés aux sports atteignent 1,56 milliard de francs en 2000, en tenant compte des dépenses financées sur le FNDS. Sur cette somme, 500 millions de francs financent les conventions d'objectifs conclues avec les fédérations sportives.
I. LES RETOMBÉES DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL
A. LE POIDS ÉLEVÉ DU FINANCEMENT DU STADE DE FRANCE
Le
contrat de concession conclu le 29 avril 1995 entre l'Etat et la
société Consortium Stade de France prévoit que le
concédant garantit la présence au Stade de France d'un ou
plusieurs clubs résidents de football et, dans la cas contraire, le
versement d'une indemnité compensatrice de préjudice.
L'Etat
doit donc assumer le coût budgétaire provenant de l'absence de
club résident au Stade de France.
Le projet de budget pour 2000 comporte une mesure nouvelle de 60 millions
de francs pour l'application du contrat de concession du Stade de France.
L'ensemble des dépenses relatives à ce contrat est de
112 millions de francs pour l'année 2000
. En effet, l'Etat doit
payer 63 millions de francs au titre de l'année sportive 1999-2000
(contre 52 millions de francs en 1999), mais doit également
rembourser 49 millions de francs correspondant aux différés
d'amortissement négociés avec le concessionnaire au cours des
années précédentes. En effet, sur les 73 millions de
francs par an dus par l'Etat au cours des premières années,
celui-ci n'en a payé que 50. La différence pour les deux
années passées (deuxième semestre 1998, année 1999
et premier semestre 2000) constitue une somme actualisée de
49 millions de francs.
L'Etat se voit donc contraint de payer
aujourd'hui pour les sommes dont il a retardé le paiement afin de
dissimuler l'importance des versements prévus par la convention le liant
au Consortium Stade de France.
Enfin, le projet de budget du
ministère de la jeunesse et des sports pour 2000 comprend
également une dotation de 3 millions de francs pour la maintenance
du dispositif de dépollution des terrains et pour l'assistance
apportée par la SANEM pour le suivi du contrat de concession.
Comme il l'avait déjà indiqué les années
précédentes, votre rapporteur estime qu'il est nécessaire
de trouver une solution pour que l'Etat n'ait plus à prendre en charge
le coût du fonctionnement de l'ouvrage dans les années à
venir.
Les perspectives d'installation d'un club pour les prochaines
années semblent assez incertaines. Or,
l'utilisation des montants des
indemnités pour favoriser l'installation d'un club résident
serait préférable à la situation actuelle, car elle
permettrait une meilleure utilisation des finances publiques et de
l'équipement construit.
Une rencontre entre l'Etat et le concessionnaire du Stade de France doit avoir
lieu au cours de l'année 2000 pour décider des suites
données à la convention entre les deux parties.
Votre
rapporteur considère qu'il n'est pas normal que le Consortium du Stade
de France réalise un bénéfice après impôt
d'environ 20 millions de francs, grâce aux subventions
versées par l'Etat.
Au vu de l'importance des sommes versées par l'Etat et des
difficultés à trouver un club résident, votre rapporteur
s'interroge sur la possibilité de maintenir cette convention en
l'état. En effet, les sommes versées par le ministère de
la jeunesse et des sports pour l'exploitation du Stade de France correspondent
en 2000 au montant total des crédits consacré à la lutte
contre le dopage.
Dépenses liées au Stade de
France
(en millions de francs) |
||||||||
Dépenses |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000* |
2001* |
Construction |
22,9 |
163,5 |
949,4 |
300,2 |
36,7 |
2,15 |
2,15 |
2,15 |
dont dépollution |
- |
21,9 |
46,9 |
55,4 |
21,2 |
2,15 |
2,15 |
2,15 |
Exploitation |
- |
- |
- |
- |
26,2- |
53,35 |
112,85 |
73 |
dont assistance exploitation (SANEM) |
- |
- |
- |
- |
0,6 |
0,85 |
0,85 |
0,85 |
dont subvention au concessionnaire |
- |
- |
- |
- |
25,6 |
52,5 |
112 |
73,85 |
* estimations |
B. LE FONDS " FERNAND SASTRE "
La coupe
du monde de football ne laisse pas seulement en héritage les subventions
que l'Etat est contraint de verser au consortium exploitant le Stade de France.
Il faut d'abord rappeler l'impact positif du Stade de France sur son
environnement. Près de 1.000 personnes en moyenne visitent chaque
jour le Stade de France, ce qui profite à l'ensemble de
l'économie et du commerce local.
L'organisation de la Coupe du monde de football a dégagé des
bénéfices qui vont être redistribués au mouvement
sportif. En effet, un protocole d'accord a été signé entre
l'Etat et la Fédération Française de Football (FFF) le
12 juillet 1999 pour l'affectation des bénéfices du
comité français d'organisation (CFO) au développement des
pratiques sportives, et en priorité au football.
Le projet de loi de finances rectificative devrait présenter le principe
de l'affectation au FNDS des bénéfices du CFO, estimés
à 300 millions de francs après impôts, sur des lignes
particulières créées à cet effet. Un conseil de
gestion spécifique sera mis en place, auquel participeront
7 représentants de l'Etat, 7 représentants de la FFF,
et le président du comité national olympique et sportif
français. Deux représentants des villes sites de la coupe du
monde assisteront à titre consultatif, aux séances du conseil.
Ce conseil examinera les projets présentés :
- par la FFF, dont la première proposition concerne un plan
national de développement du football par le biais de soutiens
financiers aux clubs amateurs qui encourageront le football féminin ou
recruteront des éducateurs ;
- par les villes sites, qui feront l'objet d'un examen prioritaire, et par
des fédérations sportives, pour soutenir les pratiques sportives
favorisant une demande d'insertion sociale ;
- par les collectivités locales et les associations sportives ayant
pour objet le fonctionnement des équipements de proximité, qui
facilitent l'accès aux pratiques sportives ou permettent le
développement de l'emploi.
II. LES ACTIONS EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DU SPORT DE MASSE
Pour la première fois en 1999, une journée a été consacrée " fête du sport ". Une mesure nouvelle de 8 millions de francs de soutenir des projets d'animations sportives sur le thème de la candidature de Paris aux jeux olympiques de 2008.
A. LE DÉVELOPPEMENT DE LA PRATIQUE SPORTIVE EN ENTREPRISE
Le projet de loi de finances pour 2000 intègre plusieurs mesures pour favoriser le développement de la pratique sportive. Ainsi, 1,8 million de francs seront consacrés au développement et à la promotion du sport en entreprise, car " la pratique du sport en entreprise est un prolongement nécessaire et encore insuffisamment valorisé ".
B. LA FÉMINISATION DU SPORT ET DES STRUCTURES SPORTIVES
Le
développement du sport féminin est également vivement
encouragé par le ministère. On rappellera que la pratique
sportive des femmes s'est considérablement développée,
puisque 32,5 % des femmes pratiquaient un sport en 1999, contre seulement
9 % en 1968. En particulier, la pratique du football par les femmes a
notablement augmenté ces dernières années. Ainsi, en
1998-1999, l'augmentation du nombre de licenciées est de 15 %, pour
atteindre 32.000 licenciées. Cependant, la féminisation des
pratiques sportives n'a pas encore permis aux femmes d'atteindre la
parité, puisque, les femmes représentent 52 % de la
population, mais seulement 44 % des usagers du sport. Le ministère
de la jeunesse et des sports a mis en place un programme " Femmes et
sport ", dont les priorités sont :
- favoriser l'accès des femmes à toutes les pratiques
sportives ;
- démocratiser les instances et les modes de fonctionnement de
l'encadrement sportif ;
- aider à la reconnaissance médiatique des sportives et des
pratiques sportives féminines.
1 million de francs sera consacré en 2000 au développement
de la pratique sportive féminine. Des directives ont été
données aux services déconcentrés pour qu'une partie des
crédits déconcentrés du FNDS soit destinée à
financer des actions pour le sport féminin. Enfin, les conventions
d'objectifs des fédérations sportives seront modifiées
afin de mieux identifier les évolutions concernant la pratique sportive
féminine.
III. LE SOUTIEN DU SPORT DE HAUT NIVEAU ET LA LUTTE CONTRE LE DOPAGE
A. LES MODALITÉS DE SOUTIEN AU SPORT DE HAUT NIVEAU
La
conciliation d'une pratique sportive intensive avec la poursuite d'une
scolarité, et constitue un problème important pour les sportifs
de haut niveau non professionnels. Dans le cadre des conventions d'objectifs
annuelles financées par le FNDS, liant les fédérations
sportives et le ministère de la jeunesse et des sports, une subvention
est allouée, notamment pour l'organisation de stages sportifs, la
participation aux compétitions, les aides personnalisées, les
structures de préparation au sport de haut niveau et la protection de la
santé des sportifs. En plus des sportifs de haut niveau, sont
concernés les espoirs et les non-classés détectés
par la direction technique nationale de chaque fédération
sportive. Environ 260 millions de francs sont alloués chaque
année à ces actions.
La France accorde des moyens aux collectifs de préparation des
équipes de France qui participent aux jeux Olympiques, aux championnats
du monde et aux championnats d'Europe. Ces collectifs représentent
6.000 sportifs de haut niveau et 13.000 espoirs et partenaires
d'entraînement. Ainsi, des mesures individuelles et collectives sont
prévues pour les sportifs de haut niveau, tandis que des mesures
uniquement collectives sont prévues pour les espoirs et partenaires
d'entraînement, en particulier au bénéfice des strcutures
d'entraînement. Seuls les sportifs inscrits sur la liste nationale des
sportifs de haut niveau peuvent bénéficier d'aides individuelles.
A ce jour, ils sont au nombre de 6.256, répartis en 1.014 Elites,
2.332 Seniors, 2.812 Jeunes, auxquels s'ajoutent 98 sportifs
inscrits dans la catégorie reconversion. Les aides versées
doivent correspondre à une des rubriques suivantes : des aides
sociales, un manque à gagner pour les sportifs déjà
insérés dans la vie active ou bénéficiant d'une
allocation forfaitaire, des remboursements de frais et des primes à la
performance. En 1998, un montant total de 50,2 millions de francs a
été versé à 2.782 sportifs de haut niveau,
licenciés dans 51 fédérations. L'aide moyenne est
évaluée à 18.029 francs par sportif
bénéficiaire ou 8.017 francs proportionnellement au nombre
total des sportifs de haut niveau susceptibles de percevoir une aide
personnalisée.
B. UNE ANNÉE OLYMPIQUE
Une
dotation exceptionnelle de 30 millions de francs sera versée en
2000 afin d'assurer la préparation des sportifs
présélectionnés pour les jeux olympiques de Sydney, qui
auront lieu à la fin de l'été 2000. Le coût est en
augmentation de 4 millions de francs par rapport aux Jeux olympiques
d'Atlanta ce qui, eu égard aux coûts de transport plus
élevés et à une délégation plus importante,
s'apparente à une reconduction de la masse financière de 1996.
4,5 millions de francs seront également consacrés à
la participation des athlètes français aux autres
compétitions internationales.
La candidature de Paris aux jeux olympiques de 2008 est également
soutenue par le ministère de la jeunesse et des sports, qui subventionne
pour 12,5 millions de francs le groupement d'intérêt public
" Paris - Ile de France pour la candidature de Paris aux jeux olympiques
de 2008 ".
C. LE CARACTÈRE PRIORITAIRE DE LA LUTTE CONTRE LE DOPAGE
1. Une augmentation des contrôles, et des contrôles positifs
Le
dopage est défini par la loi comme l'utilisation de substances ou de
procédés de nature à modifier artificiellement les
capacités d'un sportif. Font également partie du dopage les
utilisations de produits ou de procédés destinés à
masquer l'emploi de produits dopants. La liste des procédés et
des substances dopantes mise à jour chaque année fait l'objet
d'un arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de
la santé.
Les contrôles anti-dopage sont diligentés par le ministre, mais
ils peuvent également lui être demandés par une
fédération. En outre, le Conseil de prévention et de lutte
contre le dopage peut prescrire à la fédération de
demander un contrôle. Les contrôles anti-dopage sont
effectués par des médecins agréés par le ministre
chargé des sports. Ceux-ci peuvent effectuer ces contrôles, soit
en convoquant les intéressés, soit en se rendant dans les
endroits où se déroulent une compétition. Les
médecins agréés peuvent effectuer des
prélèvements sanguins, capillaires et urinaires, qui sont ensuite
analysés par les laboratoires agréés par le
ministère de la jeunesse et des sports.
Le bilan de l'activité du ministère de la jeunesse et des sports
contre le dopage en 1999 montre
une progression du nombre de
contrôles
. En effet, durant l'année écoulée, le
nombre de contrôle a augmenté de 8,11 %, pour atteindre
7.076 analyses. Sur ce nombre, 294 analyses, soit 4,15 %, se
sont révélées positives, en hausse de 16,6 %.
Près de la moitié des contrôles positifs concernent le
salbutamol, un produit utilisé dans le traitement des asthmatiques. Pour
la quasi-totalité des autres, il s'agit de substances interdites, en
particulier l'érythropoïéthine (EPO), qui a fait l'objet de
polémiques à l'occasion du Tour de France, et dont le
ministère de la jeunesse et des sports espère trouver une
nouvelle méthode de détection dans l'urine, avant la fin de
l'année 2000.
2. Un accroissement important des mesures contre le dopage
Le
projet de budget pour 2000 comporte des mesures nouvelles importantes
destinées à accroître les moyens de la lutte contre le
dopage, en application de la loi du 23 mars 1999. L'ensemble de ces
mesures vise notamment à mettre en place le suivi biologique
longitudinal des sportifs. Les crédits consacrés à la
lutte contre le dopage sont en augmentation de 80 %, et atteignent
113 millions de francs, soit un triplement par rapport à 1997.
Des antennes médicales régionales agrées par les
ministères de la santé et le ministère de la jeunesse et
sports seront créées, avec 13,3 millions de francs de
crédits nouveaux et la création de 24 postes de
médecins inspecteurs. Ces antennes ont pour mission de centraliser les
données relatives aux personnes dopées (de manière
à éviter par exemple, qu'une personne qui se voit refuser un
certificat médical n'aille voir un autre médecin et que l'antenne
ne puisse proposer au patient un suivi médical), d'organiser des
consultations anonymes, et de mettre en place un suivi médical des
sportifs dopés, pris en charge par un médecin traitant.
Le laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD)
bénéficiera d'une subvention supplémentaire de
28,3 millions de francs afin de mettre en place le suivi biologique
longitudinal des sportifs
. Ces crédits permettront, outre la mise en
oeuvre du suivi, l'achat de matériel, la création d'emplois de
personnel technique, et une augmentation des moyens de fonctionnement. Une
partie de ces crédits (1,8 million de francs) permettra de financer
le déménagement du laboratoire, nécessaire pour être
conforme aux normes et recevoir l'accréditation du Comité
International Olympique. L'objectif pour l'année 2000 est d'assurer le
suivi de 3.600 sportifs, mais risque d'être retardé par le
déménagement du laboratoire et la nécessité de
poursuivre les analyses en cours sur les produits dopants.
Ces crédits doivent être augmentés des dotations du FNDS
pour la lutte contre le dopage, soit 10 millions de francs, dont
4 millions pour les suivis biologiques effectués par le LNDD, et
6 millions de francs pour augmenter les conventions d'objectifs des
fédérations sportives en matière de contrôle
biologique.
Anticipant la promulgation de la loi sur le dopage du 23 mars 1999,
le suivi médical longitudinal contrôlé a
débuté en novembre 1998 avec la collaboration de la
fédération française de cyclisme qui s'est dotée la
première d'un outil réglementaire. Un camion équipé
d'appareils d'analyses biologiques, permettant de pallier la dispersion et la
mobilité géographiques des sportifs de haut niveau, a permis de
contrôler 500 sportifs. Cette expérience a mis en
évidence des anomalies consécutives au mésusage de
produits chez 50 % des cyclistes environ. Ce dispositif mobile a cependant
été arrêté en mars 1999, en raison de l'absence de
respect de certaines règles administratives.
Le conseil national de prévention et de lutte contre le dopage est
érigé en autorité indépendante et
transféré au budget des services généraux du
premier ministre. Il bénéficiera de trois emplois
supplémentaires, et sa dotation sera réévaluée
à 4,7 millions de francs. Ce conseil est destinataire des
procès-verbaux des contrôles antidopage et de leurs
résultats analytiques. Il veille également à la mise en
oeuvre des procédures disciplinaires par les fédérations
concernées et peut proposer son assistance. Il est doté d'un
pouvoir disciplinaire de régulation, et peut prononcer l'interdiction
provisoire ou définitive de participer de quelque manière que ce
soit à toute manifestation sportive, à l'encontre des personnes
ayant procuré ces produits ou ayant incité à leur usage.
Cette autorité est enfin en droit de réformer les sanctions
fédérales manifestement inadaptées eu égard
à l'infraction commise, et peut également, en cas de carence de
la fédération, se substituer à elle dans le
prononcé des sanctions.
Un numéro de téléphone gratuit et anonyme d'information,
de conseil et d'orientation sur le dopage a été mis en place le
24 novembre 1998, et a reçu plus de 20.000 appels en un
an, qui ont été traités par des psychologues du sport.
Enfin, une contribution de 3 millions de francs est prévue pour le
fonctionnement de l'agence internationale de lutte contre le dopage,
créée à la suite de la conférence réunie
à Lausanne en début d'année. Cependant, au niveau
international, des progrès restent encore à faire, puisque
seulement 27 pays possèdent une législation sur le dopage.
Votre rapporteur souligne le rôle moteur et le caractère
exemplaire de la politique de la France sur la scène internationale, en
matière de lutte contre le dopage.