Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BELOT (Claude), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 9 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- I. OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- II. LA SITUATION DE LA PRESSE EN 1996/1998
-
III. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
-
A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER
MINISTRE
-
1. Les aides à certaines formes de presse
- a) Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires.
- b) Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
- c) Le fonds d'aide à la presse régionale d'information générale et politique
- 2. Les autres aides directes
- 3. Les aides indirectes inscrites au budget des SGPM
-
1. Les aides à certaines formes de presse
- B. LE FONDS DE MODERNISATION
- C. BILAN DES AIDES INDIRECTES A LA PRESSE
-
A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER
MINISTRE
- IV. LES ENJEUX À MOYEN TERME
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 9
CULTURE ET COMMUNICATION :
PRESSE
Rapporteur spécial
: M. Claude BELOT
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier,
Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
I. OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Les
aides à la presse sont importantes. D'aucuns pensent qu'elles sont trop
importantes. Elles sont en tous cas considérables au regard du chiffre
d'affaires de la profession (sans doute supérieures à 10 %
du chiffre d'affaires total du secteur). Elles sont également
très diverses dans leur nature - directe ou indirecte - et
surtout dans leur objet : elles concernent aussi bien le fonctionnement
que l'investissement.
La diversité qu'elle tend à perpétuer est une condition de
la démocratie. Mais, il ne faut pas oublier que la presse agit
désormais dans un espace éminemment concurrentiel : elle est
en compétition avec des grands groupes internationaux et avec d'autres
médias qu'il s'agisse de la télévision ou,
peut-être, demain, d'Internet.
A. DES INTERVENTIONS DIVERSIFIÉES
Madame
la ministre de la culture et de la communication a affirmé :
" pour la presse écrite, nous faisons clairement le choix d'un plan
de développement de la presse quotidienne ".
Cette priorité affichée, à laquelle correspond un effort
particulier en faveur du portage, n'empêche pas une dispersion des
aides.
1. La dispersion des aides
Dix articles se partagent 230 millions de francs. Si l'on retire les remboursements à la SNCF et le plan social des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne -NMPP-, c'est 137 millions qui se répartissent sur huit postes ; soustraction faite de l'aide au portage qui constitue désormais le point de concentration de l'effort budgétaire, cela donne une moyenne par article de l'ordre de 12 millions de francs.
2. L'effort en faveur du portage
Le fonds
permettant le remboursement des cotisations sociales acquittées par la
presse quotidienne nationale distribuée par portage, voit sa dotation
fortement augmentée : les crédits de l'article 35 du
chapitre 41-10 du budget des services généraux du Premier
Ministre, passent de 45 à 49,5 millions de francs. Ils
représentent la moitié des remboursements à la SNCF, ce
qui est un bon indicateur de l'importance reconnue à ce mode
traditionnel de distribution.
Il s'agit de relancer la vente de la presse quotidienne d'information politique
et générale.
La diffusion par portage connaît de fortes disparités selon les
familles de presse et les zones géographiques. Alors que dans l'Est et
le Nord de la France, ce mode de diffusion est bien implanté, il demeure
encore marginal sur le reste du territoire et peu développé pour
la presse quotidienne nationale. La situation du secteur de la presse
écrite au regard du portage est donc contrastée.
Pour l'année 1997, le fonds d'aide au portage était doté
de 15 millions de francs, qui ont été répartis entre les
bénéficiaires en deux parts égales, permettant, pour
l'une, de soutenir le stock d'exemplaires portés, pour l'autre, de
récompenser l'accroissement de leur nombre
1(
*
)
.
Au total :
• 7 quotidiens nationaux ont bénéficié de 1,124
million de francs (7,5 % du total), dont 5 au titre de la seconde part
(805.000 francs) ;
• 30 quotidiens régionaux ont bénéficié de
11,809 millions de francs (79 % du total), sur lesquels 20 ont obtenu une
aide au titre de la deuxième part (pour 5,139 millions de francs) ;
• 22 quotidiens départementaux ont bénéficié
de 2,067 millions de francs (14 % du total) ; 16 d'entre eux ont
été aidés au titre de la deuxième part -pour 1,556
millions de francs- dont 6 pour des sommes très faibles.
En 1998, la réflexion engagée autour de la mise en oeuvre de ce
fonds, doté de 45 millions de francs par la loi de finances
initiale, a amené à recentrer le soutien au développement
(75 % du fonds) par rapport à l'aide au stock (25 %).
Le tableau ci-après retrace cette évolution.
Répartition de l'aide au portage |
|
|
|
|
|
||||
(En millions de francs et en pourcentage) |
|||||||||
|
1997 |
1998 |
1999 |
||||||
Aide au stock |
7,5 |
(50%) |
10 |
(25%) |
12,4 |
||||
Aide au flux |
7,5 |
(50%) |
30 |
(75%) |
37,1 |
||||
Source : SJTIC |
|
|
|
|
|
Par ailleurs, l'évolution sur les deux dernières années sera prise en compte dans l'attribution de l'aide afin de tenir compte des coûts de promotion, mais aussi des investissements en logistique engagés par les éditeurs. Le décret n° 98-1009 du 6 novembre 1998 précise ces modalités.
3. Le problème des frais téléphoniques
L'aide
à l'allégement des charges téléphoniques de la
presse écrite, régie par les articles R. 15 à R. 20 du
code des postes et télécommunications, a été
supprimée par le décret n° 98-376 du 14 mai 1998.
En conséquence, seules les communications intervenues jusqu'à
cette date ont été prises en compte pour les remboursements 1998.
La liste des bénéficiaires de l'aide en 1998 est fournie en
annexe.
Il convient de rappeler que l'aide, qui avait été étendue
aux hebdomadaires d'information politique et générale, ne
couvrait - selon des modalités particulièrement
compliquées - que les communications adressées au siège.
Le décret n° 98-793 du 4 septembre 1998, paru au Journal officiel
du 6 septembre 1998, a ouvert une aide destinée à rembourser
une partie de leurs dépenses de transmission par fac-similé vers
les imprimeries décentralisées de province.
Elle est accordée aux journaux qui bénéficiaient
précédemment de l'allégement des charges de transmission
par fac-similé (quotidiens et assimilés).
Le remboursement s'effectuera sur la base d'un maximum de 50 % des
dépenses. Les demandes s'effectueront sous forme d'états
récapitulatifs de dépenses semestriels, transmis au plus tard le
31 mars et le 30 septembre. L'aide est instituée pour
3 ans. Le premier versement interviendra en avril 1999 et remboursera les
dépenses relatives au deuxième semestre 1998.
Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit une dotation de
6,6 millions de francs pour ce fonds.
On note que seuls deux pays européens accordent une aide à la
presse au titre des communications téléphoniques :
l'Autriche, où une aide peut être versée sur la base de 20
% des dépenses de téléphone et la Belgique, où
existent des réductions sur frais de raccordement au
téléphone, sur l'abonnement et les communications nationales,
pour les quotidiens et les journalistes.
B. CHRONIQUE D'UN PLAN DE MODERNISATION ANNONCÉ
Ce fonds
résulte d'un amendement parlementaire à l'Assemblée
nationale, instituant une taxe sur la publicité hors médias. Il
s'agissait de tenir compte du fait que ce type de supports publicitaires s'est
développé au détriment de la presse, ce qui
été vu par certains comme une concurrence anormale
.
L'article 62 de la loi de finances pour 1998 a créé un
compte d'affectation spéciale n°902-32 intitulé :
"Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée
d'information politique et générale".
Comme les débats l'ont montré, si le principe était
simple, l'application l'était beaucoup moins, tant au niveau du
prélèvement de la ressource que des modalités de sa
distribution. Cela explique largement les retards dans la mise en oeuvre de ce
fonds.
1. Les objectifs
On ne peut que souscrire aux objectifs affichés par la ministre lorsqu'elle a déclaré qu'il fallait " rompre avec la logique de compensation des charges au profit d'une logique d'incitation à la modernisation " et que " La presse d'information politique et générale a davantage besoin de restaurer son esprit entrepreneurial , ses performances éditoriales et économiques, plutôt que de se voir appliquer toujours les mêmes remèdes pour compenser ses déficits. "
2. Le financement
Les
principales recettes du fonds sont constituées par le produit de la taxe
instituée à l'article 302 bis MA du code général
des impôts, ainsi que, ultérieurement, par le remboursement par
les bénéficiaires des avances consenties par le fonds.
Aux termes de l'article 302 bis MA du code général des
impôts, la taxe qui alimente le fonds de modernisation de la presse, est
due par toute personne assujettie à la TVA dont le chiffre d'affaires de
l'année civile précédente est supérieur à
5.000.000 F hors TVA. Elle est assise sur les dépenses
engagées au cours de l'année civile précédente et
ayant pour objet: 1°) la réalisation ou la distribution
d'imprimés publicitaires 2°) les annonces et insertions dans les
journaux mis gratuitement à la disposition du public.
Le taux de la taxe est fixé à 1% du montant hors TVA.
Sont exclues de l'assiette de la taxe :
a) les dépenses engagées par les associations à but non
lucratif en application des dispositions des articles 256 B et 261 du code
général des impôts ;
b) les dépenses afférentes à la réalisation ou
à la distribution de catalogues adressés, destinés
à des opérations de vente par correspondance ou à distance.
Les débats de l'année dernière ont montré que,
s'agissant de prospectus dont l'accumulation dans les boites aux lettres peut
indisposer, il n'était pas aisé de faire la part entre les
excès et l'activité normale d'entreprises désireuses
d'entrer en contact avec leurs clients.
La surestimation de la base taxable, la nécessité de
soustraire certaines activités
(ventes par correspondance et
organisations à but non lucratif)
expliquent la faiblesse du produit
annoncé 120/130 millions en 1998, 200 millions en 1999
par
rapport aux prévisions, qui se situaient plutôt aux alentours de
300 à 400 millions de francs.
3. Les interventions
Les
bénéficiaires du fonds sont:
a) les entreprises de presse éditrices d'au moins un quotidien ou d'une
publication hebdomadaire régionale ayant obtenu la certification
d'inscription délivrée par la commission paritaire des
publications et agences de presse et relevant de la presse d'information
politique et générale ;
b) les agences de presse inscrites sur la liste prévue à
l'article ler de l'ordonnance n°45-2646 du 2 novembre 1945 portant
réglementation provisoire des agences de presse.
Les aides accordées prennent la forme de subventions, d'avances
remboursables ou de dépenses d'études. Les décisions
d'attribution sont prises par le ministre chargé de la communication
après avis d'un comité d'orientation.
A ce jour, la rédaction de ce décret prévu par
l'article 62 de la loi de finances pour 1998, continue de faire l'objet
d'une concertation entre administrations et représentants des
entreprises de presse. La liste des actions éligibles et celle des
dépenses prises en compte pour le calcul des aides devraient être
très ouvertes et concerner tous les projets de modernisation, qu'il
s'agisse des rédactions, des imprimeries, des services commerciaux ou
des réseaux de distribution, à l'exception des investissements de
simple renouvellement.
Sans que ces chiffres puissent avoir d'autre valeur qu'indicative, on estime
à ce jour que la part des subventions et celle des avances remboursables
devraient représenter respectivement aux environs de 45 % et de
55 % des aides du fonds.
Votre rapporteur se contente de signaler que les modalités de
distribution de l'aide ont fait l'objet d'un débat entre la presse qui
souhaite plutôt une aide au numéro, et le ministère
attaché à une aide ciblée attachée à des
projets de modernisation.
C. L'ADAPTATION ET LA MODERNISATION DE LA DISTRIBUTION
La France se caractérise par un système de distribution original, faisant intervenir des coopératives, qui garantit le pluralisme. Il s'agit de le faire évoluer pour l'adapter à la concurrence.
1. La poursuite du plan de modernisation des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP)
Le Plan
quadriennal de modernisation des NMPP (1994-1997), présenté en
juillet 1993, comprenait un ensemble de mesures couvrant tout le champ d'action
des Messageries (gestion des invendus, organisation de la distribution des
quotidiens, restructuration du réseau de dépositaires ... ), qui
devaient permettre d'économiser 737 millions de francs sur la
période.
Le plan de restructuration comprenait un volet social, prévoyant
717 départs échelonnés sur la période parmi
les ouvriers de l'entreprise.
Par le protocole d'accord du 27 décembre 1993, l'État a
accepté d'apporter sa participation financière à ce plan
social, au moyen d'une convention Fonds national pour l'emploi (FNE),
dérogatoire à la règle commune et concernant au maximum
374 ouvriers. L'accord prévoyait l'engagement par l'État
d'une somme de 136,4 millions de francs maximum sur l'ensemble de la
période 1994-2001 (année de passage en retraite des ouvriers
partis en 1997) visant assurer le financement partiel des allocations
spéciales FNE.
En contrepartie de ce soutien, le protocole d'accord prévoyait,
notamment, un contrôle portant sur la réalisation des objectifs du
plan de modernisation.
En francs constants, les économies réalisées sont
légèrement inférieures aux prévisions
(elles-mêmes établies en francs constants) puisqu'elles
s'élèvent à 680 millions de francs, soit
57 millions de francs de moins que prévu.
Toutefois, les économies réalisées ont été
redistribuées aux éditeurs et aux diffuseurs conformément
aux termes de la convention entre l'État et les NMPP : les
révisions de barème pratiquées au profit des
éditeurs de quotidiens ont abouti, au terme du plan, à une
économie supérieure aux prévisions. De plus, cette
réduction s'est effectuée plus rapidement que prévu,
puisque l'objectif était atteint et dépassé dés
1996.
Sur 4 ans, ce sont donc 141,6 millions de francs qui ont
été redistribués aux quotidiens. Les éditeurs de
publications ont bénéficié d'une baisse encore
supérieure, puisqu'elle atteint 4,25 %, soit une redistribution de
473,1 millions de francs en 4 ans.
Au total, la mise en oeuvre de ce plan a donc permis à l'ensemble des
éditeurs de récupérer, par l'intermédiaire de la
diminution de leurs coûts de distribution, près de
615 millions de francs en 4 ans.
Ce plan est un bon exemple d'intervention de l'État. Celui-ci
accompagne les mutations sociales et permet une modernisation des structures,
qui a bénéficié à tout le secteur.
2. Les problèmes posés par les produits " hors presse "
De plus
en plus de produits " hors presse " ont recours au réseau de
distribution presse. Ces produits, que l'on peut ranger sous le qualificatif de
"
multimédia
" (essentiellement des
encyclopédies, le plus souvent accompagnés de produits annexes,
Compact disques, CD-ROM, K7 ), ont représenté plus de 2 milliards
de chiffre d'affaires.
Cette évolution soulève une série de problèmes :
1. la définition des produits " presse " a perdu de son
homogénéité, ce qui explique qu'un même produit, les
encyclopédies, puisse parfois recevoir une qualification et donc un
traitement différent ;
2. un paradoxe supplémentaire est que, contrairement aux
encyclopédies, les produits de presse, même dotés de
produits de complément analogues - CD-ROM -, n'ont pas accès
à la publicité télévisée ;
3. la multiplication de ces produits très attractifs est aussi
à l'origine de disparités dans leurs conditions commerciales -
d'ailleurs, encore mal connues et donc peu transparentes -, qui font
apparaître un risque de voir les produits hors presse
bénéficier d'un traitement plus favorable que les produits
presse :
• bonifications plus avantageuses que pour les produits de presse,
• prix de lancement symbolique, qui rendent les contributions actuelles
inadaptées et font souhaiter une contribution minimale forfaitaire pour
ce type de produits.
D'une façon générale, il semble qu'il existe un besoin
de réglementation de ce type de produits multimédias, notamment
en ce qui concerne les règles de mise en vente simultanée et de
chevauchement des parutions, de façon à éviter
l'envahissement des " linéaires " de présentation des
produits.
Telles sont les raisons qui sont à l'origine d'un certain malaise des
diffuseurs et dépositaires de presse, dont il convient de tenir compte
à côté des préoccupations légitimes de la
presse.
D. LA SITUATION DE L'AGENCE FRANCE PRESSE
L'Agence
France Presse a rencontré une certaine difficulté dans
l'élaboration de son budget pour 1998. En effet, les premières
estimations présentées par la direction de l'agence à la
fin de l'année 1997, laissaient envisager un déficit de l'ordre
de 40 millions de francs. Le statut de l'AFP, qui interdit
expressément le vote d'un budget en déséquilibre, comme la
nécessité d'une gestion saine de l'agence, interdisaient
d'accepter une telle perspective.
Aussi bien, après réexamen systématique des perspectives
de dépenses pour 1998, le conseil d'administration de l'AFP a pu voter
un budget 1998 à l'équilibre.
Cette difficulté était cependant révélatrice d'une
situation budgétaire et comptable de l'agence
caractérisée, notamment, par une croissance forte et continue de
la masse salariale, supérieure à l'évolution naturelle des
ressources.
Ces éléments ont conduit le gouvernement à demander
à l'Inspection générale des finances - IGF - d'engager un
audit sur la situation de l'AFP avec l'accord du président de l'agence.
Son rapport lui a été remis début juillet. Il aborde non
seulement les comptes de l'agence mais aussi son statut et son organisation. Il
a été communiqué aux membres du conseil d'administration.
Le président du conseil d'administration de l'agence élabore
actuellement un plan de développement triennal qui sera soumis au
conseil d'administration au cours de l'automne 1998. Dans son état
actuel d'avancement, encore inégal, il est encore trop tôt pour
indiquer les lignes de force de ce plan.
Ce plan pourrait intégrer un ensemble de propositions qui concerneraient
:la poursuite de la régionalisation des " desks "
parallèlement au développement de la déconcentration de la
production et de la diffusion de l'information. Il a été
indiqué que " la nécessaire maîtrise de la masse
salariale pourrait justifier la remise en cause de certaines modalités
d'évolution des rémunérations ". En effet, les
charges recommencent à croître plus vite que les produits en
dépit d'un important effort de contrôle de charges externes. Ce
sont les charges de personnel qui aggravent la dynamique liée au fort
GVT positif.
Mais le plus difficile sera sans doute de redéfinir une politique
commerciale cohérente avec la stratégie de développement
des marchés. Ceci passerait en particulier par une redéfinition
des produits, des relations avec les clientèles et de la politique de
tarification, ainsi que la réévaluation systématique de la
situation et du rôle des filiales de l'agence. La réorganisation
éventuelle qui en découlerait, devrait intégrer la mise en
place indispensable d'un système de contrôle effectif et
régulier des filiales.
Le rapport de l'IGF, dont votre rapporteur a demandé communication en
vertu de ses pouvoirs de rapporteur spécial - de larges extraits ayant
d'ailleurs filtré dans la presse - présente un diagnostic utile
de la situation de l'entreprise. Il juge sévèrement
l'organisation de la direction de l'agence et les faiblesses d'un service
commercial qui a hérité du passé des structures
inadéquates. Il considère que la réforme du statut ne doit
pas être un préalable au redressement de l'agence, mais qu'il
devra être mis à l'ordre du jour compte tenu des
éléments d'obsolescence qu'il comporte. "
Il est certain,
qu'une partie des dispositions du statut de l'agence a perdu de sa pertinence
au fil du temps. En particulier, les dispositions relatives à la
composition et à l'information du conseil d'administration ne permettent
pas l'émergence d'un véritable pouvoir d'entreprise. De
même, l'apport des organes de contrôle spécifiques que sont
le Conseil Supérieur et la Commission Financière n'est plus
clairement identifiable
", écrit le rapporteur de l'inspection des
finances.
Selon lui, la convention de prestations de services entre l'AFP et
l'État doit évoluer: "
86 % des sommes versées
à l'AFP par l'État, soit 41 % du chiffre d'affaires, sont
assimilables à une "subvention" qui pourrait inciter nos concurrents
à en référer à la Commission Européenne. Une
forme de transition douce doit être trouvée
".
En définitive, il est clair que la crise que traverse actuellement cet
organisme tient à l'ambiguïté de son statut et à la
confusion que celui-ci tend à entretenir, entre la mission du service
public et la logique du marché.
E. LE RÉGIME FISCAL DES JOURNALISTES
La loi
de finances pour 1997 avait tout à la fois prévu
l'allégement du barème de l'impôt sur le revenu et la
suppression de toutes les déductions forfaitaires supplémentaires
pour frais professionnels. La suppression de ces déductions - par
abaissement progressif du plafond de déduction jusqu'en 2000 -
était une mesure, qui n'était pas propre aux journalistes.
L'abandon de cette réforme avait logiquement conduit le gouvernement de
M. Lionel Jospin à rétablir les abattements dans le texte du
projet de loi de finances déposé sur le bureau de
l'Assemblée. La suppression, à l'initiative de la commission des
finances de l'Assemblée, des dispositions du projet de loi de finances
pour 1999, rétablissant les abattements pour les 109 professions en
dépit du maintien du barème actuel par l'Assemblée
nationale, a suscité les protestations de certaines professions
concernées et, notamment, des journalistes qui considèrent que
l'avantage fiscal fait partie de leur statut.
Compte tenu de ces difficultés et des hésitations du gouvernement
sur la méthode de compensation
2(
*
)
, la
commission des finances du Sénat avait, l'année dernière,
proposé et fait accepter par le gouvernement un report d'un an de la
mesure.
On note que le paragraphe II de cet
article 10 de la loi de finances pour
1998
disposait que ce report devait être mis " à profit
pour engager une concertation avec les professions concernées afin de
dégager une solution équitable et durable ".
Force est de constater que
la solution contenue au paragraphe IV
de
l'article 2 du présent projet de loi de finances, n'a
pas
été acceptée par les professionnels
qu'elle est
censée satisfaire ; plus grave encore, elle est
juridiquement
fragile
3(
*
)
.
Votre rapporteur spécial adhère à la logique
développée par le rapporteur général de la
commission des finances du Sénat : le plan du
précédent gouvernement était
équilibré : d'un côté , on allégeait le
barème, de l'autre on éliminait les niches. L'un ne va pas sans
l'autre. L'arrêt du processus de baisse de l'impôt implique celui
du démantèlement des déductions supplémentaires
Mieux vaut alors, dans l'attente d'une solution satisfaisante
conserver le
statu quo en reportant d'un an supplémentaire le début de
l'élimination de l'avantage fiscal pour toutes les professions
concernées
.
II. LA SITUATION DE LA PRESSE EN 1996/1998
A. LE CHIFFRE D'AFFAIRES DE LA PRESSE
L'activité de la presse est marquée depuis
quinze ans
par des fluctuations importantes : la forte croissance du début des
années 80 a laissé la place à un net ralentissement au
début des années 90. Après le recul de 1993, une reprise
se manifeste, bien que le mouvement de hausse se soit ralenti en 1996 et que
les résultats de 1997 soient inégaux selon les catégories
de presse. En particulier, il semble que la situation de la presse nationale
d'information générale et politique, qui fait légitiment
l'objet d'une attention particulière, ne soit pas trop
défavorable.
C'est ce que semble indiquer les résultats provisoires de
l'enquête traditionnelle du Service juridique et technique de
l'information et de la communication (SJTIC)
: "
La presse nationale
d'information générale et politique,
qui représente
17 % de la presse éditeur, est la catégorie qui
connaît la plus forte progression de son chiffre d'affaires, soit +
5,4 %. Ce résultat provient de la bonne tenue des ventes au
numéro (+ 3,6 %), de la progression des ventes par abonnement (+
5,1
%),
du résultat favorable pour la publicité
commerciale (+ 5,2 %) et aussi, de la forte croissance des petites
annonces (+ 14,7 %).
" Pour
la presse quotidienne nationale,
principale composante de cette
catégorie, on observe une croissance significative,
quoique plus
modérée,
de l'ensemble des recettes (+ 3,8
%).
" Seconde composante importante de cette catégorie,
les magazines
d'information générale et politique
qui avaient connu un
recul en 1996, sont
en forte croissance
en 1997: les recettes de ventes
et de publicité progressent de + 10 % avec, en particulier, une
augmentation de + 3,7 % des recettes des petites annonces.
"
La presse locale d'information
générale et
politique,
essentiellement les quotidiens et hebdomadaires locaux, représente
un peu plus du quart de la presse éditeur; son chiffre d'affaires est
en repli
de - 1,2 % en raison d'une part, de la diminution des
recettes des ventes au numéro, et d'autre part, du recul de la
publicité commerciale, deux résultats négatifs qui ne sont
pas compensés par les progressions pourtant sensibles des abonnements et
des petites annonces.
" Le chiffre d'affaires de
la presse spécialisée grand public
qui représente 38 % de l'ensemble, progresse de + 1,4 %; le
léger recul des ventes au numéro et par abonnement est, en effet,
nettement compensé par la progression de la publicité commerciale
et des petites annonces. Il faut également noter qu'au cours de
l'année 1997, les prix des magazines sont restés stables.
" Après avoir progressé en 1996, le chiffre d'affaires de
la
presse spécialisée technique et professionnelle
(10 % de
la presse éditeur) est en baisse de - 2,5 %; ce recul provient
essentiellement de la diminution des recettes de publicité commerciale
(- 7 %).
" En raison de la forte croissance des petites annonces, le chiffre d'affaires
de
la presse gratuite
(7 % de l'ensemble de la presse
éditeur) progresse de + 2,3 %. "
Toutes catégories de presse réunies
, les
recettes des
ventes
, qui représentent 60 % du chiffre d'affaires,
n'augmentent que de +1 %, en 1997
. La croissance des ventes par
abonnement qui est de +1,8 %, compense le tassement de - 0,6 %
des ventes au numéro, bien que cette évolution en valeur ne
paraît pas correspondre, en terme de volume, à un effet de
transfert des ventes au numéro vers les ventes par abonnement.
Seule la presse nationale d'information politique et générale
voit ses recettes de ventes augmenter de 4,1 %, alors que l'on observe des
diminutions dans les autres catégories et notamment dans la presse
locale dont les recettes régressent de -1,3 %.
L'augmentation des ventes, et tout particulièrement de la presse
nationale quotidienne d'information politique et générale qui
croissent de + 2,8 % en 1997, s'explique moins par une augmentation
des tirages que par un accroissement du prix de vente, dans des proportions
supérieures à l'inflation, alors même que la presse
française est déjà de 30 à 50 % plus
chère que la presse européenne équivalente.
Presse
Nationale d'Information Générale et
Politique
(évolution en pourcentage)
|
1995 |
1996 |
1997* |
% |
|||
Chiffre d'affaires total** |
10,29 |
+ 3,1 |
10,19 |
-1,0 |
10,74 |
5,4 |
100,00 |
Ventes au numéro |
4,29 |
+ 4,0 |
3,90 |
-9,2 |
4,03 |
3,6 |
37,52 |
Ventes par abonnement |
1,94 |
+ 4,3 |
2,02 |
4,2 |
2,13 |
5,1 |
19,83 |
Total ventes |
6,23 |
+ 4,1 |
5,92 |
-5,0 |
6,16 |
4,1 |
57,36 |
Publicité commerciale |
3,22 |
+ 0,0 |
3,35 |
4,0 |
3,52 |
5,2 |
32,77 |
Petites annonces |
0,84 |
+ 8,1 |
0,92 |
9,6 |
1,06 |
14,7 |
9,87 |
Total publicité |
4,06 |
+ 1,6 |
4,27 |
5,1 |
4,58 |
7,2 |
42,64 |
*
Résultat provisoire
** En milliards de francs
Presse
Locale d'Information Générale et Politique - Données
détaillées
(évolution en
pourcentage)
|
1995 |
1996 |
1997* |
% |
|||
Chiffre d'affaires total** |
15,91 |
+ 4,7 |
16,9 |
6,6 |
16,76 |
-1,2 |
100,00 |
Ventes au numéro |
7,04 |
+ 2,9 |
7,48 |
6,3 |
7,21 |
-3,7 |
43,02 |
Ventes par abonnement |
2,39 |
+ 4,9 |
2,72 |
13,7 |
2,86 |
5,2 |
17,06 |
Total ventes |
9,43 |
+ 3,4 |
10,21 |
8,2 |
10,07 |
-1,3 |
60,08 |
Publicité commerciale |
4,69 |
+ 4,3 |
5,00 |
6,5 |
4,74 |
-5,2 |
28,28 |
Petites annonces |
1,79 |
+ 12,9 |
1,76 |
-1,2 |
1,95 |
10,5 |
11,63 |
Total publicité |
6,48 |
+ 6,5 |
6,76 |
4,4 |
6,69 |
-1,1 |
39,92 |
*
Résultat provisoire
** En milliards de francs
B. LA PRESSE ET LE MARCHE PUBLICITAIRE
Alors
que les dépenses publicitaires dans les médias augmentaient en
moyenne de plus de 10% par an entre 1982 et 1990, le marché s'est
retourné en 1991. Entre 1990 et 1993, la baisse a atteint 9%. Elle n'a
pas frappé de la même manière tous les médias. En
effet, si la presse et le cinéma en ont particulièrement
pâti (respectivement - 21% et - 33°%), la radio et l'affichage
ont bénéficié d'une amélioration de leurs recettes
(+ 6% et + 5%) sur l'ensemble de la période. Cependant, la
télévision est le seul média à avoir vu ses
recettes publicitaires progresser d'une manière continue au cours de ces
trois années (+ 15%). Toute la question est de savoir si cette
progression va se poursuivre.
Ces évolutions différenciées ont entraîné
un resserrement progressif des parts de marché
(PDM). Si
la
presse
drainait 56,2 % des ressources publicitaires des médias
en 1990, elle n'en attire plus que
47,1 % en 1997.
C'est au profit
de la télévision que s'est effectuée cette perte de part
de marché. En effet, la part relative de l'affichage, de même que
celle du cinéma, demeure stable. Celle de la radio varie un peu plus,
mais dans une fourchette étroite, autour de 7 %. Au contraire,
celle de la télévision passait de 24,9 % à plus de
31 %.
Globalement, la croissance des recettes publicitaires reste dans la tendance
orientée à la hausse depuis 1994. Mais, cette évolution
favorable est, en 1997, uniquement le fait de la croissance très forte
des recettes de petites annonces, entraînée par
l'amélioration de la conjoncture économique sur les
marchés du travail et de l'immobilier.
Pour l'ensemble des recettes publicitaires, les évolutions
enregistrées sont très variables d'une catégorie de presse
à l'autre : la presse nationale d'information générale et
politique et la presse spécialisée grand public connaissent les
plus fortes progressions, avec respectivement + 7,2 % et +
5,8 % ; les recettes publicitaires de la presse gratuite augmentent
plus modérément (+ 2,3 %) ; celles de la presse locale
d'information générale et politique et surtout, celles de la
presse spécialisée technique et professionnelle reculent
respectivement, de - 1,1 % et de - 4,3 %.
III. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A
structure constante hors abonnements de l'État à l'AFP, les
crédits inscrits au budget général consacrés
directement aux aides à la presse, croissent de 2,6 % pour se
monter, en 1999, à 252,7 millions de francs, soit une augmentation
de 6,4 millions de francs par rapport à 1998.
Cette croissance de 2,6 %, légèrement supérieure
à la moyenne de celle des autres budgets de l'État - qui est de
2,2 % - marque un certain retournement de tendance par rapport aux
années antérieures : 1997 avait été
marquée par d'importantes annulations de crédits
(36 millions de francs sur près de 268 millions de francs),
tandis que 1998 s'était caractérisée par un léger
recul de 1 % des dotations hors AFP.
Si l'on tient compte de l'AFP, dont les dotations devraient s'accroître
de près de 2,5 % en 1999, l'évolution de ce budget suit la
croissance moyenne, 2,2 %, des budgets de l'État.
La création du Fonds de modernisation de la presse alimenté par
une taxe parafiscale sur le " hors médias ", devrait venir
renforcer cette évolution mais il n'est pas encore
opérationnel.
A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
Les
aides budgétaires à la presse sont inscrites au chapitre 41-10
et, pour ce qui concerne l'AFP, au chapitre 34-95 du budget des services
généraux du Premier Ministre.
1. Les aides à certaines formes de presse
Elles devraient augmenter, en 1999, de 5,17 % : 36,6 millions de francs contre 34,8 millions de francs dans le précédent budget. On note que cette forme d'aide, inscrite au chapitre 41-10, a sensiblement augmenté depuis 1996, puisque l'on se situe à plus de 9 millions au-dessus des dotations effectivement disponibles cette année là.
a) Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires.
Les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999 sont en
croissance de 5,26 %, après le rattrapage intervenu l'année
dernière. Les crédits, qui atteignent 20 millions de francs, sont
en augmentation sensible par rapport aux dotations effectives de 1996 et 1997.
Instaurées par un décret du 12 mars 1986, les règles
d'attribution du fonds ont été modifiées par un
décret du 17 août 1997. La principale mesure de ce nouveau texte
est la scission en deux sections du fonds d'aide.
La première section, dont la dotation ne peut être
inférieure à 85 % du montant total de la dotation du fonds,
bénéficie aux quotidiens qui remplissent les conditions
définies à l'article 2-1 du nouveau décret, peu
différentes de celles contenues dans celui du 12 mars 1986. Deux
quotidiens, "La Croix" et "L'Humanité", entrent dans cette
catégorie et bénéficient régulièrement de
cette aide. "La Croix" a reçu 9,4 millions de francs en 1997 et
10,9 millions de francs en 1998 ; sur les mêmes
périodes, "L'Humanité" a reçu respectivement
6,2 millions de francs et 7,9 millions de francs.
La deuxième section, totalement nouvelle, vise les quotidiens à
prix très faible, comme "Mon quotidien" ou d'autres titres pour les
jeunes, jugés très intéressants sur le plan de la
diffusion de la pensée, mais qui n'ont naturellement pas un prix facial
élevé. L'aide que ces titres recevront est très faible
(0,5% du fonds en 1998), mais leur affiliation à cette section leur
permet de bénéficier du tarif postal préférentiel
prévu par l'article D19-2 du code des postes et des
télécommunications.
b) Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
Les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999 se montent
à 8,2 millions de francs, soit une augmentation de 5,13 % par
rapport à l'année 1998.
L'élargissement des conditions d'accès, instauré par le
décret du 20 novembre 1997, a permis de limiter les
conséquences de la hausse des tarifs postaux.
c) Le fonds d'aide à la presse régionale d'information générale et politique
Ce fonds a été créé à l'occasion de la loi de finances pour 1996 et doté de 5 millions de francs. Ses modalités ont été précisées par le décret du 10 mai 1996. Le fonds qui disposait de 7 millions de francs dans la loi de finances pour 1997 et de 8 millions en 1998, voit sa dotation pour 1999 augmenter de 0,4 million de francs, soit une croissance de 5 %.
2. Les autres aides directes
Elles ont été regroupées après divers changements de nomenclature sur le chapitre 41-10 des crédits des services généraux du Premier Ministre.
a) Le fonds d'aide à l'expansion de la presse française à l'étranger
Les crédits de ce fonds passent de 21,5 millions de francs à 22 millions de francs pour 1999, soit une augmentation de 2,33 %. On rappelle que ce poste avait subi, en 1997, une importante réduction, par rapport à 1996, où les crédits s'étaient montés à 37 millions de francs.
b) L'aide au portage
Cette
aide, d'un montant total de 57 millions de francs est répartie en
deux postes :
• Un article 42,
Aide au
portage ;
bénéficiant de 2,4 millions de
francs en 1996 et 1997, cette aide, instituée en 1995, avait
été portée à 8 millions de francs pour 1998.
Ces crédits visent à compenser intégralement pendant cinq
ans (1995-1999) le coût des charges liées au portage des
quotidiens nationaux. La dotation de cet article diminue de 0,5 million de
francs pour 1999 ;
• Par ailleurs, a été créé, en 1997, un
fonds d'aide au portage
. Doté de 15 millions de
francs à l'article 35, ce fonds a bénéficié d'une
augmentation rapide de ses crédits ; ceux-ci sont passés
à 45 millions de francs pour 1998 et à 49,5 millions de
francs pour 1999, soit une augmentation de 10 %. Elle est répartie,
à hauteur de 25 %, au prorata de la diffusion globale par portage
et, à hauteur de 75 %, au prorata de sa progression au cours des
deux dernières années.
Le résultat est, comme permet de le constater le tableau
ci-après, un développement sensible du portage dans les
différents mode de diffusion de presse. La part de la presse
distribuée par portage progresse régulièrement chaque
année d'environ 11% ; ainsi elle était en 1992 de 9 %
et atteint 12,6 % en 1996 pour l'ensemble de la presse éditeur.
L'évolution par catégorie de presse montre que le portage a le
plus progressé pour la presse locale d'information
générale et politique où il est déjà de
très loin le plus élevé, et la proportion des quotidiens
locaux distribués par portage passe de 26,3% à 28,4%. Pour la
presse nationale d'information, le portage est par contre en diminution, plus
particulièrement pour les quotidiens. Enfin le portage augmente
légèrement pour la presse spécialisée grand public.
c) Le fonds d'aide au multimédia
Ce
fonds, annoncé en 1996, avait été créé en
1997 mais non doté, car son financement devait provenir d'un transfert.
Géré par l'Institut pour le Financement du Cinéma et des
Industries Culturelles (IFCIC), il a pour objet d'accorder aux entreprises de
la presse écrite une avance partiellement remboursable, à hauteur
de 30 %, afin de permettre de développer des projets offrant au
public des accès aux contenus des journaux, magazines et revues sur les
nouveaux supports numériques.
Doté en 1998 de 15 millions de francs à l'article 36, ce fonds
bénéficie du maintien de sa dotation pour 1999 au même
niveau. On note que, en exécution, les crédits de 1998 ont
été ramenés à 10 millions de francs.
d) Les allégements de charges de télécommunication
Les
crédits de l'article 10, " Communications
téléphoniques des correspondants de presse ", des services
généraux du Premier Ministre, avaient été
présentés dans le projet de loi de finances pour 1998 en
diminution de près de 50% ; l'importance attachée par la
presse à ce type d'aide avait conduit les assemblées à
augmenter les crédits prévus pour les porter à
26 millions de façon à le remettre à un niveau
comparable aux dotations de l'ordre de 30 millions de francs, inscrites en 1995
et 1996.
Cet ajustement à la baisse avait été justifié,
l'année dernière, par la baisse des tarifs de France
Télécom, qui permet l'adaptation d'une aide instituée en
1951, lorsque les prix des abonnements et les communications
téléphoniques étaient plus élevés.
Dans le projet de loi de finances 1999, cette dotation, désormais
affectée au remboursement des charges de fac-similé, enregistre
une forte baisse (-51,7%) en passant de 21 à 6,6 millions de francs.
L'objet des crédits inscrits à ce poste a changé. En
effet, le décret n° 98-376 du 14 mai 1998 a abrogé le
décret du 30 avril 1955 instituant un allégement des tarifs de
France Télécom appliqués aux journaux à raison des
communications téléphoniques des correspondants de presse. Les
aides au fac-similé, contenues dans ce décret, avaient donc
été supprimées. Le décret n° 98-793 du 4
septembre 1998 a pu les rétablir, suivant des modalités
compatibles avec le régime de concurrence entre opérateurs
téléphoniques entré en vigueur le 1er janvier 1998. Le
fonds de remboursement des charges fac-similé reprend ainsi une partie
du périmètre de l'aide à l'allégement des charges
téléphoniques. Il est doté de 6,6 millions de francs pour
1999.
3. Les aides indirectes inscrites au budget des SGPM
a) Le remboursement à la SNCF des réductions de tarif accordées à la presse.
L'article 10, " Réduction de tarif SNCF pour le transport de presse ", des crédits des services généraux du Premier Ministre, est doté pour 1999 de 102 millions de francs contre 95 millions de francs pour 1998, soit une hausse de 7,37% ; la baisse est considérable par rapport aux crédits inscrits en 1996 et 1997, qui s'étaient élevés respectivement à 119,35 et 140,40 millions de francs.
L'état de l'exécution de la convention est le suivant :
(En millions de francs) |
||||||||
Année budgétaire |
Dotation budgétaire votée (ldf) |
Montant réellement versé |
Montant dû (constaté par la SNCF) |
Solde dû |
Solde réglé en collectif n+1 |
Solde à repporter |
Tonnage |
% d'évolution du tonnage |
1986 |
110,246 |
110,246 |
173,116 |
62,870 |
62,870 |
|
|
+ 2,5 % |
1987 |
110,246 |
110,246 |
183,531 |
73,285 |
73,285 |
|
242.492 |
|
1988 |
136,346 |
136,348 |
178,142 |
41,796 |
41,796 |
|
248.329 |
+ 2,4 % |
1989 |
142,256 |
142,256 |
265,768 |
23,512 |
23,512 |
|
241.083 |
- 2,91 % |
1990 |
184,996 |
173,300 |
177,885 |
4,585 |
4,585 |
|
244.404 |
+ 1,4 % |
1991 |
180,400 |
177,150 |
183,340 |
6,190 |
2,000 |
4,190 |
243.056 |
- 0,6 % |
1992 |
173,400 |
173,400 |
188,381 |
14,981 |
non réglé |
19,170 |
241.999 |
- 0,4 % |
1993 |
178,255 |
178,255 |
198,880 |
20,625 |
non réglé |
39,795 |
244.488 |
+ 1,0 % |
1994 |
178,255 |
163,944 |
206,661 |
42,667 |
non réglé |
82,462 |
261.531 |
+ 7,0 % |
1995 |
178,255 |
178,255 |
197,677 |
19,422 |
non réglé |
101,862 |
247.934 |
- 5,2 % |
1996 |
140,421 |
119,358 |
136,982 |
17,624 |
60,000 |
59,510 |
244.440 |
- 1,4 % |
1997 |
140,421 |
140,421 |
125,941 |
-14,480 |
|
45,030 |
243.018 |
- 0,6 % |
1998 |
95,000 |
95,000 |
|
|
|
|
|
|
b) La contribution au plan social de la presse parisienne
Dotée de 26 millions de francs en 1996, cette aide a vu ses crédits réduits de presque 50% dans les projets de loi de finances pour 1997 et 1998. La dotation pour 1999 est de l'ordre de 13 millions de francs, en croissance de 2,27 %.
c) Les abonnements à l'Agence France Presse
Le chapitre 34-95, abonnements souscrits par les administrations au service d'informations générales de l'AFP , des crédits des services généraux du Premier Ministre, est doté, en 1999, de 600,2 millions de francs, contre 588,7 millions en 1998, soit une croissance de 1,96 % . Il s'agit d'un budget de reconduction dans l'attente d'une réforme annoncée .
B. LE FONDS DE MODERNISATION
Créé par l'article 62 de la loi de finances
pour
1998, ce fonds, dont le support est un compte d'affectation spéciale
n°902-32, est abondé par le produit de la taxe de 1 % sur
certaines dépenses de publicité hors médias
instituée par l'article 23 de la même loi de finances.
Le décret précisant les modalités d'organisation et
d'attribution du Fonds de modernisation de la presse, devrait être
publié au cours des prochaines semaines.
Le produit de cette taxe devrait se situer entre 130 et 140 millions de
francs pour l'année 1998 et 200 millions de francs pour 1999. Les
interventions du fonds devraient s'opérer, à hauteur de
55 %, sous forme d'avances remboursables et, pour 45 %, sous forme de
subventions.
*
En
définitive, pour l'année 1999, en tenant compte du fonds de
modernisation de la presse, les crédits des aides directes à la
presse sont en hausse de 8% par rapport à la loi de finances initiale
pour 1998.
Les crédits non utilisés en 1998, actuellement estimés
à 140 millions de francs, seront reportés sur 1999.
C. BILAN DES AIDES INDIRECTES A LA PRESSE
Les
aides indirectes, évaluées à
près de
7,7 milliards de francs en 1996
, sont à la charge :
- de deux
entreprises publiques
, à hauteur des deux tiers,
- des
collectivités locales
, pour plus de 16 %, en raison de
l'exonération de la taxe professionnelle,
- de
l'État
, pour le solde, soit 16 %, également, en
raison d'une fiscalité adaptée à la presse.
Les
aides publiques à la presse en 1998
(en millions de
francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
I- Dépense fiscale de l'État en faveur de la presse |
|
|
|
1- Taux
super réduit de TVA (1)
|
1.020 |
1.000 |
1.100 |
2-
Régime spécial de provisions pour investissement
|
210 (e) |
210 |
260 |
II-
Dépense fiscale des collectivités
locales
|
1.135 (e) |
1.190 (e) |
1.240 (e) |
III- Aides indirectes des entreprises publiques |
|
|
|
1- Coût du transport postal supporté par La Poste |
3.498 (2) |
3.350 |
3.252 |
2- Contribution de l'État au service obligatoire de transport de presse par la poste |
1900 (3) |
1.900 (3) |
1.850 (3) |
TOTAL |
7 743 (e) |
7 750 (e) |
7 702 (e) |
(1)
Dépense fiscale calculée par rapport au taux réduit de TVA
de 5,5 %.
Les chiffres 1998 sont semblables à ceux fournis pour 1997. La
différence par rapport aux chiffres fournis l'an dernier résulte
d'un léger ajustement à la baisse du coût du transport
postal, ainsi que de la baisse de la contribution de l'État au service
obligatoire, qui passe de 1900 à 1850 millions de francs .
1. Les aides fiscales à la presse
La
dépense fiscale
en faveur de la presse peut être
estimée, pour 1998, à
2,5 milliards de francs
, dont :
- 1 100 millions de francs pour le taux super réduit de
TVA
, ;
- 260 millions de francs pour le régime spécial de
provision sur investissement
, (article 39 bis du code général
des impôts). Ce dispositif a été prorogé par
l'article 80 du projet de loi de finances pour 1997 jusqu'en 2001
4(
*
)
.
- 1.240 millions de francs pour l'exonération de la taxe
professionnelle
(sur la base de l'article 1458 du code
général des impôts).
Il faut souligner que cette dernière aide, qui était encore de
l'ordre du milliard de francs en 1994 et 1995, s'est notablement accrue depuis
de près de 25 % marquant ainsi l'effort accompli par les
collectivités locales, aux côtés de
l'État.
2. Les aides apportées par l'intermédiaire des entreprises publiques
a) L'aide au transport par le rail
Depuis
1948, la SNCF accorde aux éditeurs de presse des réductions de
tarifs pour transporter les publications inscrites à la commission
paritaire. L'État verse à l'entreprise publique une
indemnité pour compenser ces réductions. Mais cette indemnisation
n'est pas intégrale. Le montant de l'indemnité a
été renégocié en 1995 puis en 1998 : il est de
70 % du tarif public pour les quotidiens et de 22 % pour les
périodiques ( contre 35 % avant 1998).
Pour 1997, dernier exercice connu, la contribution de 140,4 millions de
francs inscrite dans la loi de finances, a été supérieure
aux coûts réellement constatés. Pour un coût total de
transport de la presse de 329,5 millions de francs, la contribution de
l'État aux transports de presse s élève à
125,9 millions de francs, 203,6 millions de francs restant à
la charge des sociétés.
En outre, l'État n'a pas intégralement versé à la
SNCF les sommes qu'il devait à cette société.
Le
montant cumulé de l'arriéré
, pour les années
1992 à 1997, est de
126 millions de francs
.
Pour 1999, il est prévu que l'indemnité versée à la
SNCF qui avait été réduite à 95 millions de
francs en 1998, augmente légèrement à 102 millions de
francs et permette de rembourser la SNCF.
b) L'aide postale
Elle a
été réévaluée - comptablement - par un
rapport de l'Inspection générale des finances et de l'Inspection
générale des postes et télécommunications, en
janvier 1996. Elle s'élèverait ainsi à 3.292 millions
de francs en 1995 et 3 498 millions de francs en 1996 et
3.350 millions de francs seulement en 1997
. Pour 1997 et 1998, elle
serait estimée à 3.252 et 3.104 millions de francs.
Les prévisions tiennent compte de la revalorisation tarifaire et de
l'effort de productivité mentionné dans les accords
État/presse/poste du 4 juillet 1996 et du 10 janvier 1997.
On peut rappeler que les principes d'une nouvelle grille tarifaire ont
été définis dans les modalités d'application des
accords, État/presse/poste, susmentionnés. La grille
précédente, outre les subventions croisées qu'elle
générait, était considérée par la poste et
la presse comme peu incitative, notamment dans la mesure où elle ne
tenait pas suffisamment compte du niveau de préparation des
dépôts et du degré d'urgence.
Il faut également souligner, que, conformément aux accords de la
table ronde, un observatoire des tarifs postaux a été mis en
place en juin 1997. Il pourrait permettre aux publications les plus
fragilisées par l'application du nouveau dispositif tarifaire de
bénéficier de mesures particulières. Le financement du
dispositif sera assuré par la poste à hauteur de 10 millions de
francs et 5 millions de francs en 1999 et 2000.
*
Au total, si, pour récapituler l'ensemble des aides de l'État, l'on additionne, d'un côté, les crédits budgétaires et, de l'autre, les aides indirectes (qui résultent en partie d'estimations), on aboutit, pour 1998, au total de 8.555 millions de francs.
IV. LES ENJEUX À MOYEN TERME
1. L'application de la loi du 10 janvier 1991 dite loi " Evin "
La loi
du 10 janvier 1991 prononce l'interdiction totale
5(
*
)
de toute publicité en faveur du tabac dans la
presse écrite.
La loi précise également la notion de publicité indirecte.
Elle élargit la définition des moyens indirects de promotion tels
que l'utilisation d'une marque, d'un emblème publicitaire ou de tout
autre signe distinctif, et vise, par là, à empêcher que le
développement de produits dérivés permette le
contournement de l'interdiction.
La publicité pour l'alcool ne demeure autorisée que dans la
presse écrite pour adultes et la radio, sous réserve du respect
de certaines obligations.
Il convient d'indiquer le degré volumique d'alcool, l'origine, la
dénomination, la composition du produit, le nom et l'adresse du
fabricant, des agents et des dépositaires ainsi que le mode
d'élaboration, les modalités de vente et le mode de consommation
du produit. Toute publicité en faveur des boissons alcooliques doit, en
outre, être assortie d'un message de caractère sanitaire
précisant que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
Les services privés de radiodiffusion sonore peuvent diffuser des
messages publicitaires en faveur de boissons dont le degré volumique
d'alcool est supérieur à 1,2 ° tous les jours entre 0 H et
17 H, sauf le mercredi où les messages ne sont diffusés qu'entre
0 H et 7 H à des fins de protection des mineurs (décret du 23
septembre 1992).
Divers assouplissements ont été apportés à ce
dispositif d'interdiction de publicité
.
Le législateur a ainsi adopté, dans le cadre du projet de loi
portant diverses mesures d'ordre social du 27 juillet 1993, un amendement
autorisant exceptionnellement la retransmission télévisée
des compétitions du seul sport mécanique qui se déroulent
dans les pays où la publicité pour le tabac est autorisée.
Ce texte précise qu'une telle dérogation reste valable
jusqu'à l'intervention d'une réglementation européenne.
En outre, alors que la loi prévoyait que seules les affiches et
enseignes exposées dans les zones de production et les affichettes
à l'intérieur des lieux de vente à caractère
spécialisé demeuraient autorisées, un amendement
adopté dans le cadre de la loi du 8 août 1994 portant diverses
dispositions d'ordre social, a supprimé toute référence
à la notion de zone de production et autorise de ce fait la
publicité par voie d'affichage pour les boissons alcoolisées.
Impact de la loi Evin sur les ressources publicitaires plurimedias
Les
investissements publicitaires plurimédias pour les boissons
alcoolisées ont représenté 1,16 milliard en 1992
(dernière année précédant l'entrée en
vigueur de la loi), dont un tiers pour la presse écrite. Pour le tabac,
ces investissements s'élevaient à 263, 8 millions en 1992, dont
255, 3 millions pour la presse et 8, 4 millions pour l'affichage (source
Secodip).
Les investissements publicitaires dans les grands médias en faveur du
tabac ont augmenté jusqu'en 1992 et privilégiaient de
manière quasiment exclusive le media presse. En 1996, 7,2 millions de
francs ont été recensés correspondant pour 2, 6 millions
aux publications de presse professionnelles autorisées et pour 4, 6
millions à l'affichage (source Secodip).
Les investissements publicitaires en faveur des boissons alcoolisées ont
atteint en 1996 un niveau de 1,09 milliard de francs après une
décroissance en 1993 et 1994.
La presse, peu concernée par les nouvelles contraintes imposées
par la loi sur ce secteur (interdiction aux seules publications
destinées à la jeunesse) a connu une baisse des investissements
en faveur de l'alcool dès 1991, suivie d'une reprise depuis 1994. En
1996, elle reste le premier media choisi par les boissons alcoolisées
(465 millions), juste devant l'affichage (452 millions).
La loi du 10 janvier 1991 n'a pas eu d'effet sur le support
télévisuel, interdit de publicité par le décret de
janvier 1987. La télévision recueillait encore en 1995 environ 50
millions de francs, émanant pour moitié des bières sans
alcool et pour moitié des panachés.
Le manque à gagner résultant pour la presse écrite de
l'application de la loi Evin représenterait 240 millions de francs par
an. Son incidence est plus particulièrement sensible pour la presse
magazine, car le tabac représentait, en 1991, 74 % de ses recettes
publicitaires (y compris les produits dérivés).
Bilan de l'accord de bonne conduite relatif à la retransmission
télévisée des événements sportifs
Un code de bonne conduite relatif à la retransmission
télévisée des événements sportifs a
été proposé aux professionnels ; élaboré
sous l'égide du ministère de la jeunesse et des sports fin mars
1995, il vise à assouplir les règles d'interdiction
édictées par la loi Evin en opérant une distinction entre
les rencontres multinationales et les rencontres franco -
étrangères.
Dans le premier cas, le texte précise que "la présence de
publicités pour des boissons alcooliques lors de manifestations
sportives se déroulant à l'étranger, et dont la
retransmission en France serait susceptible, si elle faisait preuve de
complaisance, d'engendrer des risques de contentieux, doit susciter la
vigilance." Sous cette réserve, une "tolérance" de la
publicité pour les marques d'alcool françaises sera donc reconnue
dans le cadre des rencontres multinationales se déroulant à
l'étranger. En revanche, dans le cas des rencontres franco -
étrangères, le texte prévoit une obligation de vigilance
Étude d'impact de la loi
Comme on
l'a déjà annoncé l'année dernière, une
évaluation de l'impact de la loi du 10 janvier 1991 est actuellement
conduite par le Commissariat au plan depuis avril 1997. Le bilan doit
être achevé au dernier trimestre de l'année 1998. Cette
étude a pour finalité de rechercher si la loi a atteint ses
objectifs et d'en apprécier le caractère approprié et
proportionné au regard de la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme.
Ces travaux sont menés par une commission composée de
représentants des principaux ministères concernés
(secrétariat d'État à la Santé, ministère de
la Justice, ministère de l'Économie et des Finances,
ministère de la Culture, ministère de l'Agriculture,
ministère délégué à la Jeunesse et aux
Sports), de personnalités qualifiées (juriste, économiste,
historien, médecin), d'un représentant du haut comité de
la santé publique, d'un représentant d'une association de
consommateurs, ainsi que de deux élus.
Celle-ci a procédé à l'audition des professionnels
concernés (producteurs, supports publicitaires, organismes de
prévention et de prise en charge de l'alcoolisme et du tabagisme) et a
confié diverses études à des organismes tiers.
La proportionnalité des mesures aux objectifs visés
s'appréciera au regard d'un bilan coûts/avantages de la politique
menée. Dans ce cadre, il sera opéré une
appréciation du manque à gagner des professionnels supportant les
conséquences financières des dispositions législatives, et
plus particulièrement des incidences de la loi en matière de
recettes publicitaires.
L'évaluation s'attachera ainsi à apprécier
l'acceptabilité des mesures édictées par la loi, le
rapport final pouvant suggérer des aménagements relatifs à
la loi elle-même ou à la politique globale de lutte contre le
tabagisme et l'alcoolisme culturel.
2. L'adaptation de la presse au paysage audiovisuel
Ainsi
que votre rapporteur l'a indiqué dans les développements qu'il a
consacrés à la situation du secteur, il semble que la presse
résiste mieux à la concurrence de la télévision et
conforte sa part de marché publicitaire.
La reprise économique, d'une part, et la tendance à la
diversification des stratégies " médias " des
annonceurs place la presse dans une situation moins défavorable dans sa
compétition avec la télévision.
La réforme du mode de financement de l'audiovisuel public annoncé
par le gouvernement peut faire espérer un renforcement de cette
tendance, même si il est sans doute illusoire d'attendre un report massif
des dépenses publicitaires qui ne trouveront plus d'espace sur les
télévisions.
En tout état de cause la concurrence continue d'être rude et de
légitimer une adaptation des méthodes et des stratégies de
la presse qui doit, à l'évidence, s'insérer tôt ou
tard dans un univers multimédias
a) Les initiatives tendant à l'offre de service communs
Les
initiatives de la presse tendant à présenter une offre commune en
fédérant ses services relèvent majoritairement de la
presse quotidienne régionale.
Celle-ci s'est en particulier dotée d'outils publicitaires collectifs.
La presse quotidienne régionale a ainsi pris l'initiative du
couplage
en créant dès 1991 le 66-3 (aujourd'hui
dénommé
PQR 66
) qui réunit 66 éditeurs
régionaux et leurs régisseurs nationaux et constitue ainsi une
simplification dans l'utilisation de la presse quotidienne régionale
pour une campagne nationale. La publicité nationale est ensuite
répartie au prorata des ventes de chacun. Elle propose également
des produits publicitaires plurimedias (presse /télévision,
presse /affichage, presse/radio).
Cette expérience a été étendue à
Internet
, le syndicat de la presse quotidienne régionale ayant
formé au début de l'année 1998 le
GIE Web 66
,
constitué avec Real Media Europe, afin de développer le
marché publicitaire sur Internet. Ce groupement a vocation à
commercialiser de l'espace publicitaire sur Internet, dont le prix sera
fonction du nombre de pages effectivement vues. Il
regroupe 18 titres (dont
La Voix du Nord, Le Parisien, La Dépêche et Sud-Ouest)
possédant au total une trentaine de sites sur Internet.
L'objectif du groupement est
d'offrir aux annonceurs sur Internet une
plate-forme nationale capable de valoriser des audiences régionales
.
Il permet à ses membres de créer une seule régie
publicitaire avec une tarification unifiée et des bilans de campagne
publicitaire centralisés.
Au titre des initiatives de regroupement de la presse quotidienne
régionale, il convient également de mentionner la création
en 1995 du GIE "France Images Régions", réseau des
sociétés de production de la presse quotidienne régionale
regroupant dix titres. Celui-ci collabore notamment avec TFI et LCI ainsi que
pour les décrochages locaux de M6.
Il convient en outre de préciser que la presse hebdomadaire
régionale s'est pour sa part récemment dotée d'un site
Internet et d'un outil publicitaire commun qui doit permettre à un
annonceur de publier ses campagnes nationales dans les 215 titres du Syndicat
de la presse hebdomadaire régionale (régie contrôlée
à 51 % par les éditeurs et à 49 % par Havas régie).
Il existe par ailleurs une fédération de l'offre de contenus par
certains groupes de presse (exemple du site Internet du groupe Sud-Ouest ou
projet "Infos on line" du groupe Havas).
b) Le problème des télévisions locales
Face
à cette question controversée - qu'il s'agisse des
décrochages locaux ou de la situation critique des
télévisions locales hertziennes - la presse ne présente
pas une attitude uniforme. Tandis que certains sont tentés par
l'expérience d'une collaboration, d'autres craignent que la
généralisation des télévisions locales ne
s'accompagne d'un aménagement des conditions d'accès au
marché publicitaire local et que cela affecte en définitive les
ressources de la presse.
Des synergies entre la presse et la télévision se sont
déjà mainifestées. Les chaînes hertziennes
nationales offrant des décrochages régionaux, M6 et France 3, se
sont souvent associées à la presse quotidienne régionale
pour la collecte d'informations ou la recherche d'une
complémentarité de leur offre.
Pour amorcer sa mutation, la presse locale a ainsi choisi de collaborer avec
des grands réseaux télévisés pour lesquels elle
assure une fonction d'agence régionale correspondante pour le compte de
TF 1, de LCI ou de M6, tel est le cas des journaux Sud - Ouest, la Voix du
Nord, Ouest - France, l'Est républicain, le Progrès de Lyon, le
Télégramme de Brest.
Les éditeurs régionaux sont également associés,
comme à Lyon sur TLM ou à Toulouse sur TLT, au capital des
chaînes hertziennes locales.
On note que ces interventions sont encadrées par le dispositif
anti-concentration prévu par l'article 41-2 de la loi du
30 septembre 1986 relatif à la prohibition du cumul
multimédia régional ou local. Dans une même zone
géographique déterminée, un groupe de presse local
éditeur d'un quotidien d'information politique et générale
ne peut se trouver dans plus d'une des situations suivantes :
• être titulaire d'une ou plusieurs autorisations relatives
à des services de télévision, à caractère
national ou non, diffusés par voie hertzienne terrestre dans la zone
considérée
• être titulaire d'une autorisation relative à un service
radiophonique dont l'audience potentielle est supérieure à
10 % des audiences potentielles cumulées dans la même zone de
l'ensemble des services, publics ou autorisés, de même nature ;
• être titulaire d'une ou plusieurs autorisations relatives
à l'exploitation de réseaux distribuant par câble à
l'intérieur de cette zone des services de radiodiffusion sonore et de
télévision.
Ces limites destinées à préserver le pluralisme local
n'apparaissent pas de nature à entraver gravement le
développement des initiatives de la presse dans sa participation aux
télévisions de proximité. Il n'a pas en conséquence
été envisagé d'adapter ce cadre juridique.
Le Gouvernement doit préciser, dans le projet de loi sur l'audiovisuel,
actuellement en cours de préparation, ses propositions quant à
l'aménagement du cadre législatif applicable aux services de
télévision locale.
Le débat va sans aucun doute être relancé par le
rapport remis
au début du mois de novembre 1998, à la
ministre de la Culture et de la Communication
par M.M. Michel
Françaix
, député, et
Jacques Vistel
, conseiller
d'État.
Leur étude souligne, selon les information de presse,
que la France "marque un certain retard par rapport aux autres pays
développés" et que ce bilan "appelle incontestablement, si l'on
souhaite aller au devant des goût du public, des réformes
importantes ".
MM. Michel Françaix et Jacques Vistel estiment que le principal obstacle
au développement des télévisions locales en France est
d'ordre financier. Le rapport s'emploie à "examiner comment
pourraient-être réunies les conditions permettant aux
opérateurs de s'engager dans la création de nouvelles
télévisions locales dans un nombre significatif de villes
françaises", proposant pour faire face à la pénurie de
fréquences hertziennes disponibles, de se demander si des
fréquences attribuées aux armées ne pourraient pas
être cédées.
Enfin, MM. Françaix et Vistel considèrent que la
télévision locale est à leurs yeux "la meilleure voie
d'entrée de la presse quotidienne régionale dans l'audiovisuel".
La concertation que le ministère entend organiser à ce sujet au
début de l'année prochaine devra notamment traiter du
problème de la publicité en faveur de la distribution.
La suppression de l'interdiction de la publicité en faveur de la
distribution est souvent présentée comme le préalable
à une meilleure viabilité financière des services de
télévision locale extrêmement dépendants des revenus
publicitaires et souvent considérée comme le remède
miracle pour assurer la viabilité des services de
télévision de proximité.
Le souci de favoriser le développement de ces services, instruments de
citoyenneté et de communication locale, ne doit cependant pas conduire
à porter préjudice aux intérêts de la presse.
En effet, l'interdiction de publicité télévisée du
secteur de la distribution prévue par le décret du 27 mars 1992
vise notamment à protéger une source importante de revenus de la
presse et plus particulièrement de la presse quotidienne
régionale. En sauvegardant les ressources nécessaires à la
presse écrite pour assurer son équilibre économique et son
indépendance, cette disposition contribue ainsi à garantir le
pluralisme de l'information.
Les recettes publicitaires des "grands médias" en provenance du secteur
de la distribution peuvent être estimés, parrainage exclus,
à près de cinq milliards de francs en 1997 (chiffres SECODIP). La
presse capte environ 50 % de ces investissements. Le secteur de la
distribution constitue environ 15 % des ressources publicitaires de la
presse. Les caractéristiques locales de cette publicité
conduisent à rendre la presse quotidienne régionale beaucoup plus
dépendante de cette source de revenus qui représente 30 % de
ses recettes publicitaires.
La publicité en faveur de la distribution ne profite pas au seul secteur
de la presse mais également à celui de la radio et de
l'affichage, qui recueillent respectivement 17 et 32 % des dépenses de
la grande distribution dans les grands médias. Il convient de noter
à cet égard que le Conseil constitutionnel, dans sa
décision du 21 janvier 1994, a souligné que les
décrochages locaux "interdisent le recours à la publicité
et au parrainage en vue notamment de ne pas porter atteinte aux conditions
pluralistes d'exercice de la liberté de communication par la presse
quotidienne régionale et les radios locales."
EXAMEN EN COMMISSION
Le mardi
17 novembre 1998, sous la Présidence de M. Alain Lambert,
président, la commission a procédé à l'
examen
du
rapport
sur les crédits
de la presse pour 1999
présenté par
M. Claude Belot, rapporteur
spécial.
Au cours du débat qui a suivi la présentation des
crédits,
M. Philippe Marini, rapporteur
général
, a, rejoignant les préoccupations du
rapporteur spécial, ainsi que de M. Jacques Chaumont, attiré
l'attention sur la nécessité de préserver une agence
française ; il a souhaité que, dans la perspective de
l'adaptation du statut de l'AFP, le rapporteur spécial use de ses
prérogatives pour s'intéresser à la gestion de cet
organisme, ce que ce dernier a accepté, après avoir
indiqué que la situation actuelle pouvait être critiquable au
regard des règles communautaires de la concurrence.
Sur la base de ces observations, la commission a adopté le rapport sur
les crédits de la presse.
1
Pour la première part, la
répartition
s'est effectuée sur la base d'une subvention à l'exemplaire,
calculée par division de l'aide (7.500.000 francs) par le nombre total
d'exemplaires portés en 1996. Cette aide unitaire, multipliée
ensuite par la diffusion portée de chaque journal en 1996, donne la
subvention de chaque journal.
Pour la seconde part, la subvention unitaire a été
déterminée en proportion de la progression du nombre
d'exemplaires portés entre le premier semestre 1996 et le premier
semestre 1997. Seuls les journaux qui avaient augmenté leur diffusion
portée sur la période bénéficiaient de la seconde
part et de l'aide. Celle-ci a été calculée selon le
même principe que la première part : détermination d'une
subvention unitaire et multiplication de celle-ci par les exemplaires
portés par chaque journal sur la période.
2
Le maintien par l'Assemblée Nationale de l'article 88 de la
loi de finances pour 1997 créant le
fonds de compensation
concrétisait cette volonté de neutraliser les effets
négatifs de la suppression des déductions supplémentaires.
Le gouvernement avait d'ailleurs tiré les conséquences de ce vote
en proposant d'augmenter de
100 millions le chapitre 41-10 des services
généraux du Premier Ministre
3
Il est prévu, dans la rédaction actuelle du IV du
présent article que l'article 81 du code général des
impôts, qui dispose que sont affranchies de l'impôt :
" les
allocations spéciales destinées à couvrir
les frais inhérents à la fonction ou à l'emploi
effectivement utilisées conformément à leur objet ",
est complété par une phrase précisant que " les
rémunérations des journalistes, rédacteurs photographes,
directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux perçues
ès qualités constituent de telles allocations à
concurrence de 30.000 francs ".
La solution est discutable. D'abord, elle ne paraît pas présenter
du point de vue même de l'objectif recherché par le gouvernement
toute la sécurité requise pour les
intéressés : la rédaction du code montre - les
allocations spéciales de l'article 81 doivent être
utilisées
conformément à leur objet
- ce qui veut
dire qu'on doit être en mesure d'en vérifier l'utilisation et donc
qu'elle peuvent faire l'objet d'un contrôle fiscal.
En outre, le sort particulier fait aux journalistes et assimilés
pourrait faire l'objet de critiques, sur le plan de l'égalité
devant l'impôt. Tandis qu'une facilité spécifique est
accordée aux uns, l'on n'offre aux autres professions concernées
par la suppression des déductions supplémentaires, qu'un
aménagement du régime des frais réels
4
Les entreprises concernées peuvent donc retrancher de
leur bénéfice imposable, dans certaines limites :
• soit les dépenses effectuées au cours de l'exercice
pour l'acquisition de matériel ou de constructions strictement
nécessaires à l'exploitation du journal ;
• soit une provision destinée à leur permettre de faire
face au financement ultérieur d'investissements de même nature.
Certaines des caractéristiques de l'aide instaurée par l'article
39 bis du code général des impôts, en limitent la
portée :
• par construction, le champ d'application du régime est
limité aux seules entreprises réalisant des
bénéfices ;
• la limitation du champ d'application aux seules entreprises
éditrices favorise les structures intégrées ;
• les dépenses éligibles ne concernent pas la
totalité des actions de modernisation envisageables.
5
L'article 72 de la loi du 27 janvier 1993 portant diverses mesures
d'ordre social précise toutefois que cette interdiction ne s'applique
pas aux "publications éditées par les organisations
professionnelles de producteurs, fabricants et distributeurs des produits du
tabac et qui sont réservées à leurs adhérents, ni
aux publications professionnelles spécialisées dont la liste sera
établie par arrêté ministériel". Cette liste de 12
publications professionnelles a été fixée par
arrêté en date du 22 mars 1993.