2. Des choix lourds de conséquence : un schéma doté d'une grande force d'inertie
Cependant, si la valeur du schéma directeur était
incertaine, il n'en avait pas moins des conséquences concrètes.
Comme l'a souligné M. Philippe Rouvillois dans le rapport
qu'il a remis en juillet 1996 à M. Bernard Pons, ministre de
l'Équipement, du logement, des transports et du tourisme, et à
Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État aux transports, sur
les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur des lignes
à grande vitesse, "
dans la lancée de ce document
très ambitieux quant aux infrastructures à créer, il y
avait un ensemble d'études concernant de nombreuses liaisons, à
peu près une dizaine
" et "
par un processus qui
semblait échapper au contrôle du ministère des finances et
du ministère des transports, on passait d'études
préliminaires en études préalables au lancement
d'enquêtes (...). On lançait un processus inéluctable
où le Gouvernement allait devoir prendre des décisions
très rapidement, portant non pas sur deux ou trois projets, mais sur
cinq ou six projets divers
".
Les termes de la lettre de mission adressée le 28 novembre 1995 à
M. Rouvillois étaient significatifs du sort réservé
aux projets inscrits au schéma directeur : "
La poursuite du
financement des TGV inscrits au schéma directeur selon les
modalités retenues à ce jour et selon le rythme souhaité
par les élus locaux n'est désormais, à l'évidence,
plus compatible avec l'objectif d'un assainissement financier de la SNCF,
compte tenu du coût et de la rentabilité insuffisante de ces
projets. Elle n'est pas non plus compatible avec l'objectif prioritaire de
redressement des finances publiques et de maîtrise des
prélèvements obligatoires
".
On retrouve le même constat mais en termes plus lapidaires dans la
formule utilisée par Mme Idrac au Sénat : "
on
ne va pas en 10 ans financer deux fois plus de TGV deux fois moins rentables
qu'on en a fait en 10 ans
. "
Néanmoins, force est de constater qu'en dépit des remises en
cause financières et techniques, le schéma de 1992 demeure
doté d'une grande force d'inertie, les projets y figurant conservant
pour la plupart d'entre eux une certaine légitimité. Si tout le
monde s'est accordé pour en souligner le caractère
irréaliste, personne n'a osé déclarer publiquement qu'il
était caduc, le législateur ayant pour sa part, lors du vote de
la loi de 1995, exprimé sa volonté de le réviser et de le
prolonger.