Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; ROCCA SERRA (Louis-Ferdinand), Rapporteur spéciale
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 10 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS- I. L'ÉVOLUTION DU TITRE I
- II. LES POUVOIRS PUBLICS
- III. LES DÉPENSES DU TITRE III
-
IV. LES DÉPENSES D'INTERVENTIONS PUBLIQUES
- A. LE FONDS NATIONAL DE PÉRÉQUATION DE TAXE PROFESSIONNELLE
- B. L'ACTION INTERNATIONALE
- C. L'ACTION ÉCONOMIQUE
- D. LES DÉPENSES D'ACTION SOCIALE
- V. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT DES TITRES V ET VI
- VI. LES TROIS ARTICLES RATTACHÉS
-
CHAPITRE II
L'ÉTAT DÉBITEUR -
CHAPITRE III
L'ÉTAT ACTEUR ECONOMIQUE -
CHAPITRE IV
LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 10
ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE :
I
.
- CHARGES COMMUNES
Rapporteur spécial
: M. Louis-Ferdinand de ROCCA SERRA
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier,
Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
A.
UN BUDGET QUI PEUT APPARAITRE HETEROCLITE
Le budget des charges communes
est un budget paradoxal
: premier
budget de l'Etat avec 681 milliards de francs de crédits, dont 99% de
dépenses ordinaires, il représente plus du tiers des
dépenses brutes du budget général mais est le plus
méconnu, quoique le plus varié par les thèmes
abordés.
Il comprend en effet au risque d'apparaître
" hétéroclite ", les crédits destinés
à l'ensemble des services de l'Etat ou à plusieurs d'entre eux et
qui ne peuvent être inscrits dans le budget d'un ministère
particulier.
Par delà cette diversité, votre rapporteur tient cependant
à relever que ces crédits restent très
" concentrés "
: les trois premiers postes de
dépenses (charge financière de la dette, remboursements
d'impôts et charges sociales) représentent plus de 89% de
l'ensemble des dépenses. Par ailleurs celles-ci sont constituées
à hauteur de 99,3% par des dépenses ordinaires.
B. UN BUDGET AFFECTE DE NOMBREUSES VARIATIONS DE STRUCTURE
Compte tenu de sa nature particulière, ce budget connaît par
ailleurs des variations importantes de structure, d'un exercice
budgétaire à l'autre ou en cours d'exercice.
Ainsi, s'agissant des pensions des différents ministères, seules
les pensions des agents des PTT et, depuis cette année, celles des
fonctionnaires de La Poste apparaissent en loi de finances initiale au sein de
ce budget pour
un montant de 29,5 milliards de francs
. Puis c'est en
gestion que le chapitre 32-97 des charges communes regroupe la totalité
des crédits de pension de l'Etat à l'issue d'un
arrêté de transfert intervenant en début d'exercice. On
précisera que
la totalité des charges de pensions de l'Etat
pour 1999 est évaluée à 174,28 milliards de
francs
, en progression, à structure constante, de 5,9 % par
rapport à 1998. C'est donc une somme de plus de 140 milliards de francs
qui viendra abonder en cours d'année ce budget.
Par ailleurs les variations de structure d'un exercice à l'autre, sont
très importantes : les crédits du budget des charges
communes ont ainsi été accrus de 15,4 milliards de francs au
titre des rebudgétisations tandis que, en sens inverse
43,8 milliards de francs ont été transférés
vers d'autres budgets, principalement celui de l'emploi.
C. DES CREDITS CORRESPONDANT A DES DEPENSES DE CONSTATATION
Les crédits apparaissant au sein de ce budget correspondent le plus
souvent à des dépenses de constatation résultant de la
prise en compte de circonstances extérieures, d'éléments
exogènes dont le Parlement prend acte le cas échéant,
qu'il peut parfois déplorer, tout en ne pouvant les modifier ou s'y
opposer que très rarement.
1. La nécessaire maîtrise de la charge budgétaire de la
dette
Seul apparaît dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie
de la dette de l'Etat,
c'est à dire les charges financières
que celle-ci entraîne pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opère, lui, dans un cadre extrabudgétaire et n'apparaît
donc jamais en tant que tel au sein du budget.
Ainsi en 1999, si la charge nette de la dette apparaît stabilisée
avec une progression limitée à 1%, soit un surcoût de 2,4
milliards de francs, c'est uniquement en raison d'un " effet-prix "
résultant du niveau historiquement bas des taux d'intérêt.
Il s'agit donc bien de causes exogènes indépendantes de la
volonté du gouvernement, dont celui-ci tire profit cependant.
En effet,
le financement du déficit budgétaire de l'Etat
estimé à 236,5 milliards de francs
et de divers
engagements pour une somme de 9 milliards de francs
a contribué
à accroître mécaniquement les charges de la dette de 12,5
milliards de francs.
Cet " effet volume " résultant de la progression continue de
l'encours de la dette de l'Etat rend donc plus que jamais nécessaire
l'effort de réduction du déficit budgétaire proposé
par votre commission. En souhaitant que ce déficit soit réduit de
14 milliards de francs supplémentaires par rapport à ce que
propose le gouvernement, votre commission entend stabiliser son poids au sein
du PIB. Seule une telle politique permettra en effet de préserver
l'avenir et de lutter contre " l'effet boule de neige " de
l'endettement qui accroît implacablement et inexorablement la charge
financière pesant chaque année sur le budget de l'Etat, limite la
marge de manoeuvre de notre politique budgétaire et fragilise nos
finances publiques.
2. La plupart des dépenses de garantie évoluent en fonction
des aléas de la conjoncture internationale
Au sein de ces dépenses de garantie, le poste le plus important est
constitué par les garanties à l'exportation. Or, il est
particulièrement frappant de relever que, selon les termes mêmes
du gouvernement, les prévisions concernant ce poste de dépenses
sont "
très aléatoires et dépendantes
d'événements imprévisibles
".
Par ailleurs, lorsque ces événements se réalisent, les
estimations n'en tiennent pas toujours compte.
Cette situation est d'autant plus nette pour l'exercice 1999, que les
aléas des marchés étrangers enregistrés en 1998
risquent de se confirmer en 1999. Ainsi, la COFACE estime qu'une
" cessation complète des paiements de la part de
l'Indonésie conduirait à des indemnisations pouvant
s'élever jusqu'aux environs de 3 milliards de francs sur
l'exercice "
faisant par voie de conséquence supporter à
l'Etat un coût non négligeable au titre de
l'assurance-crédit. De même, compte tenu des évolutions
contrastées du dollar et du franc, la garantie de change
gérée par la COFACE pourrait être pour la première
fois déficitaire, au titre des exercices 1998 et 1999.
3. Les dépenses en atténuation de recettes ont un
caractère " particulièrement fluctuant "
Les dépenses en atténuation de recettes, c'est à dire les
remboursements et dégrèvements d'impôts,
s'élèvent à 306 milliards de francs soit près de la
moitié des crédits du budget des charges communes. Ces
dépenses ont également pour particularité de figurer dans
la partie recettes du budget général et de venir en diminution
des recettes brutes pour définir les recettes nettes.
Par ailleurs leur montant est généralement
déterminé en extrapolant les prévisions de l'année
précédente qui sont parfois révisées afin de tenir
compte des aléas de la conjoncture économique.
Leur évolution est donc étroitement liée à des
facteurs exogènes ou à l'effet de mesures législatives
antérieures. La progression en 1999 des remboursements d'impôts
directs fait suite à l'adoption de la loi portant mesures urgentes
à caractère fiscal et financier (dite " MUFF ") qui a
entraîné la mise en place d'un acompte exceptionnel au titre de
l'impôt sur les sociétés en décembre 1997 et
corrélativement s'est traduite par une forte augmentation des
remboursements en 1998, qui n'avait pas été prévue en loi
de finances initiale.
De même la progression attendue des remboursements au titre de la TVA
pour un montant de 16,2 milliards de francs est due à la prise en compte
au titre des mesures acquises, de la croissance en 1998 des exportations ainsi
que de la progression des investissements.
D. LA FORTE INERTIE DES DEPENSES DE PERSONNEL
1. Les rémunérations d'activité
Si à la différence des deux projets de loi de finances
précédents aucun montant ne figure au chapitre 31-94 au titre des
" mesures générales intéressant les agents
publics " destinées à anticiper les effets
budgétaires des négociations salariales dans la fonction
publique, votre rapporteur tient cependant à rappeler que
l'augmentation des rémunérations de la fonction publique sera
de 20,1 milliards de francs en 1999 dont 14,8 milliards au seul titre de
l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février 1998.
Cette progression est d'autant plus inquiétante qu'elle contribue non
seulement à accroître le poids des dépenses de
fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela a déjà été
souligné par votre rapporteur général.
Elle a par ailleurs également des effets induits sur les fonctions
publiques territoriale et hospitalière. Selon les informations fournies
par le rapport sur les rémunérations publiques annexé au
projet de loi de finances pour 1999, l'impact sur ces deux fonctions publiques
sera en 1999 significatif avec des montants estimés respectivement
à 6,5 et 5,2 milliards de francs.
Les collectivités locales et les hôpitaux publics devront donc
également faire face à des augmentations de dépenses de
fonctionnement.
2. L'explosion programmée du poids des retraites de la fonction
publique
Ainsi que cela a déjà été relevé, c'est en
gestion que le chapitre 32-97 du budget des charges communes regroupe la
totalité des crédits de pension de l'Etat à l'issue d'un
arrêté de transfert intervenant en début d'exercice. Pour
mémoire, la totalité des charges de pensions de l'Etat pour 1999
est évaluée à 174,28 milliards de francs, en
progression, à structure constante, de 5,9 % par rapport à
1998.
Or l'évolution à l'avenir de cette catégorie de
dépenses risque de se révéler rapidement
problématique comme le souligne le rapport sur les
rémunérations de la fonction publique précité. En
effet après avoir analysé leur progression, ce rapport examine
les modalités de financement de ces retraites compte tenu des
évolutions démographiques à venir. Il relève ainsi
que la charge budgétaire incombant actuellement à l'Etat
représente 70,5 % du montant total de ces dépenses.
Par
ailleurs, compte tenu de l'évolution démographique, le
surcoût pour l'Etat est évalué à plus de
79 milliards de francs dès 2010 et serait sur les bases actuelles
de financement pour plus de 90 % à la charge de l'Etat.
Comme le préconise votre rapporteur général,
il importe
donc de prendre rapidement la mesure de ce phénomène : plus
en effet l'action à entreprendre sera réalisée tôt
plus elle sera efficace et moins elle sera douloureuse.
E. LE FLOU DE CERTAINES ESTIMATIONS DE DEPENSES
1. La sous-estimation volontaire par le gouvernement du coût de la
ristourne dégressive fusionnée
Même si les crédits destinés au financement de mesures
exceptionnelles en faveur de l'emploi ne figurent plus depuis cette
année au sein du budget des charges communes, mais de celui de l'emploi,
votre rapporteur tient à rappeler que le gouvernement avait
volontairement sous-estimé ces crédits lors de l'examen de la loi
de finances pour 1998, de plus de 3 milliards de francs. Ils devront donc
être rétablis à l'occasion de l'examen du prochain
collectif pour 1998. Celui-ci évoque ainsi dans son exposé des
motifs "
le rattrapage de 5,6 milliards de francs sur les
exonérations de charges sociales en faveur des bas salaires ".
2. La progression des dépenses éventuelles et accidentelles
Les dépenses diverses du budget des charges communes comportent,
conformément aux articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du
2 janvier 1959, une dotation pour les
dépenses
éventuelles ou accidentelles
de l'Etat, qui était de
545 millions de francs en 1998 et s'élève dans le projet de
loi initial à 1.200 millions de francs en 1999, soit une hausse de
120 %.
Il apparaît par ailleurs que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées, notamment en ce qui concerne les dépenses
accidentelles.
3. Les dépenses de garantie
Ainsi que cela a été souligné par votre rapporteur, ces
dépenses sont, selon le gouvernement, "
difficilement
prévisibles
" ce qui lui permet de moduler ces crédits
en fonction de ses propres contraintes.
En effet, lorsque des événements imprévus surviennent, les
estimations de dépenses sont rarement ajustées en
conséquence.
F. LE NECESSAIRE RECENTRAGE DES PRIMES D'EPARGNE LOGEMENT
Le chapitre 44-91 du budget des charges communes comporte les encouragements
à la construction immobilière, dont le poste essentiel est
constitué des primes d'épargne logement. Les crédits
s'élèvent à
8,1 milliards de francs
soit un
montant identique à celui de 1998.
Votre commission avait cependant lors de l'examen du projet de loi de finances
pour 1998 souhaité réduire ces crédits de
2,1 milliards de francs soit le montant des mesures nouvelles, car ce
dispositif est détourné de son objectif, qui est de mieux
financer le logement, afin d'être utilisé comme un produit de
placement coûteux pour l'Etat et sans effet sur l'économie de la
construction. Elle vous proposera de reconduire pour 1999 une telle
mesure.
INTRODUCTION
Le
budget des charges communes est un budget qui peut apparaître paradoxal.
Premier budget de l'Etat avec 681 milliards de francs de crédits,
dont 99 % de dépenses ordinaires, il représente plus du
tiers des dépenses brutes du budget général ; mais il
demeure le plus méconnu, quoique le plus varié par les
thèmes abordés.
Il comprend en effet au risque d'apparaître hétéroclite,
les crédits destinés à l'ensemble des services de l'Etat
ou à plusieurs d'entre eux, et qui ne peuvent être inscrits dans
le budget d'un ministère particulier.
Y figurent ainsi, sans que cette énumération ait un
caractère exhaustif, la charge financière de la dette publique,
les aides à l'exportation, l'aide publique en direction des pays les
moins avancés, le remboursement de la franchise postale des
administrations ou certains crédits destinés aux rapatriés.
Par delà cette diversité, votre rapporteur tient cependant
à relever que ces crédits restent très
" concentrés "
: les trois premiers postes de
dépenses (charge financière de la dette, remboursements
d'impôts et charges sociales) représentent plus de 89 % de
l'ensemble des dépenses.
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Dans le
projet de loi de finances pour 1999, les crédits du budget des charges
communes s'élèvent au total à
681 milliards de
francs
soit 34,2% des dépenses brutes
1(
*
)
du budget général de l'Etat.
Sont ainsi recensés les crédits qui destinés à
l'ensemble des services de l'Etat ou à plusieurs d'entre eux ne peuvent
être inscrits dans le budget d'un ministère particulier.
La structure de ce budget a été affectée de deux
mouvements en sens inverse
:
n d'une part, 43 milliards de francs de crédits correspondant aux
allégements de charges sociales ont été
transférés vers le budget du ministère de l'emploi et 799
millions de francs vers le budget de l'enseignement scolaire au titre du
paiement des bourses des collèges
2(
*
)
;
n d'autre part 15,4 milliards de francs de crédit ont été
rebudgétisés : 14,8 milliards sur le titre III correspondant
aux crédits relatifs au paiement par l'Etat des pensions des
fonctionnaires de La Poste et pour le titre IV, 550 millions de francs
d'apports aux fonds de garantie gérés par la SOFARIS qui
étaient inscrits au sein d'un Compte d'Affectation Spéciale.
Au total ce sont donc plus de 58 milliards de francs de crédits
qui ont ainsi changé d'affectation par rapport à l'année
précédente, soit une somme supérieure au budget de la
recherche, représentant plus de deux fois les crédits de la
justice ou les ¾ de ceux du ministère de l'Intérieur.
Hors effet de structure, les crédits représentent 665,56
milliards de francs en progression de 5,36% par rapport à 1998. La
progression des dépenses ordinaires est de 5,42% tandis que les
dépenses en capital, qui ne représentent que 0,74% du total,
baissent de 2,21%.
Evolution des crédits entre 1998 et 1999 3( * )
(en milliards de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998
|
Titre
I
|
|
|
|
Titre
II
|
|
|
|
Titre
III
|
|
|
|
Titre
IV
|
|
|
|
Total dépenses ordinaires |
626,666 |
660,656 |
+ 5,42 |
Titre
V - Investissements exécutés par l'Etat
|
0,1
|
0
|
NS
|
Titre
VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat
|
2,927
|
2,662
|
-
9,05
|
Total CP |
5,022 |
4,911 |
- 2,21 |
Total général |
631,688 |
665,567 |
+ 5,36 |
Compte
tenu de sa nature particulière, ce budget connaît par ailleurs des
variations importantes de structure au cours de l'exercice budgétaire.
Ainsi, s'agissant des pensions des différents ministères, seules
les pensions des agents des PTT et, depuis cette année, celles des
fonctionnaires de La Poste apparaissent en loi de finances initiale au sein de
ce budget pour
un montant de 29,5 milliards de francs
.
Puis c'est en gestion que le chapitre 32-97 des charges communes regroupe la
totalité des crédits de pension de l'Etat, à l'issue d'un
arrêté de transfert intervenant en début d'exercice. On
précisera que
la totalité des charges de pensions de l'Etat
pour 1999 est évaluée à 174,28 milliards de
francs
, en progression, à structure constante, de 5,9 % par
rapport à 1998. C'est donc une somme de plus de 140 milliards de francs
qui viendra abonder en cours d'année ce budget.
I. L'ÉVOLUTION DU TITRE I
A. LA CHARGE DE LA DETTE
Les
crédits consacrés à la charge brute de la dette augmentent
de 4,56 milliards de francs soit 1,85%, pour s'établir à
253,25 milliards de francs.
Il faut déduire de cette charge brute les recettes en atténuation
des charges de la dette. La charge nette de la dette s'élève, en
fait, à
237,247 milliards de francs,
en progression de
2,4 milliards de francs soit 1,02 %.
B. LES DÉPENSES DE GARANTIE
En 1999, les dépenses de garanties baissent au total de 5,36 % et atteignent 1.482 millions de francs 5( * ) .
Les dépenses de garantie
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Financement du logement |
45 |
6 |
3 |
Financement de l'agriculture |
4 |
4 |
4 |
Financement de l'industrie |
150 |
100 |
50 |
Garanties afférentes à l'exportation |
800 |
850 |
665 |
Garanties diverses |
552,26 |
606,16 |
760,2 |
TOTAL |
1.551,26 |
1.566,16 |
1.482,2 |
Les garanties afférentes au logement
baissent de
moitié pour représenter 3 millions de francs en 1999 prenant
en compte la diminution régulière des dépenses
d'exécution retracées à ce titre.
Les garanties afférentes au financement de l'industrie
baissent de moitié et s'établissent à 50 millions
de francs. Elles sont destinées à couvrir les défaillances
des sociétés en cours de restructuration
bénéficiaires de prêts à long terme garantis par
l'Etat. Ceux-ci ont été supprimés en 1986 mais l'encours
est encore de 5,74 milliards de francs au 31 décembre 1997.
Le poste qui était le plus important en volume, celui des
garanties afférentes à l'exportation
baisse de 185
millions de francs pour représenter 665 millions de francs en 1999.
Les crédits inscrits sont destinés à couvrir les besoins
de financement de quatre procédures de garantie gérées
pour le compte de l'Etat par la COFACE : l'assurance crédit,
l'assurance prospection-foire, la garantie de change et la garantie du risque
économique.
Par ailleurs, la ligne des garanties diverses progresse de
154 millions de francs soit une augmentation de 25,4 % et atteint
760,2 millions de francs.
Il s'agit principalement de garanties de
change accordées aux institutions financières
spécialisées, à l'Agence française de
développement (AFD) ou à la Banque française pour le
commerce extérieur (BFCE). Ces garanties participent de la politique
financière internationale de la France gérée par le
Trésor.
C. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
Les dépenses de remboursements et dégrèvements d'impôts s'élèvent à 306,7 milliards de francs , soit une progression de 9,8 %. Cette forte hausse résulte pour 27,2 milliards de francs de la révision des estimations qui figuraient en loi de finances initiale pour 1998, principalement au titre de la TVA et de l'impôt sur les sociétés.
1. Les contributions directes
L'ensemble des dépenses de remboursements et dégrèvements sur impôts directs 6( * ) s'élève à 146,1 milliards de francs en 1999, en progression de 8,34 % par rapport aux estimations de la loi de finances initiale et seulement de 0,2% en comparaison de ces estimations révisées.
2. Les remboursements sur produits indirects
Ils
concernent presque exclusivement (à hauteur de 97,6 % en loi de
finances initiale pour 1998) les remboursements au titre de la TVA.
Leur montant total progresse de 11,23 % par rapport à la loi de
finances initiale et atteint 160,1 milliards de francs, soit une
augmentation de 16,2 milliards de francs.
II. LES POUVOIRS PUBLICS
Les dépenses des pouvoirs publics s'élèvent à 4,502 milliards de francs, en progression de 2,4 % par rapport à 1998 :
Crédits du titre II de 1998 à 1999
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Présidence de la République |
40,54 |
57,28 |
+ 41,3 % |
Assemblée nationale |
2.789,30 |
2.849,92 |
+ 2,15 % |
Sénat |
1.531,83 |
1.561,62 |
+ 1,94 % |
Conseil constitutionnel |
26,31 |
26,23 |
- 0,3 % |
Haute Cour de Justice |
- |
- |
- |
Cour de Justice de la République |
6,7 |
6,7 |
0 |
Total |
4.395,28 |
4.501,75 |
+ 2,42 % |
III. LES DÉPENSES DU TITRE III
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Il convient de relever que, à la différence des deux projets de loi de finances précédents, aucun crédit ne figure au chapitre 31-94 au titre des " mesures générales intéressant les agents publics ". En effet, 3 milliards de francs avaient inscrits en 1998 et 1,5 milliard de francs en 1997 pour financer les résultats des négociations salariales dans la fonction publique.
1. Les dépenses de pensions
a) Une opération de rebudgétisation pour un montant de 14,822 milliards de francs
A la suite de la suppression du fonds de concours recueillant la contribution de La Poste aux charges de pension de ses agents fonctionnaires, les crédits relatifs à ces charges, en hausse de 4,4 % par rapport aux prévisions de 1998, ont été rebudgétisés au sein du budget des charges communes dans le chapitre 32-97 " Pensions " 7( * ) .
b) La contribution de l'Etat à l'équilibre démographique du régime des pensions des ouvriers de la défense et des services industriels de l'Etat
Ce
régime qui est financé par des retenues sur les salaires et une
contribution patronale prévoit des possibilités de départ
à la retraite avant 60 ans. De ce fait, l'Etat assure
l'équilibre de ce fonds à partir des budgets des
différents ministères, des budgets annexes de l'aviation civile
et des monnaies et médailles.
La charge de 6,1 milliards de francs pour le budget de l'Etat en 1999 (-
17 % en raison du relèvement de 10,34 à 24 % du taux de
cotisation employeur) est répartie en fonction du nombre de
retraités propres à chacune des sections ministérielles.
Elle est de 124,8 millions de francs au budget des charges communes en
1999, soit un montant identique à celui de 1998.
2. Les dépenses de charges sociales
Un
crédit de
54,41 milliards de francs
est inscrit au
chapitre 33-91 " Personnel en activité - prestations et
versements obligatoires ", en progression de 5,3 % par rapport
à 1998. Cette augmentation de 2,75 milliards de francs
résulte de l'ajustement pour 1999 des sommes versées en 1998 au
titre des quatre postes suivants :
a) Le versement de l'Etat à la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF)
Ce versement couvre la différence entre le montant des prestations
familiales servies par l'Etat à ses agents et le montant des cotisations
qu'il aurait eu à verser à la CNAF s'il avait été
affilié à cet organisme. Ces versements s'élèvent
à
9,94 milliards de francs
en 1999, en progression de
4 %.
b) Les cotisations patronales d'assurance-maladie
des
fonctionnaires civils s'élèvent à
23,82 milliards
de francs
, en progression de 2,5 %. Les cotisations sont assises sur
le traitement brut des fonctionnaires.
c) Les crédits du fonds national d'aide au logement
versés par l'Etat en tant qu'employeur, progressent de 3,2 % et
atteignent
260 millions de francs.
d) Enfin, le versement de l'Etat au titre de la compensation
démographique des régimes de sécurité sociale
s'élève en 1999 à
20,39 milliards de francs
,
en progression de 9,5 %. L'Etat contribue en effet à la fois
à la " compensation démographique
généralisée " entre régimes de base
obligatoires de sécurité sociale et à la
" surcompensation " spécifique entre régimes
spéciaux d'assurance-vieillesse.
B. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
L'essentiel des dépenses concerne les
services
rendus par
la Poste à l'administration
. Ces crédits, qui compensent les
services rendus aux comptables publics au travers de la tenue des comptes
chèques postaux, diminuent à nouveau en 1999 de 378 millions
de francs et s'établissent à
600 millions de francs
.
Ils retracent également les remboursements des franchises postales
encore en vigueur, à hauteur de 17 millions de francs.
Par ailleurs, ces dépenses comportent les frais de gestion du Fonds de
solidarité vieillesse par l'Etat : 5,39 millions de francs en
1999.
C. LES DÉPENSES DIVERSES
Au sein
de ces dépenses figurent notamment :
le remboursement
des frais de gestion
, pour le compte de l'Etat,
des protocoles financiers
avec les Etats étrangers par
NATEXIS-Banque et la Caisse française de développement :
205 millions de francs en 1999.
le financement des partis et groupements politiques
dans le cadre
des lois du 11 mars 1988 et du 15 janvier 1990.
Les dépenses s'élèvent à
526,5 millions de
francs
, soit un niveau qui n'a pas varié depuis 1995, et se
répartissent en deux fractions égales :
- une première fraction est destinée au financement des
partis et groupements en fonction de leurs résultats aux
élections à l'Assemblée nationale ;
- une seconde fraction est spécifiquement destinée au
financement des partis et groupements représentés au Parlement.
la rémunération des prestations de la Banque de
France
:
730 millions de francs
, en hausse de 5,7% par
rapport à 1998. Ces crédits sont consacrés à la
rémunération de services rendus par la Banque de France à
l'Etat, notamment la tenue du compte du Trésor, la balance des
paiements, le surendettement, les adjudications de valeur du Trésor,
etc...
enfin les dépenses diverses du budget des charges communes
comportent, conformément aux articles 10 et 11 de l'ordonnance
organique du 2 janvier 1959, une dotation pour les
dépenses
éventuelles
de l'Etat, de
600 millions de francs
(+ 110 % en 1999) ainsi qu'une dotation pour
dépenses
accidentelles
de
600 millions de francs
(+ 130 % en
1999)
soit un total de crédit de 1.200 millions de francs contre
545 millions en 1998 dans le projet initial.
Il apparaît cependant que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées comme en témoigne le tableau ci-dessous :
Exécution en lois de finances
|
PLF 1996 |
PLF 1997 |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
Chapitre 37-94 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
85 |
245 |
285 |
600 |
Exécution |
141,5 |
244,4 |
31,6 1 |
- |
Chapitre 37-95 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
210 |
200 |
260 |
600 |
Exécution |
50,7 |
45,4 |
17 1 |
- |
1. Au 30 juin 1998
Source - Direction du budget
IV. LES DÉPENSES D'INTERVENTIONS PUBLIQUES
A. LE FONDS NATIONAL DE PÉRÉQUATION DE TAXE PROFESSIONNELLE
La loi
du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire a institué un fonds national de
péréquation de taxe professionnelle doté d'un produit
déterminé chaque année par le comité des finances
locales et d'une dotation de l'Etat qui doit évoluer chaque année
en fonction de l'indice de variation des recettes fiscales nettes de l'Etat.
En 1999, la dotation est fixée à
676,60 millions de
francs
en progression de 5,88 %.
B. L'ACTION INTERNATIONALE
L'essentiel des crédits est consacré à l'accord fiscal avec la confédération helvétique en date du 11 avril 1983 : 533 millions de francs en 1999 (+ 8,4 millions de francs). Cet accord prévoit que les rémunérations perçues par les travailleurs transfrontaliers ne sont imposables que dans l'Etat où ils sont résidents, moyennant une compensation de l'autre Etat.
C. L'ACTION ÉCONOMIQUE
1. Les mesures en faveur de l'emploi
Le
budget des charges communes comportait jusqu'au projet de loi de finances pour
1998 un chapitre de " mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de
la formation professionnelle " doté de 43 milliards de francs,
correspondant au financement de la ristourne dégressive
fusionnée, dont l'origine remonte à 1996.
Ainsi que votre rapporteur l'avait déjà souhaité à
plusieurs reprises par souci de clarté, ces crédits sont
désormais regroupés au sein du budget de l'emploi dont ils
constituent une des politiques principales.
2. La " cohésion sociale "
Pour 1998, une provision de 225 millions de francs avait été inscrite. Elle est devenue sans objet avec l'adoption de la loi d'orientation et de lutte contre les exclusions. Les crédits sont désormais répartis entre les différents ministères concernés et principalement celui de l'emploi et de la solidarité.
3. La politique du logement
Le
chapitre 44-91 comporte les encouragements à la construction
immobilière, dont le poste principal est constitué des primes
épargne logement. Les crédits s'élèvent à
8,1 milliards de francs,
soit un montant identique à celui
de 1998.
La dotation des prêts aidés pour l'accession à la
propriété augmente sensiblement (+ 12%), et s'établit
à 295 millions de francs.
Enfin, la dotation des prêts spéciaux du Crédit foncier de
France diminue de 31% et s'établit à
275 millions de
francs
.
4. La participation à divers fonds de garantie
Les
crédits concernant la garantie de l'Etat à des instituts de
participation et aux prêts consentis par certains établissements
financiers augmentent de 597 millions de francs pour s'établir à
700 millions de francs.
Cette progression résulte à hauteur de 550 millions de francs de
l'inscription au budget général des dotations allouées
à la SOFARIS qui figuraient jusqu'alors au sein d'un compte
d'affectation spéciale et ont ainsi été
rebudgétisées.
5. La participation au service d'emprunts à caractère économique
La
dépense s'établit à
4,95 milliards de francs
,
en diminution de 8,4 % et concerne presque exclusivement à hauteur
de 4,93 milliards de francs les bonifications destinées aux
établissement financiers et assimilés dont le montant est
réduit de 448,7 millions de francs. Les deux principaux postes de
dépenses subissent des baisses:
les crédits les plus élevés restent ceux de la
Caisse française de développement : 3,9 milliards de
francs, soit une baisse de 250 millions de francs pour 1999.
Il
s'agit de bonifications d'intérêts des emprunts de la Caisse
française de développement, ainsi que de la réduction
d'intérêts de prêts à quatre Etats de la zone franc
accordée depuis le sommet de la Baule (juin 1990).
le coût des bonifications au titre des crédits à
l'exportation, gérés par la Banque française pour le
commerce extérieur (BFCE) diminue de 150 millions de francs pour
s'établir à 550 millions de francs. Les informations
obtenues par votre rapporteur précisent que "
cette estimation
est très dépendante des produits perçus sur les accords de
consolidation et de l'évolution des taux d'intérêt à
court terme du franc et du dollar
".
D. LES DÉPENSES D'ACTION SOCIALE
1. Les versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale
a) Les versements "à divers régimes"
Les crédits progressent de 1,2 % et s'établissent à 496 millions de francs . Il s'agit en fait de la subvention au régime de retraite de la SEITA qui a été maintenue après la privatisation de cette dernière.
b) Le transfert de l'aide à la scolarité vers le budget de l'enseignement scolaire
L'aide à la scolarité a été créée par la loi du 25 juillet 1994, afin de remplacer le système des bourses de collèges qui datait de 1959. Cette aide varie en fonction du revenu des parents et du nombre d'enfants. Elle a été transférée au budget de l'enseignement scolaire.
2. Le Fonds spécial d'invalidité
Le Fonds
de solidarité vieillesse, créé par la loi du
22 juillet 1993, prend en charge les avantages d'assurance vieillesse non
contributifs relevant de la solidarité nationale, à l'exclusion
de l'allocation supplémentaire versée aux
bénéficiaires de pensions d'invalidité qui reste
à la charge d'un fonds spécial d'invalidité,
financé par le budget des charges communes.
Les crédits inscrits pour 1999 s'élèvent à
1.580 millions de francs
, en baisse de 0,23 %.
3. La majoration des rentes viagères
La participation de l'Etat à la majoration des rentes viagères progresse de 1,5 million de francs et atteint 2.349 millions de francs. Cette progression correspond à la revalorisation traditionnelle sur l'indice prévisionnel des prix hors tabac, opérée par l'article 77 du présent projet de loi de finances .
4. Les crédits consacrés aux rapatriés
a) Les aides aux rapatriés
La loi
du 2 janvier 1978 avait fixé le principe d'une indemnisation totale
des rapatriés, et la loi du 16 juillet 1987, en corrigeant la
sous-évaluation avérée des biens, avait autorisé le
dépôt de nouveaux dossiers jusqu'au 20 juillet 1988. Le
dernier plan d'indemnisation s'étant achevé en 1998 : aucun
crédit ne figure plus à ce titre dans le projet de loi de
finances pour 1999.
Par ailleurs, au titre de régime de remise automatique des dettes des
rapatriés mis en place par l'article 44 de la loi de finances pour 1996,
80 millions de francs de crédits sont prévus pour 1999,
contre 100 millions en 1998.
b) Le rachat des cotisations d'assurance vieillesse
La loi du 4 décembre 1985 a favorisé le rachat des cotisations d'assurance vieillesse en accordant une aide de l'Etat à tout Français concerné pouvant justifier de sa qualité de rapatrié, aide variant selon les revenus du demandeur. Compte tenu des classes d'âge concernées, le nombre de dossiers liquidés s'est stabilisé à partir de 1993 avant de décroître fortement depuis 1996. Les crédits correspondants passent de 470 à 274 millions de francs en 1999 .
V. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT DES TITRES V ET VI
Les dépenses d'investissement qui s'établissent à 4,91 milliards de francs, en diminution de 4,51 %, se répartissent en deux catégories.
A. LES SUBVENTIONS D'INVESTISSEMENT DESTINÉES À DES ACTIVITÉS NATIONALES
1. Les interventions en faveur des PME
Les crédits de paiement passent de 100 millions de francs à 57 millions de francs. Les aides à la promotion commerciale augmentent de 6,8 % pour s'établir à 47 millions de francs. En revanche, compte tenu de la réforme des protocoles mises en place en ce domaine, les crédits concernant l'aide au développement d'implantations commerciales ne représentent plus que 10 millions de francs contre 56 millions de francs en 1998. Ils correspondent à la poursuite d'opérations lancées au titre de lois de finances antérieures.
2. Les aides aux villes nouvelles
Les
crédits de paiement des mécanismes d'aide accordés aux
établissements des villes nouvelles s'établissent à
107,9 millions de francs,
en progression de 2,6 %. Ils
permettent aux villes nouvelles "
de financer d'importants programmes
d'équipements publics, réalisés pour l'accueil de nouveaux
habitants et activités, avant même que leur base contributive,
notamment celle de taxe professionnelle, ne se développe
".
Ces crédits sont ensuite transférés en gestion sur le
budget de l'urbanisme et des services communs.
3. Les travaux de sécurité dans les écoles
Le plan
gouvernemental de 1994 sur la sécurité dans les écoles
comporte l'institution :
- d'une prime de 11,2 % du montant emprunté par les
collectivités locales pour les travaux dans les collèges ;
- d'une enveloppe de 2,5 milliards de francs sur cinq ans affectée
à la sécurité dans les établissements scolaires du
premier degré.
La décision a été prise en 1996 d'étaler sur trois
ans le solde du plan initial (1 milliard de francs sur deux ans). En 1999, il
s'agira de la 6
eme
tranche, ce qui représente
330 millions de francs
en autorisations de programme, et
215 millions de francs
en crédits de paiement.
B. L'ACTION INTERNATIONALE
Les subventions d'investissement hors de France représentent 4,18 milliards de francs de crédits de paiement.
1. L'aide extérieure
Les crédits consacrés à l'aide extérieure bilatérale atteignent en crédits de paiement 300 millions de francs , en diminution de 51,1 % par rapport à 1998. Il s'agit des dons du Trésor aux Etats étrangers, dont les frais de gestion sont réglés à l'AFD et à NATEXIS-Banque au titre du remboursement des frais de gestion des protocoles financiers avec les Etats étrangers.
2. La participation aux fonds internationaux
Les
crédits de paiement connaissent en 1999 un montant (3.882 millions
de francs) proche de celui de 1998 (3.853 millions de francs).
Le Fonds européen de développement
est le principal
outil de la politique communautaire en direction des pays ACP. Il est
alimenté par des versements nationaux avec des clés de
contribution distinctes de celles appliquées pour le budget
général de l'Union européenne et qui sont liées au
rythme d'exécution des projets. Les crédits prévus pour
1999 sont identiques à ceux de 1998 :
1.612 millions de
francs
.
La participation aux ressources de
l'Association internationale de
développement est de 1.382 millions de francs en
crédits de paiement
, soit un montant identique à celui
prévu pour 1998. Cette participation constitue la traduction de
l'inscription de 4,4 milliards de francs en autorisations de programme en
1997 au titre de la reconstitution des ressources de l'Association.
La participation aux autres fonds atteint 888 millions de francs en
1999.
3. La participation au capital d'organismes internationaux
Les
crédits de paiement progressent de 85 millions de francs à
349 millions de francs principalement en raison de deux mouvements :
- l'inscription de 157 millions de francs de crédits de
paiement au profit de la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD) ; cette décision est la
conséquence du doublement du capital négocié en 1996 entre
les actionnaires;
- 67 millions de francs de crédits de paiement au titre de la
5
eme
augmentation de capital de la Banque africaine de
développement.
VI. LES TROIS ARTICLES RATTACHÉS
A. L'ARTICLE 77 : LA MAJORATION LÉGALE DES RENTES VIAGÈRES
L'article 77 opère la revalorisation
traditionnelle qui
est fixée cette année au taux de 1,2 % des rentes servies en
réparation d'un préjudice, ou constituées au profit
d'anciens combattants.
Il convient de relever que
les rentes constituées entre
particuliers
ne font plus l'objet d'une revalorisation au sein du projet de
loi de finances. En effet, dans son avis rendu sur le précédent
projet de loi de finances, le Conseil d'Etat avait estimé que cette
disposition n'était constitutive d'aucune charge pour l'Etat. Elle ne
pouvait figurer au sein de la loi de finances, mais devait relever d'une
disposition législative de droit commun.
Les crédits s'élèvent à
2.349 millions de
francs en 1999, soit un montant presque identique à celui de 1998.
B. L'ARTICLE 78 : LA MISE À DISPOSITION DE LA POSTE DES FONDS DES CCP
Le
nouveau contrat d'objectifs et de progrès
de
la Poste
,
signé en juin 1998 pour la période 1998-2001, prévoit une
sortie progressive du système de centralisation des CCP au
Trésor, donnant ainsi de nouvelles libertés de gestion à
l'exploitant.
C'est ce que concrétise l'article 78 du projet de loi de finances pour
1999, qui met fin à l'obligation pour La Poste de verser au
Trésor les avoirs créditeurs des titulaires de comptes courants
postaux : la Poste assurera ainsi progressivement la gestion
financière de ces avoirs.
Il conviendra que soit précisé l'échéancier en
fonction duquel seront décentralisés ces fonds ainsi que les
conséquences en terme de financement pour l'Etat. Sur la base d'une mise
à disposition progressive de 30 milliards de francs par an sur cinq ans,
le gain net devrait être de 100 millions de francs pour l'Etat. Ce gain
correspond, selon les informations fournies par le gouvernement, à
l'écart de rémunération entre les dépôts des
CCP (4,75%) et le taux des Bons du Trésor à court terme (BTF),
actuellement de 4%, qui seront émis en compensation.
Par ailleurs, ainsi que cela a déjà été
relevé par votre commission des finances, il est indispensable de doter
la Poste d'une comptabilité analytique indiscutable.
Dans ce cadre, votre commission est favorable à ce dispositif, dans
la mesure où il renforcera l'autonomie de La Poste.
C. L'ARTICLE 79 BIS : LA PROROGATION ET L'EXTENSION DU CONGÉ DE FIN D'ACTIVITÉ
Lors de
l'examen par l'Assemblée nationale le 5 novembre 1998 des
crédits de la fonction publique, le gouvernement a
présenté en séance un amendement visant à proroger
pour 1999, le dispositif du Congé de fin d'activité (CFA)
et
à l'étendre
aux agents âgés d'au moins
56 ans et justifiant de 40 années de cotisations tous
régimes confondus et de 15 années de service public.
Cet amendement a été rectifié en séance afin
d'être rattaché au budget des charges communes et non plus
à celui de la fonction publique.
Le Congé de fin d'activité a été prévu pour
une durée d'un an par la loi du 16 décembre 1996 relative
à la fonction publique et transpose aux fonctionnaires le dispositif de
l'ARPE
8(
*
)
mis en place dans le secteur
privé en octobre 1995.
Il était destiné aux agents âgés d'au moins
58 ans ayant cotisé, soit 37,5 ans et 25 ans en
qualité d'agent public, soit 40 années dont 15 années
en qualité d'agent public. Cela leur permet de bénéficier
de 75 % de leur traitement brut et
leur départ est
compensé par le recrutement d'un nouveau fonctionnaire.
En 1997, 12.479 agents de l'Etat ont bénéficié de cette
mesure soit un chiffre supérieur aux prévisions. Le coût
brut est estimé à 139.000 F. Selon les informations fournies
à l'Assemblée nationale par le ministre de la fonction publique
" les chiffres seront du même ordre en 1998
".
Le dispositif a été reconduit pour 1998 par l'article 111 de
la loi de finances pour 1998, qui résulte d'un amendement introduit en
nouvelle lecture à l'Assemblée nationale sur lequel le
Sénat ne s'était pas prononcé explicitement, compte tenu
du vote d'une question préalable.
La rédaction adoptée, à l'initiative du gouvernement, par
l'Assemblée nationale dans l'actuel projet de loi de finances proroge
à nouveau le dispositif d'un an
et en étend le champ
,
conformément à ce qui était prévu par l'accord
salarial du 10 février 1998. Il serait ouvert aux agents
âgés de plus de 56 ans, justifiant de 40 années de
cotisation, tous régimes confondus et 15 années de services
publics. De plus, la base de calcul et le régime applicable aux
fonctionnaires handicapés seraient aménagés.
Selon les informations communiquées par le gouvernement, le coût
de la reconduction pour 1999 serait de 390 millions de francs et celui de
son extension de 380 millions de francs.
Dans la mesure où cette disposition ne contribue pas à la
baisse des effectifs de la fonction publique que préconise votre
commission des finances, il vous est proposé d'accepter la prorogation
pour 1999 de ce dispositif, mais de refuser l'extension de son champ
d'application.
CHAPITRE II
L'ÉTAT
DÉBITEUR
Les
crédits apparaissant au sein de ce budget au titre des obligations de
l'Etat débiteur correspondent le plus souvent à des
dépenses de constatation résultant de la prise en compte de
circonstances extérieures, d'éléments exogènes dont
le Parlement prend acte le cas échéant, qu'il peut parfois
déplorer, tout en ne pouvant les modifier ou s'y opposer que très
rarement.
Trois domaines sont ici concernés : la charge financière de
la dette, les dépenses de garantie données par l'Etat dans des
cadres divers ainsi que les remboursements et dégrèvements
d'impôts.
I. LA CHARGE DE LA DETTE
A. L'EVOLUTION DE L'ENDETTEMENT DE L'ETAT
En 1999,
et pour la première fois depuis 1991, le budget de l'Etat se trouve en
situation d'équilibre primaire. Hors prise en compte de la charge des
intérêts de la dette, les recettes dépassent en effet les
dépenses. Cela signifie que l'Etat n'emprunte plus pour financer les
intérêts de sa dette, même si cela n'est pas suffisant
cependant pour stabiliser le poids de la dette publique dans le produit
intérieur brut (PIB), à l'inverse de la quasi-totalité des
autres pays membres de l'Union européenne.
Ainsi que votre rapporteur général l'a souligné, il
eût fallu en ce cas réduire le déficit de l'Etat à
2,6% contre 2,7% du PIB, et celui des administrations publiques à 2,2%
et non à 2,3% du PIB.
La
dérive des dettes publiques dans l'Europe des quinze
(sauf
Luxembourg) selon l'OCDE (1998/1999) % du PIB
|
1998 |
1999 |
Evolution |
Finlande |
53,4 |
54,6 |
+ 1,2 |
France |
58,9 |
59,5 |
+ 0,6 |
Allemagne |
60,7 |
60,5 |
- 0,2 |
Autriche |
64,8 |
64,4 |
- 0,4 |
Pays-Bas |
69,5 |
68,9 |
- 0,6 |
Espagne |
68,5 |
67,5 |
- 1,0 |
Royaume-Uni |
52,1 |
50,5 |
- 1,6 |
Portugal |
63,4 |
61,9 |
- 2,5 |
Italie |
118,5 |
116,0 |
- 2,5 |
Grèce |
108,2 |
105,6 |
- 2,6 |
Belgique |
118,4 |
115,4 |
- 3,0 |
Suède |
74,5 |
71,1 |
- 3,4 |
Danemark |
57,3 |
53,2 |
- 4,1 |
Irlande |
57,0 |
50,3 |
- 6,7 |
Moyenne |
72,5 |
71,4 |
- 1,1 |
En effet, si la France est l'un des six pays de l'Union européenne à satisfaire le critère de la dette publique fixé par le traité de Maastricht 9( * ) , elle fait partie, selon l'OCDE, des deux seuls Etats à voir cette dette s'accroître. Ces informations sont confirmées par les statistiques de la commission européenne selon lesquelles seul le Luxembourg connaît une évolution de la charge de sa dette publique supérieure à celle de la France. Il faut cependant indiquer que ce pays connaît un niveau de dette considérablement inférieur.
Encours de la dette de l'Etat au 31 décembre
(en milliards de francs)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Dette totale de l'Etat |
1.781,54 |
1.864,2 |
2.106,67 |
2.461,75 |
2.904,52 |
3.254,34 |
3.542,26 |
3.790,27 |
En % du PIB |
27,4 |
27,6 |
30,1 |
34,8 |
39,3 |
42,4 |
45,1 |
46,6 |
B. L'ÉVOLUTION DE LA CHARGE DE LA DETTE
Les
crédits consacrés à la charge brute de la dette augmentent
de 4,56 milliards de francs, soit 1,85 %, pour s'établir
à 253,25 milliards de francs.
Ils sont ainsi répartis :
(en milliards de francs)
|
1998 |
1999 |
Ecart |
Dette négociable 10( * ) |
238,308 |
243,559 |
+ 2,20% |
Dette non négociable |
10,036 |
9,381 |
- 6,53 % |
Charges de gestion de la dette et frais de trésorerie |
0,310 |
0,310 |
0 |
Total |
248,654 |
253,251 |
+ 1,85 % |
Il faut
déduire de cette charge brute les recettes en atténuation des
charges de la dette qui figurent aux lignes 806
11(
*
)
et 411
12(
*
)
du
fascicule " voies et moyens ". La charge nette de la dette
s'élève, en fait, à
237,24 milliards de
francs
13(
*
)
,
en progression de
2,4 milliards de francs soit 1,02 %.
La progression limitée à 2,4 milliards de la charge de la
dette est liée au bas niveau des taux d'intérêt, soit
à des raisons exogènes, indépendantes de la volonté
du gouvernement, " l'effet prix ", qui permet ainsi une politique de
gestion active de la dette.
A contrario, le montant du déficit budgétaire et de divers
engagements de l'Etat, " l'effet volume ", représente
245,5 milliards de francs et contribue à accroître
mécaniquement la charge financière de la dette de
12,5 milliards de francs.
La charge de la dette en 1999
L'estimation de la charge de la dette pour 1999 de 237,2 milliards de
francs tient compte de plusieurs paramètres :
1.
Un effet volume
, lié au financement du déficit
de l'exercice (236,6 milliards de francs) et de divers engagements de
l'Etat pour 9 milliards de francs : les émissions
correspondantes entraînent une progression tendancielle des charges de la
dette de près de 12,5 milliards de francs.
2. Des effets prix :
il faut d'une part prendre en compte les gains de refinancement des titres
longs : la dette à taux fixe arrivant à
échéance en 1998 est refinancée à des conditions de
taux plus avantageuses ce qui permet d'engranger en 1999 une économie
nette de plus de 7,5 milliards de francs ;
a contrario la hausse anticipée des taux courts devrait se traduire
par un surcoût net de 1,7 milliard de francs en 1999 de la charge
des intérêts des BTF.
3. De la politique de gestion active de la dette
: à travers
des opérations de rachats et d'échanges, elle permet
également de dégager des économies en tirant profit des
opportunités qu'offre l'orientation des marchés financiers. A
titre d'exemple, une importante opération d'échange sur l'Ecu a
été conduite le 15 avril 1998, sur une enveloppe de plus de
60 milliards de francs.
Au total la progression des charges de la dette est de 2,4 milliards de
francs par rapport à la Loi de Finances Initiale pour 1998.
Source : Ministère de l'Economie.
S'agissant des hypothèses de taux associées au présent
projet de loi de finances, qui correspondent au " consensus du
marché ", soit la moyenne des prévisions des principaux
intervenants sur le marché obligataire, il convient de relever qu'ils
sont plus élevés en 1999 que ceux relevés en
1998.
|
Court
terme
|
Moyen
terme
|
Long
terme
|
1998 |
4% |
4,3% |
5,0% |
1999 |
4% |
4,7% |
5,1% |
La création d'OAT indexées sur l'inflation.
En
matière d'émissions à taux variable, la mise en place
d'OAT indexées sur l'inflation devrait permettre à l'Etat, de
réaliser des économies sur la charge de la dette, et ceci pour
deux raisons :
• en garantissant à l'investisseur qu'il est couvert contre tout
risque inflationniste, l'Etat récupère la prime de risque sur
inflation qui est comprise dans toute obligation émise à taux
fixe ;
• l'Etat bénéficiera également de la diversification
qui sera rendue possible par l'émission d'obligations indexées
sur l'inflation : en diversifiant ses possibilités de faire appel
aux marchés de capitaux entre produits à taux fixe, produits
à taux variable et produits indexés sur l'inflation, l'Etat
bénéficiera d'un coût d'emprunt optimal et d'un effet
d'attraction renforcé.
C. LA NÉCESSAIRE MAÎTRISE DE LA CHARGE BUDGÉTAIRE DE LA DETTE
Seul
apparaît dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie de
la dette de l'Etat,
c'est-à-dire les charges financières que
celle-ci entraîne pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opère, lui, dans un cadre extrabudgétaire et n'apparaît
donc jamais en tant que tel au sein du budget.
Ainsi en 1999, si la charge nette de la dette apparaît stabilisée
avec une progression limitée à 1%, soit un surcoût de 2,4
milliards de francs c'est uniquement en raison d'un " effet-prix "
résultant du niveau historiquement bas des taux d'intérêt.
Il s'agit donc bien de causes exogènes indépendantes de la
volonté du gouvernement, dont celui-ci tire profit cependant et dont il
est à craindre qu'elles ne perdurent.
Par ailleurs,
le financement du déficit budgétaire de l'Etat
estimé à 236,5 milliards de francs
et de divers
engagements pour une somme de 9 milliards de francs
a contribué
à accroître mécaniquement les charges de la dette de 12,5
milliards de francs.
Cet " effet volume " résultant de la progression continue de
l'encours de la dette de l'Etat rend donc plus que jamais nécessaire
l'effort de réduction du déficit budgétaire proposé
par votre commission. En souhaitant que ce déficit soit réduit de
14 milliards de francs supplémentaires par rapport à ce que
propose le gouvernement, votre commission entend ainsi stabiliser le poids de
la dette au sein du PIB. Seule une telle politique permettra en effet de
préserver l'avenir et de lutter contre " l'effet boule de
neige " de l'endettement qui accroît inexorablement la charge
financière pesant chaque année sur le budget de l'Etat, limite la
marge de manoeuvre de la politique budgétaire et fragilise les finances
publiques.
Il apparaît donc à votre rapporteur indispensable de stabiliser le
poids relatif de celle-ci par rapport au PIB, afin de redonner des marges de
manoeuvre à la politique budgétaire et de limiter la
vulnérabilité des finances publiques.
Dans ce contexte ainsi que le relève le rapporteur spécial
de l'Assemblée nationale, comme les taux d'intérêt ne
pourront plus baisser en valeur absolue autant qu'auparavant "
une
maîtrise de la charge de la dette ne pourra venir, à
l'évidence, que de la poursuite de la diminution du déficit
budgétaire
".
II. LES DÉPENSES DE GARANTIE
A. LE POIDS DES ALÉAS INTERNATIONAUX
Au sein
de ces dépenses de garantie, le poste le plus important est
constitué par les garanties à l'exportation. Or, il est
particulièrement frappant de relever que, selon les termes mêmes
du gouvernement, les prévisions concernant ce poste de dépenses
sont
" très aléatoires et dépendantes
d'événements imprévisibles "
. En effet, la
plupart des dépenses de garantie évoluent en fonction des
aléas de la conjoncture internationale.
Cette situation est d'autant plus nette pour l'exercice 1999, que les
aléas des marchés étrangers enregistrés en 1998
risquent de se confirmer en 1999. Ainsi, la COFACE estime qu'une
"
cessation complète des paiements de la part de
l'Indonésie conduirait à des indemnisations pouvant
s'élever jusqu'aux environs de 3 milliards de francs sur
l'exercice
" faisant par voie de conséquence supporter à
l'Etat un coût non négligeable au titre de
l'assurance-crédit. De même, compte tenu des évolutions
contrastées du dollar et du franc, la garantie de change
gérée par la COFACE pourrait être pour la première
fois déficitaire, au titre des exercices 1998 et 1999.
B. L'ÉVOLUTION EN 1999
En 1999, les dépenses de garanties baissent au total de 5,36 % et atteignent 1.482 millions de francs. Néanmoins, les différents postes connaissent des évolutions très contrastées.
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Financement du logement |
45 |
6 |
3 |
Financement de l'agriculture |
4 |
4 |
4 |
Financement de l'industrie |
150 |
100 |
50 |
Garanties afférentes à l'exportation |
800 |
850 |
665 |
Garanties diverses |
552,26 |
606,16 |
760,20 |
TOTAL |
1.551,26 |
1.566,16 |
1.482,2 |
Les garanties afférentes au logement
baissent de
moitié pour représenter 3 millions de francs en 1999 prenant en
compte la diminution régulière des dépenses
d'exécution retracées à ce titre. Elles retracent en effet
la garantie donnée au Comptoir des entrepreneurs ainsi qu'au
Crédit Foncier de France pour pallier aux défaillances des
fonctionnaires bénéficiaires de prêts
complémentaires. Or ces types de prêts ont soit disparu ( les
Prêts d'accession à la propriété ), ou ont perdu de
leur attractivité comme les prêts conventionnés en raison
de la baisse des taux d'intérêt.
Les garanties afférentes au financement de l'industrie
baissent de moitié et s'établissent à 50 millions de
francs. Elles sont destinées à couvrir les défaillances
des sociétés en cours de restructuration
bénéficiaires de prêts à long terme garantis par
l'Etat. Ceux-ci ont été supprimés en 1986 mais l'encours
est encore de 5,74 milliards de francs au 31 décembre 1997. Cette
diminution prend en compte la diminution des dépenses constatées
ces dernières années (8,15 millions en 1997) en raison notamment
de l'amélioration de la conjoncture économique.
Le poste qui était le plus important en volume, celui des
garanties afférentes à l'exportation
baisse de 185
millions de francs pour représenter 665 millions de francs en 1999.
Les crédits inscrits sont destinés à couvrir le besoin de
financement de quatre procédures de garantie gérées pour
le compte de l'Etat par la COFACE
14(
*
)
.
1. L'assurance crédit
L'assurance-crédit permet aux exportateurs de se couvrir
contre divers risques : politique, commercial...
Depuis 1995, la COFACE n'a pas eu besoin de financement,
l'assurance-crédit étant à nouveau, après une
décennie de déficit, excédentaire, et cela en l'absence de
sinistres majeurs et en raison de la stabilisation des principaux risques.
En 1997, malgré le crise financière en Asie du Sud-Est, la
poursuite de la stabilisation des principaux risques et l'amélioration
des récupérations ont entraîné un reversement de
7 milliards de francs au Trésor.
Pour 1998, les remboursements d'arriérés importants,
malgré des risques plus aléatoires (Indonésie, Nigeria,
Pakistan), font prévoir un excédent de 6 milliards de francs
sur les opérations courantes. Comme le relève le gouvernement
" ces montants pourraient faire l'objet de reversements au profit du
budget de l'Etat ".
Les informations communiquées à votre rapporteur pour 1999
sont les suivantes :
"
Un nouvel excédent, de l'ordre de 7 milliard de francs
est attendu. Cette prévision repose sur la prolongation des tendances
déjà évoquées, à savoir la stabilisation des
principaux risques et l'encaissement de récupérations
liées à des sinistres antérieurement indemnisés.
Ces prévisions restent cependant très aléatoires et
dépendantes des événements imprévisibles pouvant
sérieusement remettre en cause l'excédent attendu (cf.
évolution en Asie et en Russie) ; à titre d'exemple, la
COFACE évalue qu'une cessation complète des paiements de la part
de l'Indonésie conduirait à des indemnisations pouvant
s'élever jusqu'aux environs de 3 milliards de francs sur
l'exercice.
".
2. L'assurance prospection foire
Cette
assurance couvre les dépenses de recherche de nouveaux marchés.
Les crédits demandés, 400 millions de francs, sont au
même niveau depuis 1997.
Les résultats sont cependant incertains pour 1998, laissant anticiper un
montant de 270 millions de francs de dépenses (contre
245 millions en 1997) : "
la crise asiatique pourrait avoir
des conséquences sur les actions de prospection des entreprises et
conduire au paiement en 1998 d'indemnités plus importantes que
prévu
".
Pour 1999, selon les informations communiquées à votre
rapporteur, en raison des incertitudes en Asie et de la modification des
dispositifs d'aide "
ces hypothèses, dont l'incidence est
très difficilement quantifiable à ce stade, pourraient conduire
à une stabilisation du déficit en 1999 à un niveau voisin
de celui de 1998
".
3. La garantie de change
Cette
garantie permet de couvrir les exportateurs contre les risques de change.
Elle est, depuis la création de cette procédure,
bénéficiaire, de sorte qu'aucune dotation n'est demandée
en 1999, comme en 1998.
Les informations obtenues par votre rapporteur sont les suivantes :
"
Pour 1998, il y a un risque de voir apparaître un
déficit en raison de cette conjoncture de marché, mais ces pertes
ne sont pas chiffrables aujourd'hui.
Pour 1999, il est difficile de faire à ce stade des prévisions de
résultat pour la garantie de change, mais on peut tabler sur un
résultat nul, sans reversement à l'Etat, car la hausse du dollar
et le fait que les taux d'intérêt américains sont
supérieurs aux taux français ont réduit les perspectives
de gain sur la procédure. Le risque que le résultat soit
négatif est réel. ".
4. La garantie du risque économique
Cette
garantie couvre les entreprises contre la dérive des prix de revient
dans les marchés d'exportation.
En 1999, la dotation demandée est de 400 millions de francs (soit
une diminution de 50 millions de francs), en raison notamment de la
diminution des dépenses au titre des contrats TGV-Corée et
GIAT/Abu Dhabi.
Par contre "
pour 1998, l'existence persistante de ces contrats, dont
l'exécution a été marquée par des décalages
ayant entraîné des reports de décaissements importants,
sont à l'origine d'une prévision d'exécution
élevée, de l'ordre de 500 millions de
francs
".
III. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
A. DES DÉPENSES À CARACTÈRE FLUCTUANT
Les
dépenses en atténuation de recettes, c'est-à-dire les
remboursements et dégrèvements d'impôts,
s'élèvent à 306 milliards de francs soit près
de la moitié des crédits du budget des charges communes.
Ces dépenses ont également pour particularité de figurer
dans la partie recettes du budget général et de venir en
diminution des recettes brutes pour définir les recettes nettes.
Par ailleurs, leur montant est généralement
déterminé en extrapolant les prévisions de l'année
précédente, qui sont parfois révisées, afin de
tenir compte des aléas de la conjoncture économique.
Leur évolution est donc étroitement liée à des
facteurs exogènes ou à l'effet de mesures législatives
antérieures. La progression en 1999 des remboursements d'impôts
directs fait ainsi suite à l'adoption de la loi portant mesures urgentes
à caractère fiscal et financier (dite " MUFF ") qui a
entraîné la mise en place d'un acompte exceptionnel au titre de
l'impôt sur les sociétés en décembre 1997 et
corrélativement s'est traduite par une forte augmentation des
remboursements en 1998, qui n'avait pas été prévue en loi
de finances initiale.
De même, la progression attendue des remboursements au titre de la TVA
pour un montant de 16,2 milliards de francs est due à la prise en
compte au titre des mesures acquises, de la croissance en 1998 des exportations
ainsi que de la progression des investissements.
B. L'ÉVOLUTION EN 1999
Les dépenses de remboursements et dégrèvements d'impôts s'élèvent à 306,7 milliards de francs , soit une progression de 9,8 % 15( * ) . Cette forte hausse résulte pour 27,2 milliards de la révision des estimations qui figuraient en loi de finances initiale pour 1998 principalement au titre de la TVA et de l'impôt sur les sociétés. Ainsi que l'indique le gouvernement, " cette situation reflète la difficulté d'appréhender, a priori, l'évolution de certains postes de dépenses au caractère particulièrement fluctuant ".
1. Les contributions directes
L'ensemble des dépenses de remboursements et
dégrèvements sur impôts directs
16(
*
)
s'élève à 146,1 milliards
de francs en 1999, en progression de 8,34 % par rapport aux estimations de
la loi de finances initiale et seulement de 0,2% en comparaison de ces
estimations révisées.
Cette progression " révisée " est essentiellement
liée, à hauteur de 9 milliards de francs à des
remboursements exceptionnels effectués au titre de l'impôt sur les
sociétés suite aux recettes encaissées en décembre
1997 au titre d'acompte sur les mesures de la loi dite MUFF (taxation des
plus-values et contribution de 15%) ainsi que pour 1,6 milliard de francs aux
dégrèvements de taxe professionnelle et 1,3 milliard de francs
pour la taxe d'habitation.
La hausse de 0,2%, soit 200 millions de francs, par rapport aux estimations
révisées correspond à une hausse des
dégrèvements sur impôts directs au profit de l'Etat, des
dégrèvements de taxe professionnelle et des admissions en
non-valeur que " compense " une baisse des remboursements au titre de
l'impôt sur les sociétés.
2. Les remboursements sur produits indirects
Ils
concernent presque exclusivement (97,6% en loi de finances initiale pour 1998)
les remboursements au titre de la TVA.
Leur montant total progresse de 11,23% et atteint 160,1 milliards de
francs, ce qui représente une augmentation de 16,2 milliards de francs.
Elle résulte également d'une révision des
prévisions faites en loi de finances pour 1999. Ainsi les remboursements
de TVA ont été réévalués de 16,5 milliards
de francs afin de tenir compte, notamment, de la croissance soutenue des
exportations et des investissements en 1998. De ce fait, les hypothèses
pour 1999 tablent sur une stagnation (+0,06%), l'augmentation des emplois
taxables étant compensée par l'absence de
phénomènes exceptionnels.
Les remboursements forfaitaires aux exploitants agricoles non assujettis
à la TVA progressent de 4,4% et représentent 471 millions de
francs.
CHAPITRE III
L'ÉTAT ACTEUR
ECONOMIQUE
I. LA FORTE INERTIE DES DÉPENSES DE PERSONNEL
A. LES RÉMUNÉRATIONS D'ACTIVITÉ
Si
à la différence des deux projets de loi de finances
précédents aucun montant ne figure au chapitre 31-94 au titre des
" mesures générales intéressant les agents
publics " destinées à anticiper les effets
budgétaires des négociations salariales dans la fonction
publique, votre rapporteur tient cependant à rappeler que
l'augmentation des rémunérations de la fonction publique sera
de 20,1 milliards de francs en 1999 dont 14,8 milliards au seul titre de
l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février 1998.
Cette progression est d'autant plus préoccupante qu'elle contribue non
seulement à accroître le poids des dépenses de
fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela a déjà été souligné
par votre rapporteur général.
Elle a par ailleurs également des effets induits sur les fonctions
publiques territoriale et hospitalière. Selon les informations fournies
par le rapport sur les rémunérations publiques annexé au
projet de loi de finances pour 1999, l'impact sur ces deux fonctions publiques
sera en 1999 significatif avec des montants estimés respectivement
à 6,5 milliards de francs et 5,2 milliards de francs.
Les collectivités locales et les hôpitaux publics devront donc
faire face à des augmentations significatives de dépenses de
fonctionnement.
B. LES DÉPENSES DE PENSION
1. Les charges de pensions des différents ministères
En loi
de finances initiale, n'apparaissent pour l'essentiel que les pensions des
agents des PTT : 9,24 milliards de francs en 1999, soit
+ 7.06 %. Il s'agissait des charges de retraite des agents de France
Télécom.
Cependant suite à l'opération de rebudgétisation des
pensions des fonctionnaires de la Poste, celles-ci y figurent désormais
également pour un montant de 14,82 milliards de francs.
C'est en gestion que le chapitre 32-97 des charges communes regroupe la
totalité des crédits de pension de l'Etat à l'issue d'un
arrêté de transfert intervenant en début d'exercice. Pour
mémoire, la totalité des charges de pensions de l'Etat pour 1999
est évaluée à 174,28 milliards de francs, en
progression, à structure constante, de 5,9 % par rapport à
1998.
Désormais, du fait de cette opération de rebudgétisation,
seul un fonds de concours est rattaché en gestion au chapitre 32-97 du
budget des charges communes, celui qui permet de collecter la contribution
patronale des divers organismes publics ou semi-publics de l'Etat et cela pour
un montant estimé de 4,94 milliards de francs.
2. L'explosion programmée du poids des retraites de la fonction publique
L'évolution à l'avenir de cette catégorie
de
dépenses risque en effet de se révéler rapidement
problématique comme le souligne le rapport sur les
rémunérations de la fonction publique précité. En
effet après avoir analysé leur progression, ce rapport examine
les modalités de financement de ces retraites compte tenu des
évolutions démographiques à venir.
Il relève ainsi que la charge budgétaire incombant actuellement
à l'Etat représente 70,5 % du montant total de ces
dépenses.
Par ailleurs, compte tenu de l'évolution
démographique, le surcoût pour l'Etat est évalué
à plus de 79 milliards de francs dès 2010 et serait sur les
bases actuelles de financement pour plus de 90 % à la charge de
l'Etat.
Comme le préconise votre rapporteur général,
il importe
donc de prendre rapidement la mesure de ce phénomène : plus
en effet l'action à entreprendre sera réalisée tôt,
plus elle sera efficace et moins elle sera douloureuse.
Evolution du rapport démographique
Années |
1995 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
Taux de croissance |
Retraités de droit direct |
828.308 |
956.711 |
1.126.718 |
1.318.503 |
1.491.840 |
+ 80,1 % |
Cotisants 1 |
2.081.689 |
2.081.689 |
2.081.689 |
2.081.689 |
2.081.689 |
|
Rapport démographique |
2,51 |
2,18 |
1,85 |
1,58 |
1,40 |
- 44,6 % |
Régime général |
1,75 |
1,69 |
1,72 |
1,57 |
1,37 |
- 21,7 % |
1. Par convention la population active est considérée comme stable sur la période considérée,
Source : Direction du budget
II. LES MESURES EN FAVEUR DE L'EMPLOI
Le
budget des charges communes comportait jusqu'au projet de loi de finances pour
1998 un chapitre de " mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de
la formation professionnelle " doté de 43 milliards de francs,
correspondant au financement de la ristourne dégressive
fusionnée, dont l'origine remonte à 1996.
Ainsi que votre rapporteur l'avait déjà souhaité à
plusieurs reprises, ces crédits sont désormais retracés au
sein du budget de l'emploi dont ils constituent une des politiques principales.
Même si les crédits destinés au financement de mesures
exceptionnelles en faveur de l'emploi ne figurent plus depuis cette
année au sein du budget des charges communes, mais de celui de l'emploi,
votre rapporteur tient à rappeler que le gouvernement avait
volontairement sous-estimé ces crédits lors de l'examen de la loi
de finances pour 1998, de plus de 3 milliards de francs.
Ils devront donc être rétablis à l'occasion de l'examen du
prochain collectif pour 1998. L'exposé des motifs de ce texte
évoque ainsi, au titre des ouvertures de crédits,
" le
rattrapage de 5,6 milliards de francs sur les exonérations de
charges sociales en faveur des bas salaires ".
On peut se féliciter de ce que les crédits afférents au
financement de la ristourne dégressive aient été dans le
présent projet de loi augmentés, contrairement à ce que le
gouvernement avait prévu dans le précédent projet de loi
de finances, et cela eu égard à l'intérêt de cette
mesure en terme de création d'emplois.
III. LA POLITIQUE DU LOGEMENT
Le
chapitre 44-91 comporte les encouragements à la construction
immobilière, dont le poste essentiel est constitué des primes
épargne logement. Les crédits s'élèvent à
8,1 milliards de francs,
soit un montant identique à celui
de 1998.
Votre commission avait cependant lors de l'examen du projet de loi de finances
pour 1998 souhaité réduire ces crédits de 2,1 milliards de
francs soit le montant des mesures nouvelles, ce dispositif étant
détourné de son objectif, mieux financer le logement, pour
être utilisé comme un produit de placement coûteux pour
l'Etat et sans effet sur l'économie de la construction.
Par ailleurs, ainsi que le reconnaît le gouvernement arrivent à
maturité les plans ouverts en 1995 qui étaient moins importants
que ceux des années 1993-1994. Aussi "
les dépenses
devraient se stabiliser en 1999 notamment en raison de l'effet
modérateur joué par l'arrivée à maturité de
la génération 1995, moins féconde que les
générations 1993-1994 ( 1,5 million de plans ouverts en 1995
contre 2,4 et 2,8 millions en 1994 et 1993
".
Pour l'ensemble de ces raisons il sera proposé de réduire
à nouveau ces crédits de 2,1 milliards de francs.
CHAPITRE IV
LES MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I. LA MODIFICATION DES CRÉDITS
Un
amendement de coordination du gouvernement a été adopté
qui vise à majorer les crédits du FNPTP (titre IV) de 4.000 F,
compte tenu de l'évolution mécanique des recettes fiscales
constatée en première partie.
Par ailleurs les crédits de l'article 37-94 correspondant à des
dépenses accidentelles, ont été réduits de
300.000.000 F afin de financer une partie des mesures présentées
en seconde délibération. En conséquence, les mesures
nouvelles sur ce chapitre ne s'élèvent plus qu'à
15.000.000 F contre 315.000.000 F dans le projet initial.
II. L'ARTICLE 79 BIS : LE CONGE DE FIN D'ACTIVITÉ
Conformément aux dispositions de l'accord salarial du
10 février 1998, lors de l'examen des crédits de la fonction
publique a été adopté un amendement du gouvernement
prorogeant d'un an et étendant le champ du congé de fin
d'activité des fonctionnaires, qui avait été
institué par la loi du 16 décembre 1996.
Cet amendement a été rectifié en séance afin
d'être rattaché au budget des charges communes.
Le dispositif actuel prévoit de compenser le départ en retraite
de fonctionnaires à compter de 58 ans, par le recrutement d'un
nouvel agent public.
Le gouvernement a souhaité l'étendre aux fonctionnaires
âgés d'au moins 56 ans.
Votre commission vous propose d'accepter la prorogation pour 1999 mais d'en
refuser l'extension du champ d'application.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 18 novembre 1998
,
sous la
présidence de M. Alain Lambert, président
, la commission
a procédé, sur le
rapport
de
M. Louis-Ferdinand de
Rocca-Serra, rapporteur spécial,
à
l'examen
des
crédits
de
l'économie,
des
finances
et de
l'industrie
: I.-
charges communes
et
articles 77
et
78,
pour
1999.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
a
relevé, à titre liminaire, que le budget des charges communes
était le premier budget de l'Etat : les crédits
s'élevaient au total à 681 milliards de francs, soit
34,2 % des dépenses brutes du budget de l'Etat car il recensait les
crédits qui, destinés à l'ensemble des services de l'Etat
ou à plusieurs d'entre eux ne pouvaient être inscrits dans le
budget d'un ministère particulier. Par ailleurs, il a souligné
que la structure de ce budget avait été affectée de deux
mouvements en sens inverse : d'une part, 43 milliards de francs de
crédits correspondant à des allégements de charges
sociales avaient été transférés vers le budget du
ministère de l'emploi et 799 millions de francs vers le budget de
l'enseignement scolaire ; d'autre part, 15,4 milliards de francs de
crédits avaient été rebudgétisés : hors
effet de structure, les crédits du budget des charges communes
représentaient 665,56 milliards de francs, soit une progression de
5,36 % par rapport à 1998.
Par ailleurs, deux articles étaient rattachés pour leur examen
à celui du budget des charges communes : l'article 77 qui, de
façon traditionnelle, porte majoration des rentes viagères, et
l'article 78 qui met fin à l'obligation pour La Poste de
déposer auprès du Trésor les fonds des comptes courants
postaux.
Il a relevé que les crédits consacrés à la charge
brute de la dette augmentaient de 4,56 milliards de francs, soit
1,85 %, pour s'établir à 253,2 milliards de francs dont
il fallait déduire les "recettes en atténuation des charges de la
dette". En conséquence, la charge nette de la dette s'élevait
à 237,2 milliards de francs, en progression de 2,4 milliards
de francs, soit 1,02 %. Il apparaissait donc indispensable de stabiliser
le poids relatif de celle-ci par rapport au produit intérieur brut
(PIB), afin de redonner des marges de manoeuvre à la politique
budgétaire et de limiter ainsi la vulnérabilité des
finances publiques.
Il a ensuite détaillé les principaux postes des dépenses
de garantie qui baissaient au total de 5,36 % et atteignaient
1.482 millions de francs.
Il a indiqué que les dépenses de remboursements et de
dégrèvements d'impôts s'élevaient à
306,7 millions de francs, soit une progression de 9,8 %. Cette forte
hausse résultait pour 27,2 milliards de francs de la
révision des estimations qui figuraient en loi de finances initiale pour
1998, principalement au titre de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et
de l'impôt sur les sociétés.
Les dépenses des pouvoirs publics (Titre II) s'élevaient
à 4,502 milliards de francs, en progression de 2,4 % par
rapport à 1998. S'agissant des dépenses de pensions qui faisaient
l'objet d'une rebudgétisation au titre des fonctionnaires de La Poste
à hauteur de 14,8 milliards de francs, il a précisé
que la totalité des charges de pensions de l'Etat pour 1999 était
évaluée à 174,28 milliards de francs, en progression,
à structure constante, de 5,9 % par rapport à 1998.
Puis il a détaillé les dépenses de charges sociales qui
représentaient 54,4 milliards de francs et correspondaient
notamment au versement de l'Etat à la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF) et aux cotisations patronales d'assurance maladie.
Evoquant les dépenses diverses, il a tenu à rappeler que,
conformément aux articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du
2 janvier 1959 figuraient une dotation pour les dépenses
"éventuelles" de l'Etat de 600 millions de francs (+ 110 % en
1999) ainsi qu'une dotation pour dépenses "accidentelles" de
600 millions de francs (+ 130 % en 1999), soit un total de
crédit de 1.200 millions de francs contre 545 millions de
francs en 1998.
Il a relevé que le budget des charges communes comportait jusqu'au
projet de loi de finances pour 1999 un chapitre de "mesures exceptionnelles en
faveur de l'emploi et de la formation professionnelle" doté de
43 milliards de francs, correspondant au financement de la ristourne
dégressive fusionnée. Ces crédits étaient
désormais regroupés au sein du budget de l'emploi.
Il a noté, s'agissant de la politique du logement, que les
encouragements à la construction immobilière, dont le poste
essentiel était constitué des primes d'épargne logement,
s'élevaient à 8,1 milliards de francs, soit un montant
identique à celui de 1998.
Il a rappelé que les subventions d'investissement destinées
à des activités nationales comportaient trois grands
postes : les interventions en faveur des PME, les aides aux villes
nouvelles et les travaux de sécurité dans les écoles. De
même, il a noté que l'action internationale, au travers des
subventions d'investissement hors de France, représentait
4,18 milliards de francs de crédits de paiement, et s'organisait
autour de 3 pôles : l'aide extérieure, la participation aux
fonds internationaux et la participation au capital d'organismes internationaux.
Puis présentant l'article 77, il a relevé que les rentes
constituées entre particuliers ne faisaient plus l'objet d'une
revalorisation au sein du projet de loi de finances : cette disposition
n'était constitutive d'aucune charge pour l'Etat et ne pouvait donc
figurer au sein d'une loi de finances.
L'article 78 était la traduction du nouveau contrat d'objectifs et de
progrès de La Poste, signé en juin 1998 pour la période
1998-2001, qui prévoyait une sortie progressive du système de
centralisation des CCP au Trésor, donnant ainsi de nouvelles
libertés de gestion à l'exploitant.
Il a relevé qu'il conviendrait que soit précisé
l'échéancier en fonction duquel seront
décentralisés ces fonds ainsi que ses conséquences en
termes de financement pour l'Etat : à ce titre, il lui apparaissait
indispensable de doter La Poste d'une comptabilité analytique
indiscutable.
Il a enfin tenu à souligner que ce budget pouvait apparaître
hétéroclite, car il comprenait les crédits destinés
à l'ensemble des services de l'Etat. Par delà cette
diversité, il a relevé que ces crédits restent très
"concentrés" : les trois premiers postes de dépenses (charge
financière de la dette, remboursements d'impôts et charges
sociales) représentaient plus de 89 % de l'ensemble des
dépenses. Par ailleurs, celles-ci étaient constituées
à hauteur de 99,3 % par des dépenses ordinaires.
De même, il a indiqué que ce budget avait été
affecté de nombreuses variations de structure, et que de nombreux
crédits correspondaient à des " dépenses de
constatation ".
A ce titre, il a rappelé qu'il était nécessaire de
maîtriser la charge budgétaire de la dette. En effet, seul
apparaissait dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie de la
dette de l'Etat, c'est-à-dire les charges financières que
celle-ci entraînait pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opérait, lui, dans un cadre extrabudgétaire.
Or, en 1999, si la charge nette de la dette apparaissait stabilisée avec
une progression limitée à 1 %, soit un surcoût de
2,4 milliards de francs, c'était uniquement en raison d'un
"effet-prix" résultant du niveau historiquement bas des taux
d'intérêt. Il s'agissait donc de causes exogènes,
indépendantes de la volonté du Gouvernement.
En effet, le financement du déficit budgétaire de l'Etat
estimé à 236,5 milliards de francs, et de divers engagements
pour une somme de 9 milliards de francs allait contribuer à
accroître mécaniquement les charges de la dette de
12,5 milliards de francs.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial
, a
relevé également que la plupart des dépenses de garantie
évoluaient en fonction des aléas de la conjoncture
internationale, faisant par voie de conséquence supporter à
l'Etat un coût non négligeable au titre de
l'assurance-crédit en 1999.
Il a également tenu à souligner la forte inertie des
dépenses de personnel et relevé que l'augmentation des
rémunérations de la fonction publique serait de
20,1 milliards de francs en 1999 dont 14,8 milliards au seul titre de
l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février 1998.
Cette progression était d'autant plus inquiétante qu'elle
contribuait non seulement à accroître le poids des dépenses
de fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela avait été souligné par le
rapporteur général. Il a par ailleurs précisé que
les collectivités locales et les hôpitaux publics devaient
également faire face à des augmentations de dépenses de
fonctionnement qui leur étaient imposées.
S'agissant des retraites de la fonction publique, il a relevé que compte
tenu de l'évolution démographique, le surcoût pour l'Etat
était évalué à plus de 79 milliards de francs
dès 2010 et serait, sur les bases actuelles de financement, pour plus de
90 % à sa charge.
Il importait donc de prendre rapidement la mesure de ce
phénomène : plus en effet l'action à entreprendre
serait réalisée tôt plus elle serait efficace, et moins
elle serait douloureuse.
Il a enfin relevé la progression excessive des dépenses
éventuelles et accidentelles et proposé de supprimer ces mesures
nouvelles. De même, il s'est montré favorable au recentrage des
primes d'épargne logement dont les crédits s'élevaient
à 8,1 milliards de francs, car ce dispositif était
détourné de son objectif, qui était de mieux financer le
logement, afin d'être utilisé comme un produit de placement,
coûteux pour l'Etat et sans effet sur l'économie de la
construction. Pour ces raisons, il a proposé de réduire, comme
l'an passé, ces crédits de 2,1 milliards de francs.
Après avoir félicité le rapporteur spécial pour la
qualité de son intervention,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé que l'examen du budget des charges
communes, premier budget de l'Etat, était riche d'enseignements, car il
y voyait un condensé des difficultés qui sont celles de la
politique budgétaire, de façon globale et sectorielle.
Il a ensuite interrogé le rapporteur spécial sur la
méthodologie qui devait présider à une meilleure
répartition des crédits entre le budget des charges communes et
les autres budgets. Il a également souhaité obtenir des
précisions quant à la progression des dépenses
éventuelles et accidentelles.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
lui a
indiqué que la commission des finances avait déjà
oeuvré en faveur d'une répartition plus lisible des
dépenses contenues dans ce budget, mais que cet effort devait être
prolongé et qu'il s'y attacherait tout particulièrement. Il lui
a, par ailleurs, précisé que le ministère de
l'économie n'avait pas été en mesure de justifier
l'évolution des crédits consacrés aux dépenses
éventuelles et accidentelles.
En réponse à
Mme Maryse Bergé-Lavigne
, il lui a
décrit les modalités selon lesquelles était
délivrée l'aide extérieure de la France, notamment au
travers du budget des charges communes.
Il a par ailleurs déclaré partager les préoccupations de
M. Philippe Adnot
quant à la nécessité de
présenter clairement les évolutions de la charge de la dette
publique en lui indiquant que tous ces éléments seraient
détaillés dans son rapport écrit.
M. Louis-Ferdinand de Rocca-Serra, rapporteur spécial,
a
présenté les deux amendements de réduction des
crédits qui ont été adoptés. La commission a
ensuite
adopté, ainsi modifiés
, les
crédits
inscrits au
budget
des
charges communes
.
Puis, les deux articles, 77 et 78, rattachés pour leur examen au budget
des charges communes, ont été adoptés.
*
* *
Réunie le jeudi 19 novembre 1998 , sous la présidence de M. Alain Lambert, président , la commission a procédé, sur le rapport de M. Philippe Marini, rapporteur général, à l'examen du budget des charges communes. La commission a examiné un amendement de coordination sur le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP). Elle a ensuite examiné un amendement de minoration de crédits de dépenses éventuelles de 300 millions destiné à financer partiellement les dépenses nouvelles votées par les députés. La commission avait déjà supprimé les mesures nouvelles sur ce chapitre et a donc décidé de rectifier son amendement de réduction "ciblée" des crédits pour tenir compte de la modification intervenue à l'Assemblée nationale. Elle a émis un vote favorable à l'adoption de ce budget ainsi amendé. Ensuite, la commission a examiné l'article 79 bis (nouveau) qui proroge le congé de fin d'activité et l'étend aux fonctionnaires âgés de 56 à 58 ans et a adopté un amendement visant à accepter la prorogation, mais à refuser le principe de l'extension.
1
Y compris 306,7 milliards de
francs de
remboursements et dégrèvements d'impôts
2
Par ailleurs, les crédits du chapitre 57-05
" Equipement administratif ", à l'exception de
l'article 10 sont désormais inscrits sur le budget des Service
généraux du Premier Ministre (SGPM) au chapitre 57-07
" Cités administratives "
3
A structure constante, compte tenu du transfert de 43,8 milliards
de francs de crédits et non compris 15,4 milliards de francs de
rebudgétisations (14.822 millions sur le titre III et 550 millions sur
le titre IV)
4
Compte tenu du transfert de 43,8 milliards de francs de
crédits : 43 milliards vers le budget de l'emploi et 799 millions
vers le budget de l'enseignement scolaire
5
Il ne s'agit que d'une partie des garanties potentiellement
à la charge de l'Etat
6
Il s'agit à la fois des remboursements d'impôts
d'Etat et de la prise en charge des dégrèvements d'impôts
locaux résultant de mesures législatives, de décisions
individuelles ou d'admissions en non-valeur
7
Cette mesure fait notamment suite à la décision du
Conseil constitutionnel du 29 décembre 1994 relative à la
loi de finances pour 1995
8
Allocation de remplacement pour l'emploi, ou
" préretraite contre embauche "
9
Dette publique inférieure à 60% du PIB
10
Par ailleurs, à compter du 1er janvier 1999,
l'ensemble du stock de la dette négociable sera converti en euros ;
à compter de cette même date toutes les nouvelles émissions
seront libellées en euros, ce qui accroîtra la liquidité de
ce marché
11
Cette ligne enregistre d'une part les intérêts
perçus au titre du compte du Trésor à la Banque de France
et, d'autre part, les recettes perçues au titre des coupons courus sur
les OAT et les BTAN : le montant prévu pour 1999 est de
16,004 milliards de francs contre 13,813 milliards de francs pour 1998
12
Intérêts versés par divers services de
l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des
avances : il s'agit d'une recette d'ordre qui n'est pas
évaluée en loi de finances initiale mais seulement
constatée en exécution ; ainsi pour 1997 celle-ci
s'élevait à 269,3 millions de francs
13
Cela représente 2,7 % du PIB en 1999, comme en 1998
14
Il convient de relever que les reversements de la COFACE au
budget de l'Etat devraient représenter 7 milliards de francs en 1999
15
Les crédits destinés aux frais de poursuite et aux
décharges de responsabilité représentent 2 milliards de
francs (+ 5,3 %)
16
Il s'agit à la fois des remboursements d'impôts
d'Etat et de la prise en charge des dégrèvements d'impôts
locaux résultant de mesures législatives, de décisions
individuelles ou d'admissions en non-valeur