PJ loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BESSE (Roger), rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 4 - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
-
PREMIÈRE PARTIE :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS- I. LE BUDGET DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- II. LES AUTRES CONTRIBUTIONS À LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
-
DEUXIÈME PARTIE :
1999 : UNE ANNÉE CHARNIÈRE POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE - EXAMEN EN COMMISSION
- ANNEXE
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 4
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT :
I
.
- AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Rapporteur spécial
: M. Roger BESSE
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier,
Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PREMIÈRE PARTIE :
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
I. LE BUDGET DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Evolution des crédits de l'aménagement du territoire (1998-1999)
(en millions de francs)
Nature des crédits |
1998 |
1999 |
1999/1998
|
Dépenses ordinaires (DO) |
|
|
|
Titre III - Moyens des services/DATAR |
|
|
|
Titre IV - Interventions publiques/FNADT (chap.44-10) |
|
|
|
Total dépenses ordinaires (DO) |
383,029 |
403,599 |
+ 5,37 |
Dépenses en capital (CP) |
|
|
|
Chapitre 64-00-PAT |
320 |
315 |
- 1,56 |
Chapitre 65-00-FNADT |
1.102,68 |
1.080,7 |
- 1,99 |
Total dépenses en capital (CP) |
1.422,685 |
1.395,700 |
- 1,89 |
TOTAL DO + CP |
1.805,71 |
1.799,29 |
- 0,35 |
Autorisations de programme |
|
|
|
Chapitre 64-00-PAT |
320 |
320 |
0 |
Chapitre 65-00-FNADT |
1.302,685 |
1.280,7 |
- 1,69 |
TOTAL AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
|
|
|
A. L'IMPORTANTE PROGRESSION OPTIQUE DES CRÉDITS DE LA DATAR
Les
dépenses de fonctionnement de la DATAR occupent la totalité du
titre III "Moyens des services", du budget de l'aménagement du
territoire.
Les crédits qui lui sont consacrés s'élèvent
à 108,76 millions de francs, en progression de 23,45 % par
rapport à 1998.
1°)
Toutefois, cette forte progression n'est qu'apparente,
puisqu'elle s'explique, pour l'essentiel, par le
changement d'imputation
budgétaire d'une enveloppe de crédits d'études
antérieurement inscrits au FNADT, et désormais regroupés
dans un nouveau chapitre 34-05 doté pour 1999 de
18 millions de
francs
. Au cours de son audition, M. Jean-Louis Guigou,
délégué à l'aménagement du territoire, a
indiqué à votre rapporteur que ces crédits d'études
étaient reconduits purement et simplement au niveau de l'année
dernière et que tous les éléments d'information seraient
portés à sa connaissance. Ces éléments ne lui sont
toutefois, à ce jour, toujours pas parvenus.
2°) Les dépenses de personnel s'établissent à
56,94 millions de francs, en hausse de 4,9 %.
Cette progression s'explique principalement par les effets induits des mesures
générales de
revalorisation des rémunérations
publiques
ainsi que par la régularisation du statut d'une vingtaine
de correspondants des bureaux de la DATAR à l'étranger.
Les
effectifs
, en effet,
restent stables
: les emplois
budgétaires sont reconduits sans que l'on assiste à aucune
création, suppression ni transformation des
113 emplois
, qui
se répartissent, comme en 1998, entre :
- 58 emplois titulaires et 55 emplois contractuels en France ;
- 28 emplois contractuels dans les 17 bureaux de la DATAR à
l'étranger, qui comportent, en outre, 37 recrutés locaux et
4 coopérants du Service national.
3°)
Les
moyens de fonctionnement
des services proprement
dits, inscrits au chapitre 34-98, sont
reconduits au même niveau
que l'an dernier, tant pour la DATAR proprement dite que pour ses bureaux
à l'étranger.
Les bureaux de la DATAR à l'étranger
La DATAR
s'est implantée à l'étranger dès la fin des
années soixante afin de prospecter sur place les sociétés
susceptibles d'investir en France.
Le dispositif actuel comporte 17 bureaux, organisés en trois
réseaux continentaux qui couvrent les zones à fort potentiel
économique.
Le réseau européen
qui dispose de 32 personnes, est
composé des représentations suivantes :
- le bureau de Bruxelles pour le Bénélux,
- des bureaux de Zurich et de Francfort,
- le bureau de Londres, compétent sur la Grande-Bretagne et l'Irlande,
- le bureau de Madrid qui couvre l'Espagne et le Portugal,
- le bureau de Stockholm, compétent pour la Suède, la
Norvège, le Danemark et la Finlande.
Le réseau américain
, d'une vingtaine de personnes,
articulé autour de 4 bureaux compétent sur l'ensemble de
l'Amérique du Nord :
- New-York,
- Chicago,
- Los Angeles
- Houston.
Le réseau asiatique
compte 17 personnes réparties en
six bureaux :
- le bureau de Tokyo, siège de la Direction du bureau Asie,
- le bureau d'Osaka,
- le bureau de Taipeh
- le bureau de Hongkong,
- le bureau de Séoul (ouvert en 1997)
- le bureau de Singapour (ouvert en 1997).
Le budget global
des bureaux est passé de 40 millions de
francs en 1991 à 41,30 millions de francs en 1998. Cette quasi
stabilité résulte de la compensation de deux tendances
divergentes :
- la dotation en
personnel
a progressé de 15,6 millions de
francs en 1991 à 22,7 millions de francs en 1998,
- la dotation en
fonctionnement
a en revanche été
constamment réduite, revenant de 24,4 millions de francs en 1991
à 18,6 millions de francs en 1998.
La gestion de proximité des bureaux est effectuée, en
matière de personnel et de fonctionnement, par la Direction des
Relations Économiques Extérieures (DREE) du ministère de
l'économie.
Conformément au protocole signé entre ces deux administrations,
les crédits inscrits au budget de la DATAR sont transférés
en cours d'année vers le budget de la DREE, puis mis en place
auprès des postes de l'Expansion économique des villes où
se situent les bureaux de la DATAR.
Le succès de l'action de ces bureaux à l'étranger peut
s'évaluer au
nombre d'emplois créés en France
à la suite d'investissements étrangers sur le territoire
national :
-
en 1996
, la DATAR estime que ces bureaux à
l'étranger ont été à l'origine de
l'implantation
de 117 entreprises étrangères
qui ont créé
7.225 emplois,
- en 1997, l'implantation de 109 entreprises
a permis la
création
de 10.120 emplois.
La majeure partie de ces investissements a été localisée
dans le part Nord-Est du territoire national : le Nord - Pas-de-Calais et
la Lorraine sont depuis plusieurs années les deux principales
régions d'accueil de ces investissements.
Perspectives d'évolution
Le rapport commandé à l'Inspection Générale de
l'Administration et à l'Inspection générale des Finances,
et remis en 1995 par MM. Melchior et Sautter préconisait
l'évolution vers une agence regroupant l'ensemble des acteurs
concourant à la prospection et à l'accueil des investissements
étrangers
(Etat, collectivités territoriales, entreprises).
Depuis 1996, la DATAR s'est efforcée de consolider son dispositif en
signant plusieurs conventions avec d'autres organismes partenaires qui mettent
des agents à sa disposition, et en mettant sur pied un Comité de
pilotage des bureaux étrangers et un Comité d'orientation et de
suivi des projets étrangers.
Jugeant réunies les conditions préalables à la
constitution d'une agence, le ministre de l'Aménagement du territoire et
de l'Environnement a chargé M. Jean-Louis Guigou,
délégué à l'Aménagement du territoire et
à l'action régionale, de bâtir un projet d'agence et de
lancer les consultations nécessaires auprès des partenaires de la
DATAR susceptible de s'y joindre.
La question
du rattachement administratif de cette nouvelle structure
devra faire l'objet d'une
réflexion approfondie, à laquelle
prendra part l'office parlementaire d'évaluation des politiques
publiques
1(
*
)
: il faut en effet éviter
une trop grande dispersion de nos structures économiques à
l'étranger qui ne pourrait que dérouter les
investisseurs.
B. LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE : UN TASSEMENT CACHE L'AUTRE
La prime
à l'aménagement du territoire est une subvention
d'équipement accordée par l'Etat aux entreprises
françaises et étrangères qui réalisent, dans les
zones d'aménagement du territoire, des opérations créant
des emplois durables. Ces opérations éligibles peuvent être
soit des créations ou des extensions d'établissement, soit des
délocalisations d'activités, à partir d'Ile-de-France.
Son régime actuel résulte des dispositions du décret du
6 février 1995, qui reflète un certain nombre de demandes de
la Commission européenne relatives au relèvement des montants de
prime par emploi et à une révision de la carte des aides à
finalité régionale.
La prime à l'aménagement du territoire est financée par le
chapitre 64-00, intitulé "aide à la localisation
d'activités créatrices d'emplois".
Les crédits de paiements inscrits au projet de budget pour 1999
-315 millions de francs- sont en très légère
régression (- 1,56 %), alors que les autorisations de
programme, avec 320 millions de francs, sont reconduites au même
niveau que l'an passé.
Ce léger tassement des crédits n'est pas le
phénomène qui préoccupe le plus votre rapporteur,
même si une mise en perspective historique montre, au-delà de la
"purge" nécessaire opérée en 1997, une tendance à
l'érosion progressive des crédits de paiement de la PAT.
Trois
autres paramètres lui paraissent devoir aussi être pris en
considérations :
- la
diminution du montant de la PAT accordée
qui semble devoir
se confirmer en 1998, sauf rattrapage accéléré en fin
d'année.
|
|
|
|
|
1998
|
PAT accordée en millions de francs |
724 |
613 |
717 |
580 |
278 |
- une remontée discrète mais sensible du taux de rejet : alors que ceux-ci restaient, au début des années quatre-vingt-dix, dans une fourchette de 10 à 13 %, ils dépassent depuis deux ans les 16 %.
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998
|
Dossiers présentés |
169 |
133 |
143 |
182 |
219 |
203 |
184 |
Dossiers primés |
152 |
117 |
125 |
164 |
187 |
166 |
115 |
Taux de rejet |
11 % |
12 % |
13 % |
10 % |
14,6 % |
16,7 % |
16,3 % |
- la contraction de la consommation des crédits de paiement (tombée de 421 millions de francs en 1996 à 233 millions de francs en 1997) qui, si elle se confirmait en 1998, risquerait d'amorcer une reprise de la progression des reports de crédits , annulant le bénéfice de la "purge" opérée en 1997.
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 (au 31.07.98) |
||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Loi de finances |
583,75 |
343,75 |
239,00 |
331,70 |
250,00 |
155,00 |
320,00 |
320,00 |
Annulations |
- 167,83 |
- 49,95 |
- 134,75 |
- 40,43 |
- 192,77 |
- 18,75 |
- 11,84 |
- 2,92 |
Report de l'année antérieure |
1.417,31 |
419,56 |
1.370,31 |
401,75 |
1.150,03 |
273,83 |
1.002,85 |
177,16 |
Dotation globale disponible |
1.833,23 |
713,36 |
1.774,56 |
693,02 |
1.207,26 |
410,08 |
1.311,01 |
494,24 |
Consommation globale |
462,92 |
311,61 |
624,54 |
420,97 |
204,40 |
232,92 |
357,85 |
231,77 |
Total des reports |
1.370,31 |
401,75 |
1.150,02 |
272,05 |
1.002,86 |
177,16 |
953,16 |
262,47 |
% consommation/dotation globale disponible |
|
|
|
|
|
|
|
|
Il y voit le signe qu'une remise à niveau des crédits de la PAT ne saurait être efficace sans une réforme des critères d'éligibilité qu'il appelle depuis longtemps de ses voeux.
C. L'ÉROSION DES CRÉDITS DU FNADT
Institué par l'article 33 de la loi du
4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement du
territoire, et mis en oeuvre par anticipation dès le 1er janvier
1995, le FNADT a été créé pour regrouper six
fonds
2(
*
)
qui étaient inscrits jusqu'en
1994 au budget de l'aménagement du territoire.
Le FNADT comporte deux sections, une section générale et une
section locale :
- la
section générale
regroupe les crédits
gérés par le Comité interministériel de
l'aménagement du territoire (CIADT). Le choix des financements est
arrêté en tenant compte de l'importante ou de l'exemplarité
des projets proposés et de leur cohérence avec les
priorités géographiques de l'aménagement du
territoire ;
- la
section locale
est déconcentrée auprès
des préfets de région, après que l'affectation de ses
crédits et leur répartition entre les régions a
été décidée par le CIADT, réuni en formation
spécialisée sous la présidence d'un représentant du
Premier ministre. Elle-même se partage entre une sous-section
correspondant aux engagements souscrits dans les contrats de plan
Etat-Région (CPER), et une sous-section dite "libre d'emploi".
Le rapport au Parlement sur l'utilisation des crédits du Fonds national
d'aménagement et de développement du territoire donne les
précisons suivantes pour l'exercice 1997 :
Répartition par section
|
Montant en francs |
% |
Section générale |
279.219.947 |
30 |
Section locale CPER |
576.864.544 |
62 |
Section locale libre d'emploi |
75.502.637 |
8 |
TOTAL |
931.586.529 |
100 |
Dans
l'ensemble le FNADT participe au financement de projets de petites
dimensions : le budget moyen des opérations subventionnées
est de 1,3 million de francs et plus de la moitié des projets sont
inférieurs à 1 million de francs. Cette moyenne varie
également selon les sections :
- la
section locale Contrats de Plan Etat-Région
finance des
projets d'un budget moyen de 779.000 francs,
- la
section "libre d'emploi"
des opérations de
1,62 millions de francs en moyenne,
- pour la
section générale
, le budget moyen des
opérations dépasse les 4 millions de francs. Celle-ci est la
seule à financer les projets de grande envergure, supérieurs
à 20 millions de francs, et le dernier CIADT recommande de
privilégier davantage à l'avenir les projets supérieurs
à 1 million de francs.
Répartition par objectif
- le thème
"développement économique et emploi"
est
l'objectif prioritaire en 1997 (44 % des crédits lui ont
été consacrés) plus encore qu'en 1996 (la proportion
était alors de 37 %). Cette priorité se retrouve dans
chacune des trois sections du FNAD, mais plus particulièrement au sein
de la section locale Contrats de Plan Etat -Région (CPER) qui lui
consacre la moitié de ses crédits,
- le thème
"aménagement de l'espace"
est, comme en 1996,
le second objectif en terme d'importance. Toutefois, la proportion des
crédits qui lui sont consacrés (19 %) a diminué par
rapport à l'an dernier (24 %),
- deux autres thèmes :
"éducation recherche et
culture"
d'une part, et
"développement rural, littoral,
massif"
ont absorbé respectivement 17 % et 15 %des
crédits du FNADT.
Répartition par branche
- les
infrastructures d'équipement
restent la principale branche
bénéficiaire des subventions du FNADT (23 %) malgré
leur forte régression depuis 1996 où elles avaient reçu
35 % des crédits.
- le
tourisme
(14 % des crédits) et
l'agriculture
(12 %) sont les deux seules autres branches à avoir recueilli plus
de 10 % des crédits. Leur part est stable par rapport à 1996.
Répartition par bénéficiaire
- plus de la moitié des crédits a été
allouée aux
collectivités locales
et à leurs
regroupements. Les collectivités locales ont reçu
37 %
des crédits
. La part des crédits octroyés aux
Établissements Publics de Coopération intercommunale
(EPCI) et aux autres regroupements est
en progression
: elle est
passée
de 12 en 1996 à 18 % en 1998. Cette progression
s'inscrit dans la volonté affirmée par le CIADT du 15
décembre 1997 de soutenir les projets intercommunaux.
- les associations et les entreprises privées recueillent, les unes et
les autres 14 % des subventions du FNADT.
Répartition géographique
Le pourcentage de crédits alloués aux zones fragiles ou
sensibles, toutes sections confondues, reste stable par rapport à
1996 :
- les zones couvertes par l'objectif européen 5b sont les principales
bénéficiaires, avec 27 % des crédits,
- les zones de l'objectif européen 2 sont également
très dotées (26 %),
- 19 % des crédits ont été alloués en zone de
revitalisation rurale (ZRR) ou en Territoires ruraux de développement
prioritaire (TRDP),
- 16 % des crédits ont été versés dans les
zones éligibles à la Prime d'aménagement du territoire.
Les dotations du FNAD poursuivent en 1999 leur baisse, sur les deux chapitres
qui l'abondent :
- les crédits d'intervention inscrits au titre IV (chapitre
44-10) stagnent (- 0,03 %) et s'établissent à
294,84 millions de francs ;
- les dépenses d'investissement inscrites au titre VI
(chapitre 65-00) accusent une baisse plus prononcée :
- 2 % des crédits de paiement (1.080,70 millions de
francs) ; - 1,69 % en autorisations de programme
(1.280,7 millions de francs). Il est vrai que cette baisse s'explique en
partie par le transfert, sur un chapitre nouveau du Titre III, des
crédits d'études naguère inscrits au FNADT.
II. LES AUTRES CONTRIBUTIONS À LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
La politique d'aménagement du territoire bénéficie d'autres contributions. Il s'agit, en premier lieu, de celles d'autres ministères, à travers certaines de leurs dotations, ou à travers des fonds entièrement dédiés à cette politique. Il s'agit aussi des concours financiers qui prennent la forme d'exonérations fiscales ou sociales, et des apports des fonds structurels européens.
Etat récapitulatif de l'effort financier en faveur de l'aménagement du territoire
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
||
|
AP |
DO + CP |
AP |
DO + CP |
Budget de l'aménagement du territoire (DATAR) |
|
|
|
|
Autres budgets |
21.095,95 |
53.377,79 |
20.399,61 |
54.043,95 |
Sous-total des crédits budgétaires |
22.718,64 |
55.183,50 |
22.000,31 |
55.843,25 |
Dépenses fiscales (hors zones franches urbaines) : |
|
|
|
|
dont exonérations compensées de TP |
800,00 |
800,00 |
800,00 |
800,00 |
dont exonérations d'IS pour création d'entreprises |
|
|
|
|
Total de l'effort sur le budget de l'Etat |
24.048,64 |
56.513,50 |
23.500,31 |
57.343,25 |
Fonds européens |
10.222,67 |
10.222,67 |
11.018,50 |
11.018,50 |
TOTAL GENERAL |
34.721,31 |
66.736,17 |
34.518,81 |
68.361,75 |
A. LA CONTRIBUTION GLOBALE DE L'ETAT
La
contribution globale de l'Etat à la politique d'aménagement du
territoire est récapitulée dans le "jaune" budgétaire pour
1999. Elle s'établit à 57.343,25 millions de francs, en
hausse de 1,5 % :
- les crédits inscrits au budget de l'aménagement du
territoire, examinés plus haut, proprement dits, ne représentent
que 3,1 % de l'ensemble ;
- les crédits des autres ministères s'élèvent
à un peu plus de 54 milliards de francs, en hausse de
1,25 % ; leur poids relatif déterminant (94 % de l'effort
de l'Etat) démontre le caractère largement
interministériel de l'aménagement du territoire ;
- enfin, la dépense fiscale, avec 1,5 milliard de francs est
en progression de 12,8 % en raison de l'accroissement prévisible
des exonérations d'impôt sur les sociétés pour
création d'entreprises.
B. LES CONTRIBUTIONS DES DIVERS MINISTÈRES
Les
principaux contributeurs sont traditionnellement les ministères de
l'agriculture et celui des transports :
1. La contribution du ministère de l'agriculture et de la
pêche
approche les 10 milliards de francs. Avec exactement
9.866 millions de francs, elle se situe en légère
progression (+ 0,6 %) par rapport à 1998.
Ces crédits relèvent pour l'essentiel du titre IV,
consacré aux "interventions publiques". Les lignes de crédits les
plus significatives sont celles qui sont inscrites :
- au chapitre 44-41 "amélioration des structures agricoles" :
près de 2.833 millions de francs, en hausse de 0,85 % ;
- au chapitre 44-53 "interventions en faveur de l'orientation et de la
valorisation de la production agricole", qui repasse en deçà de
la barre des 3 milliards de francs en 1999, avec 2.959 millions de
francs (en baisse de - 3,27 %) ;
- au chapitre 44-80 "amélioration du cadre de vie et
aménagement de l'espace rural", reconduit au niveau de l'an dernier avec
1.630 millions de francs.
2. La contribution du ministère de l'équipement, des
transports et du logement
, dépasse les 30 milliards de francs.
D'un montant de 31.209 millions de francs, en diminution de 0,8 %,
elle représente à elle seule plus de la moitié de l'effort
global de l'Etat en faveur de l'aménagement du territoire.
Ces dépenses sont principalement orientées vers :
- les
transports terrestres
, qui atteignent à eux seuls
près de 25 milliards de crédits (24.895,65 millions de
francs plus exactement, en hausse de 1,7 %) à travers,
principalement le chapitre 45-43 "contribution aux charges d'infrastructures
ferroviaires (un peu plus de 16 milliards de francs, stable par rapport
à 1998) ; le chapitre 45-42 "transports de voyageurs a courte
distance" (près de 5.252 millions de francs, en hausse de
6,6 %) et, bien entendu, du FITTVN, le Fonds d'investissement des
transports terrestres, qui mérite un développement
spécifique ;
- le
réseau routier
, qui recueille 5.568,85 millions de
francs,
en
baisse de plus de 10
%.
Cette baisse
résulte à la fois de la diminution des crédits du chapitre
53-43 "voirie nationale", ramené de 4,23 milliards de francs
à 3,81 milliards de francs (- 10 %), et de la
participation du FITTVN, qui recule de 1.835 à 1.590 millions de
francs (- 13 %).
3.
Les
autres ministères
sont au nombre d'une
douzaine. On mentionnera plus particulièrement le
ministère de
l'éducation nationale
, qui évalue à 4,4 millions
de francs sa contribution à l'aménagement du territoire (en
hausse de 6 %), principalement à travers des subventions
d'investissement du titre VI (maintenance aux constructions de
bâtiments). Le
ministère de l'économie, des finances et
de l'industrie
apporte aussi une contribution significative, avec un peu
plus de 4 milliards de francs de subventions d'investissement dans la
partie industrie (4.049 millions de francs, en baisse de 3 %).
Dans son précédent rapport, votre rapporteur s'était
demandé si certains ministères n'avaient une conception trop
extensive de la notion d'aménagement du territoire ; dans ses
questionnaires budgétaires, il a interrogé le gouvernement sur le
mode de calcul de la participation des
ministères
et sur
les moyens dont dispose la DATAR pour s'assurer que les crédits inscrits
au "jaune" présentent un lien véritable avec l'aménagement
du territoire.
Ses questions n'ont, à ce jour, reçu
aucune réponse
.
C. LES FONDS CRÉÉS PAR LA LOI D'ORIENTATION
1. Le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN)
Le
FITTVN, créé par l'article 37 de la loi d'orientation de
1995 pour l'aménagement et le développement du territoire, est un
compte spécial du Trésor géré par le
ministère des transports, de l'équipement et du logement. Il est
alimenté par le produit de deux taxes : l'une due par les
titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés sur les
voies navigables, et l'autre par les concessionnaires d'autoroutes.
Comme l'an passé, ses recettes bénéficieront du doublement
de la taxe sur les ouvrages hydroélectriques proposée par le
projet de loi de finances pour 1998, dans le contexte né de l'abandon du
projet de canal Rhin-Rhône.
L'évolution des recettes peut être ainsi
résumée :
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 au 31.06 |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1999 |
Recettes |
2.709,3 |
2.961,5 |
1.794,9 |
3.900 |
3.930 |
dont taxe sur la production hydroélectrique |
772,6 |
825,6 |
910 |
1.690 |
1.710 |
dont taxe sur les concessionnaires d'autoroutes |
1.936,7 |
2.135,9 |
984,7 |
2.210 |
2.220 |
Les dépenses seront ainsi ventilées :
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
Chapitre 1 : Investissements sur le réseau routier national |
|
|
Chapitre 2 : Investissements destinés aux voies navigables |
|
|
Chapitre 3 : Subventions d'investissement en matière de transport ferroviaire et de transport combiné |
|
|
TOTAL |
3.900 |
3.930 |
L'utilisation des crédits du FITTVN en 1998
1. Investissements sur le réseau routier national |
1.835 millions de francs |
- Désenclavement du Massif central |
1.356 millions de francs |
dont autoroute A20 (Vierzon-Brive) |
435 millions de francs |
dont autoroute A75 (Clermont-Ferrand-Béziers) |
676 millions de francs |
dont route nationale RN7 |
254 millions de francs |
- Réhabilitation lourde du réseau routier national |
83 millions de francs |
- Autres opérations d'aménagement du territoire (RN88, route Centre Europe Atlantique) |
395 millions de francs |
2. Investissements destinés aux voies navigables |
430 millions de francs |
- Subventions à Voies navigables de France |
322 millions de francs |
- subventions à la Compagnie nationale du Rhône |
75 millions de francs |
- aménagement de la vallée du Lot |
15 millions de francs |
- travaux de sécurité sur les voies gérées par l'Etat |
18 millions de francs |
3. Subventions d'investissement pour le transport ferroviaire et le transport combiné |
1.635 millions de francs |
- Transport ferroviaire |
1.250 millions de francs |
dont TGV Méditerranée |
650 millions de francs |
dont TGV Est |
220 millions de francs |
dont autres opérations TGV |
80 millions de francs |
dont opérations intégrées aux contrats de plan |
250 millions de francs |
- Transport combiné |
350 millions de francs |
- Etudes et recherches |
35 millions de francs |
L'utilisation des crédits du FITTVN en 1999 :
les
intentions annoncées par le gouvernement
1. Investissement sur le réseau routier national |
1.590 millions de francs |
- Terminaison de l'autoroute A20 |
|
- Poursuite du désenclavement du Massif central (A75 et RN7) |
|
- Aménagement de la RN10 |
|
- Financement des programmes routiers inclus dans les contrats de plan Etat-région |
|
2. Investissements destinés aux voies navigables |
450 millions de francs |
- Subventions à Voies navigables de France destinées à amplifier l'effort de modernisation et de restauration du réseau |
|
- Travaux de sécurité et de préservation sur les voies gérées par l'Etat |
|
- Poursuite des études des projets "Seine-Nord" et "Seine-Est" |
|
3. Subventions d'investissements en matière de transport ferroviaire et de transport combiné |
1.890 millions de francs |
- Liaisons à grande vitesse |
1.100 millions de francs |
TGV Méditerranée |
|
Etudes et travaux du TGV Est |
|
Etudes du TGV Rhin-Rhône |
|
- Modernisation du réseau classique |
400 millions de francs |
- Soutien au transport combiné |
380 millions de francs |
Les
priorités du FITTVN en 1999 s'inscrivent dans la lignée des choix
opérés en février dernier par le gouvernement en faveur du
transport ferroviaire et du transport combiné, qui devrait,
d'après les indications fournies à votre rapporteur,
bénéficier, dans les années à venir, d'un milliard
de francs supplémentaire par an, par rapport à 1998, aux termes
des prochains contrats de plan.
Dès 1999, l'importance respective des crédits destinés
aux transports routiers et aux transports ferroviaires est inversée
par rapport à 1998 :
- la part du secteur ferroviaire progresse de 42 à 48 % ;
- celle du secteur routier se contracte de 47 à
40,5 %.
2. Le fonds de péréquation des transports aériens (FPTA)
Le
Fonds de péréquation des transports aériens (FPTA) est un
compte spécial du Trésor
géré par le
ministère de l'équipement, des transports et du logement.
Institué par l'article 35 de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, il a pour
mission de concourir
"à assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire".
Ses recettes proviennent d'une
"taxe de péréquation des
transports aériens"
versée par tout passager aérien
embarquant dans un aéroport français. Le taux de cette taxe a
évolué : de 4 francs par passager en 1995, il a
été ramené successivement à 3 francs en 1996, et
à 1 franc en 1997 et 1998.
Cette diminution du montant de la taxe se répercute sur les recettes du
Fonds de péréquation.
(En millions de francs)
Année période |
Recettes perçues par le Fonds |
1995 |
120,5 |
1996 |
142,0 |
1997 |
67,9 |
Janvier/septembre 1998 |
35,9 |
Dans
son rapport sur la loi de finances pour 1998, votre rapporteur s'était
inquiété d'une situation qui se traduit par des
montants de
recettes inférieurs au montant des dépenses.
Certes, l'existence des
reports
provenant des exercices
antérieurs (et en particulier de celui de 1995, où la taxe a
été prélevée avant que le Fonds ne soit
opérationnel) permettent encore au Fonds d'afficher un
solde
positif.
Mais votre rapporteur relève que les exercices 1998 et 1999 se
traduiront, à s'en tenir aux évaluations communiquées par
l'administration, par la poursuite de l'érosion du solde du FPTA.
Budget prévisionnel pour 1998
(En KF)
Ressources |
Dépenses |
||
Report de l'année 1997 |
158,7 |
Dépenses ordonnancées du 1er janvier au 15 septembre 1998 |
39,3 |
Taxe année 1998 |
48,5 |
Dépenses potentielles du 15 septembre fin 1998 |
42,2 |
Total ressources 1998 |
207,2 |
Total dépenses 1998 |
81,5 |
Solde prévisionnel : 125,7 |
Budget prévisionnel pour 1999
(En KF)
Ressources |
Dépenses |
||
Report de l'année 1998 |
125,7 |
Dépenses prévues pour les conventions en vigueur |
52,5 |
Taxe prévue pour 1999 |
51 |
Dépenses prévues pour les conventions en cours de renouvellement |
12,5 |
Total ressources prévues pour 199 |
176,7 |
Dépenses estimées pour d'autres conventions |
15 |
|
|
Total dépenses estimées 1999 |
80 |
Solde prévisionnel : 96,7 |
Dans
ces conditions, l'équilibre du Fonds nécessitera
vraisemblablement un
relèvement du taux de la taxe
à une
échéance assez rapprochée, particulièrement si le
gouvernement s'oriente, comme le suggère semble-t-il le rapport Martre
évoqué plus loin, vers un
assouplissement des critères
d'éligibilité
du Fonds.
Les critères actuels d'éligibilité au Fonds
ont
été précisés par les décrets du 9 mai
1995 et du 28 mars 1997. Ils sont au nombre de cinq. Ainsi, pour
être éligible, une liaison ancienne doit,
simultanément :
- justifier d'un trafic compris entre 10.000 et 150.000 passagers par
an ;
- relier deux aéroports dont l'un au moins n'a pas
dépassé un trafic total de 1,5 million de passagers
l'année précédente ;
- ne pas présenter l'alternative d'une liaison maritime ou ferroviaire
présentant certaines garanties minima de fréquence et de
durée de trajet ;
- ne pas présenter d'alternative à une liaison aérienne
présentant certaines garanties minima de fréquence, et partant
d'un aéroport accessible en moins de trente minutes de plus que le temps
requis pour accéder à l'aéroport local
considéré ;
- enfin, proposer un programme d'exploitation d'au moins un aller et retour en
début de journée, et en fin de journée, du lundi au
vendredi pendant au moins 47 semaines par an.
Actuellement, la participation financière du Fonds a été
sollicitée pour 55 liaisons intérieures
métropolitaines. 38 de ces liaisons ont été
déclarées éligibles et 17 n'ont pas été
retenues.
Sur ces 55 demandes, 9 correspondaient à des projets d'ouverture
ou de réouverture qui n'ont pas abouti, 3 correspondaient à des
liaisons qui ont dû être fermées, 43 ont pu être
maintenues en exploitation. Le Fonds devrait en outre permettre le lancement de
quatre liaisons nouvelles.
Outre-mer, la péréquation du Fonds concerne trois liaisons
intérieures à la Guyane, la desserte extérieure de
Mayotte, et la desserte entre l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon et le
Canada.
Une réflexion est actuellement en cours sur les
perspectives
d'évolution du Fonds.
Le ministre chargé de l'aviation civile
et le ministre chargé de l'aménagement du territoire ont
confié à M. Henri Martre la mission de tracer le bilan de la
mise en place du FPTA et de présenter des propositions pour l'avenir.
Le rapport vient d'être remis au gouvernement, et fait état,
d'après les indications transmises à votre rapporteur, d'un bilan
globalement satisfaisant du FPTA. Ses propositions porteraient sur un
assouplissement des critères d'éligibilité
et
préconise un renforcement du rôle dévolu au comité
de gestion.
Si votre rapporteur se félicite de l'appui que le FPTA peut apporter
à l'équilibre des dessertes aériennes dans
l'intérêt de l'aménagement du territoire, il
s'inquiète en revanche des conséquences que pourrait avoir le
projet de taxe d'aéroport
dont la création était
inscrite à l'article 85 du projet de loi de finances pour 1999.
Cette taxe serait
due par toute entreprise de transport aérien
public.
Elle serait perçue au profit des exploitants des
aérodromes dont le trafic annuel dépasse les 1.000 passagers
embarqués ou débarqués.
Assise sur le nombre de passagers de l'entreprise embarquant sur
l'aérodrome,
ses tarifs seraient modulés en fonction de la
classe de l'aérodrome, elle même fonction du trafic de
l'aérodrome
pris en compte selon le barème suivant
:
Classe |
1 |
1 |
3 |
4 |
5 |
Trafic de l'aérodrome ou du système aéroportuaire en total des passagers, embraqués ou débarqués |
|
|
|
|
|
Tarifs par passager |
de 16 à 20 F |
de 8 à 17 F |
de 17 à 32 F |
de 32 à 65 F |
de 65 à 99 F |
D'après le gouvernement, ce tarif est fonction des
coûts sur l'aérodrome des services de
sécurité-incendie-sauvetage, de lutte contre le péril
aviaire, etc...
Votre rapporteur s'interroge toutefois sur les effets contreproductifs
qu'aurait, dans l'optique d'aménagement du territoire qui est la
sienne,
une taxe qui pèserait plus lourdement sur les passagers
embarquant sur de petits aéroports que sur ceux des aéroports
à grand trafic.
Dans ces conditions, il se joint volontiers aux
trois exigences
posées par la commission des finances
, à savoir :
- que l'Etat assume les sujétions normales de la préservation de
la sûreté publique, à partir d'un financement du budget
général et non d'un financement spécifique ;
- que le régime de la taxe préserve les préoccupations
d'aménagement du territoire ;
- et qu'il ménage un rattachement au budget de l'Etat des produits et
des charges financées.
Estimant avec elle qu'elles ne sont, en l'espèce, pas satisfaites, il se
félicite de la décision qu'elle a prise de
rejeter la
création de cette taxe
et s'associe à la volonté que
toutes les conditions posées par la commission soient
réunies.
3. Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER)
Créé par l'article 38 de la loi
d'orientation de
1995, il est géré par le ministère de l'agriculture et ses
crédits sont, dans leur quasi totalité, répartis dans les
départements.
Il a pour mission de soutenir, par ses contributions financières, les
actions concourant à l'entretien et à la réhabilitation
d'espaces agricoles en voie d'abandon, ou d'éléments naturels
(paysage rural) dont l'entretien insuffisant serait susceptible d'engendrer des
risques naturels. Plus de la moitié des actions conduites par le FGER
concernent principalement des actions de débroussaillage, d'entretien
des haies et d'amélioration des abords des lieux habités. Du
point de vue de la répartition spatiale, la moitié des projets
intéressent les zones défavorisées où l'on pratique
l'élevage et la polyculture.
L'évolution des crédits affectés au FGER depuis sa
création révèle à la fois une régression
accélérée des dotations inscrites en loi de finances
initiale et des reports de crédits qui retiraient toute signification
aux montants votés par le Parlement.
(en millions de francs)
Année |
LFI |
Annulation crédits |
Reports crédits année n-1 |
Crédits ouverts |
1995 |
500 |
164 |
- |
335 |
1996 |
388 |
170 |
284 |
502 |
1997 |
150 |
145 |
303 |
308 |
1998 |
140 |
10 |
127 |
257 |
Etait-il
indiqué, comme l'envisage le gouvernement, de supprimer le FGER en
l'intégrant dans un dispositif plus vaste ? Les hésitations
qui se sont manifestées dans l'élaboration de cette
réforme ne trahissent-elles pas un certain embarras ?
Il semblerait, d'après les informations communiquées à
votre rapporteur, que le gouvernement ait envisagé, dans un premier
temps, de transformer le FGER en un FGENR -Fonds de gestion de l'espace
naturel
et rural- dont le champ d'intervention aurait été
élargi, comme son nom l'indique, à la gestion des espaces
naturels.
Il a finalement préféré la création d'un Fonds de
gestion des milieux naturels (FGMN) complémentaire, mais distinct du
FGER, qu'il a alors décidé de fondre dans de nouveaux contrats
territoriaux d'exploitation (CTE), dont la création est prévue
dans le projet de loi d'orientation agricole.
Quoique ceux-ci ne soient pas encore créés, le projet de loi de
finances pour 1999 a déjà prévu de leur transférer
la totalité des crédits qui auraient été
attribués au
FGER
et
dont la dotation se trouve de ce fait
ramenée à zéro.
Même si le projet de loi de finances pour 1999 attribue à ces
nouveaux contrats territoriaux d'exploitation un crédit de
300 millions de francs inscrits sur le chapitre 44-84, votre rapporteur
souhaiterait obtenir des assurances quant à la pérennité
du financement des opérations FGER, qui lui paraît loin
d'être assurée.
4. Le fonds national de développement des entreprises (FNDE)
Institué par l'article 43 de la loi d'orientation
de
1995, à l'initiative du Parlement, le FNDE a pour objet de
développer l'emploi et de favoriser le maintien et la créations
des petites entreprises dans les zones d'aménagement du territoire,
ainsi que dans les zones de redynamisation urbaine (ZRU) et les territoires
ruraux de développement prioritaire (TRDP).
Le CIADT tenu à Auch en avril 1997 avait annoncé la dotation d'un
milliard de francs sur deux ans. La dotation du FNDE pour 1998, annoncée
lors du CIADT du 15 décembre 1997 ne s'est élevée
qu'à 200 millions de francs, sans d'ailleurs qu'ait
été pris le décret d'application prévu par la loi
d'orientation et qui aurait fixé les modalités de fonctionnement
du fonds.
Tout ceci ne semble pas témoigner d'une véritable
détermination du gouvernement à mettre en oeuvre le FNDE, alors
qu'il s'engage dans une réflexion sur d'autres formes possibles de
soutien aux petites entreprises réunies au sein de "systèmes
productifs locaux".
D. LA DÉPENSE FISCALE
La
dépense fiscale correspond au coût, pour le budget de l'Etat, des
exonérations fiscales et des compensations d'exonération de
charges patronales dans les territoires qui font l'objet d'un zonage.
Les zonages sont multiples : il s'agit des zones d'aménagement du
territoire, des territoires ruraux de développement prioritaire, des
zones de revitalisation rurale, des zones d'investissement
privilégié, des zones de redynamisation urbaine, des zones
urbaines sensibles et des zones franches urbaines.
L'estimation de la dépense fiscale pour 1999 est donnée dans le
"jaune" budgétaire. Elle s'élève à
1.500 millions de francs, dont 800 millions de francs au titre de
l'exonération de taxe professionnelle et 700 millions de francs
d'exonération de l'impôt sur les sociétés.
Votre rapporteur déplore que le montant des estimations figurant dans
les documents budgétaires ne fasse l'objet d'aucune explication.
L'augmentation de 32 % des exonérations d'impôt sur les
sociétés (qui passent de 530 à 700 millions de
francs) semble révéler le succès de l'un des zonages, sans
que l'on puisse savoir lequel, ni à partir de quels
éléments cette évaluation a été
réalisée.
E. LES VERSEMENTS DES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS
Les
fonds structurels européens, qui représentent à peu
près le tiers du budget de l'Union européenne, ont pour objectif
de financer des politiques régionales visant à réduire les
disparités économiques et sociales entre les différentes
régions d'Europe.
Cette action structurelle repose sur plusieurs
fonds
:
- le Fonds social européen ;
- le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole ;
- le Fonds européen de développement régional ;
- l'instrument financier d'orientation de la pêche.
Elle comporte
six objectifs prioritaires
dont trois relèvent de
l'aménagement du territoire :
- l'objectif 1
: développement et ajustement
structurel des régions en retard de développement ;
- l'objectif 2
: reconversion des régions
gravement affectées par le déclin industriel et l'impact de la
restructuration de la pêche ;
- l'objectif 5b
: développement et ajustement
structurel des zones rurales et impact de la restructuration de la pêche.
Ces fonds européens font l'objet d'une enveloppe pluriannuelle. Aussi,
la DATAR a-t-elle pris le parti, justifié, d'inscrire chaque
année le même montant dans les documents budgétaires, sans
tenir compte des pesanteurs qui peuvent retarder l'engagement de certains
crédits sur une année. Pour cette raison, le montant des
engagements correspondant aux trois objectifs est reconduit au même
niveau que l'année passée.
A cela s'ajoutent les "
programmes d'initiative communautaire
" (PIC) qui
permettent à la commission de proposer des domaines d'actions
jugés intéressants et disposent en 1999 de moyens accrus.
Les montants transférés par les fonds européens apportent
un appui
financier tout à fait considérable
à la politique française d'aménagement du
territoire : avec un montant global d'un peu
plus de 11 milliards
de francs
en 1999, ils représentent plus de six fois le budget de
l'aménagement du territoire proprement dit et près de 20 %
de l'effort global soutenu par le budget de l'Etat français.
Or, du fait de la lourdeur des circuits administratifs, il semble qu'une part
appréciable de ces crédits n'ait pu être effectivement
consommée et que cette
sous-consommation des versements
européens
soit particulièrement prononcée en France.
Votre rapporteur estime que, dans le contexte de la réforme de la
politique structurelle programmée par Agenda 2000, il serait
particulièrement dommageable d'accréditer l'idée, chez nos
partenaires, que la France n'a pas véritablement besoin de ces
versements, et reviendra plus en détail sur ce problème dans la
deuxième partie de son rapport.
DEUXIÈME PARTIE :
1999 : UNE ANNÉE
CHARNIÈRE POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Contrairement à ce que pourrait laisser penser l'extrême stabilité des crédits inscrits au projet de loi de finances, l'année 1999 sera une année cruciale pour l'aménagement du territoire. L'arrivée à maturité de trois échéances fondamentales devrait contribuer à transformer en profondeur les données, les instruments et les orientations de cette politique : c'est en effet en 1999 que devra aboutir la réforme en cours de la politique structurelle européenne pour les années 2000-2006, et l'élaboration de la prochaine génération de contrats de plan Etat-région, qui couvrira la même période ; l'année 1999 verra aussi la discussion devant le Parlement du projet de loi sur l'aménagement et le développement durable du territoire qui devrait modifier des aspects importants de la loi d'orientation de 1995, et donner enfin un fondement législatif aux orientations du gouvernement qui n'avaient jusqu'à présent qu'une valeur déclaratoire.
I. LA RENÉGOCIATION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGION
Créés au début des années
quatre-vingt,
les contrats de plan Etat-région sont devenus un des instruments
fondamentaux de la politique nationale d'aménagement du territoire, et
permettent d'associer les collectivités territoriales, et principalement
les régions, à la définition et à la
réalisation de ses objectifs.
La troisième génération des contrats de plan,
initiée en 1994, a vu sa durée prolongée d'une
année, et doit donc arriver à échéance en 1999.
La prochaine génération des contrats de plan, dont la
durée a été calquée, pour des raisons de
cohérence, sur celle des prochains documents uniques programmant la
politique structurelle européenne, couvrira les années 2000
à 2006, et est actuellement en cours de préparation.
A. LE TRAVAIL DE PRÉPARATION RÉALISÉ EN 1998
Les grandes orientations, les caractéristiques principales de ces contrats et le calendrier de leur négociation ont été définis en deux étapes dans le courant de l'année 1998.
1. Le rapport Chérèque
Dans un
premier temps, M. Jacques Chérèque a été
chargé en février 1998 par la ministre de
l'aménagement du territoire de préparer un rapport destiné
à éclairer l'élaboration des futurs contrats de plan
Etat-région. Dans ce rapport, remis en mai 1998, M.
Chérèque trace un bilan positif des réalisations permises
par les actuels contrats de plan. Il estime qu'ils doivent être
reconduits moyennant un certain nombre d'aménagements qu'il a
résumés en une liste de 33 propositions. On en trouvera
l'analyse élégante et concise dans l'excellent rapport pour avis
présenté par notre collègue Jean Pépin au nom de la
commission des affaires économiques et du plan.
Ces suggestions ont assez largement inspiré les circulaires du premier
ministre, de la ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement et du secrétaire d'Etat à l'outre-mer. On les
retrouvera également à l'arrière-plan du projet de loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire.
2. La circulaire du Premier ministre
Les
principes relatifs à l'architecture des prochains contrats
ont
été fixés par une circulaire du premier ministre en date
du 31 juillet 1998.
Ces contrats seront conclus
entre l'Etat et les régions,
après consultation des autres collectivités ou entités
concernées. Ils se déclineront, pour partie,
en contrats de
pays et d'agglomérations.
Dans un souci de cohérence avec la politique structurelle
européenne, ils couvriront, comme les documents uniques de programmation
des fonds structurels,
les années 2000-2006
, et
comporteront, de la même façon, une mise à jour en
2003 ; les
quatre premières années
feront l'objet
d'une
"programmation ferme
, sur la base de projets
étudiés, prêts à être mis en oeuvre, et dont
les financements seront précisés" ; ces contrats feront
ensuite l'objet d'un
bilan d'exécution à mi-parcours
, de
façon à permettre les ajustements nécessaires pour les
trois dernières années des contrats. Toutefois, la circulaire
confirme que
ces ajustements ne remettront pas en cause le montant total de
l'engagement pour sept ans des signataires.
Ces contrats comporteront deux volets, l'un régional, l'autre
territorial :
- le
volet régional
présentera les projets qui concourent
au
développement de l'espace régional dans son ensemble.
Lorsqu'ils porteront sur des équipements structurants, les contrats de
plan Etat-région devront traduire sous forme de projets les
orientations retenues dans les schémas de services collectifs
que
le gouvernement compte substituer aux contrats sectoriels prévus par la
loi d'orientation de 1995. Ce volet régional comportera des financements
de l'Etat, de la région, et éventuellement, des autres acteurs
concernés : départements, communes, établissements
publics de coopération intercommunale, voire établissements et
entreprises publics ;
- le
volet territorial
, correspondant aux actions qui concourent au
développement local
et à une meilleure organisation du
territoire sera orienté vers des investissements de proximité, et
constituera le
cadre des engagements de l'Etat et de la région pour
les futurs contrats d'agglomération et de pays.
Il devra, en
particulier, indiquer les financements réservés par l'Etat et la
région à la contractualisation avec les pays et les
agglomérations.
Le
cadrage financier
de ces prochains contrats de plan
Etat-région sera, dans un premier temps, fonction de la situation
générale de chaque région au regard des indicateurs
établis par l'INSEE, ainsi que des inégalités en
matière de satisfaction des besoins, notamment en termes de services
rendus aux populations.
Dans un second temps, il prendra en compte l'état et le contenu des
projets de pays et d'agglomérations, ainsi que le degré
d'engagement de la région en faveur des priorités de l'Etat,
notamment exprimées par les schémas de services
collectifs.
B. LE CALENDRIER PRÉPARATOIRE POUR 1998-1999
Le
calendrier préparatoire proprement dit a été fixé
par une circulaire ministérielle du 1er juillet 1998, et comporte
quatre phases :
1. Première phase : élaboration de la stratégie de
l'Etat dans la région (septembre-octobre 1998).
Les préfets ont dû établir une proposition de
stratégie de l'Etat dans leur région avant le 15 septembre
1998. Dans le même temps, les ministres ont reçu instruction de
déterminer les investissements qui, selon eux, peuvent faire l'objet
d'une contractualisation. La rédaction définitive de la
stratégie de l'Etat dans chaque région résulte de la
combinaison des approches des préfets et des ministères et a
dû s'achever à la
mi-octobre 1998
.
2. Deuxième phase : consultation dans les régions
(novembre 1998-janvier 1999).
Les préfets consulteront le conseil régional, les principales
collectivités ainsi que les principaux acteurs sociaux ou
économiques, dans la perspective de l'élaboration d'un "projet
territorialement cohérent" de nature à faciliter "la convergence
de l'action publique".
3. Troisième phase : détermination des enveloppes
financières et établissement des mandats de négociation
des préfets (janvier-avril 1999).
Elle commencera le 15 janvier lorsque les préfets enverront
à la DATAR et au ministère de l'intérieur les conclusions
de la consultation effectuée dans les régions. La DATAR en
réalisera une synthèse qu'elle adressera aux différents
ministères, afin que ceux-ci puissent élaborer leurs propositions
techniques et financières avant le 15 mars. Le mois qui suivra sera
consacré à la préparation des mandats de
négociations et des cadrages financiers, par ministère et par
région. Enfin, le 15 avril 1999, le Comité
interministériel de l'aménagement et du développement du
territoire (CIADT) approuvera la stratégie de l'Etat dans la
région, arrêtera le cadrage financier, et fixera les mandats de
négociation des préfets.
4. Dernière phase : la négociation et la signature des
contrats s'étendra de mai à décembre 1999.
Or, ce calendrier soulève un délicat problème.
En effet, les structures juridiques des "pays" et des
"agglomérations" sur lesquelles reposeraient très largement ces
nouveaux contrats de plan, et en particulier leur volet territorial, ne seront
créés qu'après l'adoption, en cours d'année, de la
future loi d'orientation pour l'aménagement et le développement
durable du territoire.
Autrement dit, les autorités régionales risquent, selon toute
vraisemblance, de devoir aborder la négociation des nouveaux contrats de
plan en fonction de pays et d'agglomérations qui n'existeront encore ni
juridiquement, ni financièrement, ni fiscalement, car ils ne pourront
être créés qu'après l'adoption de la loi.
Interpellée lors du débat budgétaire à
l'Assemblée nationale, la ministre a indiqué qu'elle ne verrait
que
"des avantages à ce que le projet de loi soit examiné
selon la
procédure d'urgence
afin de passer au plus tôt
à sa mise en oeuvre concrète",
justifiant son point de vue
par le fait que
"le débat parlementaire a déjà
été largement conduit lors de la discussion de la loi de 1995, et
que les constats tirés alors restent pertinents".
Votre rapporteur estime pour sa part, que le projet de loi pose des
questions suffisamment graves pour que, sans vouloir ralentir inutilement son
adoption, on n'escamote pas pour autant un débat parlementaire qu'il
juge essentiel.
II. LES NOUVELLES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Votre
rapporteur s'interroge en effet sur les motivations qui ont conduit le
gouvernement à présenter son projet de loi d'orientation sur
l'aménagement et de développement durable du territoire comme une
simple "révision" de la loi d'orientation de 1995.
Même s'il se félicite de la confirmation de plusieurs dispositifs
créés par la loi de 1995, il estime que les orientations
définies par le gouvernement à l'issue du CIADT de
décembre 1997, et leur traduction législative dans le projet
de loi qu'il déposera en 1999, marquent un
infléchissement
très sensible dans les priorités et les outils de la politique
d'aménagement du territoire.
A. UN PROBLÈME DE MÉTHODE
Certaines de ces nouvelles inflexions ont d'ailleurs, votre
rapporteur tient à le rappeler, déjà trouvé leur
traduction pratique avant même de pouvoir s'adosser à un fondement
législatif.
Les procédés qui ont conduit à
l'abandon du projet de
canal Rhin-Rhône
en ont l'illustration exemplaire : la
réalisation de ce grand projet avait été inscrite dans
l'article 36 de la loi d'orientation de 1995, et donc votée par le
Parlement. Lorsque le gouvernement a voulu renoncer à ce projet, il a
préféré
se contenter d'en abroger par décret la
déclaration d'utilité publique
, plutôt que de revenir
devant le Parlement comme l'eussent voulu le parallélisme des formes et
la hiérarchie des normes juridiques. D'un point de vue strictement
juridique,
il est en effet "singulier" au regard de ces deux principes
fondamentaux de notre droit d'annuler par un simple décret une
décision posée par la loi,
norme juridiquement
supérieure. Sous l'angle politique, on peut s'interroger sur les raisons
qui ont conduit le
gouvernement à préférer faire
-provisoirement au moins- l'économie d'un débat et d'un vote
parlementaire.
Cet exemple, pour caractéristique qu'il soit, n'est cependant pas
isolé, et l'on peut citer plusieurs dispositions prévues par la
loi d'orientation de 1995 qui, n'entrant pas dans les nouvelles orientations du
gouvernement, risquent,
soit faute de décret d'application, soit
faute de crédits, de se retrouver caduques sans même avoir
été abrogées.
On en citera ici deux illustrations
significatives :
-
le schéma national d'aménagement du territoire
,
prévu par l'article 21 de la loi d'orientation de 1995, avait
été présenté au comité
interministériel d'aménagement et de développement du
territoire (CIADT) d'Auch, et devait, conformément aux dispositions de
la loi, faire l'objet d'un débat devant le Parlement avant son adoption
définitive ;
son élaboration est abandonnée
,
le gouvernement préférant s'orienter vers des schémas de
services collectifs, couplés à des schémas
régionaux qui, d'après les informations dont on dispose
aujourd'hui, ne devraient pas donner lieu, avant adoption, à un
débat parlementaire ;
-
le Fonds de gestion de l'espace rural (FGER),
créé par
l'article 38 de la loi d'orientation de 1995 n'est pas positivement
supprimé, mais
ses dotations,
dans le projet de loi de finances
pour 1999,
sont ramenées à zéro
, où
plutôt transférées sur les nouveaux "contrats territoriaux
d'exploitation" dont la création est prévue dans le projet de loi
d'orientation agricole, et qui sont loin de viser le même objectif.
Votre rapporteur tenait à rappeler ces exemples qui, tout comme le
dépôt tardif du projet de loi d'orientation sur
l'aménagement et le développement durable du territoire, ne
témoignent pas d'un grand empressement du gouvernement à venir
débattre avec le Parlement de ses grandes orientations en matière
d'aménagement du territoire.
B. LES NOUVELLES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Les
nouvelles orientations de la politique d'aménagement du territoire
définies par le gouvernement lors du CIADT de décembre 1997,
complétées par les suggestions présentées par les
rapports de MM. Jean Auroux, Yves Morvan, Jacques Chérèque
et Pierre Trousset
3(
*
)
se reflètent dans
les dispositions du projet de loi d'orientation et mériteront un examen
vigilant, en raison des questions qu'elles soulèvent. Sans anticiper sur
le débat qu'appellera la discussion de ce projet devant le Parlement
à partir du mois de janvier prochain, certaines questions
méritent d'ores et déjà d'être posées
1. L'insistance du gouvernement sur "le rôle structurant des
villes"
et sur "leur capacité à féconder les
territoires qui les entourent" et dont dépendrait le "destin de nombre
de zones rurales" ne sonne-t-elle pas comme le contre-chant d'un
abandon du
monde rural
profond ? N'annonce-t-elle pas la rétrogradation
dans un lointain arrière plan d'une partie pourtant essentielle de toute
politique d'aménagement du territoire au profit d'un recentrage sur les
maillages urbains ?
Quelle sera la place de l'espace rural dans une politique d'aménagement
du territoire dont les priorités s'organisent d'après le CIADT de
décembre 1997 autour de quatre objectifs majeurs :
- le maillage à partir des agglomérations et des villes
moyennes ;
- la valorisation des systèmes urbains dans la compétition
mondiale ;
- la nécessité d'assurer les conditions d'un développement
durable ;
- le partenariat et la démocratie participative.
L'abandon du plan pour les espaces ruraux
de la loi de 1995 ne doit-il
pas confirmer ces inquiétudes ? Comment faut-il interpréter
la
disparition du fonds de gestion de l'espace rural
au profit des
"Contrats Territoriaux d'Exploitation" ?
2. L'abandon du schéma national d'aménagement du
territoire
annoncé par le CIADT, et inscrit dans le projet de loi
d'orientation suscite également des interrogations. Sa disparition
pourra-t-elle être véritablement compensée par
les huit
schémas de services collectifs et les schémas régionaux
d'aménagement et de développement du territoire
que le
gouvernement envisage de lui substituer ? La juxtaposition de ces huit
approches sectorielles ne risque-t-elle pas de
nuire à la
cohérence
à moyen terme d'une politique qui, par nature, doit
avoir une vision globale du territoire ? Le repli sur l'échelon
régional ne risque-t-il pas de se faire
au détriment de la
nécessaire péréquation
entre les régions les
plus riches et les régions les plus pauvres ?
Le Conseil économique et social, dans l'avis présenté par
Jean-Claude Bury sur l'avant-projet de loi d'orientation, s'est fait
l'écho de ces préoccupations. Votre rapporteur les partage dans
une large mesure, et souhaite que l'examen du projet de loi d'orientation
devant le Parlement apporte toutes les clarifications nécessaires.
3. La réforme des zonages
est recommandée par le rapport
Auroux, qui déplore à juste titre l'inutile complexité
née de la superposition des dispositifs. Leur simplification, qui doit
certes prendre en compte la dimension européenne, ne doit pas conduire
à un appauvrissement de leur contenu ou à un simple
décalque sur les zonages des Fonds structurels européens qui
laisserait à découvert des parties de notre territoires alors que
celles-ci ont un besoin pressant de ce type d'appui. Votre rapporteur serait
même tenté de proposer qu'aux dispositifs usuels de primes et
d'allégements fiscaux ou sociaux liés aux zonages, on ajoute une
nouvelle dimension, celle de la
simplification de toute une série de
procédures administratives
, en particulier dans le domaine
économique. Celle-ci ne pourrait-elle pas aussi contribuer à la
création d'entreprises et au développement de
l'emploi ?
III. LA RÉFORME DE LA POLITIQUE STRUCTURELLE EUROPÉENNE
Les
Fonds structurels méritent une attention particulièrement
vigilante en 1999, et ce pour trois raisons :
- tout d'abord parce qu'ils représentent
un appui financier tout
à fait considérable et appréciable :
11 milliards de francs en 1999
, c'est-à-dire six fois le budget
de l'aménagement du territoire, et près de 20 % de l'effort
global soutenu par le budget de l'Etat français ;
- ensuite, parce que les instances européennes ont entamé
la
négociation des nouveaux fonds structurels
qui seront mis en place
pour la
période 2000-2006,
et que les propositions de la
commission européenne résumées dans sa communication du
16 juillet 1997 "Agenda 2000" traduisent des
inflexions non
négligeables par rapport aux règles actuelles
;
- enfin, parce que
l'exécution budgétaire des crédits
importants qui nous ont été attribués se
révèle jusqu'à présent décevante
et
qu'il serait déplorable qu'une sous-consommation persistante de ces
dotations accrédite l'idée, chez nos partenaires, que la France
n'a pas véritablement besoin de cet appui financier.
A. L'APPORT DE LA POLITIQUE STRUCTURELLE EUROPÉENNE
Les
caractéristiques et le fonctionnement actuels de la politique
structurelle européenne sont bien connus. On se contentera donc ici d'en
rappeler, pour mémoire, les grands traits.
La politique communautaire des fonds structurels, qui représente le
tiers environ du budget de la communauté
vise à renforcer
la cohésion économique et sociale de l'Union européenne et
repose sur l'utilisation de
plusieurs fonds
:
- le fonds social européen (FSE),
- le fonds d'orientation de garantie agricole (FEOGA),
- le fonds européen de développement régional (FEDER),
- l'instrument financier d'orientation pour la pêche (l'IFOR).
Son action est orientée sur 7 "objectifs prioritaires" dont
trois
concourent à l'aménagement du territoire
:
-
l'objectif 1
,destiné au développement et à
l'ajustement structurel des régions en retard de développement,
-
l'objectif 2
, consacré à la reconversion des
régions gravement affectées par le déclin industriel ou
les restructurations de la pêche ;
-
l'objectif 5b
, pour le développement et l'ajustement structurel
des zones rurales et l'impact de la restructuration de la pêche.
De nombreuses régions françaises sont éligibles à
ces objectifs.
Montant des aides et régions éligibles aux
objectifs européens
Objectif
1
: les zones bénéficiaires de cet objectif ont
été arrêtées par le conseil des ministres de l'Union
en juillet 1993. Pour la France, il s'agit essentiellement des
DOM, de la
Corse et des trois arrondissements du Nord -Pas-de-Calais
: Douai
Avesnes et Valenciennes. Sur la
période 1994-1999
, ces zones
bénéficieront de
14.235 millions de francs.
Objectif 2 : 19 régions françaises
ont été
déclarées éligibles par la Commission européenne en
janvier 1994 à la
première phase (1994-1996)
de cet
objectif : Alsace, Aquitaine, Auvergne, Bretagne, Franche-Comté,
Haute-Normandie, Basse-Normandie, Bourgogne, Champagne-Ardenne,
Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire,
Picardie, Rhône-Alpes, Centre, Poitou-Charentes, Nord - Pas-de-Calais,
Provence-Alpes-Côte d'Azur -ce qui représente une
population de
14,7 millions d'habitants.
Le 8 mai 1996, la Commission européenne a approuvé le zonage se
rapportant à la
deuxième phase de cet objectif
(1997-1999).
Les zones français déjà éligibles
ont été reconduites, sans modification.
Les principaux domaine d'intervention sont les investissements dans les PME, la
Recherche et Développement, l'environnement des entreprises, la
réhabilitation des friches industrielles, la requalification urbaine et
les actions de formation.
La France, qui bénéficierait de
11.472 millions de
francs
pour les programmes de première phase, disposera de
13.377 millions de francs
au cours de la seconde
(25,3 % de
l'enveloppe totale).
Objectif 5b : la France est le pays qui bénéficie le plus de cet
objectif (36 % de sa dotation totale).
Sur la période
1994-1999, elle recevra à ce titre
14.547 millions de francs
.
Les zones concernées sont caractérisées par un bas niveau
de développement économique, un taux élevé d'emploi
agricole, un bas niveau de revenu agricole et une faible densité.
Le zonage a été arrêté par la Commission en
février 1994 pour 6 ans.
Mis à part la Picardie, l'Ile-de-France, le Nord -Pas-de-Calais, la
Corse et les DOM, toutes les régions françaises (soit
18 régions)
bénéficient de cet objectif pour une
partie plus ou moins étendue de leur territoire.
Source : "jaune" budgétaire sur l'aménagement du territoire
B. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION EUROPÉENNE POUR 2000-2006
Dans la
lignée de sa communication du 16 juillet 1997 "Agenda 2000 - pour
une Union plus forte et plus large", la Commission a présenté, le
18 mars dernier, ses propositions de réforme des Fonds structurels
pour la période 2000-2006.
L'effet conjoint de
l'obligation de stabilité budgétaire
et de la
perspective du prochain élargissement
de l'Union
européenne amène la Commission à proposer :
- une
réduction du nombre de ses objectifs
, ramenés de 7
à 3, auxquels s'ajouteraient trois initiatives communautaires ;
- une
concentration géographique
ramenant progressivement la
population couverte par les objectifs 1 et 2 de 51 % à une
fourchette de 35 à 40 % ;
- une
limitation des transferts
à 4 % du PNB de l'Etat
bénéficiaire ;
- le maintien de la solidarité financière au niveau atteint en
1999, soit 218,7 milliards d'euros pour la période 2000-2006 qui
seraient répartis à raison des 2/3 sur le nouvel
objectif 1et 1/3 réparti entre les objectifs nouveaux 2 et 3.
Le resserrement du nombre des objectifs serait opéré de la
façon suivante :
- l'objectif
1, intitulé "promouvoir le développement et
l'ajustement structurel des régions en retard de développement"
serait analogue à l'objectif 1 actuel (augmenté de
l'objectif 6 qui concerne la situation particulière des
régions arctiques) mais son application serait concentrée sur les
territoires dont le PIB par habitant serait inférieur au seuil de
75 % de la moyenne communautaire. Les régions actuellement
éligibles à l'objectif 1 et qui ne figureraient plus sur
cette nouvelle liste bénéficieront d'un soutien allant
s'amenuisant.
Ce resserrement des critères d'éligibilité
ne
permettrait plus à la Corse et au Hainaut de bénéficier de
l'objectif 1 auquel seules les régions d'outre-mer resteraient
éligibles.
Il conviendra donc de négocier au mieux le niveau
de soutien accordé à ces deux régions
métropolitaines pendant la phase de transition.
- l'objectif 2
intitulé "soutenir la reconversion
économique et sociale, et les zones en difficulté structurelle
regrouperait les problématiques préalablement traitées
dans le cadre de l'objectif 2 (régions en déclin industriel,
dont la France est le second bénéficiaire) et l'objectif 5b
(développement rural, dont la France est le premier
bénéficiaire).
Il conviendra de s'assurer que la fusion de ces deux objectifs n'entraîne
pas une
dilution de la spécificité rurale
qui serait en
contradiction avec nos intérêts en matière
d'aménagement du territoire.
Le Sénat devra inciter, par un
contrôle attentif, le gouvernement à se montrer vigilant sur ce
terrain.
En l'état actuel des choses, la commission propose la répartition
suivante de l'intervention communautaire, en pourcentage de la population
totale de l'Union : 10 % pour les zones industrielles et du secteur
des services, 5 % pour les zones rurales, 2 % pour les zones urbaines,
1 % pour celles dépendant de la pêche. Toutefois, la
commission propose de ne pas réduire la population des zones
éligibles au nouvel objectif 2 dans un Etat membre de plus du tiers
de la population éligible aux objectifs 2 et 5b. En outre, les
régions naguère éligibles aux objectifs 2 et 5b et qui ne
le seraient plus à l'objectif 2 nouveau,
bénéficieraient d'un mécanisme de transition de quatre
ans, mais dont l'importance n'est pas précisée.
- l'objectif 3 :
soutenir l'adaptation et la modernisation des
politiques et des systèmes d'éducation, de formation et d'emploi,
se substituerait aux objectifs 3 et 4 actuels, et ne relève donc pas
directement de l'aménagement dut territoire.
- la politique structurelle agricole
ne serait plus mise en oeuvre dans
le cadre d'un fonds structurel, et l'objectif 5a disparaîtrait. Les
mesures d'accompagnement de la Politique agricole commune, et de
développement rural en dehors des zones couvertes par l'objectif 1
seraient désormais financées par la section garantie du FEOGA
(qui n'est pas un fonds structurel).
- les programmes d'initiative communautaire
seraient ramenés de
13 à 3 :
- coopération transfrontalière, transnationale,
interrégionale,
- développement rural,
- coopération transnationale pour les pratiques de lutte contre les
discriminations et inégalités de toute nature dans l'accès
au marché du travail.
La proportion des ressources des Fonds structurels consacrée à
ces initiatives seraient ramenée de 9 % à 5 %.
L'adoption définitive des propositions de la commission pourrait
avoir lieu avant les prochaines élections européennes de juin
1999.
Les six mois qui viennent seront donc décisifs pour la
défense dés intérêts des régions
françaises et en particulier pour celles qui ne pourront plus
bénéficier que des mécanismes de transition.
C. L'EXÉCUTION EN FRANCE DES PROGRAMMES EUROPÉENS
L'exécution budgétaire des crédits
européens versés à la France sur la période
1994-1999 par les Fonds structurels se révèle décevante.
Les données en sont connues : la France figure dans le groupe de
6 pays qui sont en-dessous de la moyenne communautaire en ce qui concerne
les engagements de crédits :
46 % de sa programmation reste
encore à exécuter.
Le rapport rendu par M. Trousset a analysé dans le détail
les blocages qui conduisent à un ralentissement de la consommation des
versements européens : ceux-ci tiennent, pour une large part,
à la
difficulté de concilier les procédures
européennes et les procédures nationales,
qui aboutit
à une accumulation de délais.
Ce diagnostic posé, il convient maintenant d'y remédier dans tout
la mesure du possible, en assouplissant nos procédures, et en incitant
les acteurs concernés à davantage de diligence.
IV. DEUX CONSIDÉRATIONS INTEMPESTIVES
Le calendrier très chargé pour la politique d'Aménagement du territoire, qui résulte de la négociation de la nouvelle génération des contrats de plan, de la prochaine discussion du projet de loi d'orientation pour l'Aménagement et le développement durable du territoire, et enfin du renouvellement de la politique structurelle européenne, ne doit pas conduire le Gouvernement à oublier deux sujets sur lesquels votre rapporteur revient avec constance : la réforme du critère d'éligibilité de la Prime d'Aménagement du Territoire, et le maintien des services publics en milieu rural. Sur ces deux domaines, il espère que l'année 1999 permettra d'obtenir des avancées, ou, tout au moins, des éclaircissements.
A. LA NÉCESSAIRE RÉFORME DES CRITÈRES DE LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Votre
rapporteur a exposé, dans la première partie de son rapport, les
problèmes soulevés par la gestion financière de la Prime
d'Aménagement du territoire et en particulier par la sous-consommation
récurrente des crédits qui s'est traduite, au début des
années quatre-vingt dix, par un gonflement alarmant des reports de
crédits.
Le gouvernement précédent s'est efforcé avec succès
d'assainir la situation sur le plan financier en dégonflant le stock des
reports de crédits grâce à une réduction ponctuelle
des crédits de paiement accordée à la PAT en 1997. Le
présent gouvernement a indiqué son intention de poursuivre cet
effort, en se livrant à un "nettoyage" des autorisations de programmes
dormantes.
Si votre rapporteur approuve le principe d'un traitement financier ponctuel des
reports de la Prime d'Aménagement du Territoire, il estime toutefois
qu'un assainissement durable de la gestion de la Prime d'Aménagement du
Territoire passe par la nécessaire réforme de ses critères
d'éligibilité.
La PAT est une subvention d'équipement accordée par l'Etat aux
entreprises françaises et étrangères qui réalisent,
dans les zones d'aménagement du territoire, des opérations
créant des emplois durables. Ces opérations peuvent être
soit des créations ou des extensions d'établissements, soit des
délocalisations d'activité à partir de
l'Île-de-France.
La principale
condition
à remplir pour être éligible
à la prime, est la
création de 20 emplois permanents en trois
ans
. Pour les activités tertiaires hautement qualifiées ou
les activités de recherche, ce seuil peut être ramené
à 10 emplois.
Or, la géographie de la PAT a fait l'objet d'une réforme en 1996.
Pour tenir compte des observations de la Commissions européenne, et dans
le souci, également, de mieux concentrer cette aide sur les zones
prioritaires d'aménagement du territoire, la prime a été
réservée à des zones rurales ou faiblement
industrialisées bien différentes des zones auxquelles on l'avait
d'abord destinée.
Mais
peu d'entreprises ont, en milieu rural, les moyens de se lancer dans
des opérations de cette importance
et le bénéfice de
la PAT se trouve concentré sur quelques projets de grande taille,
souvent localisés dans les villes, et partant moins significatifs en
termes d'aménagement du territoire.
La réforme des critères d'éligibilité de la PAT,
régulièrement demandée par votre commission des finances,
doit être engagée sans tarder : la réforme de la carte
de la PAT, demandée par la commission européenne pour le
1
er
janvier 2000, se traduira par un nouveau resserrement du
zonage et risque, si aucune réforme n'intervient, de donner une
acuité supplémentaire aux dysfonctionnements constatés ces
dernières années : sous-consommation des crédits,
gonflement des reports annuels, relèvement des taux de rejet des
dossiers, etc...
Les débats à l'Assemblée nationale montrent que le
gouvernement semble enfin prêt à se rallier à l'idée
d'une réforme de la doctrine d'emploi de la PAT et pourrait l'aborder au
cours du prochain Comité interministériel.
Réitérant ses observations antérieures, votre
rapporteur vous invite, dans ces conditions, à ne pas relâcher
votre pression, pour obtenir dès cette année la modification de
ces critères inadaptés.
B. LA FERMETURE DES SERVICES PUBLICS EN MILIEU RURAL : UN MORATOIRE ÉBRÉCHÉ ?
Le
moratoire opposable aux fermetures de services publics en milieu rural,
décidé par un précédent gouvernement le 10 mai
1993, a été prolongé et demeure en principe applicable. Il
concerne toutes les communes dont la population agglomérée ne
dépasse pas 2.000 habitants. Il vise "tous les services publics de
proximité de l'Etat" et toutes les entreprises publiques placées
sous la tutelle de l'Etat et chargées d'une mission de service public de
proximité."
La loi d'orientation de 1995, et en particulier ses articles 28 et 29,
subordonnait la levée du moratoire à la conclusion par les
établissements de services publics de contrats de services publics.
La conclusion de ces contrats semble tarder : à ce jour, semble-t-il
seuls les contrats de services publics d'EDF, GDF et de la Poste ont
été signés. Les négociations ne semblent en
revanche guère avancées pour la SNCF, France
Télécom et la Banque de France.
Or, de nombreux éléments laissent penser à votre
rapporteur que le gouvernement reviendrait sur ce moratoire : il semblerait en
effet que la fermeture de nombreux services publics de proximité ait
repris ces derniers temps dans les zones rurales : écoles,
collèges, bureaux de poste, trésoreries, et, plus
récemment, brigades de gendarmerie.
Votre rapporteur souhaite exprimer sa préoccupation et demander au
gouvernement de préciser sa position à l'égard du maintien
des services publics en milieu rural. Il estime qu'aucune fermeture de service
public ne devrait intervenir sans concertation préalable avec les
collectivités territoriales concernées.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le jeudi 12 novembre 1998 sous la
présidence de
M. François Trucy, secrétaire, la commission a
examiné, sur le rapport de M. Roger Besse, les crédits de
l'aménagement du territoire pour 1999.
M. Roger Besse, rapporteur spécial, a précisé que les
crédits inscrits au budget de l'aménagement du territoire pour
1999 s'établissent à 1.799,3 millions de francs, en baisse de
-0,35 % par rapport à l'exercice précédent, et que les
autorisations de programme s'élèvent à 1.600,70 millions
de francs, en baisse de -1,35 %.
Ces crédits, a-t-il indiqué, se répartissent entre trois
grandes masses.
Il a précisé que, si les crédits du titre III,
consacrés aux moyens de fonctionnement de la DATAR, présentent,
avec 108,76 millions de francs, une hausse de 23,45 %, cette progression est en
réalité optique, s'expliquant par le changement d'imputation
budgétaire d'une enveloppe de 18 millions de francs de crédits
d'étude, naguère financée par les dotations du FNADT, au
titre VI, et dorénavant imputée sur un chapitre distinct du titre
III. Pour le reste, a-t-il ajouté, les effectifs de la DATAR sont
stables, et ses moyens de fonctionnement sont reconduits au niveau de l'an
dernier.
Evoquant ensuite les dotations consacrées à la prime
d'aménagement du territoire, qui s'établissent à 315
millions de francs en crédits de paiement, il s'est
déclaré moins préoccupé par le léger
tassement des crédits que par le caractère récurrent des
reports de crédits qui lui semble confirmer une fois de plus
l'inadéquation des critères d'éligibilité de cette
prime aux caractéristiques des zones qu'elle concerne.
Il a relevé la baisse des dotations du fonds national
d'aménagement du territoire, au titre IV comme au titre VI.
Il a ensuite rappelé que la politique d'aménagement du
territoire, par nature interministérielle, bénéficiait
également des concours financiers apportés par d'autres
ministères, qui devraient s'élever en 1999 à un peu plus
de 54 milliards de francs, en hausse de 1,25 %. Il a
énuméré quelques-unes des principales contributions, dont
il a rapidement présenté le contenu. Il a précisé
également l'évaluation, faite par le Gouvernement, de la
dépense fiscale correspondant au coût des exonérations dans
les zones relevant de la géographie prioritaire. Puis, il a tracé
le bilan des fonds créés par la loi d'orientation de 1995 : fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN),
fonds de péréquation des transports aériens (FPTA), fonds
de gestion de l'espace rural (FGER) dont il a déploré vivement la
suppression, fonds national de développement des entreprises dont il a
regretté le lancement tardif et timide.
Le rapporteur a ensuite insisté sur l'importance des apports
effectués par les fonds structurels européens -plus de 11
milliards de francs en 1999- dont il a rappelé les objectifs et les
mécanismes, déplorant à ce propos la lourdeur de certains
circuits administratifs qui débouche sur un phénomène de
sous-consommation de ces crédits. Il a jugé celui-ci regrettable
et inquiétant, particulièrement dans le contexte actuel de la
réforme de la politique structurelle européenne.
M. Roger Besse a ensuite résumé ses principales observations.
Il a d'abord constaté que le projet de budget pour 1999 se contente de
reproduire, pour l'essentiel, le montant des crédits votés
l'année dernière. Il a ensuite estimé que l'assainissement
de la gestion de la prime d'aménagement du territoire passe par une
réforme de ses critères d'éligibilité qui la mette
davantage à la portée de ses utilisateurs potentiels en milieu
rural. Evoquant les signes d'une évolution possible du Gouvernement, il
a incité la commission à ne pas relâcher sa pression pour
obtenir rapidement des avancées sur ce sujet. Revenant sur le
problème posé par la sous-consommation des crédits
européens, il a exprimé son intention d'inviter le Gouvernement
à assouplir sans tarder les procédures applicables. Abordant les
orientations générales de la politique d'aménagement du
territoire, il a déploré une attitude qui a conduit le
Gouvernement à vider de leur contenu plusieurs dispositions de la loi d
'orientation de 1995 sur l'aménagement et le développement du
territoire. Il s'est également inquiété de l'insistance
avec laquelle celui-ci vante le "rôle structurant des villes" dont il a
craint qu'il ne constitue l'alibi d'un abandon du monde rural.
Le rapporteur spécial a ensuite évoqué le problème
de calendrier que soulève l'élaboration des prochains contrats de
plan Etat-régions. Ceux-ci devront très vraisemblablement
être négociés par les régions, avant que les
structures juridiques des "pays" et "agglomérations" sur lesquels ils
reposeront largement, n'aient été créées par le
projet de loi d'orientation sur l'aménagement et le développement
durable du territoire.
Citant des propos tenus devant l'Assemblée nationale, et qui montrent
l'intention du Gouvernement de déclarer l'urgence pour
accélérer la discussion de ce projet, il a invité le
Sénat à se monter vigilant et a refusé que l'on escamote
un débat parlementaire qu'il juge essentiel.
Enfin, évoquant le problème du maintien des services publics en
milieu rural, il a jugé nécessaire une clarification de
l'attitude du Gouvernement qui, tout en prétendant maintenir en vigueur
le moratoire sur les fermetures, semble renouer avec la suppression de certains
services publics de proximité : écoles, collèges, bureaux
de poste et brigades de gendarmerie.
Au cours du débat qui a suivi cette présentation, M. Philippe
Marini, rapporteur général, a déclaré partager les
préoccupations exprimées par le rapporteur spécial, tout
particulièrement pour ce qui touche aux effectifs de police et de
gendarmerie et à leur redéploiement éventuel.
A sa demande, M. Roger Besse lui a précisé les critères
que semble privilégier le Gouvernement dans sa réflexion :
ceux-ci se rapportent à la superficie des territoires couverts et aux
statistiques relatives aux crimes et délits.
M. Jean-Pierre Demerliat a rappelé les éléments qui feront
de 1999 une année charnière pour l'aménagement du
territoire : discussion et vote du projet de loi sur l'aménagement et le
développement durable du territoire, réforme des fonds
structurels européens, mise en oeuvre de la loi d'orientation agricole.
Convenant avec le rapporteur spécial du caractère
préoccupant de la sous-consommation des dotations des fonds
européens, il a précisé que celle-ci touchait
inégalement les différentes régions, et a cité
l'exemple du Limousin qui est parvenu à utiliser tous les crédits
disponibles. Il s'est, en outre, félicité de la poursuite de la
politique de délocalisation des emplois, souhaitant que cet effort soit
poursuivi à l'avenir.
M. Denis Badré s'est préoccupé de la diminution du poids
relatif des crédits de la DATAR au sein de l'ensemble des crédits
consacrés à la politique d'aménagement du territoire.
Revenant sur la politique structurelle européenne, il a rappelé
que la France participe à son financement dans une proportion
supérieure au montant des versements, certes importants, qu'elle en
reçoit, et a souhaité que ces transferts européens ne
servent pas d'alibi pour masquer une absence de politique nationale
d'aménagement du territoire. Il a redouté, en outre, que les
retards pris en matière de consommation des crédits ne
s'accentuent encore en 1999. Evoquant les vicissitudes rencontrées par
différents instruments du ministère de l'agriculture, dont le
dernier avatar est la disparition du fonds de gestion de l'espace rural au
profit des contrats territoriaux d'exploitation, il s'est demandé si ce
ministère n'est pas tenté de renoncer à une vision globale
des problèmes du monde rural pour se concentrer sur ceux de
l'exploitation agricole.
M. Michel Sergent a remarqué que la sous-consommation des crédits
affectait les versements structurels, tout comme ceux du fonds national
d'aménagement du territoire, et a estimé qu'il fallait en
rechercher la raison dans l'inutile complexité des procédures.
En réponse à M. François Trucy, M. Roger Besse a ensuite
précisé les critères d'éligibilité du fonds
de péréquation des transports aériens, et décrit
les modalités de son fonctionnement, déplorant toutefois que
l'appui apporté aux compagnies aériennes concernées ne
puisse avoir pour effet de permettre une baisse du prix des billets.
Il a précisé ensuite à M. Denis Badré que,
d'après le Gouvernement, les versements européens peuvent
être consommés jusqu'en 2001.
En conclusion, le rapporteur spécial a rappelé les insuffisances
notoires d'un projet de budget très proche de celui
présenté en 1998, et dont il avait alors demandé le rejet.
Celui-ci ne lui a pas semblé de nature à redonner un nouvel
élan à la politique d'aménagement du territoire,
même s'il a tenu à saluer les perspectives encourageantes qui
semblent être sur le point de s'ouvrir en matière de
réforme de la prime d'aménagement du territoire. S'inscrivant
dans la ligne définie par la commission qui propose un budget
alternatif, il a invité celle-ci à ne pas rejeter, dans ces
conditions, le budget de l'aménagement du territoire.
La commission a suivi les conclusions de son rapporteur spécial, et a
adopté les crédits de l'aménagement du territoire inscrits
dans le projet de loi de finances pour 1999.
ANNEXE
Aménagement du territoire et environnement
I - AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Modifications des crédits : crédits non reconductibles
La
majoration des crédits non reconductibles relative au budget des anciens
combattants concerne le titre IV pour 0,535 million de francs et le
titre VI pour 3 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 44-10, article 10 (Fonds national d'aménagement et de
développement du territoire - FNDAT) pour 0,535 millions de francs ;
- le chapitre 65-00, article 10 (Fonds national d'aménagement et de
développement du territoire - FNADT) pour 3 millions de francs en
autorisations de programme et crédits de paiement.
1
L'office parlementaire
d'évaluation
des politiques publiques a été saisi par la commission des
finances du Sénat d'une demande d'études portant sur "le
dispositif public de promotion des investissements étrangers" dont le
rapporteur est le sénateur Serge Vinçon.
2
Le FNADT est né de la fusion du fonds d'intervention pour
l'aménagement du territoire (FIAT), du groupe interministériel
pour la restructuration des zones minières (GIRZOM), du fonds d'aide
à la décentralisation des entreprises privées (FAD), du
fonds régionalisé d'aide aux initiatives locales pour l'emploi
(FRILE), du fonds d'intervention pour l'autodéveloppement de la montagne
(FIAM) et du fonds interministériel de développement et
d'aménagement rural (FIDAR).
3 Les rapports sur l'aménagement du territoire
Plusieurs rapports officiels ont été
élaborés, à la demande du gouvernement dans le courant de
l'année 1998, à la suite des travaux du CIADT de décembre
1997 :
1. le rapport au premier ministre de
M. Jean Auroux
sur
"la
réforme des zonages et l'aménagement du territoire ;
2. le rapport de
M. Yves Morvan
sur
"les schémas
régionaux d'aménagement et de développement du territoire"
(SRADT) ;
3. le rapport de
M. Jacques Chérèque
"Plus de
région et mieux d'Etat" consacré à la prochaine
génération de
contrats de plan Etat-région
2000-2006 ;
4. le rapport de
M. Pierre Trousset
sur
"les politiques
structurelles communautaires".
On se reportera avec profit, pour l'analyse détaillée de ces
différents rapports, à l'avis présenté par M. Jean
Pépin au nom de la commission des affaires économiques et du plan
sur le projet de loi de finances pour 1999 (pages 55 à
66).