b) Une forte augmentation de la surface moyenne exploitée
Parallèlement, les terres libérées par les cessations d'activité ont permis au tiers des exploitations en place de s'agrandir, chacun ayant accru sa surface de près de 20 %, les agrandissements se faisant surtout en fermage. Corrélativement, le mouvement de concentration des terres des unités de grande dimension s'est accélérée, le quart de la superficie agricole utilisée étant détenu par des exploitations de plus de 150 hectares. Ainsi, 10 % des exploitations cultivent 40% de la SAU.
ÉVOLUTION DU NOMBRE D'EXPLOITATIONS DE PLUS
DE
CINQUANTE HECTARES
La taille moyenne des exploitations agricoles atteint 42 hectares aujourd'hui. Elle a doublé en vingt-cinq ans.
L'ÉVOLUTION DE LA SURFACE AGRICOLE MOYENNE D'UNE EXPLOITATION
c) Une spécialisation accrue de la production
La
spécialisation de l'agriculture française au cours de ces
dernières années s'est traduite, tout d'abord, par l'extension
des zones de grandes cultures.
Parallèlement, l'élevage lié au sol et les exploitations
de polyculture-élevage ont connu un relatif déclin. Cette
évolution s'est faite en deux temps.
De 1950 à 1970, les prairies naturelles ou implantées ont
gagné environ un million d'hectares, cette progression continue des
surfaces herbeuses correspondant au mouvement d'expansion de l'élevage
dans les régions herbagères de l'Ouest et des zones montagneuses.
Depuis 1970, les prairies ont reperdu 3,5 millions d'hectares, ce recul
traduisant les redéploiements vers les grandes cultures, avec parfois
abandon de l'élevage dans certaines régions. De plus,
l'élevage français s'est intensifié comme en
témoigne le fort développement des fourrages annuels surtout
dû au maïs-fourrage, et le recours plus important aux aliments
composés pour le bétail.
Par ailleurs, l'élevage traditionnel a fait place, de plus en plus,
à un élevage intensif.
Ainsi, l'évolution des surfaces fourragères suit d'assez
près celle du cheptel d'herbivores. Le cheptel bovin comptait, en 1950,
environ 16 millions de têtes dont plus de 40% de vaches. En 1975, il
s'était accru de plus de 8 millions d'animaux pour se stabiliser
jusqu'en 1984. A partir de 1984, date de l'instauration des quotas laitiers et
jusqu'en 1992, le nombre de bovins décroît
régulièrement pour s'établir à 20,7 millions.
Durant ces huit années, 1,4 million de vaches ont disparu. Le
troupeau s'est, de plus, recomposé : trois vaches sur quatre
étaient laitières en 1970, aujourd'hui moins de six sur dix le
sont. Si le cheptel laitier français s'est réduit de
870.000 têtes entre 1950 et 1984 et de près de
2,2 millions depuis, ses performances se sont considérablement
accrues. Les 4,7 millions de laitières restantes fournissent
246 millions d'hectolitres de lait, soit un rendement moyen par vache
multiplié par trois en quarante-quatre ans.
En outre, les effectifs ovins sont passés de 7,4 à
10,6 millions de têtes en 1994. Plus intensif, de type industriel,
l'élevage hors-sol s'est fortement développé. Le nombre de
porcins a doublé entre 1950 et 1994 : il est passé de 6,8
à 13,7 millions. Les effectifs de volailles ont explosé
grâce au développement des poulets de chair, en hausse de
80 millions de têtes de 1970 à 1994. Par ailleurs,
l'aviculture fermière tend à disparaître. Elle
représentait 30 % de l'ensemble des pondeuses en 1980 contre
seulement 18 % en 1988. Les élevages de canards, de pintades, de
dindes et de dindons se sont également développés.
L'AGRICULTURE S'ORIENTE VERS L'ÉLEVAGE HORS SOL
(
en milliers)
|
1950 |
1970 |
1994 |
Bovins |
15 786 |
21 622 |
20 515 |
dont vaches |
6 971 |
9 870 |
8 692 |
dont vaches laitières |
- |
7 496 |
4 667 |
Ovins |
7 399 |
9 915 |
10 619 |
Caprins |
1 258 |
856 |
1 151 |
Porcins |
6 797 |
11 240 |
13 684 |
Chevaux |
2 022 |
432 |
331 |
Ensemble gallus |
- |
137 795 |
217 990 |
dont poulets de chair |
- |
61 556 |
141 848 |
Canards |
- |
7 571 |
19 636 |
Dindes et dindons |
- |
3 927 |
36 309 |
Pintades |
- |
5 925 |
13 525 |
Lapins |
- |
31 860 |
15 346 |
Source : Agreste-Statistique agricole annuelle
Plus productive, plus concentrée, l'agriculture a fortement
changé en un demi-siècle. Ces évolutions recouvrent, de
façon un peu schématique, le passage d'une agriculture de
subsistance à une agriculture davantage tournée vers la
commercialisation.
Toutefois, la politique agricole ne se limite pas à la gestion des
produits, des marchés et des entreprises.
Ce sont d'abord des hommes
et des femmes qui savent que pour préserver une agriculture à
taille humaine tout en s'adaptant aux contraintes de l'avenir, ils devront
relever un certain nombre de défis.