Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; OSTERMANN (Joseph), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 18 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE -
CHAPITRE II
LE SERVICE PUBLIC DE L'EMPLOI -
CHAPITRE III
LA FORMATION PROFESSIONNELLE -
CHAPITRE IV
L'AIDE AU DÉPART ET L'INDEMNISATION -
CHAPITRE V
L'ACTION EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES -
CHAPITRE VI
LA PROMOTION DE L'EMPLOI -
CHAPITRE VII
LES ARTICLES RATTACHÉS -
ANNEXE :
LES MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 18
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
I
.
- EMPLOI
Rapporteur spécial
: M. Joseph OSTERMANN
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. LE GOUVERNEMENT A FAIT EN PARTIE FINANCER SES PRIORITES PAR DES ECONOMIES
SUR DES DISPOSITIFS SENSIBLES
Sur le plan des principes, il apparaît utile à votre rapporteur de
relever que le ministre a réalisé lors de l'élaboration de
son budget une part significative d'économies qualifiées de
" recentrages ", et cela pour un montant de 11 milliards de francs.
Il s'agit principalement à hauteur de 4,5 milliards de francs de la
diminution des crédits des préretraites, de 3,6 milliards de
francs de la réduction de la dotation au profit des contrats initiative
emploi et pour 1,6 milliard de francs du " recentrage " des
contrats emploi-solidarité. Ce montant d'économies est
destiné notamment à financer la progression des emplois-jeunes ou
des crédits consacrés aux 35 heures et représente
plus de 7 % des 152 milliards de francs de crédits que le
titre IV consacre aux aides à l'emploi.
En terme de méthode, même si en l'espèce ces
économies sont mal ciblées car destinées au financement de
priorités contestées par votre commission, cela démontre
que quel que soit le vocable ou la terminologie retenus, les aides à
l'emploi ne peuvent être financées à " guichet
ouvert ". Des économies sont possibles voire souhaitables. Le
gouvernement l'a lui même démontré.
Elles permettent en effet notamment de lutter contre la fraude, le
détournement des dispositifs et partant, contribuent à leur plus
grande efficacité
. Il n'est donc pas nécessaire en
matière sociale comme ailleurs d'accroître inexorablement la
dépense publique.
B. LES ALEAS DU FINANCEMENT DE L'APPRENTISSAGE
Votre rapporteur tenait à relever que pour la seconde année
consécutive le montant des crédits destinés au financement
des primes à l'apprentissage a été réduit en loi de
finances de 500 millions de francs.
Cette mesure lui apparaît d'autant moins justifiée que le
gouvernement n'indique pas précisément dans les documents
budgétaires comment il entend remédier à cet état
de fait : il évoque seulement un " fonds de concours "
abondé par un prélèvement de 500 millions de francs. En
l'absence d'informations claires sur ce point, il est à craindre que ne
se renouvelle le dispositif mis en place l'an passé consistant à
prélever une nouvelle fois " à titre exceptionnel ",
cette somme sur la trésorerie des organismes collecteurs des fonds de la
formation en alternance.
Votre rapporteur ne peut donc qu'émettre les plus vives réserves
devant la volonté affichée par le gouvernement de procéder
à nouveau en 1999, à un prélèvement de
500 millions de francs sur les organismes collecteurs des fonds de la
formation en alternance afin de financer les primes des contrats
d'apprentissage.
Il souhaite également que soit rapidement publié le " Livre
blanc " sur la formation professionnelle afin que la situation en ce
domaine puisse être clarifiée et que soit engagée la
nécessaire mutation de ce secteur, comme le souhaite d'ailleurs
l'ensemble des acteurs sociaux.
Dans ce contexte il tient à indiquer combien lui semble inopportune la
mesure de recentrage des primes à l'apprentissage prévue par
l'article 80 de ce projet de loi de finances.
C. LA NECESSAIRE REMISE À NIVEAU DES CRÉDITS DE LA
RISTOURNE DÉGRESSIVE FUSIONNÉE
Votre rapporteur évoquera dans son rapport les circonstances dans
lesquelles ces crédits avaient été arbitrairement
réduits l'an passé par le gouvernement afin de constituer une
provision de 3 milliards de francs destinée au financement des
35 heures.
En effet, contrairement aux affirmations du gouvernement, la ponction alors
opérée a gravement réduit les crédits de la
ristourne dégressive rendant de ce fait indispensable leur abondement en
loi de finances rectificative à hauteur de 3 milliards de francs ainsi
que le ministre l'a indiqué devant votre commission et nonobstant ses
déclarations en sens contraire lors de l'examen l'année
dernière du projet de loi de finances. En effet, le gouvernement semble
prévoir, au titre du financement de cette ristourne pour 1998, des
dépenses à hauteur de 41,5 milliards de francs alors que
seulement 38,77 milliards de francs de crédits avaient
été prévus dans le projet de loi de finances
initiale
1(
*
)
.
Votre rapporteur se félicite de la progression pour 1999 des
crédits consacrés au financement de cette ristourne
dégressive qui a fait ses preuves en permettant le maintien ou la
création d'emplois dans le secteur marchand
.
Il tient cependant à relever que figurent dans le collectif pour 1998,
5,6 milliards de francs de crédits au titre du
" rattrapage " sur ces exonérations. Ce chiffre
n'apparaît cependant pas totalement cohérent avec les indications
précédentes fournies par le gouvernement. Il souhaiterait donc
connaître de façon précise les éléments de
calcul de ce rattrapage.
Dans ce contexte, il ne peut que souligner la constance des positions du
Sénat en ce domaine, constance qui s'est traduite notamment par
l'adoption le 29 juin 1998 de la proposition de loi déposée
par M. Christian Poncelet, tendant à élargir le champ de ce
dispositif.
Il souhaite également souligner que la nécessité de
réduire les charges sur les bas salaires a été
relevée au cours de l'été par le professeur Malinvaud dans
son rapport remis au Premier ministre. Et cela même si le gouvernement
n'en a tiré, pour le moment, aucune conséquence concrète.
D. LE FINANCEMENT A GEOMETRIE VARIABLE DES 35 HEURES
Les 3,5 milliards de francs de crédits figurant dans le projet de
loi de finances pour 1999 et destinés au financement des 35 heures
n'apparaissent pas réalistes.
Non seulement le gouvernement n'indique pas la manière dont ces
crédits ont été calculés, mais ceux-ci apparaissent
mal calibrés.
Sans revenir sur les conditions dans lesquelles cette provision avait
été financée l'an dernier, votre commission
s'étonne des modalités selon lesquelles ce coût a
été déterminé. Le coût brut budgétaire
de cette mesure est estimé à 7 milliards de francs en 1999 par le
gouvernement sans que celui-ci ne fournisse les bases de calcul. A cette somme
s'ajoutent 200 millions de francs au titre des aides au conseil.
Or il ressort des informations obtenues par votre rapporteur que la
moitié de ce coût brut, soit 3,5 milliards de francs a
été mis par le gouvernement à la charge des régimes
de Sécurité sociale, au titre du " recyclage des
économies que feront les régimes sociaux " et cela sans
fondement juridique précis et en contradiction avec les principes
posés par la loi du 25 juillet 1994. Votre rapporteur souhaite obtenir
des éclaircissements sur ce point de la part du ministre.
Il serait donc " opportun " comme le relève très
justement le rapporteur spécial de l'assemblée nationale, que le
ministre indique
" à quel niveau la compensation de l'Etat
s'effectuera pour les organismes de Sécurité sociale ".
On ne saurait être plus clair à défaut d'être
plus explicite.
Par ailleurs cette dotation apparaît mal calibrée
: si
ce dispositif devait produire des effets à la hauteur de l'ambition du
gouvernement, la charge budgétaire en serait accrue de manière
très substantielle. La commission des affaires sociales en avait ainsi
évalué le coût sur la base de 450.000 emplois crées
à 13,5 milliards de francs la première année, et
à 36 milliards de francs la deuxième année.
Or les premières indications fournies par le gouvernement
témoignent d'un succès mitigé de ce dispositif
: 434
accords d'entreprises ont été signés concernant moins de
58.000 salariés et seulement 4.460 emplois ont été
préservés ou créés. Il apparaît ainsi que la
provision de 3 milliards de francs prévue pour 1998 n'a
été utilisée qu'à hauteur de 10 à 15 %
des crédits inscrits comme le reconnaît implicitement le
gouvernement lorsqu'il évoque des
" reports importants de ces
crédits de 1998 sur 1999 ".
Par delà les interrogations du Sénat quant à la pertinence
et à la portée du dispositif des 35 heures, la dotation
apparaît donc surévaluée.
Au demeurant, la majorité du Sénat a rappelé son
opposition au caractère contraignant de ce dispositif de
réduction du temps de travail.
En conséquence, et eu égard au peu d'impact de ce dispositif,
votre rapporteur vous proposera de supprimer la dotation de 3,7 milliards
de francs figurant dans le projet de loi de finances, les crédits
prévus en 1998 n'ayant été utilisés que dans une
très faible proportion.
E. LA DÉRIVE DU COUT BUDGÉTAIRE DES EMPLOIS JEUNES
13,8 milliards de francs de crédits sont inscrits au titre du budget de
l'emploi pour financer ces emplois-jeunes.
Par delà les critiques quant à la portée d'un tel
dispositif qui consiste à accroître l'emploi dans le secteur
non-marchand et les risques de pérennisation, à terme, de ceux-ci
au sein de la fonction publique, votre rapporteur souhaitait faire les
remarques suivantes.
Il tient à relever que le coût de ces emplois jeunes pour 1999
semble d'ores et déjà minoré par le gouvernement. Les
crédits figurant au budget de l'emploi pour 1999, soit
13,8 milliards de francs (hors 380 millions de francs
transférés vers le budget de l'outre-mer) ne permettent de
financer que le " stock " qui existera au 1
er
janvier 1999
soit 150.000 emplois jeunes compte tenu d'un coût annuel unitaire de
93.840 F.
L'enveloppe budgétaire actuelle telle qu'elle figure dans le projet de
loi de finances ne permettra donc pas de financer à compter du
1
er
janvier prochain le recrutement des 100.000 nouveaux
emplois-jeunes qui correspondent à l'objectif que s'est fixé le
gouvernement pour 1999. Il y pour 1999 une sous-évaluation du coût
de ce dispositif que l'on peut estimer à prés de
4,5 milliards de francs sur la base d'une montée en charge
linéaire et progressive de ces 100.000 nouveaux emplois-jeunes.
Comment le gouvernement entend-il y faire face ? Existe-t-il des reports
au titre de 1998 ? En ce cas, cela affaiblirait alors le discours tenu par
le gouvernement et concluant au succès du dispositif. A tout le moins,
cela témoignerait d'une erreur de calibrage initial de ces
crédits.
Par ailleurs compte tenu des objectifs que s'est fixé en ce domaine le
gouvernement, à savoir la mise en place d'ici 2001 de 350.000 emplois
jeunes, le coût budgétaire en année pleine de ce dispositif
sera de prés de 32 milliards de francs par an.
De ce fait, si le gouvernement tient à financer les 100.000 nouveaux
emplois-jeunes, qui figurent au sein du budget de l'emploi, il doit, selon
votre commission, réexaminer les dispositifs préexistants et
procéder par redéploiement au sein d'une enveloppe globale des
aides à l'emploi qui atteint 152 milliards de francs.
En effet, votre commission ne souhaite bien évidemment ni remettre en
cause le " stock " des emplois-jeunes existant, ni porter atteinte
aux " flux ". Elle entend que leur coût budgétaire soit
financé par des économies réalisées sur l'ensemble
des 152 milliards de francs de crédits du titre IV.
Cette mesure de redéploiement proche de celle préconisée
l'année dernière, consisterait donc à gager la progression
des crédits correspondant aux nouveaux emplois-jeunes par un effort
d'économie sur l'ensemble du titre IV du budget du travail,
" interventions en faveur de l'emploi ".
Enfin votre rapporteur s'interroge sur la date du dépôt et
d'examen de la seconde loi prévue par le gouvernement en ce domaine et
tendant à mettre en place des " emplois-jeunes " dans le
secteur privé. Le gouvernement n'a toujours fourni aucune
précision sur ce point.
F. LA SUPPRESSION DES DEUX ARTICLES RATTACHÉS
Deux articles sont rattachés pour leur examen au budget de l'emploi.
Votre commission vous propose de les supprimer.
1. L'article 80 : le " recentrage " des primes
d'apprentissage sur les plus bas niveaux de qualification
L'article 80 du présent projet de loi prévoit de recentrer
à compter du 1
er
janvier 1999 les primes d'apprentissage sur
les jeunes qui ont le plus de difficulté à accéder au
marché du travail. Les niveaux de qualification donnant droit au
versement de cette prime à l'embauche sont désormais les niveaux
V (niveau BEP et CAP), V bis et VI (non-qualifiés). Cela exclura de ce
dispositif prés du quart des apprentis soit 50.000 jeunes. Cette
disposition permet au gouvernement de réaliser en 1999 une
économie budgétaire d'un montant estimé à 60
millions de francs dans un secteur celui de la formation en alternance
déjà touché par de telles économies. Cela ne peut
être accepté par votre commission qui vous proposera en
conséquence d'adopter un amendement de suppression de cet article.
Cette position est d'ailleurs partagée par le rapporteur spécial
de l'assemblée nationale pour les crédits de la formation
professionnelle :
" L'apprentissage est un maillon essentiel de
notre dispositif de formation professionnelle. Il pourrait être possible
de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées
par le gouvernement "
.
En outre votre rapporteur s'étonne de ce que le gouvernement, qui a
déjà réalisé prés de 11 milliards de
francs d'économies sur ce budget, aux dépens notamment des
dispositifs de préretraite, " s'attaque " ainsi au financement
de l'apprentissage pour un gain budgétaire faible, au risque de
perturber le bon fonctionnement de l'ensemble de la filière de formation
professionnelle.
Cette mesure lui semble donc inopportune.
2. L'article 81 du projet de loi de finances : la suppression de
l'exonération de cotisations d'allocations familiales au profit de
quatre catégories d'entreprises
Votre commission ne peut que marquer sa surprise devant une telle disposition
qui vient contredire la pérennisation de ce dispositif qui avait
été votée lors de la précédente loi de
finances et soutenue alors par votre commission.
Elle tient également à relever que la rédaction de cet
article comporte, au plan juridique, des imprécisions dans la
coordination et la modification des textes visés. Le dispositif
juridique de cet article ne lui apparaît donc pas pleinement
opérationnel.
Aussi, cette disposition apparaît inopportune et préjudiciable
à la bonne marche d'entreprises qui, grâce à ce
mécanisme d'aide, sont en mesure de créer des emplois dans le
secteur marchand. En conséquence, et quel que puisse être
l'intérêt, de façon générale, d'une
rationalisation des dispositifs d'aide à l'emploi,
elle vous
demandera d'adopter un amendement de suppression de cet article.
*
* *
En
conclusion, votre rapporteur tenait à faire part de ses interrogations
concernant le contenu de la dynamique actuelle de l'emploi.
La progression de l'emploi, indéniable au plan quantitatif,
apparaît plus incertaine au plan qualitatif. Elle semble en effet
principalement reposer sur la création d'emplois non-marchands
financés par le budget de l'Etat et résultant pour l'essentiel de
la mise en place des emplois-jeunes. Or il apparaît indispensable que
soit appliquée une autre politique, axée sur la création
d'emplois productifs au sein de l'économie marchande.
Une telle dynamique, comme l'a rappelé votre rapporteur
général, est en effet seule en mesure de résoudre
durablement le problème du chômage en France.
AVANT-PROPOS
Dans le
projet de loi de finances pour 1999, les crédits du ministère de
l'emploi s'élèvent à 161,8 milliards de francs, en
augmentation notable de 4,02 % (à structure comparable) par rapport
à 1998.
Cette progression qui est supérieure à l'augmentation moyenne
des dépenses de l'Etat fixée pour 1999 à 2,3% correspond
à la traduction budgétaire de " mesures phares "
décidées par le gouvernement (réduction du temps de
travail, emplois-jeunes ou lutte contre l'exclusion), sur la pertinence et
l'efficacité desquelles votre commission avait cependant tenu à
émettre des doutes sérieux.
Par ailleurs, une refonte de la nomenclature budgétaire a
intégré au sein de ce budget des crédits concernant des
" mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation
professionnelle ", qui étaient jusqu'alors inscrits au budget des
charges communes pour un montant de 43 milliards de francs en 1998. Votre
rapporteur ne peut que se féliciter d'une telle mesure que votre
commission avait, par souci de cohérence et de lisibilité
appelé, en son temps, de ses voeux.
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE
A. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE
Les dépenses sont à hauteur de 5,7 % consacrées aux moyens de fonctionnement et de 94 % aux dépenses d'intervention. Le montant des dépenses en capital n'est que de 542,8 millions de francs soit moins de 0,4 % de l'ensemble des crédits.
Evolution des crédits pour l'emploi de 1998 à
1999
Budget de l'emploi (à structure constante)
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Titre
III -
Moyens de fonctionnement
|
8 456,9
|
9 172,6
|
+8,46 %
|
Total DO - Total dépenses ordinaires |
155 081,4 |
161 305,8 |
+4,01% |
Titre
V
- Investissements exécutés par l'Etat
|
62,4
|
75
|
+ 20,19 %
|
Total CP - Crédits de paiement |
511,4 |
542,8 |
+ 6,14 % |
Total général |
155 592,8 |
161 848,6 |
+ 4,02 % |
(1)
Dont 43 milliards de francs qui figuraient au sein du budget des charges
communes (chapitre 44-75)
Le titre III
comporte l'essentiel
des moyens de gestion
de la politique de l'emploi
: il s'agit des crédits de
fonctionnement du ministère du travail et de l'Agence nationale pour
l'emploi.
Le titre IV
regroupe les crédits du ministère
consacrés aux
mesures pour l'emploi
qu'il s'agisse de la
formation professionnelle, de l'insertion des jeunes, des aides
apportées aux publics en difficulté ou de la lutte contre le
chômage.
Le titre V
retrace les investissements pris directement en
charge par l'Etat. La dépense concerne presque exclusivement les
services déconcentrés.
Le titre VI
retrace les subventions d'investissement
accordées dans le cadre des contrats de plan Etat-région, ainsi
qu'à l'AFPA et à l'ANPE.
Par souci de clarté, la présentation de ces crédits
reprendra la structure des " agrégats " proposée par
les " bleus budgétaires ", et cela malgré les
éventuelles imperfections de ceux-ci.
Evolution
du poids relatif des différents agrégats
B. UNE DYNAMIQUE DE L'EMPLOI EN QUESTION
La
progression de l'emploi, indéniable au plan quantitatif, apparaît
plus incertaine au plan qualitatif. Elle semble en effet principalement reposer
sur la création d'emplois non-marchands financés par le budget de
l'Etat et résultant pour l'essentiel de la mise en place des
emplois-jeunes. Or, il apparaît à votre rapporteur indispensable
que soit appliquée une autre politique, axée sur la
création d'emplois productifs au sein de l'économie marchande.
Une telle dynamique comme l'a rappelé votre rapporteur
général est en effet seule en mesure de résoudre
durablement le problème du chômage en France.
1. Des créations d'emplois non marchands financées par l'Etat
Les
informations contenues dans les budgets économiques retiennent comme
perspective la poursuite de l'enrichissement du contenu en emplois de la
croissance. Les perspectives pour 1999 intègrent ainsi les effets de la
réduction du temps de travail et des emplois-jeunes. Le point de
croissance représente 111.000 emplois en 1999 contre
91.000 emplois en 1998.
Or, si l'on exclut de ce chiffre les emplois non-marchands, ainsi que les
effets supposés de l'application de la loi sur les 35 heures, on
relève une tendance inverse. En 1999, le nombre d'emplois marchands
créés par point de croissance, passera de 64.516 à 56.666.
Même si l'évolution de ces chiffres, à quelques
unités près doit être relativisée, cette tendance
montre bien que la dynamique de l'emploi dans le secteur marchand demeure
faible. Elle semble aussi indiquer que le phénomène
d'enrichissement de la croissance en emplois serait stoppé en 1999 si
les effets de la réduction du temps de travail ne se
concrétisaient pas.
Ainsi que l'a relevé votre rapporteur général :
"
Il est donc tout à la fois simplificateur et hasardeux de
présenter comme un succès et un fait acquis l'augmentation des
créations d'emplois qui jusqu'à présent résulte
essentiellement de la progression des emplois non
marchands
".
2. Des catégories toujours particulièrement fragiles
Au cours des années 1990, le risque de chômage s'est étendu à l'ensemble de la population active. Il continue néanmoins de concerner plus particulièrement les catégories les plus fragiles comme le souligne le rapport économique, social et financier joint au projet de loi de finances pour 1999 : " la situation du marché du travail reste ainsi marquée par d'importants déséquilibres structurels ".
Décomposition du chômage selon l'âge et le diplôme
(en pourcentage)
|
Part dans la population active |
Part dans le chômage de longue durée |
Part dans le chômage d'une durée inférieure à 1 an |
Jeunes dont : |
8,3 |
9,0 |
23,9 |
Non diplômés |
2,0 |
4,7 |
7,5 |
Autres |
6,2 |
4,3 |
16,4 |
25-49 ans, dont : |
71,7 |
70,0 |
66,7 |
Non diplômés |
16,8 |
31,2 |
21,6 |
Autres |
55,0 |
38,8 |
45,1 |
Plus de 50 ans, dont : |
20,0 |
21,0 |
9,4 |
Non diplômés |
7,8 |
11,1 |
4,7 |
Autres |
12,2 |
9,9 |
4,7 |
Source : INSEE - Enquête emploi 1998
a) Le poids du chômage des jeunes
Malgré les efforts opérés en ce domaine, les jeunes ont de plus en plus de difficultés à trouver un emploi stable : ils alternent souvent périodes de chômage et contrats aidés. Ainsi, 20 % des emplois occupés par les personnes de moins de 30 ans sont atypiques (CDD, intérim, contrats aidés).
b) La situation précaire des plus de 50 ans
En mars 1998, plus de 60 % des chômeurs âgés de plus de 50 ans étaient inscrits depuis plus d'un an : cette situation, tout particulièrement préoccupante, doit être soigneusement étudiée. Il ne faudrait pas que la mise au chômage d'employés expérimentés contribue à alléger la masse salariale en sacrifiant une certaine population et permette de résoudre les problèmes de retraite posés par un système à réformer en profondeur.
c) L'aggravation de la situation des chômeurs de longue durée
L'analyse du chômage démontre qu'il est difficile
de
retrouver un emploi après avoir connu le chômage, ce qui se
traduit par l'accroissement du chômage de longue durée. En juin
1998, 40 % des demandeurs d'emploi, soit un million de personnes,
étaient au chômage depuis plus d'un an.
Par ailleurs, il est de plus en plus difficile de sortir du chômage
à mesure que celui-ci se prolonge. Selon les calculs effectués
par l'ANPE, au bout de deux mois d'inscription au chômage, la
probabilité de retrouver un emploi dans le mois est de 10 %. Cette
probabilité est inférieure à 2 % au-delà d'un
an de chômage.
d) Le fort développement de l'intérim
A la fin
de septembre 1998, 555.000 personnes étaient employées en
intérim, soit une progression de 35,6 % en un an. Cette situation
est confirmée par une étude de l'INSEE qui relève que
70 % des emplois marchands créés entre juin 1997 et juin
1998 étaient des emplois précaires. Ainsi se développe un
sentiment d'insatisfaction chez un grand nombre de salariés dans la
mesure où cette situation est souvent subie plus que choisie.
Ce sentiment est renforcé par le développement du travail
à temps partiel : en 1998, 15,2 % des salariés des
secteurs concurrentiels travaillaient à temps partiel, contre
11,3 % en 1993 et une proportion de plus en plus grande d'entre eux
considèrent qu'ils sont en sous-emploi.
e) L'aggravation de la situation des salariés les moins qualifiés
Le
chômage continue de les toucher tout particulièrement. Les
personnes sans diplôme ont un taux de chômage plus de deux fois
supérieur à celui des personnes possédant le
baccalauréat. De même, le chômage des ouvriers était,
en mars 1998, trois fois supérieur à celui des cadres :
15 % contre 5 %.
Le risque apparaît alors de voir se constituer un " noyau dur "
de personnes durablement exclues de l'emploi marchand.
3. La diminution incertaine du chômage doit être relativisée
a) 11,7% de la population active au chômage
La
progression de l'emploi apparaît au plan quantitatif indéniable,
ce dont votre rapporteur ne peut que se féliciter.
Elle ne peut empêcher la France de connaître des taux de
chômage très supérieurs à ceux de ses principaux
partenaires.
Les chiffres du chômage et de l'emploi
|
Octobre 1998 |
Variation sur 1 mois |
Variation sur 1 an |
Demandeurs d'emploi (catégorie 1) |
2.945,5 |
- 0,3 % |
- 5,0 % |
Demandeurs d'emploi (catégories 1 et 6) 2( * ) |
3.433,6 |
- 0,4 % |
- 3,2 % |
Chômeurs au sens du BIT |
2.996,0 |
- 0,5 % |
- 6,7 % |
Emplois salariés |
13.754 |
+ 0,4 % |
+ 2,2 % |
Offres d'emploi |
217,9 |
- 0,5 % |
+ 1,5 % |
Source : ANPE
Les évolutions récentes restent cependant contrastées : le nombre des demandeurs d'emplois a baissé de 1,4 % en septembre (- 42.900 chômeurs), après avoir augmenté de 1,1 % en août (+ 33.000 chômeurs).
b) Un taux supérieur à la moyenne des grands pays industrialisés
Le taux
de chômage au sens du BIT s'élève à 11,7 % de
la population active. Il demeure plus élevé que la moyenne des
grands pays industrialisés.
C'est ce que la commission européenne avait tenu à relever en
octobre dernier lors d'une communication sur les politiques européennes
de l'emploi :
" l'emploi en France, est plus bas et le
chômage plus élevé que les moyennes de l'Union
européenne ".
c) Des perspectives floues pour 1999
Compte
tenu des hypothèses de croissance émanant du gouvernement,
l'emploi devrait augmenter en 1999 de 300.000 emplois, soit un chiffre
voisin de celui de 1998. Ces créations reposent cependant pour
près de la moitié sur des emplois non marchands correspondant
pour un quart aux emplois jeunes et un cinquième aux effets
escomptés de la réduction du temps de travail (les
35 heures), effets dont la concrétisation reste à
démontrer et dont une présentation sincère devrait
associer aux emplois supplémentaires attendus les destructions d'emplois
liées au financement public de ces mesures.
Il est donc nécessaire de mettre en place une nouvelle dynamique de
l'emploi et d'apporter au marché du travail les réformes
nécessaires comme l'avait proposé avec pertinence le
Président Christian Poncelet, en préconisant la diminution du
coût du travail non qualifié.
C'est par un retour à la confiance des ménages, par le traitement
en profondeur de la précarité de l'emploi que sera
développée une meilleure employabilité de la population
active.
Elle permettra alors de soutenir véritablement une dynamique de
création d'emplois marchands qui est seule en mesure de résoudre
durablement et profondément le problème du chômage en
France.
CHAPITRE II
LE SERVICE PUBLIC DE
L'EMPLOI
Les crédits relatifs à la gestion du service public de l'emploi s'élèvent à 14,20 milliards de francs en progression de 6,8 % par rapport à 1998. Ils représentent 8,8 % de l'ensemble des dépenses de ce budget.
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les dépenses de personnel du ministère (administration centrale et services déconcentrés) évoluent en 1999 de la façon suivante :
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Rémunérations |
1.682,9 |
1.775,8 |
+ 5,5 % |
Pensions |
409 |
415,9 |
+ 1,7 % |
Charges sociales |
156,5 |
194,2 |
+ 24,1 % |
Total |
2.248,4 |
2.385,9 |
+ 6,1 % |
La
progression de 137,5 millions de francs, soit 6,1 %, des
rémunérations d'activité correspond pour l'essentiel
à:
-
la création de 315 emplois
-pour un effectif total
de 9.767 emplois budgétaires au 31 décembre
1998- ; celle-ci représente un coût budgétaire de 56,2
millions de francs et se décompose comme suit :
100 emplois au sein des services déconcentrés du
ministère pour faire face aux charges imposées par les nouvelles
priorités du gouvernement notamment en matière de
réduction de la durée du travail ;
30 emplois d'agents administratifs des services
déconcentrés sont créés dans le cadre de l'accord
sur la résorption de l'emploi précaire dans la fonction
publique ;
185 emplois de contractuels (+ 35,4 millions de francs)
qui constituent la dernière étape du plan visant à
régulariser la situation des "coordonnateurs emploi-formation"
chargés, notamment, de s'occuper de l'encadrement des jeunes dans le
cadre du "crédit formation individualisé" depuis 1989 ; en
contrepartie les crédits qui leur étaient consacrés au
titre des services déconcentrés sont supprimés.
-
la suppression de 100 emplois
d'agent administratif.
-
un ajustement de
60,7 millions de francs,
opéré pour tenir compte de la situation réelle des
personnels dont 38,4 millions de francs au seul titre de l'accord salarial
dans la fonction publique.
- la transformation de 530 emplois pour un coût total de
8,5 millions de francs.
B. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT
Les dépenses de matériel et
fonctionnement
progressent de 2,95 % et atteignent 495,5 millions
de francs et les dépenses diverses baissent de 9,5 % pour
représenter 428,1 millions de francs.
Au sein de ces postes, les principales hausses sont les suivantes :
- Les moyens de fonctionnement de l'administration centrale progressent de
4,6 % et atteignent 347,8 millions de francs, notamment au titre des
dépenses d'informatique (+ 17,4 millions de francs).
- La dotation globale de fonctionnement des services déconcentrés
reste à un niveau identique (388 millions de francs).
En sens inverse :
- Les dépenses de statistiques diminuent de 0,9 % et
s'établissent à 54,92 millions de francs ainsi que les
dépenses de communication : - 0,5 % soit
92,8 millions de francs en raison d'un " effort
d'économie ".
- Les crédits consacrés aux coordonnateurs emploi formation
passent de 79,2 à 34 millions de francs du fait de la
création de 185 emplois contractuels correspondant à la
deuxième tranche du plan de régularisation de leur situation.
- Les crédits consacrés aux élections prud'homales restent
au même niveau : 1,1 million de francs, les élections
ayant lieu en 1997.
Les crédits d'équipement
passent de 62,4 à
75 millions de francs, soit une hausse de 20,19 % en raison de
l'augmentation des crédits d'entretien, de rénovation et
d'extension des locaux des services déconcentrés.
C. LES SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
1. L'Agence nationale pour l'emploi
a) Le contrat de progrès
En 1998
prendra fin le second " contrat de progrès " entre l'Etat et
l'ANPE. Un comité d'évaluation présidé par Mme
Join-Lambert produira un rapport final incluant les observations du rapport de
mi-parcours ainsi que les observations sur les deux années suivantes
autour des trois axes suivants : les interventions en faveur des
entreprises, des demandeurs d'emploi et enfin le développement d'une
politique de partenariat. Cela a notamment permis de clarifier les relations
avec les ASSEDIC auprès desquelles s'opère l'inscription tandis
que l'ANPE se concentre sur son métier : l'emploi.
A ce titre, un effort d'amélioration de la qualité du premier
entretien a été mis en place, axé sur le projet
professionnel du demandeur, son profil professionnel et ses compétences.
Parallèlement, afin d'améliorer le conseil et l'orientation, doit
être mise en oeuvre une nouvelle gamme de services aux demandeurs
d'emploi reposant sur trois " axes d'amélioration ".
Le
contenu du second contrat de progrès entre l'Etat et l'Agence nationale
pour l'emploi
(1995-1998) - Les grands axes
1) Trouver, susciter et satisfaire beaucoup plus d'offres
d'emplois
2) Aider les personnes à mieux chercher et trouver un emploi
3) Développer le partenariat
4) La modernisation de l'Agence
Quelques chiffres
: pour 1997, la " part de
marché " de l'ANPE devrait être de 40% soit l'objectif
fixé par le contrat de progrès. Elle a collecté en 1997
2.574.505 offres d'emploi un chiffre en hausse de 10,6%. Les offres satisfaites
s'élèvent à 2.242.255, en hausse de 9,8% sur
1996.
b) Les crédits pour 1999
Pour
1999, la subvention de fonctionnement augmente de 10,8% pour s'établir
à 5.765 millions de francs et accompagner ainsi le Plan national
d'action pour l'emploi présenté à la suite du conseil de
Luxembourg du 21 novembre 1997
3(
*
)
. Cela se
traduit par
l'extension en année pleine de 500 emplois non
budgétaires créés en 1998 (+ 125 millions de
francs), la création de 500 emplois non budgétaires
(+ 63 millions de francs) et l'accroissement de ses dépenses
d'intervention (+ 175 millions de francs).
Le montant des crédits de paiement inscrits en 1999 est, avec
15 millions de francs en recul de 20 % par rapport à
1998.
2. Les autres organismes
Les subventions aux autres organismes évoluent de la manière suivante :
Evolution des crédits aux autres organismes
|
En millions de francs |
1999/1998 |
Centre d'études de l'emploi |
33,5 |
+ 14,3 % |
Centre d'études et de recherches sur les qualifications |
|
|
Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail |
|
|
Office de protection contre les rayonnements ionisants |
|
|
Autres |
12 |
- 20 % |
TOTAL |
132,1 |
+ 2,2 % |
L'augmentation des crédits de l'OPRI correspond à hauteur de 1,9 million de francs à la mise en place d'un système d'exploitation des données de dosimétrie.
3. L'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA)
La contribution de l'Etat versée à l'AFPA représente 4.452 millions de francs en progression de 3,6 % par rapport à 1998. La subvention de fonctionnement augmente de 3 % pour représenter 4.128 millions de francs et les moyens en capital qui s'élèvent à 324 millions de francs progressent de 10,05 %. Dans le cadre du contrat de progrès, les liens avec l'ANPE ont été renforcés, celle-ci se concentrant sur l'information des demandeurs d'emploi.
CHAPITRE III
LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
Les
crédits relatifs à la formation professionnelle
s'élèvent à 26,42 milliards de francs en progression
de 5,3 % par rapport à 1998. Ils représentent 16,3 % de
l'ensemble des dépenses de ce budget.
Ils sont regroupés au sein d'un nouvel agrégat, qui constitue la
traduction budgétaire de la nomination le 30 mars 1998 d'une
secrétaire d'Etat à la formation professionnelle
4(
*
)
.
Les crédits destinés à la formation professionnelle
s'articulent autour de trois grands pôles :
- d'une part la formation en alternance qui est réalisée dans le
cadre d'un contrat de travail et allie formation théorique et
professionnelle;
- d'autre part les actions de formation à la charge de l'Etat : il
s'agit d'actions de portée générale financées et
organisées par l'Etat;
- et enfin les dotations de décentralisation.
De plus la régionalisation de la formation professionnelle
s'achève : la décentralisation des actions
pré-qualifiantes permet aux régions d'exercer désormais en
totalité à compter du 1er janvier 1999 leur compétence en
matière d'insertion professionnelle des jeunes
5(
*
)
.
A. LA FORMATION EN ALTERNANCE
Les crédits augmentent globalement de 9,4 % passant de 11,5 milliards de francs à 12,6 milliards de francs pour 1999.
1. Les contrats d'apprentissage
L'aide
de l'Etat aux contrats d'apprentissage prend la forme d'exonérations de
l'ensemble des charges sociales sur les contrats et d'aides directes
versées à l'entreprise dans le cadre de la loi du 6 mai
1996 : prime de 6.000 francs par apprenti, et versement d'une
indemnité de soutien à la formation (de 10.000 à
12.000 francs).
En 1998, l'ensemble de ces crédits avait été fixé
à 9.319,66 millions de francs puis diminué de
500 millions de francs par le gouvernement lors de l'examen à
l'Assemblée nationale. Par ailleurs, lors du vote du projet de loi
portant DDOEF, fut institué un prélèvement exceptionnel de
500 millions de francs sur les fonds de la formation professionnelle en
alternance destiné à compenser cette réduction.
Le nombre de nouveaux contrats estimé en loi de finances initiale pour
1998 à 240.000 ne devrait être que de 210.000 en 1998. Leur nombre
a par ailleurs été fixé pour 1999 à 230.000. Cette
tendance à la diminution des entrées en stage effectives devrait
se poursuivre compte tenu de la limitation des crédits en 1999 de 9,3
à 9,2 milliards de francs, soit - 0,7% se répartissant
en 4,66 milliards de francs pour les primes et 4,59 milliards de
francs pour les exonérations. Cette baisse est même de 5,7 %
si l'on intègre le prélèvement de 500 millions de
francs effectué en 1998 qui a, de facto, abondé, nonobstant le
principe d'universalité budgétaire, les crédits des primes
d'apprentissage.
Par ailleurs l'article 80 du présent projet de loi prévoit
à compter du 1
er
janvier 1999 de recentrer les primes
d'apprentissage sur les jeunes qui ont le plus de difficulté à
accéder au marché du travail. Cette disposition qui consiste
à réaliser une économie budgétaire dans un secteur
celui de la formation en alternance déjà touché par de
tels mouvements ne peut être acceptée par votre commission qui
vous proposera en conséquence d'adopter un amendement de suppression de
ce dispositif. Cette position est d'ailleurs partagée par le rapporteur
spécial de l'assemblée nationale pour les crédits de la
formation professionnelle :
" L'apprentissage est un maillon
essentiel de notre dispositif de formation professionnelle. Il pourrait
être possible de trouver ailleurs le financement nécessaire aux
actions menées par le gouvernement "
.
L'article 75 de la loi portant DDOEF
Institution d'un
prélèvement sur l'Association de gestion du Fonds des formations
en alternance (AGEFAL)
Lors de
la discussion de cet article, la commission des finances du Sénat avait
tenu à rappeler au nom d'une bonne gestion des finances publiques son
opposition de principe aux prélèvements sur les
trésoreries d'organismes publics ou parapublics.
Elle avait également souligné que ce prélèvement ne
réglait en rien la question de fond qui est celle du financement de la
formation professionnelle et tenu à ce que M. le secrétaire
d'Etat au budget s'engage explicitement quant à l'affectation de ces
sommes.
Par ailleurs, votre rapporteur ne peut qu'émettre les plus vives
réserves devant la volonté affichée par le gouvernement de
procéder à nouveau en 1999, à un nouveau
prélèvement de 500 millions de francs sur les OPCA afin de
financer les primes des contrats d'apprentissage. Ce prélèvement
est seulement évoqué en une ligne dans le bleu
budgétaire qui indique qu'il s'opérerait sous la forme d'un
fonds de concours. Votre rapporteur attend du ministre, compte tenu de l'enjeu
de cette question, qu'il apporte au Parlement toute précision en ce
domaine.
2. Les contrats de qualification-jeunes
L'aide
de l'Etat à la formation en alternance dans le cadre des contrats de
qualification -qui s'effectue à l'école et dans l'entreprise et
doit mener à une qualification reconnue - prend la forme
d'exonération de charges sociales aux entreprises. La dotation
prévue pour 1999 augmente de 20,9% après une diminution de 23,8%
en 1998 et s'établit à
2.607,9 millions de
francs
: le nombre d'entrées prévu est de 130.000, pour
110.000 en 1998 alors que 100.000 étaient prévus initialement.
La dotation pour les primes de qualification est de 343 millions de
francs. Celles-ci font l'objet pour la première fois d'une
budgétisation en loi de finances. Elles n'apparaissaient jusqu'alors
qu'en cours de gestion sans bénéficier initialement de
crédits inscrits.
3. Les contrats de qualification-adultes
Prévus dans le cadre de la lutte contre les exclusions,
100 millions de francs sont affectés aux primes et
248 millions aux exonérations de charges sociales. Les montants
sont inférieurs à ceux affichés par le gouvernement lors
de l'examen de ce projet de loi : il entendait y consacrer
624 millions de francs en 1999, et 1.494 millions de francs en 2000.
Les objectifs sont de 5.000 en 1998 et seront portés à 10.000 en
1999. Ces contrats sont destinés aux adultes de plus de 25 ans au
chômage depuis plus de 6 mois.
B. LA FORMATION DES SALARIÉS À LA CHARGE DE L'ÉTAT
Les crédits consacrés aux actions de formation à la charge de l'Etat représentent 5.995,25 millions de francs en 1999 contre 5.919,22 millions de francs en 1998 (+ 1,3 %).
1. Les dépenses de fonctionnement de la formation professionnelle
Elles baissent de 0,8 % pour s'établir à 1.334,37 millions de francs en 1998.
a) La politique contractuelle
Les
crédits baissent de 19 %, passant de 399 à 335 millions
de francs en 1998.
Cette politique repose notamment sur les accords d'engagement de
développement de la formation professionnelle, négociés
entre l'Etat et les organisations professionnelles, afin d'appuyer les plans
d'adaptation aux mutations technologiques.
b) Les contrats de plan Etat-Régions (CPER)
Les contrats de plan Etat-Régions permettent des actions conjointes, dans le cadre du XIe Plan (1994-1999), dans les domaines de la formation continue, en alternance, et de l'apprentissage : les crédits progressent de 2 % et atteignent 405,41 millions de francs. Ces contrats comprennent par ailleurs des crédits au titre du financement des dépenses d'investissement d'organismes privés et des Centres de formation des apprentis.
c) Les autres dispositifs
Il
s'agit de formations financées par le FFPPS
6(
*
)
destinées, soit à des publics
défavorisés, soit à développer la promotion sociale
au sein des entreprises, ou d'aides versées à des organismes de
formation ou d'information sur la formation.
Ces crédits progressent de 8,19 % et représentent
593,96 millions de francs.
Les principales hausses portent sur les actions catégorielles
(illettrisme, jeunes détenus, handicapés) qui représentent
99,6 millions de francs (+38,4 %) et les actions pour les jeunes
restant à la charge de l'Etat, soit 30,3 millions de francs
(+37,8 %).
2. Les dépenses de rémunération
- La
rémunération des stagiaires suivant des
formations financées par l'Etat
|
|
3. Les dépenses d'investissement dans la formation professionnelle
Il s'agit des dotations en capital du programme national de formation professionnelle et de celles figurant dans les CPER : 107,84 millions de francs (+ 1,3 %).
C. LES DOTATIONS DE DECENTRALISATION
L'actualisation se fait par rapport à la dotation globale de décentralisation (+ 2,77924%).
- L'application de la loi du 7 janvier 1983 |
|
- La loi quinquennale du 20 décembre 1993 |
|
- Les actions pré-qualifiantes |
1.353 millions de francs
|
1. L'application de la loi du 7 janvier 1983
Cette
loi complétée par celle du 23 juillet 1987 portant réforme
de l'apprentissage, transfère la compétence de droit commun en
matière de formation professionnelle continue et d'apprentissage et vise
par ailleurs à compenser l'allongement de la durée des formations
en Centre de formation des apprentis.
Les crédits s'élevant à 3.315 millions de francs dont 107
millions de francs au titre de la loi du 23 juillet 1987.
2. La loi quinquennale du 20 décembre 1993
Cette
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle pose le principe de la décentralisation des
actions de type qualifiant pour les jeunes de 16 à 25 ans à
compter du 1
er
juillet 1994.
Elle comporte une dotation globale calculée à partir des
dépenses des régions au titre du fonctionnement des actions de la
rémunération des stagiaires, et des frais de gestion des
conventions. Cette dotation représente 1.847 millions de francs en
1999. Elle est complétée par une enveloppe de
rééquilibrage géographique versée sur des
critères d'aménagement du territoire pour compenser les
coûts supplémentaires des actions de formation en milieu rural.
Son montant est de 55,6 millions de francs en 1999.
3. La décentralisation des autres actions
Depuis
le 1
er
janvier 1999, toutes les actions pré-qualifiantes, de
mobilisation ainsi que les mesures d'accompagnement sont
décentralisées aux régions. Entre 1994 et 1999, les
crédits avaient fait l'objet de délégations de
compétence qui permettaient aux régions d'anticiper ainsi sur ce
mouvement de décentralisation. En 1998 l'Etat, du fait des conventions
déjà signées, ne conservait la gestion directe que dans
trois régions.
Les crédits représentent 2.643 millions de francs dont
1.353 millions de francs au titre des dépenses de fonctionnement et
1.289 millions de francs pour les rémunérations.
En conséquence, à partir du 1
er
janvier 1999,
l'ensemble du dispositif de formation continue des jeunes sera de la
compétence des régions.
CHAPITRE IV
L'AIDE AU DÉPART ET
L'INDEMNISATION
Les
crédits relatifs à l'aide au départ
s'élèvent à 16,84 milliards de francs en diminution
de 21,3 % par rapport à 1998. Ils représentent 10,4 %
de l'ensemble des dépenses de ce budget.
Ces mesures sont destinées à apporter des revenus de remplacement
et concernent trois domaines:
- l'encouragement au départ en préretraite des salariés
dans le cadre de plans sociaux ;
- l'indemnisation, par l'intermédiaire du Fonds de
solidarité, des chômeurs en fin de droits ;
- le financement au profit des régimes complémentaires de
l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans.
A. LES DÉPENSES DE PRERETRAITE
Evolution des crédits
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Les " préretraites " du FNE |
8.302,7 |
4.844 |
- 41,7 % |
Les " préretraites " progressives |
3.076,3 |
1.998 |
- 35,1 % |
Mesures particulières |
1.163,1 |
865,9 |
- 25,5 % |
TOTAL |
12.542,1 |
7.707,9 |
- 38,5 % |
La contribution de l'Etat au financement des préretraites baisse de
4,5 milliards de francs, passant de 11,3 milliards de francs à
6,8 milliards de francs en 1999.
Cette diminution de 38,5 %
représente une économie de 4,83 milliards de francs.
Les préretraites FNE
mises en place dans le cadre de plans
sociaux, à compter de 57 ans sont cofinancées par l'Etat et
les entreprises. La diminution des crédits est due à la
diminution du nombre d'entrées (18.000 contre 20.000 ). Selon les
informations communiquées à votre rapporteur, cette
réduction tient compte
" d'une part d'un objectif de
maîtrise des mesures d'âge ainsi que de la priorité
donnée aux reclassements internes et notamment à l'aide à
la réduction du temps de travail, d'autre part d'une contribution plus
importante des entreprises qui bénéficient de mesures pour les
salariés âgés ".
Les préretraites progressives
: cofinancées
par l'Etat et l'employeur, elles visent à favoriser le passage à
mi-temps des salariés âgés d'au moins 55 ans afin
d'éviter des licenciements ou permettre des embauches. Outre leur
salaire d'activité versé par leur employeur, les salariés
concernés perçoivent une allocation de préretraite
progressive prise en charge par l'Etat.
En 1999, le nombre de bénéficiaires devrait diminuer passant de
20.000 à 18.000
7(
*
)
et représenter
une dépense évaluée par l'Etat à
1.998 millions de francs.
Les mesures particulières
: il s'agit essentiellement
des conventions de la sidérurgie en voie d'extinction progressive depuis
1991. Le montant des crédits demandés pour 1999 est de
865,9 millions de francs en diminution de 25,5 %.
B. LES DÉPENSES D'INDEMNISATION
Ces dépenses évoluent en 1999 de la manière suivante :
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
99/98 |
Subvention à l'ASF
|
708,4
|
714,8
|
+ 0,8 %
|
TOTAL |
8.823,4 |
9.103,8 |
+ 3,2 % |
La subvention à
l'Association pour la gestion de la structure
financière (ASF),
qui correspond à la participation de l'Etat
aux coûts pour les régimes complémentaires de l'abaissement
de l'âge de la retraite à 60 ans, s'élève
à 714,8 millions de francs et évolue en fonction de l'indice
des prix conformément à une convention signée le 28 avril
1997 pour une durée de 4 ans.
La subvention au
fonds de solidarité
qui assure
l'indemnisation des chômeurs en fin de droits (cofinancée avec la
contribution de 1 % de solidarité des fonctionnaires) progresse de
3,4 %, en raison de la revalorisation de l'allocation de solidarité
spécifique et de l'allocation d'insertion
8(
*
)
ainsi que de la mise en place de l'allocation
spécifique d'attente (l'ASA).
CHAPITRE V
L'ACTION EN FAVEUR DES PUBLICS
PRIORITAIRES
Cette
action recouvre l'ensemble des crédits consacrés aux jeunes, aux
publics en difficulté et aux handicapés.
Les crédits relatifs à l'action en faveur des publics
prioritaires s'élèvent à 49,06 milliards de francs en
progression de 6,7 % par rapport à 1998. Ils représentent
30,3 % de l'ensemble des dépenses de ce budget.
A. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES JEUNES
Ces crédits progressent de 71,5 % et atteignent 14,4 milliard de francs. Ils correspondent pour l'essentiel à la mise en place des emplois jeunes.
1. Le réseau d'accueil et TRACE
Les
subventions versées par l'Etat aux missions locales et
permanences-accueil-information-orientation (PAIO), progressent en 1999 de
15,7 % et atteignent
416,4 millions de francs
en raison du
renforcement du réseau d'accueil des jeunes. Par ailleurs, en
application de la loi d'orientation de lutte contre les exclusions,
90,5 millions de francs auxquels s'ajoutent 30,5 millions de francs
pour leur couverture sociale, sont destinés à la mise en place du
programme TRACE, d'une durée de 18 mois, et destiné aux
jeunes en grande difficulté.
Ce dispositif doit concerner 10.000 jeunes en 1998, et 40.000 en
1999.
2. Les emplois-jeunes
Le
budget de 1999 prévoit l'inscription de
13,920 milliards de
francs
correspondant au financement de la loi du 16 octobre 1997.
L'Etat fournit une aide par emploi égale à 80 % du SMIC
charges sociales comprises -soit 93.840 francs en 1999- pour des contrats
de droit privé conclus avec des associations ou des collectivités
locales en vue de répondre à des besoins non satisfaits ou
émergents.
On rappelle par ailleurs que l'objectif fixé par le gouvernement est de
350.000 emplois créés à terme, d'un coût
unitaire à la charge du budget de l'emploi de 93.840 francs par an.
Cela représentera donc un coût en année pleine de
32,8 milliards de francs à la charge de l'Etat.
Coût budgétaire des emplois-jeunes dans le
projet de loi de finances pour 1999
(en millions de francs)
Budget |
Montant (en millions de francs) |
Observations |
Emploi (chapitre 44-01) |
13.795 |
Crédits de rémunération |
|
125 |
Mesures d'accompagnement |
|
13.920 |
|
Enseignement scolaire |
|
|
Chapitre 36-71 |
976,5 |
Financement de 56.600 emplois-jeunes (moyens nouveaux) |
Chapitre 36-10 |
8 |
Formation des emplois-jeunes (CNED)(moyens nouveaux) |
Chapitre 43-02 |
78,6 |
Financement de 3.000 emplois-jeunes (moyens nouveaux) |
|
1.063,1 |
|
Enseignement supérieur (chapitre 36-11) |
|
Rémunération de 400 emplois jeunes-docteurs (moyens nouveaux) |
Outre-Mer (chapitre 44-03) |
445 |
dont 380 millions de francs en provenance du budget de l'emploi |
Intérieur |
|
|
Chapitre 31-96 |
275,8 |
8.250
adjoints de sécurité
|
Chapitre 34-41 |
221,8 |
et 7.600 en PLF 1999 |
|
497,6 |
|
TOTAL |
15.932,6 |
|
Cette
aide devrait atteindre 100 % pour les emplois jeunes recrutés
directement par l'Etat à l'Education nationale, ou à
l'Intérieur.
Les emplois jeunes devraient compter 150.000 bénéficiaires
d'ici la fin de 1998. L'objectif est de 250.000 emplois fin 1999.
Une partie de ceux-ci doit être affectée à la lutte contre
les exclusions (en principe 20 % de ces contrats).
En contrepartie, le dispositif des emplois-ville est progressivement
supprimé. Etant considéré comme devant être
absorbé par le dispositif plus général -car non
zoné - des emplois jeunes
9(
*
)
,
ses crédits sont de 140 millions de francs en 1999, contre
414 millions de francs en 1998 et 1 milliard de francs en 1997.
La mise en oeuvre des emplois jeunes d'après le gouvernement
Au
30 septembre 1998, 138.250 emplois ont été
créés dans le cadre du programme "Nouveaux service-Emplois
jeunes" :
- 70.000 dans les associations, les collectivités locales et les
établissements publics ;
- 60.000 dans l'Education nationale ;
- 8.250 dans la Police nationale.
Dans le cadre des 138.250 emplois créés, 88.855 jeunes ont
déjà été embauchés et 20.000 sont en cours
de recrutement au sein de l'Education nationale :
- 46.600 dans les associations, les collectivités locales et les
établissements publics ;
- 36.000 déjà recrutés dans l'Education
nationale ;
- 6.255 dans la Police nationale.
Alors que les embauches de 1997 et début 1998 étaient
pratiquement toutes concentrées dans l'Education nationale et la Police
nationale, les associations, les collectivités territoriales et les
établissements publics ont depuis pris le relais.
La montée en charge du programme permettra d'atteindre en novembre les
150.000 créations d'emplois.
B. LES ACTIONS EN FAVEUR DES PUBLICS EN DIFFICULTÉ
Principales évolutions des crédits
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Contrat retour à l'emploi |
162 |
412 |
+ 153 % |
Programme chômage longue durée |
3.316 |
3.114 |
- 6,1 % |
FNE cadre |
227 |
102 |
- 55,1 % |
Insertion par l'économique |
348 |
746 |
+ 114,1 % |
Contrats
initiative emploi
|
7 114
|
3 498
|
- 50,7 %
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
11.607 |
9.904 |
- 14,7 % |
Emplois consolidés (CEC) |
3.144 |
5.250 |
+ 67 % |
Emplois ville |
414 |
141 |
- 66 % |
1. Le contrat initiative emploi (CIE)
Contrat
du secteur marchand recentré en 1997 sur les publics les plus en
difficulté
10(
*
)
, le CIE voit à
nouveau ses moyens diminuer de plus d'un quart et s'établir à
9,5 milliards de francs
: le nombre d'entrées
prévu en 1999 est de 180.000 au lieu de 200.000 en 1998 en raison des
effets de la croissance et d'une plus grande sélectivité.
Le montant des primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation
et aide au tutorat) diminue de 51 % en raison de la diminution des prix et
de la prise en compte du taux de rupture des conventions CIE. L'économie
de constatation ainsi générée est de 3,6 milliards de
francs et contribue de façon substantielle au
"
recentrage
" mis en place par le ministre. Le montant des
crédits au titre de l'exonération des charges patronales de
sécurité sociale reste identique en 1999 :
6.002 millions de francs.
A leur création, à partir du 1
er
juillet 1995, les CIE
ont remplacé les contrats de retour à l'emploi. Le solde de ces
contrats continue d'être financé au titre des exonérations
pour un montant de crédits de 412,5 millions de francs en
1999.
2. Les contrats emplois-solidarité et emplois-consolidés : CES et CEC
Les CES
sont des contrats à durée déterminée à
mi-temps d'une durée de 3 à 12 mois visant à la
réinsertion de demandeurs d'emploi de longue durée ou de
personnes en difficulté, embauchés pour des activités
répondant à des besoins collectifs non satisfaits par des
collectivités locales ou le secteur privé non lucratif.
Créés en 1992, les CEC étaient mis en place à
l'issue d'un CES. Ce sont des contrats aidés permettant de
pérenniser dans le secteur non-marchand la situation des publics les
plus prioritaires issus des CES. Ils bénéficient d'un taux de
prise en charge dégressif sur cinq ans : 60 % la
première année, 20 % la cinquième.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions du
29 juillet 1998 a fait évoluer ces dispositifs pour un coût
estimé à 2,9 milliards de francs.
Les crédits des CES diminuent de 14,7 % soit une économie de
1,7 milliard de francs en raison de leur " recentrage " sur les
publics prioritaires. Le nombre de ces contrats passe de 450.000 en 1998
à 425.000 en 1999, dont 75 % (318.700 contrats) seront
désormais ciblés sur les publics prioritaires tandis que sera
renforcé leur caractère transitoire afin de permettre un retour
à l'emploi à moyen terme. Ils sont ainsi conçus comme un
" sas vers l'emploi marchand ".
Les crédits des emplois-consolidés qui ne sont plus
réservés aux seuls publics sortant des CES progressent de
67 % : 60.000 contrats sont budgétisés en 1999,
soit le double de 1998. Ils représentent 5.250 millions de francs,
dont 1.874 millions de francs au titre de la lutte contre les
exclusions.
3. La loi de lutte contre les exclusions
Le montant des crédits nouveaux au titre de cette loi de lutte contre les exclusions est selon le chiffrage de votre commission de 5,4 milliards de francs. Les crédits tels qu'ils figurent dans le présent budget concernent principalement la mise en place du programme TRACE, le développement des CEC, l'affectation de 20 % des emplois jeunes, le recentrage des CES sur les publics les plus en difficulté ou l'aide à la création d'entreprises. Cette loi avait été précédée par la mise en place d'un fonds d'urgence sociale en début d'année.
La mise en place du fonds d'urgence sociale
Le récent rapport de Mme Join-Lambert au Premier ministre se montre assez critique sur le fonds d'urgence sociale mis en place au début de l'année 1998 en faveur des chômeurs, qui a été abondé de 1 milliard de francs par un décret d'avance en date du 16 janvier 1998. Par le biais de ce fonds, des sommes importantes ont été dépensées en un temps record, sans critères d'attribution définis, sans examen sérieux des cas individuels et sans conditions au risque de déstabiliser le travail de terrain accompli depuis des années par les intervenants sociaux.
4. Les stages pour chômeurs de longue durée
Il
s'agit principalement des Stages d'Insertion et de Formation à l'Emploi
(SIFE) qui peuvent être à accès individuel ou à
entrées collectives et sont destinés aux chômeurs de longue
durée ou menacés par le chômage de longue durée pour
lesquels un besoin de formation a été diagnostiqué.
Le nombre d'entrées dans ces stages a été réduit de
200.000 à 175.000 et les dépenses baissent de 6,1 % pour
s'établir à 3.114,54 millions de francs. Elles se
répartissent entre 1.632,9 millions de francs de dépenses de
fonctionnement et 1.481,5 millions de francs de dépenses de
rémunération.
C. LES ACTIONS EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
En 1999, les crédits consacrés aux travailleurs handicapés progressent de 4,3 % pour représenter 5.458 millions de francs, principalement sous l'effet de la hausse de la garantie de ressources qui s'établit en 1999 à 5.199 millions de francs . Cette augmentation correspond à la création de 2.000 places dans les centres d'aide par le travail, et de 500 places en atelier protégé.
CHAPITRE VI
LA PROMOTION DE L'EMPLOI
Sous
cette présentation sont désormais regroupés des
crédits qui jusqu'alors relevaient pour partie du budget des charges
communes, au titre de l'allégement du coût du travail.
Cet agrégat comporte également les crédits
afférents à la réduction du temps de travail, ainsi
qu'à la promotion de l'emploi ou à l'accompagnement des
restructurations.
Les crédits relatifs à la promotion de l'emploi
s'élèvent à 55,33 milliards de francs en progression
de 11,1 % à structure constante par rapport à 1998. Ils
représentent 34,2 % de l'ensemble des dépenses de ce
budget.
A. LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
1. La loi du 13 juin 1998 (" 35 heures ")
Le
gouvernement a mis en place une incitation financière pour les
entreprises qui négocieront le passage à 35 heures avant le
1
er
janvier 2000, tout en créant ou préservant
des emplois. Cette incitation sera un abattement forfaitaire des cotisations
sociales employeurs : 9.000 francs par salarié d'ici à
la fin 1998, puis 1.000 francs de moins chaque année.
Cette mesure qui a fait l'objet en 1998 d'une provision de 3 milliards de
francs, inscrite sur les crédits relatifs à l'allégement
des charges sur les bas salaires, voit ses crédits portés pour
1999 à 3,7 milliards de francs dont 200 millions de francs au
titre des aides au conseil.
Par ailleurs, il convient de remarquer que le coût brut budgétaire
de cette mesure est estimé à 7 milliards de francs en 1999,
auxquels s'ajoutent les 200 millions de francs au titre des aides au conseil.
Or il ressort des informations obtenues par votre rapporteur que la
moitié de ce coût brut, soit 3,5 milliards de francs a
été mis à la charge des régimes de
Sécurité sociale, au titre du " recyclage des
économies que feront les régimes sociaux " et cela sans
fondement juridique et en contradiction avec les principes posés par la
loi du 25 juillet 1994.
En outre, votre rapporteur tient à rappeler que la Commission des
affaires sociales avait estimé le coût brut des 35 heures
à 13,5 milliards
en première année
et à
36 milliards en deuxième année et cela sur la base de
450.000 emplois crées
11(
*
)
.
2. La loi du 11 juin 1996 (Loi de Robien)
Cette loi a été remplacée par la loi du 13 juin 1998. Les crédits afférents pour 1999 s'élèvent cependant à 3.053 millions de francs, contre 2.139 millions de francs, afin d'honorer les conventions conclues antérieurement à l'application de la nouvelle loi, et qui prévoyaient une aide étalée sur sept ans.
B. L'ALLEGEMENT DU COÛT DU TRAVAIL
Les
crédits consacré à l'allégement du coût du
travail représentent pour 1999, 45,86 milliards de francs contre
41,62 milliards de francs soit une progression de 4,24 milliards de
francs (+10,2 %).
Cette forte progression semble correspondre intégralement à la
remise à niveau des crédits destinés au financement de la
ristourne dégressive fusionnée que le gouvernement avait
réduit arbitrairement de 3 milliards de francs dans le projet de
loi de finances pour 1998 afin de constituer une provision destinée
à financer la mise en place de la loi sur les 35 heures.
Votre commission s'était opposée à cette ponction et
à la sous-estimation des crédits qui en résultaient,
nonobstant les très fermes déclarations en sens contraire du
ministre.
En effet la ristourne dégressive fusionnée constitue
un moyen simple et efficace de contribuer à la création d'emplois
dans le secteur marchand et, partant, de lutter contre le chômage.
L'intérêt des baisses de charges sociales : le
rapport Piketty
Les créations d'emploi en France et aux
Etats-Unis :
" Services de proximité " contre
" petits boulots " ?
Cette
étude repose sur une comparaison entre les structures d'emplois par
secteur d'activités, notamment dans le domaine des services, en France
et aux Etats-Unis où de fortes divergences en matière de
création d'emplois sont apparues au cours des 25 dernières
années.
Ainsi en 1970, les Etats-Unis et la France avaient un taux d'emploi identique,
de l'ordre de 64%. En 1996, alors que ces deux pays avaient connu un taux de
croissance annuel similaire, ce taux s'élevait à 58,5 % en
France et à 73,6 % aux Etats-Unis, soulignant l'importance des
différences affectant le processus de création d'emplois.
Si la logique des besoins dans les services semble la même, des
différences importantes existent notamment dans le commerce et
l'hôtellerie-restauration. Si le taux d'emploi, en France, était
le même, dans ces deux secteurs que celui existant aux Etats-Unis, elle
compterait en effet 2,8 millions d'emplois supplémentaires. Une
explication de cette différence basée sur des facteurs culturels
semble peu pertinente, dans la mesure où le décrochage entre les
deux pays dans le milieu des années 1970 a coïncidé avec
l'apparition d'un coût du travail peu ou pas qualifié
supérieur en France à celui existant aux Etats-Unis. Or dans le
domaine des services, la demande de travail peu ou pas qualifié est
beaucoup plus élastique, par rapport à son coût, que dans
d'autres secteurs.
Evoquant la question de la baisse du coût du travail peu ou pas
qualifié, ce rapport estime que des mesures allant en ce sens devraient
être appliquées de façon générale, ainsi que
sur une longue période afin de présenter une efficacité
optimale.
Il est ainsi regrettable que le programme de réduction du
coût du travail mis en place en France en septembre 1995 ait
été remis en cause dès le printemps 1997 alors qu'aux
Etats-Unis les créations d'emplois s'inscrivent dans une tendance de
long terme, relativement indépendante des alternances politiques.
Cette étude avait été publiée en
décembre 1997 par les Notes de la Fondation Saint-Simon. Eu égard
à son intérêt la Commission des Finances du Sénat
avait tenu à en entendre l'auteur dès le début du mois de
février 1998.
A cette occasion M. Piketty avait rappelé que le salaire minimum, ainsi
que le taux de travail à temps partiel étaient pratiquement
identiques dans les deux pays. En revanche, le système de protection
sociale constituait un élément essentiel de différence,
les Etats-Unis n'offrant qu'une couverture sociale très faible aux
salariés peu rémunérés. De ce fait, pour maintenir
en France le niveau actuel de protection sociale, les mécanismes de
solidarité devaient être accrus et repensés, notamment en
déplaçant le poids des charges sociales des bas vers les hauts
salaires. Ainsi la croissance américaine a-t-elle provoqué
l'apparition simultanée d'emplois peu et hautement qualifiés,
alors que l'économie française n'a créé que des
emplois hautement qualifiés, sans passer par la phase de
créations intensives d'emplois précaires et peu
rémunérés.
Il avait également indiqué que la loi relative aux de
35 heures, dont l'approche était différente de celle
concernant la baisse du coût du travail peu qualifié, était
susceptible de créer des emplois car elle s'inscrivait dans une logique
de temps partiel, qui avait déjà permis en dix ans la
création d'un million d'emplois de ce type en France mais qu'il
était probable que le passage aux 35 heures entraînerait un
gel salarial durable.
1. La ristourne dégressive des cotisations sociales patronales sur les bas salaires
Lors de
l'examen du projet de loi de finances pour 1998, votre commission
s'était élevée contre la volonté du gouvernement
d'amenuiser la ristourne dégressive sur les bas salaires, notamment en
abaissant le plafond des salaires éligibles à 1,3 SMIC.
Dans ce cadre, le Sénat, en adoptant le 29 juin 1998 la proposition
de loi déposée par M. Christian Poncelet, avait tenu
à manifester son attachement à un tel dispositif et sa
volonté d'en étendre le champ eu égard à ses effets
bénéfiques sur l'emploi.
Elle ne peut que se féliciter de la progression de 11,8 % des
crédits, qui s'élèvent à 43 milliards de
francs. Cette forte hausse permettra par ailleurs de pallier l'insuffisance des
dotations antérieures que l'on peut estimer à 2,8 milliards
de francs.
Elle a été de facto confirmée par le ministre qui lors de
son audition par votre commission estimait que "
la prévision de
dépenses de 43 milliards de francs pour 1999 était
cohérente avec la prévision de 41,5 milliards de francs de
dépenses pour 1998
".
Votre rapporteur s'étonne cependant de la cohérence d'ensemble de
ces chiffrages et de leurs très fortes variations. En effet, dans le
projet de loi de finances rectificative pour 1998 figurent 5,6 milliards
de francs de crédits au titre du " rattrapage " des
exonérations de charges sur les bas salaires, soit un montant
sensiblement plus important que celui que laissait entrevoir le ministre pour
1998. En effet, en prévoyant des dépenses de 41,5 milliards
de francs, elle sous-entendait que ce rattrapage, par rapport à une
dotation initiale de 38,7 milliards de francs, ne serait que de
2,8 milliards de francs, soit la moitié du chiffre figurant dans le
collectif pour 1998.
Il apparaît donc indispensable que des compléments
d'information précis soient apportés en ce domaine au
Sénat.
2. Les autres exonérations
a) Les exonérations sur les bas salaires
Il
s'agit d'une part de l'exonération des charges dans les DOM
résultant de la loi du 25 juillet 1994 dont le montant est porté
de 705 millions de francs
12(
*
)
à
1 milliard de francs.
Par ailleurs bénéficiaient de l'exonération de cotisations
d'allocations familiales certaines catégories d'employeurs auxquels la
ristourne dégressive ne s'appliquait pas : ceux situés en
zone de revitalisation rurale, ceux relevant de régimes spéciaux
de sécurité sociale ou au tire des " entreprises
nouvelles ".
L'article 81 du projet de loi de finances pour 1999 vise à supprimer ces
exonérations au titre de la rationalisation des aides à l'emploi.
Votre commission ne peut que marquer sa surprise devant une telle disposition
qui vient contredire la pérennisation d'un dispositif votée lors
de la précédente loi de finances et soutenue par votre
commission. Cette suppression apparaît à votre commission tout
à la fois inopportune et précipitée.
Elle ne semble
pas, par ailleurs, être satisfaisante au plan de la technique
juridique.
En conséquence, et quelque puisse être
l'intérêt d'une rationalisation de ce dispositif d'aide elle vous
demandera d'adopter un amendement de suppression de cet article.
b) Les autres exonérations
Elles concernent soit des zones économiques en difficulté ( 1,4 milliard en progression de 400 millions de francs), soit présentent un caractère spécifique (presse locale, travailleurs indépendants ou les avantages en nature des cafés restaurants). Leur progression est de 11,45 % et elles s'établissent à 465,2 millions de francs.
C. LA PROMOTION DE L'EMPLOI
Les crédits progressent de 40,4 % pour représenter 562 millions de francs. Ils figurent au chapitre 44-79 et concernent des aides à l'ingénierie ainsi qu'au diagnostic conseil notamment au titre de l'encouragement au développement d'entreprises. Ces crédits augmentent de 200 millions de francs après avoir été étendus par la loi de lutte contre les exclusions aux bénéficiaires de minima sociaux.
D. L'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS
La dotation diminue de 18,9 % et s'établit à 2.150 millions de francs pour 1999 : il s'agit de l'aide publique au chômage partiel, des conventions de conversion, de la dotation globale déconcentrée de restructuration et des allocations temporaires dégressives.
CHAPITRE VII
LES ARTICLES
RATTACHÉS
A. L'ARTICLE 80 : LE RECENTRAGE DES PRIMES D'APPRENTISSAGE
Depuis
la loi du 27 juillet 1993 relative au développement de
l'apprentissage existent des aides forfaitaires au profit des employeurs qui
embauchent des jeunes, notamment dans le cadre de contrats d'apprentissage. Par
ailleurs, la loi du 6 mai 1996 portant réforme du financement de
l'apprentissage a mis en place une indemnité compensatrice à
l'embauche de 6.000 francs et une aide à la formation versée
à l'issue de chaque année du cycle de formation.
L'article 80 du présent projet de loi prévoit de recentrer
à compter du 1er janvier 1999 les primes à l'embauche
s'agissant des contrats d'apprentissage sur les jeunes qui ont le plus de
difficulté à accéder au marché du travail
13(
*
)
. Les niveaux de qualification donnant droit au
versement de cette prime à l'embauche sont désormais les
niveaux V (niveau BEP et CAP), V bis et VI (non qualifiés).
Cela exclura de ce dispositif près du quart des apprentis soit
50.000 jeunes. Cette disposition permet au gouvernement de réaliser
une économie budgétaire pour 1999 d'un montant de
60 millions de francs dans un secteur, celui de la formation en alternance
déjà touché par de telles économies. Cela ne peut
être accepté par votre commission qui vous proposera en
conséquence d'adopter un amendement de suppression de cet article.
Cette position est d'ailleurs partagée par le rapporteur spécial
de l'Assemblée nationale pour les crédits de la formation
professionnelle : "
L'apprentissage est un maillon essentiel de
notre dispositif de formation professionnelle. Il pourrait être possible
de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées
par le gouvernement
".
Il relève également que "
le recentrage proposé
s'assimile à une diminution pure et simple d'une partie de l'incitation
à l'embauche d'apprentis. Ce n'est pas une opération de
recentrage ou de redéploiement, mais une mesure d'économie
budgétaire. Elle diminue les avantages de certaines catégories
d'apprentis et ne prévoit aucune mesure d'amélioration de la
situation des autres catégories d'apprentis.
Globalement, le
dispositif de l'apprentissage perd donc en pouvoir attractif
".
En outre, votre rapporteur s'étonne de ce que le gouvernement, qui a
déjà réalisé près de 11 milliards de
francs d'économies sur ce budget, aux dépens notamment des
dispositifs de préretraite, s'en prenne ainsi au financement de
l'apprentissage pour un gain budgétaire faible, au risque de perturber
le bon fonctionnement de l'ensemble de la filière de formation
professionnelle.
Cette mesure lui semble donc inopportune.
On doit également relever que, lors de l'examen de cet article à
l'Assemblée nationale, le gouvernement s'est opposé à
l'adoption de l'amendement présenté par la commission des
finances qui constituait, pourtant, une solution de compromis, permettant au
moins de maintenir, dans des conditions certes discutables le financement pour
1999 de ces primes. En effet, le recentrage de cette aide était
compensé par un prélèvement de même hauteur sur les
excédents de trésorerie de l'AGEFAL.
B. L'ARTICLE 81 : LA SUPPRESSION D'EXONÉRATIONS SPECIFIQUES DE COTISATIONS D'ALLOCATIONS FAMILIALES
Actuellement, quatre catégories d'entreprises
bénéficient toujours, outre le dispositif de la " ristourne
dégressive fusionnée ", d'exonérations
spécifiques de cotisations d'allocations familiales. Ce maintien avait
été pérennisé par l'article 115 de la loi de
finances pour 1998, auquel votre commission avait été, sur ce
point précis, favorable.
Les quatre types d'entreprises concernées sont les suivantes :
- les entreprises situées en zone de revitalisation rurale (article
L. 242-6-2 du code de la sécurité sociale) ;
- les entreprises nouvelles exonérées d'impôt dans les
zones de redynamisation urbaine et dans les territoires ruraux de
développement prioritaire (article 7 de la loi quinquennale
relative à l'emploi du 20 décembre 1993) ;
- les entreprises relevant de régimes spéciaux n'appliquant
pas la réduction générale des charges sur les bas
salaires. Il s'agit, en pratique, de la SNCF, principalement, de la RATP et de
la Banque de France (article L. 241-6-4 du code de la
sécurité sociale) ;
- les exploitants agricoles pour leurs salariés occasionnels et non
occasionnels (articles 1062-2 et 1062-3 du code rural).
Le gouvernement entend supprimer ces exonérations spécifiques
à compter du 1er janvier 1999 pour un gain budgétaire
estimé à 200 millions de francs.
La commission des finances de l'Assemblée nationale s'était
opposée à une telle suppression s'agissant des entreprises
situées en zone de revitalisation rurale, l'estimant
prématurée. Elle avait par ailleurs relevé s'agissant des
exploitants agricoles que le gouvernement "
a pris l'engagement de
promulguer par voie réglementaire, des mesures de compensation afin de
garantir la neutralité de la suppression
14(
*
)
mais, qu'eu égard à la
complexité du dispositif qui serait mis en place il serait
préférable de maintenir l'exonération dans ce cas
aussi
".
Lors de l'examen de cet article en séance publique, Mme le ministre de
l'emploi a indiqué être sensible aux arguments ainsi
développés en reconnaissant que, "
sans doute vaut-il
mieux, en effet, réexaminer cette mesure de simplification dans le cadre
de la réforme des cotisations patronales que le gouvernement souhaite
engager et qui doit donner lieu, comme l'Assemblée l'a
décidé il y a quelques jours, au dépôt d'un projet
de loi avant la fin du premier semestre 1999
".
Elle s'est alors déclarée favorable au maintien de l'abattement
dans les zones de revitalisation rurale et pour certaines entreprises
publiques. Dans la rédaction transmise au Sénat, seule subsiste
donc la suppression de l'exonération de cotisations d'allocations
familiales pour les entreprises nouvelles exonérées d'impôt
dans les zones de redynamisation urbaine, compte tenu par ailleurs de
l'engagement réitéré du gouvernement de neutraliser les
effets financiers s'agissant des exploitants agricoles.
Le gain brut procuré par cette suppression serait de 80 millions de
francs et de 15 millions en gain net.
Votre commission souhaite que les dispositions restantes de cet article, qui a
déjà été vidé d'une partie de son contenu,
soient supprimées.
Il apparaît également, ainsi que cela a été fort
justement relevé par le rapporteur pour avis de la commission des
affaires sociales, que cet article a également pour objet de rattraper
des oublis et des erreurs dans la coordination et la modification des textes
relatifs aux allégements de charges sur les bas salaires.
Elle vous proposera d'adopter en conséquence un amendement de
suppression de cet article.
ANNEXE :
LES MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I.
MODIFICATION DES CRÉDITS
Les crédits du chapitre 44-77 (compensation de l'exonération de
charges sociales) ont été majorés de 185.000.000 F afin de
prendre en compte le maintien d'une partie du dispositif spécifique
d'exonérations de cotisations d'allocations familiales, qui continuera
de " compléter " le mécanisme de droit commun de la
ristourne dégressive fusionnée.
Il s'agit de tenir compte de l'amendement adopté à l'article 81
limitant le champ de la suppression d'exonérations de cotisations
familiales aux seules entreprises en zone de redynamisation urbaine ainsi
qu'aux exploitants agricoles pour leurs travailleurs occasionnels. Le
coût total de l'amendement du gouvernement est de 460 millions de francs.
Il a été financé outre cette majoration de 185 millions de
francs des crédits par la diminution de 275 millions de francs des
crédits de la ristourne dégressive fusionnée qui n'aura
pas à financer les exonérations de cotisations sociales de ces
entreprises dans les conditions de droit commun.
Les majorations de crédits non reconductibles concernent le titre IV
pour 5.097.000 F et le titre VI pour 500.000 F .
II. MODIFICATION DES ARTICLES
A. L'ARTICLE 80 : RECENTRAGE DES PRIMES D'APPRENTISSAGE
L'amendement de la commission des finances de l'assemblée nationale
tendant à faire financer le coût de ce recentrage estimé
à 60 millions de francs, par un prélèvement sur l'AGEFAL,
a été repoussé, après avis défavorable du
gouvernement.
L'article n'a donc pas été modifié.
B. L'ARTICLE 81 : SUPPRESSION DES EXONÉRATIONS DE COTISATIONS
SOCIALES AU PROFIT DE 4 CATÉGORIES D'ENTREPRISES
L'Assemblée nationale a adopté l'amendement de la commission des
finances maintenant ces exonérations pour les entreprises situées
en zone de revitalisation rurale, et les entreprises relevant de régimes
spéciaux. Son coût net est de 185.000.000 F (voir supra).
Seules restent donc exclues de ces exonérations de cotisations sociales,
les entreprises nouvelles exonérées d'impôt dans les zones
de redynamisation urbaine et les exploitants agricoles pour leurs
salariés occasionnels. Dans ce dernier cas, le gouvernement s'est
cependant engagé à en neutraliser le coût budgétaire.
Comme le ministre de l'emploi l'a reconnu :
Sans doute vaut-il
mieux en effet réexaminer cette mesure de simplification dans le cadre
de la réforme des cotisations patronales que le gouvernement souhaite
engager et qui doit donner lieu, comme l'Assemblée l'a
décidé il y a quelques jours, au dépôt d'un projet
de loi avant la fin du premier semestre 1999
.
EXAMEN EN COMMISSION
**Réunie le
mercredi 18 novembre 1998,
sous la
présidence de M. Alain Lambert, président,
la commission
a procédé, sur le
rapport
de
M. Joseph Ostermann,
rapporteur spécial
, à
l'examen
des
crédits
de
l'emploi
et de la
solidarité
: I.-
emploi
et
articles 80
et
81
pour
1999
.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a tenu à
inscrire sa démarche dans le cadre de celle préconisée par
le rapporteur général et visant à maîtriser la
progression de la dépense publique.
Présentant le budget de l'emploi, il a relevé que dans le projet
de loi de finances pour 1999, les crédits s'élevaient à
161,8 milliards de francs, en augmentation notable de 4,02 %
(à structure comparable) par rapport à 1998, soit une progression
qui était supérieure à l'augmentation moyenne des
dépenses de l'Etat fixée pour 1999 à 2,3 %. Il a
rappelé que cette augmentation correspondait à la traduction
budgétaire de " mesures phares " décidées par le
Gouvernement (réduction du temps de travail, emplois-jeunes ou lutte
contre l'exclusion), sur la pertinence et l'efficacité desquelles la
commission avait cependant tenu à émettre des doutes.
Il a par ailleurs indiqué qu'une refonte de la nomenclature
budgétaire avait intégré, au sein de ce budget, des
crédits concernant des " mesures exceptionnelles en faveur de
l'emploi et de la formation professionnelle ", qui étaient
jusqu'alors inscrits au budget des charges communes, pour un montant de 43
milliards de francs en 1998. Il s'est félicité d'une telle mesure
que la commission des finances avait, par souci de cohérence et de
lisibilité appelée, en son temps, de ses voeux.
Il a également précisé que les dépenses
étaient, à hauteur de 5,7 %, consacrées aux moyens de
fonctionnement et à concurrence de 94 % aux dépenses
d'intervention. Le montant des dépenses en capital n'était que de
542,8 millions de francs, soit moins de 0,4 % de l'ensemble des
crédits.
Par delà la description détaillée des dispositifs et des
crédits qui les financent, qui était contenue dans sa note de
présentation,
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a souhaité présenter à la commission ses principales
observations.
S'agissant tout d'abord des deux articles qui étaient rattachés
à l'examen de ce budget, il a relevé que l'article 80
prévoyait de recentrer, à compter du 1
er
janvier 1999,
les primes d'apprentissage sur les jeunes qui ont le plus de difficulté
à accéder au marché du travail : les niveaux de
qualification donnant droit au versement de cette prime à l'embauche
étant désormais les niveaux V (niveau BEP et CAP), V bis et VI
(non-qualifiés) ce qui exclura du dispositif prés du quart des
apprentis, soit 50.000 jeunes. Cette disposition permettait au Gouvernement de
réaliser une économie budgétaire d'un montant de
60 millions de francs dans un secteur, celui de la formation en
alternance, déjà touché par de telles économies. Il
a souligné, en conséquence, que cela ne pouvait être
accepté et il a proposé à la commission d'adopter un
amendement de suppression de l'article.
Par ailleurs, s'agissant de l'article 81 du projet de loi de finances visant
à la suppression de l'exonération de cotisations d'allocations
familiales au profit de quatre catégories d'entreprises, il s'est
étonné d'une telle disposition qui venait contredire la
pérennisation de ce dispositif votée lors de la
précédente loi de finances.
Cette suppression lui apparaissait tout à la fois
précipitée et préjudiciable à la bonne marche
d'entreprises qui, grâce à ce mécanisme d'aide, sont en
mesure de créer des emplois dans le secteur marchand. En
conséquence, et quel que puisse être l'intérêt, de
façon générale, d'une rationalisation des dispositifs
d'aide à l'emploi,
il a demandé à la commission
d'adopter un amendement de suppression de cet article.
Puis il a tenu à relever que le ministre avait fait en partie financer
ses priorités par des économies sur des dispositifs
" sensibles ".
Sur le plan des principes, il lui apparaissait utile de relever que le ministre
avait réalisé, lors de l'élaboration de son budget, une
part significative d'économies, baptisées " recentrages ", et
cela pour un montant de 11 milliards de francs. Il s'agissait principalement,
à hauteur de 4,5 milliards de francs, de la diminution des
crédits des préretraites, de 3,6 milliards de francs, de la
réduction de la dotation au profit des contrats initiative emploi et,
pour 1,6 milliard de francs, du " recentrage " des contrats
emploi-solidarité. Ce montant d'économies était
destiné notamment à financer la progression des emplois-jeunes et
des crédits consacrés aux 35 heures et représentait plus
de 7 % des 152 milliards de francs de crédits que le titre IV consacrait
aux aides à l'emploi.
A ce titre, il a tenu à rappeler l'utilité des contrats
initiative emploi (CIE) et contrats emploi solidarité (CES) qui
permettaient aux jeunes de s'insérer dans le tissu économique.
S'agissant du financement de l'apprentissage, le rapporteur a tenu à
relever que, pour la seconde année consécutive, le montant des
crédits destinés au financement des primes à
l'apprentissage avait été réduit en loi de finances
initiale de 500 millions de francs. Cette mesure lui apparaissait d'autant
moins justifiée que le Gouvernement n'indiquait pas dans les documents
budgétaires comment il entendait remédier à cet
état de fait.
Puis il s'est félicité de la remise à niveau des
crédits de la ristourne dégressive fusionnée.
Il a tout d'abord évoqué les circonstances dans lesquelles ces
crédits avaient été réduits l'an passé par
le Gouvernement afin de constituer une provision de 3 milliards de francs,
destinée au financement des 35 heures.
La ponction alors opérée avait notablement réduit les
crédits consacrés à la ristourne dégressive,
rendant de ce fait indispensable leur abondement en loi de finances
rectificative, à hauteur de 3 milliards de francs, ainsi que le ministre
l'avait d'ailleurs reconnu devant la commission et, nonobstant ses
déclarations en sens contraire lors de l'examen du
précédent projet de loi de finances. En effet, le Gouvernement
prévoyait maintenant, au titre du financement de cette ristourne pour
1998, des dépenses à hauteur de 41,5 milliards de francs alors
que seulement 38,77 milliards de francs de crédits avaient
été prévus dans le projet de loi de finances initiale.
Il s'est réjoui de la progression pour 1999 des crédits
consacrés au financement de cette ristourne dégressive, car
celle-ci a fait ses preuves en permettant le maintien ou la création
d'emplois dans le secteur marchand.
A ce titre, il a souligné la constance des positions du Sénat en
ce domaine, constance qui s'était traduite notamment par l'adoption, le
29 juin 1998, de la proposition de loi déposée par M. Christian
Poncelet, tendant à élargir le champ du dispositif de la
ristourne dégressive fusionnée.
Puis il a évoqué le financement à "géométrie
variable" des 35 heures.
Il a tenu à indiquer que les 3,5 milliards de francs de
crédits figurant dans le projet de loi de finances pour 1999 et
destinés au financement des 35 heures n'apparaissaient pas
réalistes. Non seulement le Gouvernement n'indiquait pas la
manière dont ces crédits avaient été
calculés, mais ceux-ci apparaissent par ailleurs mal calibrés.
Sans revenir sur les conditions dans lesquelles cette provision avait
été financée l'an dernier, il s'est étonné
des conditions dans lesquelles ce coût avait été
déterminé. Le coût brut budgétaire de cette mesure
était estimé à 7 milliards de francs en 1999 par le
Gouvernement sans que celui-ci n'ait fourni les bases de calcul. A cette somme
s'ajoutaient 200 millions de francs au titre des aides au conseil.
Or il ressortait des informations obtenues par le rapporteur, que la
moitié de ce coût brut, soit 3,5 milliards de francs avait
été mis par le Gouvernement à la charge des régimes
de Sécurité sociale, au titre du " recyclage des économies
que feront les régimes sociaux " et cela, sans fondement juridique et en
contradiction avec les principes posés par la loi du 25 juillet 1994. Il
a souhaité obtenir des éclaircissements sur ce point de la part
du ministre.
Il lui semblait donc " opportun " comme le relevait très justement le
rapporteur spécial de l'Assemblée nationale, que le ministre
indique " à quel niveau la compensation de l'Etat s'effectuera pour les
organismes de sécurité sociale ".
Par ailleurs cette dotation lui apparaissait mal calibrée car, si ce
dispositif devait produire des effets à la hauteur de l'ambition du
Gouvernement, la charge budgétaire en serait accrue de manière
très substantielle.
Or les premières indications fournies par le Gouvernement
témoignaient du succès mitigé rencontré par ce
dispositif : 434 accords d'entreprises avaient été
signés, concernant moins de 58.000 salariés et seulement 4.460
emplois avaient été préservés ou
créés. Il apparaissait ainsi que la provision de 3 milliards
de francs prévue pour 1998 n'avait été utilisée
qu'à hauteur de 10 à 15 % des crédits inscrits comme
le reconnaissait implicitement le ministre lorsqu'elle évoquait des "
reports importants de ces crédits de 1998 sur 1999 ".
Par-delà les interrogations du Sénat quant à la pertinence
et à la portée du dispositif des 35 heures, la dotation
apparaissait donc surévaluée.
En conséquence, et eu égard au faible impact actuel de ce
dispositif, il a proposé de supprimer la dotation de 3,7 milliards de
francs figurant dans le projet de loi de finances pour 1999.
Il s'est ensuite attaché à mettre en lumière la
dérive du coût budgétaire des emplois-jeunes : 13,8
milliards de francs de crédits étaient en effet inscrits au
titre du budget de l'emploi pour les financer.
Par-delà les critiques sur la portée d'un tel dispositif qui
consistait à accroître l'emploi dans le secteur non-marchand et
les risques de pérennisation, à terme, de ceux-ci au sein de la
fonction publique, il souhaitait faire les remarques suivantes.
Il tenait à relever que le coût de ces emplois jeunes pour 1999
était minoré par le Gouvernement. Les crédits figurant au
budget de l'emploi pour 1999, soit 13,8 milliards de francs ne
permettaient de financer que le " stock " existant au 1er janvier 1999, soit
150.000 emplois jeunes, compte tenu d'un coût annuel unitaire de 93.840 F.
L'enveloppe budgétaire figurant dans le projet de loi de finances ne
permettait donc pas de financer, à compter du 1er janvier prochain, le
recrutement des 100.000 nouveaux emplois-jeunes qui correspondaient à
l'objectif que s'était fixé le Gouvernement pour 1999. Il y avait
pour 1999 une sous-évaluation du coût de ce dispositif que l'on
pouvait estimer à près de 4,5 milliards de francs sur la base
d'une montée en charge linéaire et progressive de ces
100.000 nouveaux emplois-jeunes.
Il a souhaité savoir comment le Gouvernement entendait procéder
et si il existait des reports importants de crédits au titre de 1998, ce
qui infirmerait alors le discours concluant au succès du dispositif. A
tout le moins, cela confirmerait le mauvais calibrage initial de ces
crédits.
Par ailleurs, compte tenu des objectifs que s'était fixé en ce
domaine le Gouvernement, à savoir la mise en place d'ici 2001 de 350.000
emplois-jeunes, le coût budgétaire en année pleine de ce
dispositif était de près de 32 milliards de francs par an.
De ce fait, si le Gouvernement tenait à financer les 100.000 nouveaux
emplois-jeunes, qui figuraient au sein du budget de l'emploi, il devait
réexaminer les dispositifs préexistants et procéder par
redéploiement au sein d'une enveloppe globale des aides à
l'emploi, qui atteignait 152 milliards de francs.
Cette mesure de redéploiement proche de celle préconisée
l'année dernière, consistait donc à gager la progression
des crédits correspondant aux nouveaux emplois-jeunes par un effort
d'économie sur l'ensemble du titre IV du budget du travail : "
interventions en faveur de l'emploi ".
Enfin il a souhaité connaître la date du dépôt et
d'examen de la seconde loi prévue par le Gouvernement en ce domaine et
tendant à mettre en place des " emplois-jeunes " dans le
secteur privé.
En conclusion, il a tenu à faire part de ses interrogations concernant
le contenu de la dynamique actuelle de l'emploi.
La progression de l'emploi, indéniable au plan quantitatif, lui
apparaissait plus incertaine au plan qualitatif. Elle semblait en effet
principalement reposer sur la création d'emplois non-marchands
financés par le budget de l'Etat et résultant, pour l'essentiel,
de la mise en place des emplois-jeunes. Or il était indispensable que
soit mise en place une autre politique, axée sur la création
d'emplois productifs au sein de l'économie marchande.
Il a rappelé qu'une telle dynamique était en effet seule en
mesure de résoudre durablement le problème du chômage en
France.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis de la commission des
affaires sociales sur les crédits de la formation professionnelle,
après avoir relevé la progression des crédits
consacrés à la formation professionnelle, s'est
inquiétée du contenu de l'article 80 visant à
recentrer les primes d'apprentissage sur les jeunes les plus en
difficultés. Elle s'est, à ce titre, déclarée
favorable à l'amendement de suppression présenté par
M. Joseph Ostermann au nom de la commission des finances. Elle a
également rappelé que le ministre n'avait apporté aucune
précision quant au montant et aux modalités selon lesquelles
devait s'effectuer le prélèvement sur la trésorerie de
l'association pour la gestion des fonds de la formation en alternance (AGEFAL).
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis au nom de la commission des
affaires sociales des crédits du travail et de l'emploi
,
après avoir félicité M. Joseph Ostermann pour la
qualité de sa présentation, a rappelé les trois
priorités du Gouvernement : les 35 heures, les emplois-jeunes
et le volet "emploi" de la loi de lutte contre les exclusions.
S'agissant des 35 heures, il a tenu à souligner la modestie des
résultats enregistrés à ce jour et noté la
divergence des objectifs existant entre le Gouvernement et les partenaires
sociaux. Il a précisé, s'agissant des emplois-jeunes, que le
bilan était plus nuancé : si ce dispositif rencontrait un
succès quantitatif, il existait un risque de pérennisation de ces
emplois au sein de la fonction publique. Il ressortait par ailleurs des
auditions qu'il avait menées que le Gouvernement avait donné
à certaines entreprises publiques pour consigne de "faire du chiffre".
Par ailleurs, il s'avérait que la qualité de ces emplois-jeunes
était souvent faible et que le droit du travail n'était pas
toujours respecté. Il a enfin indiqué qu'il était "en
phase" avec les orientations définies par la commission des finances.
Puis,
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a
présenté ses amendements de réduction des crédits
relatifs au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle, qui ont été adoptés. La commission a
ensuite
voté
les
crédits, ainsi modifiés
,
du
budget de l'emploi
.
Les amendements de suppression des articles 80 et 81 ont ensuite
été adoptés.
**Réunie le
jeudi 19 novembre 1998
,
sous la présidence
de M. Alain Lambert, président,
la commission a
procédé, sur le rapport de M. Philippe Marini, rapporteur
général, à l'examen du budget de l'emploi.
La commission a examiné un amendement de majoration des crédits
de 185 millions de francs destiné à tenir compte de la
modification de l'article 81 votée par l'Assemblée
nationale. En conséquence, la commission a décidé de
rectifier ses amendements de réduction de crédits pour tenir
compte des nouveaux crédits et a émis un vote favorable à
l'adoption de ce budget amendé.
La commission a ensuite
examiné une modification de l'article 81 qui revient partiellement
sur la suppression des exonérations de cotisations sociales au profit de
quatre catégories d'entreprises. La commission des finances, qui avait
supprimé cet article 81, est restée favorable à ces
exonérations et a donc maintenu sa position en faveur de la suppression
de cet article.
1
Lors de son audition par votre
commission des
finances le 14 octobre 1998, Mme le ministre de l'emploi a reconnu
implicitement cet état de fait :" Le ministre a
précisé que la dotation de 43 milliards de francs prévue
pour le financement de la ristourne dégressive sur les bas salaires en
1999 était cohérente avec la prévision de dépenses
de 41,5 milliards de francs en 1998 ", in bulletin des commissions,
n°2 page 138
2
La catégorie 1 comprend les demandeurs d'emplois
immédiatement disponibles et à la recherche d'un emploi à
durée indéterminée et à temps plein. Les
catégories 1 et 6 correspondent à l'ancien mode de calcul et
incluent les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité de
plus de 78 heures dans le mois.
3
L'objectif est d'offrir un nouveau départ aux jeunes
chômeurs et adultes menacés d'exclusion, ce qui
représenterait à l'horizon 2002, et à l'issue de la
montée en charge, 1.800.000 personnes
4
Celle-ci est désormais, Secrétaire d'Etat aux droits
des femmes et à la formation professionnelle
5
Depuis le 1er juillet 1994, elles étaient
déjà compétentes pour les opérations de formation
de type qualifiant.
6
Fonds de la Formation Professionnelle et de la Promotion Sociale
7
Leur nombre est en diminution depuis 1996, notamment du fait de la
mise en place de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) ; il
convient de relever que le dispositif de l'ARPE ne donne pas lieu à
inscription budgétaire car il résulte d'un accord entre
partenaires sociaux
8
Depuis juillet 1997, l'ASS a été augmentée de
8% et l'AI de 29% ; par ailleurs l'article 131 de la loi d'orientation
relative à la lutte contre les exclusions a posé le principe de
leur indexation annuelle sur l'évolution des prix
9
A compter du 1
er
janvier 1998, en application de
l'article 114 de la loi de finances pour 1998, les emplois villes ont
été supprimés
10
Il concerne surtout les chômeurs de longue durée
11
In rapport n° 306 (1997-1998) de M. Louis Souvet sur le
projet de loi d'orientation et d'incitation à la réduction du
travail, pages 110-111
12
Cette somme figurait dans le projet de loi de finances au sein du
budget des charges communes avec les autres mesures exceptionnelles en faveur
de l'emploi.
13
Le décret n° 98-809 du 12 octobre
1998 a réservé le versement des primes des contrats de
qualification aux jeunes qui ne sont titulaires d'aucun diplôme du second
cycle de l'enseignement supérieur (hors CAP et BEP)
14
Cet engagement a été confirmé par le
ministre en séance publique à l'Assemblée
nationale.