CHAPITRE TROIS :

L'EFFORT D'INVESTISSEMENT IMMOBILIER
EN FAVEUR DES ÉTUDIANTS

I. LES ORIENTATIONS DU PLAN U3M

Le plan Université 2000 répondait avant tout à un besoin quantitatif : faire face à la forte croissance du nombre d'étudiants constatée depuis la fin des années 1980, en résorbant en partie le déficit en locaux dans les établissements d'enseignement supérieur.

La création de 8 universités nouvelles (dont 4 en région parisienne pou réduire les effectifs d'étudiants dans la capitale), de 196 départements d'IUT et de 24 IUT de plein exercice, a permis de réduire de manière significative les différences régionales et de réaliser un maillage du territoire national plus équilibré. Aucun point du territoire national n'est désormais à plus de 150 km du siège d'une université .

Certains secteurs n'ont cependant pu être suffisamment pris en compte dans U 2000 : locaux destinés à la recherche, besoins spécifiques des universités parisiennes (puisque l'objectif premier était d'assurer la décroissance des effectifs de la capitale), amélioration du cadre de vie des étudiants.

Le plan Université du 3 ème millénaire (U3M) vise à prolonger les efforts précédemment accomplis . Son contexte est différent, et permet de privilégier désormais une approche qualitative. En effet, la démographie étudiante est aujourd'hui décroissante . Il conviendra toutefois de tenir compte de l'ouverture de l'université à de nouveaux publics, à travers le développement de la formation continue et l'accueil d'étudiants étrangers.

Le plan U3M constitue, dans son aspect prospectif, le schéma de services collectifs " enseignement supérieur et recherche ". L'essentiel de sa programmation se retrouvera dans les CPER. Les procédures devant conduire à l'adoption de ces documents ne sont pas terminées. A ce stade, seules les grandes lignes du plan U3M peuvent être décrites ; elles se préciseront dans les prochains mois au fur et à mesure de la poursuite des négociations. L'encadré ci-dessous retrace les dix priorités d'U3M.

Les dix priorités d'U3M

Les IUT . U3M ne prévoit pas, sauf exception, de création de nouveau site, mais des créations de départements sur des sites existants, pour réorienter certains IUT vers des filières plus adaptées à l'environnement économique local. Dans tous les IUT on fera en sorte que l'accueil des bacheliers technologiques devienne prioritaire.

La mise en place des plates-formes technologiques , ouvertes aux PMI-PME sur de bases contractuelles, se fera en utilisant le réseau IUT - BTS - lycées professionnels et technologiques- 70 sites devraient être développés dans le cadre U3M.

Les grands chantiers de constructions universitaires . Il s'agit d'abord de rattraper les déficits en lettres et sciences humaines (notamment Toulouse - le Mirail, Amiens, Montpellier-hôpital St-Charles, Rouen, Besançon, Tours, Rennes) et de reconstruire certaines UFR médicales et de santé, avec une conception moderne des locaux d'enseignement, et une proximité des laboratoires de recherche (notamment Nantes, Versailles, Dijon, Nice, Besançon, Lille). Les locaux recherche seront développés dans les 8 universités nouvelles et les bibliothèques universitaires, pour lesquelles les retards sont importants, doivent faire l'objet d'une priorité affirmée. Enfin la mise en sécurité des bâtiments sera réalisée au moyen de crédits d'Etat, dans un programme qui s'étalera sur la durée de deux CPER.

La vie étudiante est un élément essentiel du plan U3M, qui lui consacrera 25 % de ses crédits. Pour le logement étudiant, les capacités sont suffisantes, sauf dans le centre des grandes villes. Pour la restauration, les besoins se rencontrent à l'inverse dans les villes moyennes. Les constructions et rénovations feront au travers d'une coopération avec les villes.

Le volet vie étudiante d'U3M comportera en outre la construction de bibliothèques pour les étudiants, de salles de travail (dans les locaux ou les résidences universitaires), de centres d'art et de musiques universitaires, de centres sportifs.

Une déconcentration de grands établissements se traduira dans l'ouverture de centres du CNAM dans toutes les académies, un fonctionnement en réseau de l'INALCO, la création autour du Muséum national d'histoire naturelle d'un réseau de musées d'histoire naturelle de province et de parcs zoologiques, la mise en réseau des musées scientifiques de l'éducation nationale (Palais de la Découverte, Musée des Arts et Métiers, Cité des Sciences et de l'Industrie).

Les Universités de technologie seront développées. Le plan U3M prévoit six créations : La Villette-Aubervilliers, Boulogne-Issy-les-Moulineaux, Marseille (Château Goubert-Saint-Jérôme), Tarbes, Nîmes, Cherbourg.

La recherche . Des équipements nationaux seront ouverts aux équipes de recherche publiques et privées : RENATER (réseau de communication à haut débit), centres multitechniques d'imagerie médicale, réseau de génopoles, développement de Maisons des sciences de l'homme en province, gros calculateurs propres à certaines discipline.

Les implantations et développements régionaux comporteront notamment la création d'instituts nationaux (rassemblant des compétences reconnues dans une région, mais d'intérêt scientifique national) et celle de centres nationaux de recherche technologique (lieux de collaboration entre laboratoires privés et publics).

Des actions à ouverture internationale concerneront l'accueil d'étudiants étrangers, auxquels 15 % des logements nouveaux rénovés devraient être réservés. Par ailleurs, chaque grande ville universitaire abritera une mission internationale dédiée à un grand pays, centre de ressources pour les étudiants de ce pays venant faire leurs études en France.

Les réseaux amélioreront les liens entre universités (cursus d'enseignement et laboratoires de recherche communs). Ils concerneront de nombreux domaines : réseaux de recherche et d'innovation technologique, réseaux d'institutions, cyber-labos.

L'Ile-de-France et Paris centre seront enfin un axe important d'U3M. La situation démographique fournit l'occasion d'une restructuration intelligente et d'un équilibrage géographique des universités d'Ile-de-France. Parmi les axes possibles, on peut citer : la création d'un pôle universitaire dans le Nord de Paris (IUT dans le XVIIIème, Université de Technologie à la Villette), l'aménagement de la plaine Saint-Denis, un aménagement universitaire autour du site de Tolbiac, un développement universitaire à Boulogne-Issy-les-Moulineaux (création d'une Université de Technologie), la rénovation du Campus de Nanterre, la restructuration de Jussieu-Censier après mise en sécurité, la création de trois centres nationaux de recherche technologique (Marcoussis, Evry, la Villette-Aubervilliers), la restructuration du complexe Gif-Orsay-Saclay-Palaiseau. En outre, les priorités nationales se déclinent aussi en Ile-de-France : locaux de recherche pour les 4 Universités nouvelles, logement étudiant et vie étudiante, bibliothèques étudiantes.

L'évaluation du coût global du programme U3M n'est à ce jour pas finalisée. Ce programme comporte en effet, outre son volet de préfiguration, une série d'actions ayant vocation à être financées dans le cade des CPER, et certains axes spécifiques, dont le coût sera pris en charge par l'Etat hors contrat de plan.

A ce jour, un premier chiffrage des financements Etat , correspondant à l'exécution des volets enseignement supérieur et recherche de la prochaine génération des contrats de plan, a été établi à 15 milliards de francs en cumul national (CIADT de juillet 1999) . Ce volume financier sera complété au terme de la négociation qui va s'engager entre l'Etat et les collectivités territoriales.

Concernant l'amorçage du dispositif, le Ministère de l'éducation nationale a d'ores et déjà obtenu, en lois de finances 1998 et 1999, une enveloppe de crédits hors CPER, au titre de la préfiguration du dispositif U3M, d'un montant cumulé de 2,030 milliards de francs d'autorisations de programme pour les deux exercices concernés. Cette enveloppe se décompose en 1,345 milliard de francs de crédits de sécurité, et en 685 milliards de francs de crédits de constructions universitaires.

Par ailleurs, les crédits de sécurité obtenus ont permis d'une part l'engagement, à hauteur de 656 millions de francs, d'opérations de sécurité urgentes qui n'avaient pu être prises en compte dans le plan d'urgence sécurité (1996-1999), ainsi que, d'autre part, le démarrage effectif du désamiantage du campus de Jussieu (790 millions de francs).

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