B. LA PERSISTANCE DE MOTIFS D'INQUIÉTUDE
1. Le poids décroissant de l'industrie manufacturière dans l'économie nationale
Le
tableau ci-après retrace l'évolution des effectifs tous secteurs
d'activités confondus en France depuis 1995. On y constate que
l'industrie manufacturière employait fin 1998 3,9 millions de personnes
auxquelles correspondent environ autant d'emplois indirects (secteur des
services aux entreprises). On peut également observer que l'industrie
manufacturière qui constituait 14,43 % des emplois en 1995 n'en
représente plus que 13,75 % en 1998 et que les entreprises du
secteur énergétique sont passées de 1,06 % des
emplois en 1995 à 1 % en 1998.
La place de l'industrie dans l'économie nationale diminue
régulièrement car ce secteur réalise des gains importants
de productivité apparente du travail (de l'ordre de 3,5 % par an
sur longue période). Toutefois, si l'industrie a perdu environ
570 000 emplois de 1990 à 1998, il convient de souligner que
480 000 emplois ont été créés sur la
même période dans le secteur des services aux entreprises, le plus
souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception,
design, ingénierie, logistique, R&D...) ou par recours à
l'intérim (où l'équivalent de 100 000 emplois
ont été créés par l'industrie depuis 1990).
L'industrie se recentre en effet sur ses activités de production et sur
ses métiers.
Rappelons en outre que la mobilité des emplois industriels est
importante en France. Dans la seule industrie manufacturière et au
delà de la relative stabilité des effectifs globaux, le nombre
des entrées ou sorties était estimé à
700 000 en 1994 et les variations annuelles des effectifs des
établissements généraient près de
400 000 créations et suppressions de postes de travail. De
plus, il existe en France 183 000 emplois précaires ou à
durée déterminée dans l'industrie. Cette situation traduit
la volonté des entreprises d'ajuster rapidement l'emploi aux
fluctuations à court terme de la demande.
La diminution des effectifs occulte par ailleurs la croissance de la production
en volume. Ainsi, la consommation de produits industriels a augmenté de
52 % depuis 1980, mais elle régresse en valeur relative du fait de
la baisse des prix relatifs.
2. Les faiblesses de l'industrie française
En
dépit de son rang de quatrième puissance industrielle mondial, la
France accuse certains retards et faiblesses. Ainsi, le tissu industriel
français est caractérisé par une sur-représentation
des petites PMI due, d'une part au faible nombre des grands groupes (on ne
compte que 8 entreprises françaises sur les 100 premières
mondiales, parmi 37 européennes), mais également au nombre
insuffisant d'entreprises médianes (500 à
5 000 personnes). Pourtant, ces dernières sont essentielles
pour le dynamisme du tissu industriel : en constituant le relais entre les
grands groupes et les PMI, elles sont facteurs d'innovation et d'exportation.
En outre, les PMI souffrent de faiblesses structurelles (absence de fonds
propres, difficultés d'accès au crédit) auxquelles les
gouvernements successifs tentent de répondre depuis plusieurs
années, par le biais notamment de mesures fiscales incitatives.
Par ailleurs, les entreprises françaises ne consacrent qu'un montant
égal à 1,4 % du PIB à la recherche et au
développement contre 1,9 % aux Etats-Unis et 1,5 % en
Allemagne. Ce chiffre est en diminution par rapport aux années
précédentes. En matière d'investissements, elles n'ont pas
encore rattrapé le retard accumulé depuis le début des
années 1990.
Enfin, et en dépit des restructurations qui ont touché le tissu
industriel ces derniers mois, l'industrie française n'a pas encore
relevé le défi de la mondialisation. Les entreprises
françaises accusent ainsi un retard sur leurs concurrentes en
matière commerciale, de positionnement stratégique sur les
différents marchés et en matière de partenariat
industriel.