CHAPITRE IV
LA RÉORIENTATION DES PROCÉDURES DE SOUTIEN AU
COMMERCE EXTÉRIEUR
Les PME jouent un rôle essentiel dans l'économie française, puisqu'elles occupent l'essentiel de la main d'oeuvre salariée (environ 16,5 millions de personnes), et créent plus d'emplois que les grandes entreprises. Elles souffrent cependant d'un problème de taille critique par rapport à leurs concurrentes étrangères, et restent de ce fait davantage orientées vers des secteurs relativement peu exportateurs. Les PME françaises sont en effet assez peu implantées à l'étranger, puisqu'elles ne représentent que 14 % des filiales françaises à l'étranger et 5 % des effectifs totaux, avec environ 125.000 salariés.
A. LA RÉORGANISATION DES MOYENS EN FAVEUR DES PME
Le
projet de budget pour 1999 a modifié sensiblement la structure des aides
aux PME, avec le remplacement du Comité de développement
extérieur (CODEX) par un nouveau volet du Fonds d'études au
secteur privé (FASEP) nommé " Appui au secteur
privé ". L'année 2000 marque la disparition des
crédits du CODEX, une réduction importante des autorisations de
programme du FASEP, et une stabilisation de ses crédits de paiement.
Pour 2000, les principaux dispositifs d'appui aux entreprises mobilisent
333,25 millions de francs, soit une hausse de 3,5 % par rapport
à 1999.
Les crédits qui figurent dans le tableau ci-dessous sont inscrits au
budget des charges communes (chapitres 14-01) et des services financiers
(64-00). Ce dernier chapitre a été transféré du
fascicule des charges communes afin d'améliorer la lisibilité des
documents budgétaires.
1. L'assurance-prospection
Le
montant retenu pour l'assurance-prospection dans le projet de loi de finances
pour 2000 s'élève à 290 millions de francs, en
augmentation de 9,4 % par rapport à 1999.
Cette hausse vise à adapter la dotation initiale des crédits aux
besoins réels, et se justifie essentiellement par la baisse du niveau
des reversements attendus de la part des entreprises exportatrices. Il convient
de rappeler que cette dotation est à caractère évaluatif,
ce qui avait conduit à une surévaluation quasi
systématique en loi de finances initiale jusqu'en 1998.
*prévisions
Sous trois formes différentes, l'assurance prospection aide
l'exportateur à faire face à ses dépenses de prospection
sur les marchés étrangers et l'indemnise en cas d'insuccès
commercial. Elle procure donc à la fois un allègement de
trésorerie et une assurance contre l'échec :
-
l'assurance-foire
permet de couvrir, à hauteur de
65 %, les frais engagés par une entreprises dans une manifestation
commerciale à l'étranger, les salons ayant lieu dans l'Union
européenne étant exclu de ce dispositif, même si depuis
1997, certaines dérogations sont apportées pour des
manifestations dans l'Union européenne et en France. Cette
procédure rencontre un vif succès auprès des entreprises,
notamment les plus petites d'entre elles. Sa clientèle est en effet
constituée à 90 % de sociétés réalisant
un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs. En
1998, 745 contrats ont été signés contre 941 en 1997.
L'assurance foire représente 42,6 % du nombre des contrats
d'assurance prospection signés.
-
l'assurance prospection simplifiée
est une aide
forfaitaire au repérage de débouchés porteurs dans les
pays de l'Union européenne. En 1998, cet outil représente
40,4 % des contrats signés. L'assurance prospection
simplifiée est réservée aux sociétés de
moins de 300 millions de francs de chiffre d'affaire, et plus de la
moitié des entreprises bénéficiaires de ce type de contrat
réalise un chiffre d'affaires inférieur à 10 millions
de francs.
-
l'assurance prospection normale
concerne des zones plus
lointaines. En 1998, ce produit a représenté 17 % des
contrats conclus. 80 % des entreprises auxquelles un contrat de cette
nature a été délivré ont réalisé un
chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs.
En 1998, 2.263 PME ont demandé à bénéficier de
ces procédures, et 1.750 contrats ont été
signés (contre 2.081 en 1997 et 1.728 en 1996), dont 90 %
concernent des PME dont le chiffre d'affaires est inférieur à
100 millions de francs.
L'assurance-prospection et l'assurance-foire ont enregistré un
léger ralentissement en 1998, du fait d'un contexte international moins
favorable aux exportations et de la vigueur de la demande intérieure,
qui encourage le repli sur le marché national.
Les entreprises ont pris l'initiative de se redéployer vers le continent
américain et l'Europe, sans délaisser l'Asie, puisque la Chine et
le Japon figurent encore en 1998 parmi les 10 destinations les plus
prospectées. En termes d'exportations déclarées, en
assurance prospection et en assurance foire, l'Asie est demeurée la
première zone, malgré une légère baisse. Il
convient de préciser que les retombées de la prospection sur les
recettes d'exportation ne se mesurent généralement que deux ans
après la prise de garantie.
Les résultats seront vraisemblablement plus nuancés pour
l'année 1999, du fait des conséquences de la crise. En effet, la
prise de garantie peut être refusée dans certains cas aux
entreprises souhaitant exporter vers la Russie et l'Asie notamment. La
décision d'accorder ou non un soutien est dépendante de la
solidité financière de l'entreprise, de son secteur
d'activité, de la qualité de ses produits et de la pertinence de
sa stratégie commerciale. L'avis du poste d'expansion économique
de la zone prospectée est cependant l'élément
déterminant, car l'Etat refuse son soutien à des projets
jugés hasardeux.
L'évolution des dix dernières années montre une
modération continue des coûts budgétaires de l'assurance
prospection, due à une sélectivité accrue dans le choix
des dossiers, et une gestion plus efficace de la procédure.
Le faible coût de l'assurance prospection permet d'obtenir un
effet de
levier considérable puisqu'il s'élève à environ 60
francs d'exportations nouvelles pour 1 franc de dépense
publique
.
Dans le prolongement du rapport Lorentz, deux améliorations
récentes sont à signaler :
- l'assurance-prospection couvre désormais les dépenses des
entreprises de moins de trois ans appartenant au secteur des nouvelles
technologies
- l'assurance-foire est élargie à la prise en compte de la
participation aux salons de rayonnement international situés dans
l'Union européenne, notamment en France.
Les axes de réforme portent désormais sur une plus grande
ouverture des procédures à de nouveaux intervenants relevant du
secteur des services, en particulier les professions libérales et les
"start-up".
2. Le FASEP
Crée en septembre 1996, en succession du Fonds
Ingénérie et du Fonds Pays de l'Est, le FASEP a été
étendu en 1999 à de nouvelles missions :
- Le volet existant, le FASEP-Etudes, a pour but de promouvoir l'expertise
française en amont des projets d'exportation ou d'investissements
internationaux d'entreprises françaises ;
- le nouveau volet " secteur privé ", le FASEP-Garantie,
est destiné à soutenir les PME françaises dans leur
implantation sur les marchés étrangers.
Les crédits du comité de développement extérieur
(CODEX) disparaissent, puisque ce dernier a été incorporé
dans le Fonds d'Etudes et d'Aide au Secteur Privé (FASEP) depuis juillet
1998.
La consommation prévue pour 1999 des crédits au titre
des contrats CODEX en vigueur est de 15 millions de francs. Pour
l'année 2000 et les exercices budgétaires ultérieurs, les
reports de crédits (31,9 millions de francs pour 1999) devraient
permettre d'honorer l'ensemble des contrats encore en vigueur, jusqu'à
l'extinction complète des engagements pris.
a) Le FASEP-Etudes
Le FASEP-Etudes s'inscrit dans la politique française d'aide au développement, en faveur des pays en transition et des pays émergents, hors zone de solidarité prioritaire. Il a vocation à financer des études en amont de projets, des prestations d'assistance technique, ou des actions de coopération institutionnelle à finalité économique ou financière.
b) Le FASEP-Garantie
Les
risques économiques liés à l'implantation étaient
jusqu'à présent à la charge des entreprises, tandis que le
risque politique pouvait bénéficier d'une garantie publique. Le
fonds de garantie de 300 millions de francs, dénommé
FASEP-Garantie, a donc pour but de faciliter la création et le
développement des filiales de PME françaises à
l'étranger. Ce nouveau volet du FASEP s'adresse donc aux entreprises de
moins de 3 milliards de francs de chiffre d'affaires. Le fonctionnement de ce
fonds s'articule de la manière suivante :
- une domiciliation à la SOFARIS, filiale de la BDPME ;
- un risque d'épuisement assumé à part égale
par la SOFARIS et l'AFD, qui devrait couvrir au moins 900 millions de
francs de concours ;
- une délégation de décision pour les petits
dossiers, les projets plus importants étant examinés par le
Comité interministériel du FASEP pour des montants garantis
jusqu'à 10 millions de francs, soit une couverture de risque
maximum de 5 millions de francs.
Ce nouveau dispositif comporte deux volets, l'un garantissant l'apport en fonds
propres effectués dans les filiales étrangères, et l'autre
garantissant les crédits octroyés par des banques locales pour le
financement des investissements physiques des filiales.
3. Le volet "commerce extérieur" des contrats de plan
Le
montant des autorisations de programme prévues au titre du volet
"commerce extérieur" des contrats de plan pour 2000
s'élève à 45 millions de francs, soit une
augmentation de 40,6 %.
Le montant des crédits du commerce
extérieur inscrits dans les contrats de plan Etat-régions a
été fixé à 352 millions de francs, dont
45 millions de francs dans le projet de budget pour 2000, et
307 millions à répartir sur les 6 années
suivantes, soit plus de 50 millions de francs par an. Cet arbitrage marque
une nette augmentation de près de 30 % par rapport aux contrats de
plan précédents. Il convient cependant de souligner que les
annulations budgétaires et l'étalement des contrats de plan ont
conduit à une réduction de 30 % des crédits
disponibles pendant le XI
ème
plan.
Les crédits de paiement s'élèveront à
43,25 millions de francs pour 2000, soit une légère baisse
par rapport à l'année passée, qui s'explique par la
montée en charge progressive des décaissements.
L'augmentation des autorisations de programme est bienvenue, car le volet
commerce extérieur des contrats de plan est un élément
très important du dispositif d'appui aux PME pour l'exportation. En
1998, plus de 1.250 aides ont été délivrées
dans la cadre des contrats de plan, le niveau élevé de
consommation des crédits (91 %) traduisant la forte demande des PME
Les
dotations budgétaires du volet commerce extérieur des contrats de
plan (1994-1999)
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
1994 |
46 |
21,6 |
1995 |
33 |
23,7 |
1996 |
44,9 |
29,5 |
1997 |
32 |
38 |
1998 |
32 |
44 |
1999 |
32 |
47 |
2000 |
45 |
43,25 |
(en millions de francs)
Les aides du volet extérieur des contrats de plan Etat-Région
s'adressent aux PME qui disposent de produits compétitifs, sont peu
exportatrices et ont besoin d'un soutien public pour engager une
démarche de développement international.
Plus de la
moitié des entreprises bénéficiaires ont moins de 50
salariés, tandis que les trois quart réalisent un chiffre
d'affaires inférieur à 50 millions de francs
. L'aide
régionale constitue une première étape, essentielle dans
le développement de l'entreprise, qui lui permet de structurer sa
démarche export et de bénéficier ultérieurement
d'appuis nationaux ou communautaires pour un projet plus ciblé, sur des
marchés plus lointains.
La priorité des nouveaux contrats de plan Etat-Région est
d'augmenter le nombre de PME qui exportent régulièrement, ce qui
implique de renforcer et de moderniser le dispositif et de donner à
l'Etat les moyens d'un partenariat fort avec les régions. Les aides
régionales et les critères d'éligibilité seront
harmonisés, afin de mettre en place un traitement aussi homogène
que possible d'une région à l'autre, tout en laissant une marge
de manoeuvre aux partenaires locaux.
Les crédits inscrits dans les contrats de plan permettent de financer
deux sortes d'aides aux entreprises :
des aides aux montants modestes (50.000 à 60.000 francs
environ) pour jeter les bases d'une démarche de développement
international. Il s'agit de :
-
l'aide au conseil,
qui permet d'alléger les coûts
d'utilisation d'un cabinet spécialisé pour réaliser une
étude de marché, ou pour organiser la démarche export de
la société.
-
l'aide à la participation à des foires et des
salons.
Elle constitue le complément de l'assurance-foire qui,
jusqu'à la décision du plan PME de janvier 1997, ne couvrait que
les manifestations hors Union européenne ;
-
l'aide aux "investissements immatériels"
qui permet le
financement des traductions de documentations en langue
étrangère, des dépôts de marques et brevets, des
formations export, des invitations d'acheteurs étrangers.
des aides plus élevées (150.000 à 200.000 francs
environ) pour donner plus d'ampleur à la démarche de
développement à l'étranger. Il s'agit de :
-
l'aide à l'implantation à l'étranger,
qui
favorise la création de structures commerciales légères
à l'étranger. Elle prend en charge une partie des frais de
fonctionnement d'un bureau de représentation ou d'une filiale,
uniquement pendant la première année.
-
l'aide au recrutement de cadres internationaux
qui a un effet
direct et positif sur l'emploi et sur la compétitivité de
l'entreprise. Une partie du coût du salarié (30 à
50 %) est prise en charge pendant sa première année
d'activité (soit un montant unitaire moyen de 100.000 à
120.000 francs).
Enfin, les PME qui recourent aux nouvelles technologies de l'information et de
la communication seront soutenues, et les petites entreprises seront
sensibilisées à l'importance et au rôle de la veille
concurrentielle et de l'intelligence économique.
4. L'activité internationale de la Banque de développement des PME
La
Banque de développement des PME a été mise en place fin
1996 pour devenir l'instrument privilégié du soutien
apporté par l'Etat aux petites et moyennes entreprises. Elle a pour
mission d'aider à la réalisation de projets un peu
risqués, qui ont des difficultés à trouver des
financements. Pour accomplir sa mission, la BDPME a conclu de nombreux accords
avec l'ensemble des réseaux bancaires et la plupart des
sociétés de capital-risque et de capital-développement. Il
s'agit de prendre une part de risque avec le chef d'entreprise et ses
partenaires banquiers ou financiers, soit en partageant le financement à
mettre en place, soit en garantissant partiellement son remboursement, soit en
consolidant la structure du bilan de la PME. La BDPME intervient donc
systématiquement en partenariat avec les banques et les
établissements financiers, à l'initiative de ces derniers, sous
forme de garantie et de cofinancement. Un volet de son action porte sur
l'activité internationale des PME. Le fonds "développement
international" de la SOFARIS est le principal outil de garantie en
matière internationale, en incitant les banques à accorder des
cautions export aux entreprises ayant remporté des contrats à
l'exportation.
En 1998, la banque a accordé pour 17 milliards de francs de concours, et
a garanti, à travers la SOFARIS, 30 milliards de francs de financements,
soit un montant global de 47 milliards de francs de concours, qui
représente plus de 20 % du montant des financements à moyen
et à long terme accordés aux PME.
Cet outil a été réformé au début de
l'année 1999. La réforme porte sur le reclassement de la presque
totalité des fonds pour former un noyau dur composé de six fonds
: un fonds pour les financements à court terme, quatre fonds
dédiés au financement à moyen et long terme
(création, transmission, développement, redéploiement), et
un fonds "Fonds propres". Cette refonte s'est accompagnée d'un
recentrage en faveur des petites et moyennes entreprises (sont éligibles
les sociétés non cotées de moins de 500 personnes et
réalisant moins de 500 millions de francs de chiffre d'affaires), d'une
classification des concours éligibles (court, moyen et long terme; fonds
propres et quasi fonds propres), et d'une détermination d'un plafond
global d'encours de risque (soit 25 millions de francs par entreprise ou par
groupe d'entreprises, tous fonds de garantie confondus).