C. LES RESTRUCTURATIONS HOSPITALIÈRES
L'un des
aspects essentiels de la réforme du système de santé est
l'adaptation de l'offre hospitalière. Les inégalités
régionales en matière d'équipements et de dotations
financières aux hôpitaux sont bien connues.
Le budget de la santé et de la solidarité accueille certaines
dotations de l'Etat destinées à accompagner le nécessaire
processus de rationalisation de l'offre hospitalière, qui est
financé principalement par l'assurance maladie dans le cadre des lois de
financement de la sécurité sociale.
1. Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers
Créé en 1998 pour une durée de cinq ans,
le
fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers
(chapitre 66-12) a pour vocation d'attribuer des subventions
d'investissement aux établissements sous dotation globale qui
présentent les projets contribuant à l'adaptation de l'offre de
soins hospitaliers à l'échelon régional.
Compte tenu de l'extrême laconisme de la réponse apportée
à son questionnaire budgétaire, votre rapporteur utilisera
ci-après les éléments d'information plus
circonstanciés qui ont été fournis à son homologue
de l'Assemblée nationale.
En 1998, 503 millions de francs en autorisation de programme et
153 millions de francs en crédits de paiement ont été
ouverts. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit
250 millions de francs en autorisations de programme et 150 millions
de francs en crédit de paiement.
Une circulaire du 28 janvier 1998 a posé les critères
d'éligibilité au fonds. En principe, ils ne permettent de retenir
que des opérations réellement restructurantes de l'offre de soins
régionale, à caractère exemplaire et susceptible
d'entraîner ou de constituer un préalable à d'autres
opérations parmi les partenaires de l'établissement.
Il est
ainsi expressément exclu que le fonds soit mobilisé pour une
opération qui consisterait simplement en la modernisation d'un seul
établissement sans prise en compte de ses effets sur son
environnement.
De plus, les projets présentés doivent faire apparaître une
optimisation des moyens de fonctionnement à terme, ce qui signifie
qu'ils doivent être au moins neutres du point de vue des finances de
l'assurance maladie. Le fonds finance ainsi en priorité les
opérations devant se traduire par un équilibre en fonctionnement
dès la troisième année suivant la mise en service.
Les agences régionales de l'hospitalisation (ARH), qui instruisent,
sélectionnent, classent par ordre de priorité et évaluent
les projets, doivent prendre en compte la situation financière,
économique et patrimoniale des établissements, ce qui signifie
que ceux-ci doivent d'abord mobiliser leurs propres ressources.
A ce jour 91 dossiers ont été soumis, pour un montant total
annoncé de 4,16 milliards de francs de travaux ou
équipements, mais plusieurs opérations ne constituent qu'une
première tranche de projets de plus grande envergure. Les demandes de
subventions correspondantes s'élèvent à 1,45 milliard
de francs, soit un taux moyen de 34,7 %.
Parmi celles-ci, 70 sont au stade de l'avant-projet sommaire. Les
opérations dont l'avant-projet sommaire n'était pas susceptible
d'être approuvé dans des délais permettant l'engagement
d'une subvention au titre de 1998 n'ont pas pu être examinées,
mais certaines d'entre elles, qui présentent de réels aspects
restructurants, pourront être réexaminées en 1999.
Le montant total des subventions demandées pour les opérations
susceptibles d'être retenues s'élève à
737 millions de francs, soit près de 2,1 milliards de francs
d'investissement total
. Compte tenu du montant de 500 millions de
francs en autorisations de programme pour 1999, le taux de financement ne
serait finalement que de 23 %. De ce fait, les ARH et les
établissements concernés devront ajuster leurs plans de
financement initiaux.
Tout en relevant la lenteur de la mise en place des financements du fonds,
votre rapporteur tient à souligner que sa création comporte un
risque sérieux de dérapage financier
. Une restructuration
génère d'abord des coûts avant de permettre de
réaliser des économies. C'est pourquoi il importe que les
restructurations hospitalières soient financées d'abord par un
redéploiement des moyens existants, dans le cadre des enveloppes
régionales, plutôt que par des moyens budgétaires
supplémentaires. Ce principe de rigueur est d'autant plus
justifié que l'offre d'équipements hospitaliers reste globalement
excédentaire, et qu'elle génère sa propre demande de soins.
Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers
ne peut donc être admis qu'à titre de mesure transitoire, afin
d'encourager les premiers établissements candidats aux opérations
de restructuration et d'amorcer ainsi le processus qui sera ensuite conduit par
les agences régionales de l'hospitalisation sur les seuls crédits
de l'assurance maladie.
2. Les subventions d'équipement sanitaire
Les
crédits consacrés aux subventions d'équipement sanitaire
(chapitre 66-11) poursuivent leur extinction progressive.
Les subventions hospitalières sont désormais limitées
essentiellement aux engagements pris antérieurement au titre des
contrats de plan Etat-régions du XIIème plan, arrivant à
échéance en 1999, et les contrats de développement avec
les TOM, et aux perspectives de création d'unités
hospitalières sécurisées, dans le cadre de la mise en
place du schéma national d'hospitalisation des personnes détenues.
Cette programmation est établie au niveau national (crédits de
catégorie I non déconcentrés) sur proposition des
agences régionales de l'hospitalisation.
Aucune autorisation de programme n'est prévue pour 1999, tandis que les
crédits de paiement diminuent de 14,5 % pour s'établir
à 108,5 millions de francs.
L'utilisation de 1997 à 1999 des autorisations de programme et des
crédits de paiement du chapitre 66-11
Subventions d'équipement
sanitaire
serait la suivante :
Evolution des crédits du chapitre 66-11
(en millions de francs)
|
1997 réalisation |
1998 prévisions |
1999 prévisions |
Autorisations de programme |
|
|
|
CHR - Article 10 |
8,046 |
5,000 |
36,600 |
Etablissements non CHR - Article 20 |
35,134 |
44,186 |
26,200 |
Dispensaires - Article 30 |
0,030 |
1,500 |
- |
Psychiatrie extra-hospitalière - Article 20 |
2,155 |
7,000 |
- |
TOTAL AP |
45,364 |
57,686 |
62,800 |
Crédits de paiement |
|
|
|
Total chapitre 66-11 |
344,628 |
132,743 |
108,500 |
Votre rapporteur approuve la disparition progressive des subventions budgétaires aux équipements hospitaliers, qui ne répondent plus à la nouvelle logique de répartition des moyens dans le cadre des lois de financement de la sécurité sociale.
3. Les agences régionales de l'hospitalisation
L'ordonnance n° 96-346 du 24 avril portant
réforme de l'hospitalisation publique et privée a
créé les agences régionales de l'hospitalisation dans le
but de constituer une autorité de décision compétente tant
pour l'hospitalisation publique que pour l'hospitalisation privée
remédiant à la dispersion des responsabilités, des moyens
et des compétences entre les différents services de l'Etat et
l'assurance maladie.
Créées dans chaque région, les agences régionales
de l'hospitalisation sont des personnes morales de droit public dotées
de l'autonomie administrative et financière. Placées sous la
tutelle des ministres chargés de la santé et de la
sécurité sociale, elles sont constituées sous la forme de
groupements d'intérêt public entre l'Etat et les organismes
d'assurance maladie. Les caisses régionales d'assurance maladie, ainsi
que les unions régionales d'assurances maladie, en sont membres de droit.
Les agences régionales d'hospitalisation ont pour mission de
définir et de mettre en oeuvre la politique régionale d'offre de
soins hospitaliers, d'analyser et de coordonner l'activité des
établissements de santé publics et privés et de
déterminer leurs ressources.
L'an dernier, la nouvelle majorité au pouvoir avait engagé une
polémique mesquine sur le niveau des rémunérations des
directeurs d'ARH, qui visait en fait à remettre indirectement en cause
la légitimité de personnalités nommées par le
gouvernement précédent.
Votre rapporteur se félicite
que cette polémique, qui risquait de compromettre l'autorité
indispensable à ces organismes stratégiques pour la
réorganisation du secteur hospitalier soit désormais close. Il
espère que le gouvernement actuel saura leur apporter le soutien
nécessaire lorsqu'elles auront à prendre des décisions
difficiles.
Les ARH emploient chacune 6 à 13 personnes. Leurs effectifs totaux
s'élèvent à 222 personnes, dont 46 mis à
disposition par l'assurance maladie, conformément aux conventions
constitutives.
En 1997, compte tenu des délais d'installation des agences,
28 millions des 115 millions de francs disponibles, dont
95 millions de subventions budgétaires, n'ont pas été
consommés.
Ces reports de crédits ont permis, l'année suivante, la
création d'un fonds de roulement pour chaque agence, l'extension en
année pleine des dépenses de fonctionnement et la couverture de
dépenses exceptionnelles liées à l'élaboration des
première et deuxième phase des SROS de deuxième
génération. Le budget de fonctionnement des ARH
s'élève ainsi en 1998 à 150,7 millions de francs,
dont 102,7 millions de subventions de l'Etat.
Pour 1999, la dotation budgétaire aux ARH est accrue de
5 millions de francs afin d'accompagner la troisième phase
d'élaboration des schémas régionaux d'organisation
sanitaire (SROS), et s'établit à 107,7 millions de
francs.