II. OBSERVATIONS SUR L'EFFORT DE SOUTIEN PUBLIC
A. DES DOTATIONS PROVISIONNELLES ?
La
réduction des crédits d'avances remboursables atténue un
peu les effets favorables, cette année, de la progression des
crédits de recherche amont.
L'avion sino-européen de 100 places ne décollera pas. Les
avances remboursables prévues à ce titre affectées l'an
dernier à l'A 318 disparaissent totalement. En revanche, les
versions allongées des A 340 poursuivent leur carrière.
Pour les autres crédits, les dotations inscrites au budget pourraient
apparaître rétrospectivement comme essentiellement provisionnelles.
Le montant des avances remboursables budgété l'an dernier
traduisait l'absence d'accompagnement financier du futur gros porteur
A 3XX, au motif que la décision de lancement n'avait pas encore
été officialisée. Cette année, ce même motif
subsiste, mais la " punition " qui l'accompagnait l'an dernier
disparaît.
Une dotation de 192 millions de francs est ouverte au titre des
autorisations de programme pour initier le cas échéant un soutien
public à l'A3XX.
Cet appareil est indispensable à Airbus pour réunir les
conditions d'une vraie compétitivité face à Boeing. Cette
entreprise dispose en effet, avec le B747, du monopole de l'offre sur le
segment haut du marché de l'aviation commerciale qui lui permet de
livrer une guerre des prix sur les autres catégories d'appareils
où Airbus oppose une concurrence.
Le coût de développement de la famille A3XX étant
estimé à 10,7 milliards de dollars, le montant des avances
qui seraient nécessaires pour un financement à hauteur de
33 % de la part française serait d'environ 6 milliards de
francs. L'échéancier prévisionnel, dans l'hypothèse
du calendrier retenu par Airbus (lancement industriel à mi-2000) et sur
la base des estimations provisoires de coût disponibles actuellement,
s'établit de la façon suivante
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 et au-delà |
Total (MF) |
240 |
700 |
1.250 |
1.250 |
2.560 |
6.000 |
La
dotation inscrite pour 2000 ne couvrirait pas les besoins estimés par
l'industriel pour l'année prochaine et
a fortiori
représente une infime partie des soutiens publics qu'il faudrait
prévoir.
Toutefois, les perspectives de lancement du programme en cours d'année
étant seulement conjecturales, la décision d'inscrire des
crédits dans le budget 2000 doit être saluée comme
marquant l'intérêt de la France pour ce grand projet.
Il serait souhaitable que les Etats partenaires d'Airbus manifestent une
même volonté.
De la même manière, il convient de veiller à l'adaptation
rapide du statut d'Airbus. La naissance d'EADS constitue en ce sens un
accélérateur qui devrait permettre à la
société Airbus de voir le jour et d'accéder ainsi par
elle-même au marché financier.