C. LES FONDS CRÉÉS PAR LA LOI D'ORIENTATION
1. Le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN)
Le
FITTVN, créé par l'article 37 de la loi d'orientation de
1995 pour l'aménagement et le développement du territoire, est un
compte spécial du Trésor géré par le
ministère des transports, de l'équipement et du logement. Il est
alimenté par le produit de deux taxes : l'une due par les
titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés sur les
voies navigables, et l'autre par les concessionnaires d'autoroutes.
Comme l'an passé, ses recettes bénéficieront du doublement
de la taxe sur les ouvrages hydroélectriques proposée par le
projet de loi de finances pour 1998, dans le contexte né de l'abandon du
projet de canal Rhin-Rhône.
L'évolution des recettes peut être ainsi
résumée :
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 au 31.06 |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1999 |
Recettes |
2.709,3 |
2.961,5 |
1.794,9 |
3.900 |
3.930 |
dont taxe sur la production hydroélectrique |
772,6 |
825,6 |
910 |
1.690 |
1.710 |
dont taxe sur les concessionnaires d'autoroutes |
1.936,7 |
2.135,9 |
984,7 |
2.210 |
2.220 |
Les dépenses seront ainsi ventilées :
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
Chapitre 1 : Investissements sur le réseau routier national |
|
|
Chapitre 2 : Investissements destinés aux voies navigables |
|
|
Chapitre 3 : Subventions d'investissement en matière de transport ferroviaire et de transport combiné |
|
|
TOTAL |
3.900 |
3.930 |
L'utilisation des crédits du FITTVN en 1998
1. Investissements sur le réseau routier national |
1.835 millions de francs |
- Désenclavement du Massif central |
1.356 millions de francs |
dont autoroute A20 (Vierzon-Brive) |
435 millions de francs |
dont autoroute A75 (Clermont-Ferrand-Béziers) |
676 millions de francs |
dont route nationale RN7 |
254 millions de francs |
- Réhabilitation lourde du réseau routier national |
83 millions de francs |
- Autres opérations d'aménagement du territoire (RN88, route Centre Europe Atlantique) |
395 millions de francs |
2. Investissements destinés aux voies navigables |
430 millions de francs |
- Subventions à Voies navigables de France |
322 millions de francs |
- subventions à la Compagnie nationale du Rhône |
75 millions de francs |
- aménagement de la vallée du Lot |
15 millions de francs |
- travaux de sécurité sur les voies gérées par l'Etat |
18 millions de francs |
3. Subventions d'investissement pour le transport ferroviaire et le transport combiné |
1.635 millions de francs |
- Transport ferroviaire |
1.250 millions de francs |
dont TGV Méditerranée |
650 millions de francs |
dont TGV Est |
220 millions de francs |
dont autres opérations TGV |
80 millions de francs |
dont opérations intégrées aux contrats de plan |
250 millions de francs |
- Transport combiné |
350 millions de francs |
- Etudes et recherches |
35 millions de francs |
L'utilisation des crédits du FITTVN en 1999 :
les
intentions annoncées par le gouvernement
1. Investissement sur le réseau routier national |
1.590 millions de francs |
- Terminaison de l'autoroute A20 |
|
- Poursuite du désenclavement du Massif central (A75 et RN7) |
|
- Aménagement de la RN10 |
|
- Financement des programmes routiers inclus dans les contrats de plan Etat-région |
|
2. Investissements destinés aux voies navigables |
450 millions de francs |
- Subventions à Voies navigables de France destinées à amplifier l'effort de modernisation et de restauration du réseau |
|
- Travaux de sécurité et de préservation sur les voies gérées par l'Etat |
|
- Poursuite des études des projets "Seine-Nord" et "Seine-Est" |
|
3. Subventions d'investissements en matière de transport ferroviaire et de transport combiné |
1.890 millions de francs |
- Liaisons à grande vitesse |
1.100 millions de francs |
TGV Méditerranée |
|
Etudes et travaux du TGV Est |
|
Etudes du TGV Rhin-Rhône |
|
- Modernisation du réseau classique |
400 millions de francs |
- Soutien au transport combiné |
380 millions de francs |
Les
priorités du FITTVN en 1999 s'inscrivent dans la lignée des choix
opérés en février dernier par le gouvernement en faveur du
transport ferroviaire et du transport combiné, qui devrait,
d'après les indications fournies à votre rapporteur,
bénéficier, dans les années à venir, d'un milliard
de francs supplémentaire par an, par rapport à 1998, aux termes
des prochains contrats de plan.
Dès 1999, l'importance respective des crédits destinés
aux transports routiers et aux transports ferroviaires est inversée
par rapport à 1998 :
- la part du secteur ferroviaire progresse de 42 à 48 % ;
- celle du secteur routier se contracte de 47 à
40,5 %.
2. Le fonds de péréquation des transports aériens (FPTA)
Le
Fonds de péréquation des transports aériens (FPTA) est un
compte spécial du Trésor
géré par le
ministère de l'équipement, des transports et du logement.
Institué par l'article 35 de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, il a pour
mission de concourir
"à assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire".
Ses recettes proviennent d'une
"taxe de péréquation des
transports aériens"
versée par tout passager aérien
embarquant dans un aéroport français. Le taux de cette taxe a
évolué : de 4 francs par passager en 1995, il a
été ramené successivement à 3 francs en 1996, et
à 1 franc en 1997 et 1998.
Cette diminution du montant de la taxe se répercute sur les recettes du
Fonds de péréquation.
(En millions de francs)
Année période |
Recettes perçues par le Fonds |
1995 |
120,5 |
1996 |
142,0 |
1997 |
67,9 |
Janvier/septembre 1998 |
35,9 |
Dans
son rapport sur la loi de finances pour 1998, votre rapporteur s'était
inquiété d'une situation qui se traduit par des
montants de
recettes inférieurs au montant des dépenses.
Certes, l'existence des
reports
provenant des exercices
antérieurs (et en particulier de celui de 1995, où la taxe a
été prélevée avant que le Fonds ne soit
opérationnel) permettent encore au Fonds d'afficher un
solde
positif.
Mais votre rapporteur relève que les exercices 1998 et 1999 se
traduiront, à s'en tenir aux évaluations communiquées par
l'administration, par la poursuite de l'érosion du solde du FPTA.
Budget prévisionnel pour 1998
(En KF)
Ressources |
Dépenses |
||
Report de l'année 1997 |
158,7 |
Dépenses ordonnancées du 1er janvier au 15 septembre 1998 |
39,3 |
Taxe année 1998 |
48,5 |
Dépenses potentielles du 15 septembre fin 1998 |
42,2 |
Total ressources 1998 |
207,2 |
Total dépenses 1998 |
81,5 |
Solde prévisionnel : 125,7 |
Budget prévisionnel pour 1999
(En KF)
Ressources |
Dépenses |
||
Report de l'année 1998 |
125,7 |
Dépenses prévues pour les conventions en vigueur |
52,5 |
Taxe prévue pour 1999 |
51 |
Dépenses prévues pour les conventions en cours de renouvellement |
12,5 |
Total ressources prévues pour 199 |
176,7 |
Dépenses estimées pour d'autres conventions |
15 |
|
|
Total dépenses estimées 1999 |
80 |
Solde prévisionnel : 96,7 |
Dans
ces conditions, l'équilibre du Fonds nécessitera
vraisemblablement un
relèvement du taux de la taxe
à une
échéance assez rapprochée, particulièrement si le
gouvernement s'oriente, comme le suggère semble-t-il le rapport Martre
évoqué plus loin, vers un
assouplissement des critères
d'éligibilité
du Fonds.
Les critères actuels d'éligibilité au Fonds
ont
été précisés par les décrets du 9 mai
1995 et du 28 mars 1997. Ils sont au nombre de cinq. Ainsi, pour
être éligible, une liaison ancienne doit,
simultanément :
- justifier d'un trafic compris entre 10.000 et 150.000 passagers par
an ;
- relier deux aéroports dont l'un au moins n'a pas
dépassé un trafic total de 1,5 million de passagers
l'année précédente ;
- ne pas présenter l'alternative d'une liaison maritime ou ferroviaire
présentant certaines garanties minima de fréquence et de
durée de trajet ;
- ne pas présenter d'alternative à une liaison aérienne
présentant certaines garanties minima de fréquence, et partant
d'un aéroport accessible en moins de trente minutes de plus que le temps
requis pour accéder à l'aéroport local
considéré ;
- enfin, proposer un programme d'exploitation d'au moins un aller et retour en
début de journée, et en fin de journée, du lundi au
vendredi pendant au moins 47 semaines par an.
Actuellement, la participation financière du Fonds a été
sollicitée pour 55 liaisons intérieures
métropolitaines. 38 de ces liaisons ont été
déclarées éligibles et 17 n'ont pas été
retenues.
Sur ces 55 demandes, 9 correspondaient à des projets d'ouverture
ou de réouverture qui n'ont pas abouti, 3 correspondaient à des
liaisons qui ont dû être fermées, 43 ont pu être
maintenues en exploitation. Le Fonds devrait en outre permettre le lancement de
quatre liaisons nouvelles.
Outre-mer, la péréquation du Fonds concerne trois liaisons
intérieures à la Guyane, la desserte extérieure de
Mayotte, et la desserte entre l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon et le
Canada.
Une réflexion est actuellement en cours sur les
perspectives
d'évolution du Fonds.
Le ministre chargé de l'aviation civile
et le ministre chargé de l'aménagement du territoire ont
confié à M. Henri Martre la mission de tracer le bilan de la
mise en place du FPTA et de présenter des propositions pour l'avenir.
Le rapport vient d'être remis au gouvernement, et fait état,
d'après les indications transmises à votre rapporteur, d'un bilan
globalement satisfaisant du FPTA. Ses propositions porteraient sur un
assouplissement des critères d'éligibilité
et
préconise un renforcement du rôle dévolu au comité
de gestion.
Si votre rapporteur se félicite de l'appui que le FPTA peut apporter
à l'équilibre des dessertes aériennes dans
l'intérêt de l'aménagement du territoire, il
s'inquiète en revanche des conséquences que pourrait avoir le
projet de taxe d'aéroport
dont la création était
inscrite à l'article 85 du projet de loi de finances pour 1999.
Cette taxe serait
due par toute entreprise de transport aérien
public.
Elle serait perçue au profit des exploitants des
aérodromes dont le trafic annuel dépasse les 1.000 passagers
embarqués ou débarqués.
Assise sur le nombre de passagers de l'entreprise embarquant sur
l'aérodrome,
ses tarifs seraient modulés en fonction de la
classe de l'aérodrome, elle même fonction du trafic de
l'aérodrome
pris en compte selon le barème suivant
:
Classe |
1 |
1 |
3 |
4 |
5 |
Trafic de l'aérodrome ou du système aéroportuaire en total des passagers, embraqués ou débarqués |
|
|
|
|
|
Tarifs par passager |
de 16 à 20 F |
de 8 à 17 F |
de 17 à 32 F |
de 32 à 65 F |
de 65 à 99 F |
D'après le gouvernement, ce tarif est fonction des
coûts sur l'aérodrome des services de
sécurité-incendie-sauvetage, de lutte contre le péril
aviaire, etc...
Votre rapporteur s'interroge toutefois sur les effets contreproductifs
qu'aurait, dans l'optique d'aménagement du territoire qui est la
sienne,
une taxe qui pèserait plus lourdement sur les passagers
embarquant sur de petits aéroports que sur ceux des aéroports
à grand trafic.
Dans ces conditions, il se joint volontiers aux
trois exigences
posées par la commission des finances
, à savoir :
- que l'Etat assume les sujétions normales de la préservation de
la sûreté publique, à partir d'un financement du budget
général et non d'un financement spécifique ;
- que le régime de la taxe préserve les préoccupations
d'aménagement du territoire ;
- et qu'il ménage un rattachement au budget de l'Etat des produits et
des charges financées.
Estimant avec elle qu'elles ne sont, en l'espèce, pas satisfaites, il se
félicite de la décision qu'elle a prise de
rejeter la
création de cette taxe
et s'associe à la volonté que
toutes les conditions posées par la commission soient
réunies.
3. Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER)
Créé par l'article 38 de la loi
d'orientation de
1995, il est géré par le ministère de l'agriculture et ses
crédits sont, dans leur quasi totalité, répartis dans les
départements.
Il a pour mission de soutenir, par ses contributions financières, les
actions concourant à l'entretien et à la réhabilitation
d'espaces agricoles en voie d'abandon, ou d'éléments naturels
(paysage rural) dont l'entretien insuffisant serait susceptible d'engendrer des
risques naturels. Plus de la moitié des actions conduites par le FGER
concernent principalement des actions de débroussaillage, d'entretien
des haies et d'amélioration des abords des lieux habités. Du
point de vue de la répartition spatiale, la moitié des projets
intéressent les zones défavorisées où l'on pratique
l'élevage et la polyculture.
L'évolution des crédits affectés au FGER depuis sa
création révèle à la fois une régression
accélérée des dotations inscrites en loi de finances
initiale et des reports de crédits qui retiraient toute signification
aux montants votés par le Parlement.
(en millions de francs)
Année |
LFI |
Annulation crédits |
Reports crédits année n-1 |
Crédits ouverts |
1995 |
500 |
164 |
- |
335 |
1996 |
388 |
170 |
284 |
502 |
1997 |
150 |
145 |
303 |
308 |
1998 |
140 |
10 |
127 |
257 |
Etait-il
indiqué, comme l'envisage le gouvernement, de supprimer le FGER en
l'intégrant dans un dispositif plus vaste ? Les hésitations
qui se sont manifestées dans l'élaboration de cette
réforme ne trahissent-elles pas un certain embarras ?
Il semblerait, d'après les informations communiquées à
votre rapporteur, que le gouvernement ait envisagé, dans un premier
temps, de transformer le FGER en un FGENR -Fonds de gestion de l'espace
naturel
et rural- dont le champ d'intervention aurait été
élargi, comme son nom l'indique, à la gestion des espaces
naturels.
Il a finalement préféré la création d'un Fonds de
gestion des milieux naturels (FGMN) complémentaire, mais distinct du
FGER, qu'il a alors décidé de fondre dans de nouveaux contrats
territoriaux d'exploitation (CTE), dont la création est prévue
dans le projet de loi d'orientation agricole.
Quoique ceux-ci ne soient pas encore créés, le projet de loi de
finances pour 1999 a déjà prévu de leur transférer
la totalité des crédits qui auraient été
attribués au
FGER
et
dont la dotation se trouve de ce fait
ramenée à zéro.
Même si le projet de loi de finances pour 1999 attribue à ces
nouveaux contrats territoriaux d'exploitation un crédit de
300 millions de francs inscrits sur le chapitre 44-84, votre rapporteur
souhaiterait obtenir des assurances quant à la pérennité
du financement des opérations FGER, qui lui paraît loin
d'être assurée.
4. Le fonds national de développement des entreprises (FNDE)
Institué par l'article 43 de la loi d'orientation
de
1995, à l'initiative du Parlement, le FNDE a pour objet de
développer l'emploi et de favoriser le maintien et la créations
des petites entreprises dans les zones d'aménagement du territoire,
ainsi que dans les zones de redynamisation urbaine (ZRU) et les territoires
ruraux de développement prioritaire (TRDP).
Le CIADT tenu à Auch en avril 1997 avait annoncé la dotation d'un
milliard de francs sur deux ans. La dotation du FNDE pour 1998, annoncée
lors du CIADT du 15 décembre 1997 ne s'est élevée
qu'à 200 millions de francs, sans d'ailleurs qu'ait
été pris le décret d'application prévu par la loi
d'orientation et qui aurait fixé les modalités de fonctionnement
du fonds.
Tout ceci ne semble pas témoigner d'une véritable
détermination du gouvernement à mettre en oeuvre le FNDE, alors
qu'il s'engage dans une réflexion sur d'autres formes possibles de
soutien aux petites entreprises réunies au sein de "systèmes
productifs locaux".