EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 18 novembre 1998
,
sous la
présidence de M. Alain Lambert, président
, la commission
a procédé, sur le
rapport
de
M. Louis-Ferdinand de
Rocca-Serra, rapporteur spécial,
à
l'examen
des
crédits
de
l'économie,
des
finances
et de
l'industrie
: I.-
charges communes
et
articles 77
et
78,
pour
1999.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
a
relevé, à titre liminaire, que le budget des charges communes
était le premier budget de l'Etat : les crédits
s'élevaient au total à 681 milliards de francs, soit
34,2 % des dépenses brutes du budget de l'Etat car il recensait les
crédits qui, destinés à l'ensemble des services de l'Etat
ou à plusieurs d'entre eux ne pouvaient être inscrits dans le
budget d'un ministère particulier. Par ailleurs, il a souligné
que la structure de ce budget avait été affectée de deux
mouvements en sens inverse : d'une part, 43 milliards de francs de
crédits correspondant à des allégements de charges
sociales avaient été transférés vers le budget du
ministère de l'emploi et 799 millions de francs vers le budget de
l'enseignement scolaire ; d'autre part, 15,4 milliards de francs de
crédits avaient été rebudgétisés : hors
effet de structure, les crédits du budget des charges communes
représentaient 665,56 milliards de francs, soit une progression de
5,36 % par rapport à 1998.
Par ailleurs, deux articles étaient rattachés pour leur examen
à celui du budget des charges communes : l'article 77 qui, de
façon traditionnelle, porte majoration des rentes viagères, et
l'article 78 qui met fin à l'obligation pour La Poste de
déposer auprès du Trésor les fonds des comptes courants
postaux.
Il a relevé que les crédits consacrés à la charge
brute de la dette augmentaient de 4,56 milliards de francs, soit
1,85 %, pour s'établir à 253,2 milliards de francs dont
il fallait déduire les "recettes en atténuation des charges de la
dette". En conséquence, la charge nette de la dette s'élevait
à 237,2 milliards de francs, en progression de 2,4 milliards
de francs, soit 1,02 %. Il apparaissait donc indispensable de stabiliser
le poids relatif de celle-ci par rapport au produit intérieur brut
(PIB), afin de redonner des marges de manoeuvre à la politique
budgétaire et de limiter ainsi la vulnérabilité des
finances publiques.
Il a ensuite détaillé les principaux postes des dépenses
de garantie qui baissaient au total de 5,36 % et atteignaient
1.482 millions de francs.
Il a indiqué que les dépenses de remboursements et de
dégrèvements d'impôts s'élevaient à
306,7 millions de francs, soit une progression de 9,8 %. Cette forte
hausse résultait pour 27,2 milliards de francs de la
révision des estimations qui figuraient en loi de finances initiale pour
1998, principalement au titre de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et
de l'impôt sur les sociétés.
Les dépenses des pouvoirs publics (Titre II) s'élevaient
à 4,502 milliards de francs, en progression de 2,4 % par
rapport à 1998. S'agissant des dépenses de pensions qui faisaient
l'objet d'une rebudgétisation au titre des fonctionnaires de La Poste
à hauteur de 14,8 milliards de francs, il a précisé
que la totalité des charges de pensions de l'Etat pour 1999 était
évaluée à 174,28 milliards de francs, en progression,
à structure constante, de 5,9 % par rapport à 1998.
Puis il a détaillé les dépenses de charges sociales qui
représentaient 54,4 milliards de francs et correspondaient
notamment au versement de l'Etat à la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF) et aux cotisations patronales d'assurance maladie.
Evoquant les dépenses diverses, il a tenu à rappeler que,
conformément aux articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du
2 janvier 1959 figuraient une dotation pour les dépenses
"éventuelles" de l'Etat de 600 millions de francs (+ 110 % en
1999) ainsi qu'une dotation pour dépenses "accidentelles" de
600 millions de francs (+ 130 % en 1999), soit un total de
crédit de 1.200 millions de francs contre 545 millions de
francs en 1998.
Il a relevé que le budget des charges communes comportait jusqu'au
projet de loi de finances pour 1999 un chapitre de "mesures exceptionnelles en
faveur de l'emploi et de la formation professionnelle" doté de
43 milliards de francs, correspondant au financement de la ristourne
dégressive fusionnée. Ces crédits étaient
désormais regroupés au sein du budget de l'emploi.
Il a noté, s'agissant de la politique du logement, que les
encouragements à la construction immobilière, dont le poste
essentiel était constitué des primes d'épargne logement,
s'élevaient à 8,1 milliards de francs, soit un montant
identique à celui de 1998.
Il a rappelé que les subventions d'investissement destinées
à des activités nationales comportaient trois grands
postes : les interventions en faveur des PME, les aides aux villes
nouvelles et les travaux de sécurité dans les écoles. De
même, il a noté que l'action internationale, au travers des
subventions d'investissement hors de France, représentait
4,18 milliards de francs de crédits de paiement, et s'organisait
autour de 3 pôles : l'aide extérieure, la participation aux
fonds internationaux et la participation au capital d'organismes internationaux.
Puis présentant l'article 77, il a relevé que les rentes
constituées entre particuliers ne faisaient plus l'objet d'une
revalorisation au sein du projet de loi de finances : cette disposition
n'était constitutive d'aucune charge pour l'Etat et ne pouvait donc
figurer au sein d'une loi de finances.
L'article 78 était la traduction du nouveau contrat d'objectifs et de
progrès de La Poste, signé en juin 1998 pour la période
1998-2001, qui prévoyait une sortie progressive du système de
centralisation des CCP au Trésor, donnant ainsi de nouvelles
libertés de gestion à l'exploitant.
Il a relevé qu'il conviendrait que soit précisé
l'échéancier en fonction duquel seront
décentralisés ces fonds ainsi que ses conséquences en
termes de financement pour l'Etat : à ce titre, il lui apparaissait
indispensable de doter La Poste d'une comptabilité analytique
indiscutable.
Il a enfin tenu à souligner que ce budget pouvait apparaître
hétéroclite, car il comprenait les crédits destinés
à l'ensemble des services de l'Etat. Par delà cette
diversité, il a relevé que ces crédits restent très
"concentrés" : les trois premiers postes de dépenses (charge
financière de la dette, remboursements d'impôts et charges
sociales) représentaient plus de 89 % de l'ensemble des
dépenses. Par ailleurs, celles-ci étaient constituées
à hauteur de 99,3 % par des dépenses ordinaires.
De même, il a indiqué que ce budget avait été
affecté de nombreuses variations de structure, et que de nombreux
crédits correspondaient à des " dépenses de
constatation ".
A ce titre, il a rappelé qu'il était nécessaire de
maîtriser la charge budgétaire de la dette. En effet, seul
apparaissait dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie de la
dette de l'Etat, c'est-à-dire les charges financières que
celle-ci entraînait pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opérait, lui, dans un cadre extrabudgétaire.
Or, en 1999, si la charge nette de la dette apparaissait stabilisée avec
une progression limitée à 1 %, soit un surcoût de
2,4 milliards de francs, c'était uniquement en raison d'un
"effet-prix" résultant du niveau historiquement bas des taux
d'intérêt. Il s'agissait donc de causes exogènes,
indépendantes de la volonté du Gouvernement.
En effet, le financement du déficit budgétaire de l'Etat
estimé à 236,5 milliards de francs, et de divers engagements
pour une somme de 9 milliards de francs allait contribuer à
accroître mécaniquement les charges de la dette de
12,5 milliards de francs.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial
, a
relevé également que la plupart des dépenses de garantie
évoluaient en fonction des aléas de la conjoncture
internationale, faisant par voie de conséquence supporter à
l'Etat un coût non négligeable au titre de
l'assurance-crédit en 1999.
Il a également tenu à souligner la forte inertie des
dépenses de personnel et relevé que l'augmentation des
rémunérations de la fonction publique serait de
20,1 milliards de francs en 1999 dont 14,8 milliards au seul titre de
l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février 1998.
Cette progression était d'autant plus inquiétante qu'elle
contribuait non seulement à accroître le poids des dépenses
de fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela avait été souligné par le
rapporteur général. Il a par ailleurs précisé que
les collectivités locales et les hôpitaux publics devaient
également faire face à des augmentations de dépenses de
fonctionnement qui leur étaient imposées.
S'agissant des retraites de la fonction publique, il a relevé que compte
tenu de l'évolution démographique, le surcoût pour l'Etat
était évalué à plus de 79 milliards de francs
dès 2010 et serait, sur les bases actuelles de financement, pour plus de
90 % à sa charge.
Il importait donc de prendre rapidement la mesure de ce
phénomène : plus en effet l'action à entreprendre
serait réalisée tôt plus elle serait efficace, et moins
elle serait douloureuse.
Il a enfin relevé la progression excessive des dépenses
éventuelles et accidentelles et proposé de supprimer ces mesures
nouvelles. De même, il s'est montré favorable au recentrage des
primes d'épargne logement dont les crédits s'élevaient
à 8,1 milliards de francs, car ce dispositif était
détourné de son objectif, qui était de mieux financer le
logement, afin d'être utilisé comme un produit de placement,
coûteux pour l'Etat et sans effet sur l'économie de la
construction. Pour ces raisons, il a proposé de réduire, comme
l'an passé, ces crédits de 2,1 milliards de francs.
Après avoir félicité le rapporteur spécial pour la
qualité de son intervention,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé que l'examen du budget des charges
communes, premier budget de l'Etat, était riche d'enseignements, car il
y voyait un condensé des difficultés qui sont celles de la
politique budgétaire, de façon globale et sectorielle.
Il a ensuite interrogé le rapporteur spécial sur la
méthodologie qui devait présider à une meilleure
répartition des crédits entre le budget des charges communes et
les autres budgets. Il a également souhaité obtenir des
précisions quant à la progression des dépenses
éventuelles et accidentelles.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
lui a
indiqué que la commission des finances avait déjà
oeuvré en faveur d'une répartition plus lisible des
dépenses contenues dans ce budget, mais que cet effort devait être
prolongé et qu'il s'y attacherait tout particulièrement. Il lui
a, par ailleurs, précisé que le ministère de
l'économie n'avait pas été en mesure de justifier
l'évolution des crédits consacrés aux dépenses
éventuelles et accidentelles.
En réponse à
Mme Maryse Bergé-Lavigne
, il lui a
décrit les modalités selon lesquelles était
délivrée l'aide extérieure de la France, notamment au
travers du budget des charges communes.
Il a par ailleurs déclaré partager les préoccupations de
M. Philippe Adnot
quant à la nécessité de
présenter clairement les évolutions de la charge de la dette
publique en lui indiquant que tous ces éléments seraient
détaillés dans son rapport écrit.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
a
présenté les deux amendements de réduction des
crédits qui ont été adoptés. La commission a
ensuite
adopté, ainsi modifiés
, les
crédits
inscrits au
budget
des
charges communes
.
Puis, les deux articles, 77 et 78, rattachés pour leur examen au budget
des charges communes, ont été adoptés.
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Réunie le jeudi 19 novembre 1998 , sous la présidence de M. Alain Lambert, président , la commission a procédé, sur le rapport de M. Philippe Marini, rapporteur général, à l'examen du budget des charges communes. La commission a examiné un amendement de coordination sur le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP). Elle a ensuite examiné un amendement de minoration de crédits de dépenses éventuelles de 300 millions destiné à financer partiellement les dépenses nouvelles votées par les députés. La commission avait déjà supprimé les mesures nouvelles sur ce chapitre et a donc décidé de rectifier son amendement de réduction "ciblée" des crédits pour tenir compte de la modification intervenue à l'Assemblée nationale. Elle a émis un vote favorable à l'adoption de ce budget ainsi amendé. Ensuite, la commission a examiné l'article 79 bis (nouveau) qui proroge le congé de fin d'activité et l'étend aux fonctionnaires âgés de 56 à 58 ans et a adopté un amendement visant à accepter la prorogation, mais à refuser le principe de l'extension.