D. LA SITUATION DE L'AGENCE FRANCE PRESSE

L'Agence France Presse a rencontré une certaine difficulté dans l'élaboration de son budget pour 1998. En effet, les premières estimations présentées par la direction de l'agence à la fin de l'année 1997, laissaient envisager un déficit de l'ordre de 40 millions de francs. Le statut de l'AFP, qui interdit expressément le vote d'un budget en déséquilibre, comme la nécessité d'une gestion saine de l'agence, interdisaient d'accepter une telle perspective.

Aussi bien, après réexamen systématique des perspectives de dépenses pour 1998, le conseil d'administration de l'AFP a pu voter un budget 1998 à l'équilibre.

Cette difficulté était cependant révélatrice d'une situation budgétaire et comptable de l'agence caractérisée, notamment, par une croissance forte et continue de la masse salariale, supérieure à l'évolution naturelle des ressources.

Ces éléments ont conduit le gouvernement à demander à l'Inspection générale des finances - IGF - d'engager un audit sur la situation de l'AFP avec l'accord du président de l'agence. Son rapport lui a été remis début juillet. Il aborde non seulement les comptes de l'agence mais aussi son statut et son organisation. Il a été communiqué aux membres du conseil d'administration.

Le président du conseil d'administration de l'agence élabore actuellement un plan de développement triennal qui sera soumis au conseil d'administration au cours de l'automne 1998. Dans son état actuel d'avancement, encore inégal, il est encore trop tôt pour indiquer les lignes de force de ce plan.

Ce plan pourrait intégrer un ensemble de propositions qui concerneraient :la poursuite de la régionalisation des " desks " parallèlement au développement de la déconcentration de la production et de la diffusion de l'information. Il a été indiqué que " la nécessaire maîtrise de la masse salariale pourrait justifier la remise en cause de certaines modalités d'évolution des rémunérations ". En effet, les charges recommencent à croître plus vite que les produits en dépit d'un important effort de contrôle de charges externes. Ce sont les charges de personnel qui aggravent la dynamique liée au fort GVT positif.

Mais le plus difficile sera sans doute de redéfinir une politique commerciale cohérente avec la stratégie de développement des marchés. Ceci passerait en particulier par une redéfinition des produits, des relations avec les clientèles et de la politique de tarification, ainsi que la réévaluation systématique de la situation et du rôle des filiales de l'agence. La réorganisation éventuelle qui en découlerait, devrait intégrer la mise en place indispensable d'un système de contrôle effectif et régulier des filiales.

Le rapport de l'IGF, dont votre rapporteur a demandé communication en vertu de ses pouvoirs de rapporteur spécial - de larges extraits ayant d'ailleurs filtré dans la presse - présente un diagnostic utile de la situation de l'entreprise. Il juge sévèrement l'organisation de la direction de l'agence et les faiblesses d'un service commercial qui a hérité du passé des structures inadéquates. Il considère que la réforme du statut ne doit pas être un préalable au redressement de l'agence, mais qu'il devra être mis à l'ordre du jour compte tenu des éléments d'obsolescence qu'il comporte. " Il est certain, qu'une partie des dispositions du statut de l'agence a perdu de sa pertinence au fil du temps. En particulier, les dispositions relatives à la composition et à l'information du conseil d'administration ne permettent pas l'émergence d'un véritable pouvoir d'entreprise. De même, l'apport des organes de contrôle spécifiques que sont le Conseil Supérieur et la Commission Financière n'est plus clairement identifiable ", écrit le rapporteur de l'inspection des finances.

Selon lui, la convention de prestations de services entre l'AFP et l'État doit évoluer: " 86 % des sommes versées à l'AFP par l'État, soit 41 % du chiffre d'affaires, sont assimilables à une "subvention" qui pourrait inciter nos concurrents à en référer à la Commission Européenne. Une forme de transition douce doit être trouvée ".

En définitive, il est clair que la crise que traverse actuellement cet organisme tient à l'ambiguïté de son statut et à la confusion que celui-ci tend à entretenir, entre la mission du service public et la logique du marché.

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