M. JEAN GAEREMYNCK,
DIRECTEUR DE LA POPULATION ET DES MIGRATIONS
AU
MINISTÈRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ
JEUDI 9 AVRIL
1998
M.
MASSON, président
.- Mes chers collègues, nous allons ouvrir
la séance de ce jeudi. M. COURTOIS s'est excusé.
Nous allons entendre M. GAEREMINCK, Directeur de la Population et des
Migrations.
Le rapporteur va vous poser des questions, Monsieur le Directeur,
mais nous devons vous entendre sous la foi du serment.
(M. le Président donne lecture des dispositions de l'article 6
de l'ordonnance du 17 novembre 1958 ; M. Jean Gaeremynck
prête serment).
M. LE PRÉSIDENT.-
Je vous remercie, Monsieur le Directeur.
Monsieur le Rapporteur va vous poser des questions.
L'organisation des travaux de ce matin va nous conduire à travailler
avec M. Gaeremynck jusqu'à 10 h 30 ou 10 h 45
puisque nous avons ensuite d'autres auditions.
Monsieur le Rapporteur, peut-être, pourriez-vous poser vos questions
jusqu'à 10 h ou 10 h 15, ce qui laissera à
nos collègues la possibilité de compléter leurs
informations.
M. BALARELLO, rapporteur
.- Monsieur le Directeur, nous avons trois
séries de questions à vous poser. Je vous signale que notre
Commission s'est déjà rendue dans une dizaine de
préfectures, nous couvrons environ près de 80 % des demandes
de régularisation, ce qui nous donne une idée très
précise des problèmes.
Mes questions porteront sur les trois thèmes suivants :
-
I? Le rôle des services sociaux lors de l'instruction des demandes de
régularisation.
II? La procédure d'aide au retour.
III? Les conséquences sociales des régularisations.
Quel a été le rôle des services sociaux lors de l'instruction des demandes de régularisation ?
Selon quelles modalités et quelle fréquences s'est effectuée la consultation pour avis des services sociaux ?
Pouvez-vous évaluer la proportion des dossiers pour lesquels l'avis des services sociaux a été sollicité ?
Quelle influence ces avis ont-ils eue sur la décision finale ?
M. LE PRÉSIDENT.- Je vous propose de répondre à cette série de questions pour ne pas alourdir le débat.
M. GAEREMYNCK, directeur de la population et des migrations . - Merci, Monsieur le Président.
Je ne pourrai pas, malheureusement, vous fournir d'éléments exhaustifs, mais des indications recueillies à l'occasion d'une enquête auprès de plusieurs préfectures, pour la raison principale qu'il n'y a pas eu de collecte d'informations organisées par le Ministère de l'Intérieur sur ce point précis de l'application de la circulaire.
Nous sommes dans la phase d'instruction des dossiers et des demandes de réexamen de situation administrative des étrangers en situation irrégulière. Elle est conduite par les services des préfectures qui ont la possibilité de saisir les services sociaux, si nécessaire.
Le Ministère n'a pas organisé de système de remontée d'informations sur ce point.
Nous avons essayé de rassembler quelques informations des deux côtés. Nous avons interrogé le SSAE (Service Social d'Aide aux Emigrants). Nous supposions qu'eux seraient plus sollicités, compte tenu de leur vocation à traiter des dossiers des personnes en situation de migration.
Nous avons effectué une enquête auprès d'un certain nombre de préfectures. Je peux vous donner les résultats, mais ils sont un peu dispersés, difficiles à exploiter pour obtenir une vue d'ensemble. Ils n'apporteront pas de réponse exhaustive à votre question.
Concernant le SSAE, qui est vraiment le service social spécialisé le plus important en nombre et en répartition sur le territoire, nous n'avons reçu qu'une réponse significative relative au département de la Haute-Garonne. Le Directeur des services nous a dit que ce département lui avait demandé une quinzaine d'enquêtes, pour complément d'informations, et relatives aux personnes et familles ayant sollicité le réexamen de leur situation : situation des enfants, composition de la famille. C'est le seul département qui m'a été cité par ce service.
Il est possible que d'autres demandes aient été adressées à d'autres services, mais celui-ci est vraiment spécialisé, il est financé par l'Etat par l'intermédiaire du Fonds d'Action Sociale.
Nous avons essayé de toucher les principales préfectures quant au nombre de dossiers à réexaminer. Une enquête rapide auprès d'elles a donné ce qui suit :
Alpes-Maritimes :
- une vingtaine de demandes pour l'application de la circulaire, relative au regroupement familial,
- quelques enquêtes concernant la catégorie, tout à fait particulière, des malades étrangers sollicitant leur régularisation à ce titre. Les malades qui ne pourraient pas, à leur retour dans leur pays, bénéficier des soins appropriés à leur état.
Bouches-du-Rhône :
- environ une douzaine de demandes d'enquêtes ponctuelles, selon l'évaluation rapide donnée par les services interrogés,
- Des demandes concernant les parents d'enfants nés en France ; elles ont été adressées à la DDASS.
- Enquêtes de police en cas de doute sur la communauté de vie.
Il apparaît aussi, à l'occasion de ces enquêtes auprès des préfectures, que les demandes de renseignements étaient adressées aux services sociaux et de police.
Essonne : une vingtaine de demandes d'enquêtes présentées à la DDASS.
Hauts-de-Seine : il semble que ce soit le département dans lequel les enquêtes aient été les plus nombreuses. Une indication orale, donnée par le directeur de la DDASS à une de mes collaboratrices, en indique plusieurs centaines, mais sans plus de précisions car aucun comptage n'a été demandé au service.
Val-de-Marne : pas de demande d'enquêtes présentées à la DDASS, mais quelques enquêtes de police ponctuelles.
Val d'Oise : pas d'enquête auprès des services sociaux, qui sont débordés, mais enquêtes de police systématiques pour toutes les demandes.
M. LE RAPPORTEUR.- Dans le Val-d'Oise, enquêtes de police systématique, c'est la règle ?
M. GAEREMYNCK . - Oui, c'est ce que nous a dit le Bureau des Etrangers.
Seine-et-Marne : pas de demandes d'enquêtes adressées à la DDASS, ponctuellement des enquêtes de police, portant notamment sur la communauté de vie.
Préfecture de police : quelques enquêtes ont été demandées à la DDASS, principalement pour connaître la situation de familles, notamment des enfants. Elles ont été suivies d'un rapport social, mais malheureusement pas de chiffres précis. Le comptage n'a été ni organisé ni prévu, ce n'est pas la priorité des services qui ont à faire face à une lourde tâche.
Voilà les informations qui nous sont remontées sur ce point. Je ne peux vous donner de chiffres plus précis.
M. LE RAPPORTEUR . - Quelle est l'influence de vos avis sur les décisions finales ?
M. GAEREMYNCK . - Je ne suis pas en mesure de vous le dire véritablement. Bien sûr, ils sont pris en compte dans l'instruction, mais celle-ci est relativement complexe.
Bien souvent, la méthode préconisée dans les circulaires était celle du faisceau d'indices. Les indications des services sociaux ont servi à compléter ces indices, de là à dire lequel a été prédominant, dans ce type de technique, c'est toujours délicat et contradictoire avec la méthode elle-même.
M. LE RAPPORTEUR . - Quelques questions :
Pouvez-vous dresser un bilan des précédents dispositifs d'aide au retour ? En quoi le nouveau dispositif pourrait-il être plus attractif ?
La publication de la circulaire sur l'aide au retour, sept mois après celle sur les régularisations, ne risque-t-elle pas d'affecter le succès de l'opération ?
Comment expliquez-vous un tel retard dans la publication de la circulaire ?
Combien de personnes ont demandé à bénéficier de l'aide au retour ?
Comment expliquez-vous le faible nombre de demandes d'aide au retour ? Quelle évaluation avez-vous faite du nombre final de demandeurs de l'aide au retour et du coût total de l'opération ?
Avez-vous mesuré le risque de nouvelles entrées clandestines d'étrangers après leur retour dans leur pays d'origine, grâce à l'aide instituée ?
M. LE PRESIDENT . - Je me permets d'en rajouter une.
Est-ce votre service qui a rédigé la circulaire publiée au J.O. avec sept mois de retard ?
M. GAEREMYNCK . - Oui, en liaison avec nos collègues du Ministère de l'Intérieur.
M. LE PRÉSIDENT.- Vous allez donc être à l'aise pour nous expliquer le retard.
M. GAEREMYNCK . - C'est ma direction qui assure la tutelle de l'Office des Migrations Internationales qui joue un rôle important dans la mise en oeuvre du dispositif d'aide au retour.
Le bilan des précédents dispositifs d'aide au retour : quelques chiffres sur le bilan de cette opération mise en place par la circulaire précédente d'août 1991.
Selon les chiffres en notre possession, entre 1991 et 1997, les dossiers bénéficiaires de l'aide au retour sont au nombre de 7 007.
M. LE PRESIDENT . - Est-ce une moyenne annuelle ?
M. GAEREMYNCK . - C'est très variable, suivant les années la moyenne est de 1 000 environ, entre 1991 et 1997. En 1991, c'était 303.
Ce sont les candidats, pour chacun d'eux il y avait des personnes accompagnantes (conjoint, enfants). Il faut rapprocher ces 7 007 personnes du chiffre total incluant les personnes accompagnantes, soit 8 203.
M. LE RAPPORTEUR . - Pourrez-vous nous laisser un tableau, Monsieur le Directeur ?
M. GAEREMYNCK . - Bien sûr, Monsieur le Sénateur.
M. LE PRESIDENT . - Ces 8 203 s'additionnent-ils aux 7 007 ?
M. GAEREMYNCK . - Non. Ces 7 007 équivalent au nombre de dossiers présentés. Certains demandeurs non seulement ont présenté un dossier pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs enfants et leur conjoint. En additionnant, nous arrivons à 8 203.
M. LE PRESIDENT . - Donc les conjoints ou enfants sont 1 200.
M. GAEREMYNCK . - Oui, 152 pour les conjoints et 1 044 pour les enfants. Voilà les personnes qui ont bénéficié du dispositif mis en place par la circulaire d'août 1991.
En matière d'aide au retour, plusieurs dispositifs se sont succédé dans le temps. Je ne remonte pas à celui de 1974, mais pour nous en tenir à la période la plus récente, un dispositif réglementaire avait été prévu en 1984, modifié par un décret de 1987, qui a mis en place un dispositif d'aide à la réinsertion dans le pays d'origine au profit des travailleurs licenciés dans le cadre de plan sociaux mis en oeuvre par les grandes sociétés industrielles, plus particulièrement le secteur de l'automobile.
A l'occasion d'une opération de régularisation, analogue mais de moindre ampleur que celle en oeuvre aujourd'hui, un dispositif d'aide au retour a été conçu par la circulaire d'août 1991. Elle ne s'adressait pas particulièrement aux personnes licenciées dans le cadre d'un plan social, mais à celles qui ne pouvaient bénéficier de la régularisation prévue par l'opération de 1991. Celle-ci visait essentiellement les personnes dont le dossier avait été rejetées par l'OFFRA et la Commission de Recours des Réfugiés, ces personnes étaient appelées : les déboutés du droit d'asile.
Le dispositif de 1991, plus complet, a absorbé les précédents et il est devenu le dispositif d'aide au retour principal.
Les chiffres que je vous ai donnés sont relatifs aux dossiers déposés par des personnes invitées à quitter le territoire à la suite de l'opération de régularisation de 1991, mais aussi par la suite, toute personne invitée à quitter le territoire a pu bénéficier de ce dispositif.
Je fais la liaison avec une autre de vos questions :
Pourquoi avoir attendu plusieurs mois pour mettre en place ce dispositif en complément de la circulaire du 24 juin 1997 ?
Trois éléments de réponse :
Le dispositif de 1991 existait, il était en place, toute personne, avant la publication de la circulaire de 19 janvier 1998 pouvait solliciter l'OMI dans les conditions prévues par la circulaire de 1991. Au moment où elle était invitée à quitter le territoire, elle était informée de la possibilité de saisir l'OMI. Donc, il n'y a pas eu de solution de continuité entre les dispositifs de 1991 et celui prévu par la circulaire du 19 janvier 1998.
Il y a eu un temps de réflexion, de concertations interministérielles et de mise en place avec des partenaires de l'Administration. Nous avons voulu faire en sorte que le dispositif de 1998 soit plus complet, plus étoffé et si possible plus incitatif pour les personnes qui n'auraient pu bénéficier du réexamen de leur situation individuelle.
M. LE RAPPORTEUR.- Monsieur le directeur, à ce propos, je vais demander à nos services de prendre contact avec vous pour avoir un tableau exhaustif des différentes aides au retour, avec les conventions particulières, bilatérales entre la France et certains pays africains qui complètent ces aides par des primes à l'installation dans les pays de retour.
Je vous remercie.
M. GAEREMYNCK . - En quoi le nouveau dispositif est-il plus attractif ?
Il est plus étoffé, il ne consiste pas simplement à proposer aux personnes invitées à quitter le territoire des prestations financières, mais d'autres plus complètes.
Nous avons voulu mettre en place trois types de prestations. Nous nous sommes inspirés de ce qui s'est pratiqué dans certains pays étrangers.
Premier type de prestation : la possibilité, pour toute personne qui quitte le territoire et saisit l'OMI pour bénéficier de ce dispositif, d'avoir un entretien personnalisé, à caractère psychologique mais pas uniquement, destiné aussi à faire le point de sa situation personnelle, sociale et professionnelle, sur sa famille ; de lui proposer une aide pour les conditions de son retour, une assistance administrative, faire le point des droits sociaux acquis en France, la possibilité pour elle de continuer à en bénéficier s'il s'agit d'une question de retraite.
M. LE PRESIDENT . - N'était-ce pas le cas avant ?
M. GAEREMYNCK . - C'était prévu dans la circulaire de 1991, mais, à ma connaissance, cela n'a pas été mis en place de manière satisfaisante.
M. LE PRESIDENT . - L'OMI ne l'a-t-il pas fait ?
M. GAEREMYNCK
. - Nous avons voulu porter un effort
particulier sur ce point.
Les questions d'assistance administrative sont utiles, mais il y a une attitude
psychologique à avoir envers les personnes invitées à
quitter le territoire. Certaines personnes doivent faire le deuil de leur
présence en France. Pour certaines c'est très difficile, ce n'est
pas naturel, elles ont eu un projet personnel, il faut leur expliquer que leur
avenir n'est plus dans ce pays, mais dans leur pays d'origine. Une phase de
traitement psychologique de leur situation nous apparaît
nécessaire.
Je me souviens de réunions avec des partenaires de l'Administration,
notamment une avec la Croix Rouge suisse qui expliquait qu'ils avaient fait un
énorme effort dans ce sens, cette phase de deuil doit être prise
en compte et traitée au cours de ces entretiens.
Voilà le premier type de prestations assurées aux personnes qui
saisissent l'OMI.
Deuxième type de prestations, à caractère matériel
et financier : elles consistent à prendre en charge les frais de
voyage des personnes et des familles, les frais de bagage, les personnes
souhaitent avoir la possibilité de repartir avec des bagages, il s'agit
de 40 kilos d'excédents de bagages par personne.
Un pécule : nous avons voulu faire en sorte que ce ne soit pas
centré sur ce point. Il est plus important qu'avant, il a
été porté à 4 500 F, plus 900 F par
enfant. Nous l'avons relevé substantiellement, mais nous n'avons pas
voulu que ce soit le seul élément dont on parle. Il y en a
d'autres.
Troisième type de prestations proposées : elles consistent,
dans le pays d'accueil où l'OMI est présent, à accueillir
les personnes, à les prendre en charge à l'arrivée, en
liaison avec les services des pays concernés, à leur donner la
possibilité de rejoindre une autre ville que la capitale, ou un village,
à prendre en charge des frais d'hébergements d'urgence, de
refaire avec elles un bilan de leur situation personnelle ; enfin, un peu
le pendant de ce qui se fait en France, voir si nous pouvons leur offrir une
aide pour leur réinsertion dans le pays : la scolarisation des
enfants, l'aide à l'emploi, des assistances de ce type.
M. LE RAPPORTEUR
. -Ce n'est pas généralisé, il faut
qu'il y ait une convention bilatérale.
M. GAEREMYNCK
. - C'est prévu là où l'OMI est
présent. Il a des missions dans six pays de forts départs, donc
avec des retours de personnes non régularisées : les pays du
Maghreb, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, la Roumanie.
M. LE RAPPORTEUR
. -Et les pays d'Afrique noire ?
M. GAEREMYNCK
. - Le Mali et le Sénégal.
M. LE RAPPORTEUR.-
Et la Côte-d'Ivoire ?
M. GAEREMYNCK
. - Non.
Pour la mise en oeuvre de ce dispositif d'aide au retour, l'OMI envisage de
passer une convention avec une organisme international, l'OIM (Organisation
Internationale des Migrations) qui a des implantations dans une vingtaine de
pays.
M. LE RAPPORTEUR
. - Où se trouve son Siège ?
M. GAEREMYNCK
. - A Genève. La France est membre de cette
organisation qui est représentée un peu partout dans le monde,
notamment dans les pays où ont lieu les retours de personnes non
régularisées.
L'OMI est en discussion avec cette organisation pour la mise au point d'une
convention permettant de prendre en charge certaines prestations d'accueil, du
type de celles mentionnées à l'instant : premier accueil,
bilan social, évaluation de la situation personnelle et introduction
vers les services sociaux du pays pour satisfaire des besoins immédiats.
M. LE RAPPORTEUR
. - Y a-t-il des accords définitifs ?
M. GAEREMYNCK
. - Non, nous sommes en discussion avec eux.
M. LE PRESIDENT
. - Ces points sont attractifs. Le pécule
n'avait-il pas été réévalué depuis
1991 ?
M. GAEREMYNCK
. - Non.
M. LE PRESIDENT
. - Ce que vous avez donné en 1998 est donc la
réactualisation si l'évolution des prix avait été
suivie.
M. GAEREMYNCK
. - C'était 1 500 F en 1991, il n'y a
pas eu une telle dérive des prix. Je n'ai pas le taux d'actualisation.
C'est substantiellement plus, cela a été multiplié par
trois, peut-être un peu moins compte tenu de la dérive des prix.
M. LE RAPPORTEUR
. - Nous aimerions avoir un tableau exhaustif de l'aide
au retour, des différents dispositifs et notamment de l'aide à la
réinsertion dans le pays d'origine.
M. LE PRESIDENT
. - Sept mois pour cette circulaire, pourquoi ?
M. GAEREMYNCK
. - Pour la mise au point, pas de solution de
continuité dans la discussion interministérielle avec nos
collègues de l'Intérieur, il fallait voir aussi avec l'OMI
comment l'intégrer dans le budget. Par hypothèse, elle ne pouvait
l'être dans le budget 1997 initialement prévu, bien sûr il
peut y avoir des décisions modificatives.
Donc : délai de mise au point, publication au J.O., mais cela a peu
d'incidence sur le nombre de bénéficiaires.
M. LE PRESIDENT
. - Ce n'est pas ce que dit le Ministre de
l'Intérieur.
M. GAEREMYNCK
. - Il faut tenir compte du calendrier des
décisions de rejets de dossiers, des demandes de réexamen et donc
des décisions invitant les intéressés à quitter le
territoire. Je n'ai plus le calendrier à l'esprit, mais je crois que la
notification des décisions de rejet, assortie des indications à
quitter le territoire, a commencé assez tard.
Les décisions de régularisation ont commencé au court de
l'été et de l'automne. Quant aux décisions de rejet et
invitant à quitter le territoire, il y a eu un effet décalage
dans le temps.
M. LE PRESIDENT
. - N'aurait-il pas été
préférable de publier la circulaire au bout de deux mois et non
pas de sept ?
M. GAEREMYNCK
. - On peut toujours dire que cela aurait
été mieux, mais les personnes pouvaient toujours saisir l'OMI.
M. LE PRÉSIDENT.-
Avec un pécule trois fois moins
élevé.
Il vous a fallu un délai de sept mois pour publier une circulaire
officielle et vous me dites que c'est presque normal.
M. GAEREMYNCK
. - Cela n'a pas pénalisé les
intéressés et encore une fois la mise au point...
M. LE PRESIDENT
. - Pensez-vous qu'un délai de sept mois soit
normal alors qu'il s'agit d'une intervention ferme du Gouvernement ? Le
Ministère des Finances a-t-il fait des observations ?
M. GAEREMYNCK
. - Nous avons travaillé dans la concertation
interministérielle, avec l'Intérieur, les Finances.
M. LE PRESIDENT
. - Comme toujours dans ces cas. La circulaire est-elle
signée de plusieurs ministres ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui, elle est signée des ministres de
l'Emploi et de la Solidarité, de l'Intérieur, des Finances et des
Affaires Etrangères.
M. LE PRESIDENT
. - Où cela a-t-il freiné ? Ce n'est
pas la première fois que nous apprenons qu'une circulaire est difficile
à établir. Nous aimerions savoir sur quel ministère elle a
buté.
M. GAEREMYNCK
. - Nous nous sommes interrogés.
Peut-être le délai de retard se doit-il à la conception du
système. Nous nous demandions ce qui pouvait être le plus
efficace. Fallait-il mettre l'accent sur le pécule, sur les prestations
financières ? Fallait-il construire autre chose ?
M. LE PRESIDENT
. - Qui concevait ?
M. GAEREMYNCK
. - Ce sont des relations de travail entre les
administrations.
M. LE PRESIDENT
. - Le Ministère de l'Intérieur
était-il plus favorable à une aide distribuée au
départ ? Le Ministère des Affaires Etrangères
l'était-il à une aide à l'arrivée ? C'est
important.
Nous pouvons imaginer qu'une des solutions du retour est
précisément cette aide au retour conçue d'une façon
efficace.
Où est le débat ? Mes questions ont pour objet de vous aider
et non pas de vous gêner.
M. GAEREMYNCK
. - Nous avons été saisis par le
Ministère de l'Intérieur sur la question du pécule,
essentiellement. Nous avons pensé que nous ne pouvions pas nous en tenir
à cela et qu'il fallait faire quelque chose de plus substantiel.
M. LE PRESIDENT
. - C'était le départ qui
intéressait le Ministère de l'Intérieur, donc le
pécule. Il y a eu une mission, un rapport.
M. GAEREMYNCK
. - Il y a plusieurs étages. Le dispositif de
la circulaire du 19 janvier 1998 est destiné à
bénéficier à toutes les personnes qui quittent le
territoire.
Quant à ce qui se passe dans le pays de retour, c'est l'OMI qui
intervient quand elle est présente et a une convention avec un autre
organisme.
Il existe aussi un dispositif plus sophistiqué, qui consiste à
fournir une aide aux projets d'activités économiques
portés par certains étrangers, suivant un principe de
sélectivité. Tous n'ont pas la capacité de créer
une entreprise ou des activités. C'est après examen et
évaluation des projets qu'ils pourront bénéficier d'une
aide.
Ce programme d'aide, de développement local migration a
été amorcé en 1995. Nous avons voulu lui donner une
ampleur nouvelle en adjoignant les moyens du Ministère de la
Coopération à ceux de l'Office des Migrations Internationales et
mettre sur place, dans certains pays, un dispositif d'évaluation des
projets, un comité de décision et de suivi des projets à
partir du moment où ils démarrent.
Ce que nous appelons Développement Local Migration existe, pour
l'instant, dans les pays du bassin du fleuve Sénégal,
principalement au Mali, au Sénégal et en Mauritanie.
Nous avons mis au point, pour lui donner plus d'ampleur que par le
passé, un protocole entre l'OMI, la Coopération et le
Ministère de l'Emploi et de la Solidarité pour répartir
leurs interventions. Pour l'organisation, il est prévu que dans le pays
de retour, les projets soient évalués par un organisme d'appui
technique, avec lequel les Pouvoirs Publics français locaux ont
conventionné. Un Comité de décisions a été
créé, présidé par le chef local de la Mission de
coopération, dont le secrétaire est le représentant de
l'OMI. Il est articulé autour de l'OMI et du Ministère de la
Coopération. Ce comité décide, au vu d'un projet
présenté et évalué par l'organisme technique.
Une aide de l'OMI peut être allouée pour le financement du
démarrage de projets, pour un maximum de 24 000 F. Nous voulons
faire en sorte que cette aide ne soit pas seulement une aide de
démarrage mais que le déroulement de ce projet sur le site soit
suivi par l'organisme d'accueil. Il ne sert à rien de donner une aide
pour démarrer un projet, si l'on ne vérifie pas qu'il est viable
et qu'il puisse être suivi dans le temps.
Nous démarrons modestement, mais nous le voulons absolument. Nous avons
voulu, avec l'OMI, créer des conditions permettant une évaluation
sérieuse de ces projets.
M. LE PRESIDENT
. - Par qui sont pilotés ces projets de
développement ? Par la Coopération ?
M. GAEREMYNCK
. - C'est un copilotage.
M. LE PRESIDENT
. - Qu'appelez-vous copilotage ? Piloter à
deux est moins simple qu'à un.
M. GAEREMYNCK
. - Tout se passe bien. Les deux participent au
financement. L'OMI par l'aide au démarrage et la Coopération
finance l'organisme technique local de soutien.
M. LE PRESIDENT
. - C'est donc piloté par les deux, avec des fonds
conjoints, Coopération et OMI.
M. LE RAPPORTEUR
. -Quel est le budget prévu pour 1998 ?
M. LE PRÉSIDENT.-
Ces fonds sont-ils indépendants de ceux
évoqués pour l'aide au retour ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui. Pour l'OMI, il s'agit de 4,4 MF, sous
réserve de confirmation.
M. LE RAPPORTEUR.-
La Coopération abonde-t-elle la même
somme ?
M. GAEREMYNCK
. - Je n'ai pas le budget, je vous le communiquerai.
M. LE PRESIDENT
. - Avez-vous les chiffres concernant les
bénéficiaires ?
M. GAEREMYNCK
. - Pour le programme Développement Local
Migration, pour les pays africains du bassin du Sénégal, 227
projets économiques de réinsertion ont pu être
financés au Mali.
M. LE RAPPORTEUR
. - Pour le seul Mali ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui.
M. LE PRESIDENT
. - Donc, pour 227 personnes.
M. GAEREMYNCK
. - Oui.
M. LE PRESIDENT
. - Elles sont donc déjà parties.
M. GAEREMYNCK
. - Oui, elles sont sur place. Ce sont les
bénéficiaires du Plan de Développement Local Migration
(PDLM) depuis qu'il existe, en 1995. Il a été créé
à cette date, mais pas sur le principe d'association des deux
partenaires indiqués à l'instant. Il a commencé avec des
fonds du Ministère de la Coopération. Ensuite, il a
été relié aux actions et aux financements de l'OMI.
M. LE PRESIDENT
. - C'est M. GODFRAIN qui l'a lancé.
M. GAEREMYNCK
. - Oui, vers la fin de l'année 1995. Nous y
avons introduit un partenaire supplémentaire avec ses moyens financiers
et l'intervention des deux partenaires s'articule.
M. LE RAPPORTEUR
. - En vertu de la circulaire de M. CHEVENEMENT,
avez-vous élaboré de nouveaux projets, en sus de ces 227 ?
M. GAEREMYNCK
. - Quant au nombre de personnes qui auraient
présenté un projet, je ne puis vous le dire. En
réalité, il existe un flux continu de projets
présentés au Comité. Il a redémarré au
début 1998 sur la base du protocole Coopération et OMI et
quelques dizaines de projets ont été présentés.
M. LE RAPPORTEUR
. - Pourrez-vous nous en donner le nombre ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui, si nous pouvons faire une répartition
dans le temps.
M. LE PRESIDENT
. - Le retard était dû plus à un
souci de compléter, de réfléchir qu'à un souci
financier.
M. GAEREMYNCK
. - Oui.
M. LE PRESIDENT
. - N'y a-t-il pas eu d'objections du Ministère
des Finances ?
M. GAEREMYNCK
. - Non.
M. LE PRESIDENT
. - Il s'agissait de perfectionner.
M. GAEREMYNCK
. - Et de créer quelque chose qui fonctionne.
Nous ne voulons pas financer des projets qui échouent. Nous voulons
qu'ils soient viables et qu'ils s'insèrent dans la politique de
développement de coopération française. Voilà l'un
des motifs de ce conventionnement avec la Coopération. Il faut que ces
projets aient un sens dans le cadre du développement économique
des pays en cause, même si c'est difficile. Nous voulons qu'ils
s'inscrivent dans la logique de cette politique
M. LE RAPPORTEUR.-
Ces 227 projets ne concernent-ils que le Mali ?
M. GAEREMYNCK
. - Pour une raison que je n'ai pas encore bien
identifiée, cela n'a pas vraiment marché au
Sénégal. Il est vrai que le Mali est le principal pays de
départ d'émigration. Ce sont les ressortissants de ce pays qui
ont le plus demandé à bénéficier du dispositif. Une
zone de forts départs est située à l'Ouest du Mali, Kayes,
pas très loin de la frontière du Sénégal. Cette
zone est l'une des plus déshéritées du monde.
Une des difficultés, est que dans le parcours personnel des personnes
qui ont émigré et retournent dans leur pays, il n'est pas
évident que la réinstallation dans le village ou la région
d'origine soit la solution la plus intéressante pour eux.
M. LE RAPPORTEUR
. - Ou la plus efficace.
M. GAEREMYNCK
. - Dans la mentalité africaine, il faut
prendre en compte l'aspect du prestige personnel, de l'échec du retour.
Nous avons un Comité de décision à Kayes, mais il est
probable que les activités des personnes qui reviennent se
développent plus facilement à Bamako ou dans d'autres parties du
pays. Nous y sommes très attentifs, il faut que cela marche.
M. LE PRESIDENT
. - Nous ne sommes pas à l'échelle du
problème, 227 projets pour 150 000 dossiers de
régularisation, dont 75 000 seront déboutés.
M. GAEREMYNCK
. - Les projets sont créateurs
d'activité. Toutes les personnes revenant au pays n'ont pas
forcément la capacité de créer des entreprises. Ce ne sont
pas des projets extraordinaires, ils sont individuels, modestes. Mais,
malgré tout, il faut avoir une capacité de proposer, de concevoir.
M. LE RAPPORTEUR
. - Comment expliquez-vous le faible nombre de demandes
d'aide au retour ? Combien de personnes ont-elles demandé d'en
bénéficier ?
M. GAEREMYNCK
. - Au 5 avril 1998, les dossiers
déposés à l'OMI étaient au nombre de 282 et
concernaient 309 personnes. Il y a eu 1 700 demandes d'information.
M. LE PRESIDENT
. - Essentiellement pour la Seine-Saint-Denis ?
M. GAEREMYNCK
. - Seine-Saint-Denis : 58. Val-de-Marne :
37. Autres départements : 160, mais peu pour Paris.
M. LE RAPPORTEUR.-
Combien de personnes ont quitté le
territoire ?
M. GAEREMYNCK
. - Pour l'instant, 83.
M. LE PRESIDENT
. - Les 282 incluent-ils les 83 départs ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui.
M. LE RAPPORTEUR.-
Quelle est l'évaluation globale du nombre des
demandeurs ?
M. GAEREMYNCK
. - Il est très difficile de le savoir.
Pour expliquer le faible nombre : ce dispositif est incitatif, mais il y a
un effet de décalage dans le temps, qui a un caractère
psychologique.
Selon notre analyse, les personnes dont la demande est rejetée ne
croient pas forcément à l'aide au retour. Je crois qu'il y aura
des recours. Beaucoup d'étrangers dont la demande est rejetée ont
l'intention de faire un recours, je pense à un recours gracieux,
ministériel.
M. LE PRESIDENT
. - Après avoir épuisé les voies
possibles de recours, ils ont le sentiment que s'ils mettent le doigt
là-dedans, ils sont privés du recours.
M. GAEREMYNCK
. - Ils n'y croient pas. Ils pensent ne pas avoir tout
dit, s'être mal expliqués. Nous avons des relations avec les
associations, elles nous disent que la première demande est de les aider
à constituer leur dossier de recours. Des recours sont
déposés dans les préfectures.
Les étrangers ne croient pas à la première
décision. Un mécanisme d'adaptation psychologique doit se faire
à la décision de rejet, il prend du temps. Voilà notre
hypothèse. Les personnes estiment avoir une chance encore. Les dossiers
commencent à être traités dans les préfectures, un
petit nombre d'entre eux donne lieu à l'inversion de la décision,
la proportion n'est pas significative. C'est à partir de la
deuxième décision que les personnes se font à
l'idée que leur dossier ne sera pas pris en compte. A ce
moment-là, elles seront plus dans la disposition d'esprit de demander le
bénéfice de l'aide au retour. Voilà notre hypothèse.
M. LE PRESIDENT
. - Nous allons passer aux prévisions.
M. LE RAPPORTEUR
. - Selon l'OMI, il était prévu
10 000.
M. GAEREMYNCK
. - C'est ce qui était budgétisé.
M. LE PRESIDENT
. - Vous ne l'atteindrez pas.
M. GAEREMYNCK
. - Nous n'en savons rien.
M. LE RAPPORTEUR.-
Il faudra attendre l'expiration des délais de
recours gracieux et contentieux.
M. GAEREMYNCK
. - Oui, pour avoir une vue d'ensemble.
M. LE RAPPORTEUR.-
Quelques questions :
Pouvez-vous dresser un bilan économique et social des
précédentes opérations de régularisation (1981,
1991, 1992) ?
Quel est le profil de la population aujourd'hui régularisée ?
Comment s'est organisé concrètement le suivi par les services
sociaux des personnes régularisées ?
Quelles seront les conséquences de ces régularisations sur
l'emploi ?
Quelles seront les conséquences de ces régularisations sur la
situation financière des organisme de protections sociale ?
Pouvez-vous rappeler les droits aux prestations sociales dont peuvent
bénéficier les étrangers en situation
irrégulière ?
En quoi cette nouvelle régularisation pourrait-elle avoir des
conséquences différentes de celles des régularisations
précédentes ?
Quelles sont les perspectives d'intégration dans la
société française des personnes ainsi
régularisées ?
M. LE PRÉSIDENT.-
Vastes questions. Avez-vous
réfléchi à tout cela ?
M. GAEREMYNCK
. - Oui, bien sûr.
Concernant le bilan des précédentes opérations, j'ai
apporté, à votre intention, une copie d'un document, qui est le
document de référence, c'est le seul à mon avis
véritablement substantiel sur le bilan de l'opération de
régularisation. Il s'agit d'une étude effectuée par
plusieurs chercheurs.
En prenant connaissance de cette étude, on note les différences
par rapport à l'opération de régularisation de 1998. En
1981 et 1982, c'était une opération de régularisation de
travailleurs.
L'étude porte sur : d'où viennent les travailleurs
régularisés ? Quelles sont leurs caractéristiques
socio-démographiques ? De quels secteurs viennent-ils ?
Il s'agit fondamentalement d'une régularisation de travailleurs.
L'étude porte sur un échantillon de 10 000 personnes pour
déterminer leurs caractéristiques socio-démographiques.
Quelques éléments : ce sont essentiellement des hommes
(80 %), des célibataires en général, très peu
de familles, des jeunes. Cela correspond bien à l'immigration
traditionnelle de travailleurs que nous avions connue dans la période
précédente.
C'était des travailleurs des isolés, des personnes jeunes ayant
une faible qualification, principalement des ouvriers dans les secteurs
d'activité que nous connaissons, notamment le BTP. La plupart n'avait
pas d'enfants, un peu plus d'un tiers avait au moins un enfant, 15 % en
avaient deux. L'étude est très complète.
Un autre élément, plus de 95 % d'entre eux avaient un emploi
au moment de l'opération.
D'ailleurs sur le plan administratif, l'opération de
régularisation était le fait de la Direction
Départementale du Travail, comme pour l'opération de 1981. Vous
noterez qu'il y a des détails sur les catégories
socioprofessionnelles, BTP, 30 %, puis hôtels, cafés,
restaurantes, agriculture : 10 %.
Voilà l'opération 1981-1982.
Celle de 1991 est de moindre ampleur. En 1981, 150 000 dossiers ont
été déposés et plus de 130 000 ont fait
l'objet d'une décision favorable.
L'opération de 1991 est de nature tout à fait différente,
d'abord par les personnes visées, dont les demandes d'asile, au sens de
la Convention de Genève, avaient été rejetées,
c'étaient dont des " déboutés " du droit
d'asile. A ma connaissance, il n'existe pas d'étude comparable
réalisée sur cette population.
Mes collaborateurs ont effectué un comptage, je vous en donnerai copie.
Moins de 15 000 personnes ont été
régularisées. Nous avons quelques éléments sur la
répartition par nationalité, par continent d'origine, (l'Asie
étant le principal) et par secteurs d'activité.
Bien sûr, les demandeurs d'asile déboutés étaient
visés.
Dans le document que je vous laisserai, vous aurez la répartition
géographique : en premier l'Asie, puis l'Afrique, ensuite la
répartition par activité : BTP, 20 %, l'industrie,
23 %, etc.
Voilà pour les caractéristiques des opérations
précédentes.
Profil de la population aujourd'hui régularisée : nous avons
une indication si nous analysons les demandes, les catégories de
bénéficiaires au titre de la circulaire.
Il est possible de classer les personnes et les bénéficiaires
d'une décision dans les catégories de cette circulaire. Un point
important, ce n'est pas une régularisation de travailleurs, ce n'est pas
le principe de la circulaire, il s'agit de régularisations de
séjour, dans certain cas le travail peut être pris en compte.
Parmi les critères pris en compte par la circulaire, et c'est ainsi
qu'ils ont été appliqués pour cette régularisation,
le critère familial est essentiel. Ce n'est pas pour autant que des
familles entières ont été régularisées, avec
armes et bagages.
Le critère familial est important : conjoint de français,
conjoint de personne en situation régulière, famille
constituée de longue date, regroupement familial, etc. Cela n'implique
pas que des familles entières soient régularisées. Nous le
notons bien dans les chiffres que je vais vous donner.
Je me fonde sur deux tableaux, celui du Ministère de l'Intérieur
et celui de l'OMI, ils sont compatibles et sont à la même date.
Les chiffres de l'OMI sont un peu inférieurs étant donné
le délai de transmission. j'ai leur tableau correspondant aux dossiers
transmis à l'Office aux fins de contrôle médical.
La première catégorie qui apparaît est celle des parents
d'enfants nés à France, ensuite viennent les étrangers
sans charge de famille, régularisables, puis les conjoints
d'étrangers en situation régulière et les conjoints de
français.
Quelques chiffres : les parents d'enfants nés en France :
14 584 ; les étrangers sans charge de famille,
régularisables : 8 237 ; les conjoints d'étrangers
en situation régulière : 8 209 ; les familles
constituées de longue date en France : 7 436 ; le
regroupement familial : 5 960. Il s'agit du regroupement familial au
sens de la catégorie de la circulaire : enfants mineurs
entrés en France hors procédure regroupement familial (paragraphe
1.5.2).
Concernant le regroupement familial, le chiffre de 5 960 personnes, pour
lesquelles l'Office a été sollicité pour faire passer la
visite médicale, correspond à 4 029 dossiers. Donc, le
nombre de demandeurs a été de 4 029, dans un certain nombre
de cas les demandeurs étaient accompagnés de leur conjoint, mais
il n'y a pas le double de bénéficiaires par rapport au nombre de
dossiers.
Nous pouvons penser qu'ont bénéficié du regroupement
familial, dans la majorité des cas, les conjoints des demandeurs au
titre de cette catégorie de circulaire, et même pas un enfant dans
tous les cas. C'est le demandeur plus le conjoint et, dans un cas sur deux, le
conjoint plus un enfant.
C'est une hypothèse, il faut rapprocher les 4 029 dossiers des
5 960 personnes qui passent la visite médicale. Au titre du
regroupement familial, ce ne seront pas des familles importantes en nombre qui
sont régularisées.
J'ai essayé de répondre à votre question sur le profil de
la population régularisée.
Oui, c'est un critère familial, mais la décision de
séjour, dans les faits concerne surtout des personnes isolées.
Le suivi des services sociaux : nous avons essayé de faire en sorte
que toutes les personnes dont la situation est régularisée soient
prises en compte par les services sociaux. L'objet de la circulaire
était de prendre une décision ou non en matière de
séjour, mais nous ne devons pas en rester là. Nous avons fait
inscrire dans la circulaire que les personnes en cause seraient
signalées, de manière systématique, aux services sociaux
et nous avons mis en place, avec l'OMI, cette procédure de suivi social.
Cette partie de la procédure OMI prévoit un point de passage
obligé. Toutes les personnes régularisables ne peuvent se voir
remettre le titre de séjour que si elles ont passé le
contrôle médical de l'OMI. Nous avons mis en place une
procédure d'évaluation de leur situation sociale et personnelle
sous forme d'un questionnaire rempli par des auditeurs sociaux, une nouvelle
fonction, un nouveau métier. Ce sont des personnes jeunes, assez
qualifiées (bac + 2 à bac + 5). Elles sont d'ailleurs très
satisfaites de ce qu'elles font.
Ces auditeurs sociaux voient systématiquement toutes les personnes qui
viennent passer le contrôle médical de l'OMI, afin de leur poser
des questions pour renseigner le questionnaire (je vous en laisserai un
exemple). Il contient des questions sur la situation des personnes, personnelle
et familiale et leurs besoins.
L'objectif est vraiment d'évaluer la situation de ces personnes et leurs
besoins. La première question qui se pose est de savoir si ces personnes
ont besoin d'un apprentissage du français et dans quelles proportions.
Ensuite, viennent les questions d'emploi, de logement. etc.
C'est la première fois qu'a été mis en place, à
cette échelle, un suivi social systématique à partir du
questionnaire proposé. Evidemment, nous ne pouvons pas forcer les
personnes à répondre aux questions, mais nous le leur proposons.
Dans l'application, nous notons que la majorité d'entre elles acceptent
de remplir le questionnaire et quelquefois l'entretien se prolonge, ces
personnes étant heureuses de parler d'elles, elles auront un titre de
séjour, mais elles aiment évoquer leur situation personnelle.
Nous avons voulu cette phase d'évaluation sur la base du questionnaire
rempli dans les locaux de l'OMI. Celui-ci est ensuite transmis aux DDASS,
à charge pour elles de les exploiter, notamment de les transmettre aux
services sociaux spécialisés.
Les DDASS prennent en compte ces questionnaires, elles opèrent un tri.
Certaines personnes disent ne pas avoir de besoins particuliers, d'autres
demandent, de manière insistante et urgente, d'être introduites
dans des dispositifs d'apprentissage du français. C'est pris en compte,
nous faisons en sorte qu'elles soient introduites dans des services
spécialisés.
Les modalités : elles sont assez variables. La DDASS organise des
réunions collectives, il y en avait une hier en Seine-Saint-Denis, les
personnes sont invitées à y venir. La DDASS fait venir des
représentants des services publics : emploi, éducation
nationale, etc.
Nous voulons connaître ces personnes qui vivent en France et savoir qui
elles sont, quelles sont les familles, quels sont leurs besoins et les
introduire dans les dispositifs sociaux.
M. LE RAPPORTEUR
. - Pourriez-vous nous adresser une note sur ce point
particulier ?
M. GAEREMYNCK
. - Bien sûr.
Les conséquences de ces régularisations sur l'emploi et sur la
situation financière des organismes de protection sociale : deux
types de conséquences :
Les personnes dont la situation est régularisée pourront
bénéficier des prestations d'assurance maladie et vont devenir
des ayants-droits. Les personnes en situation irrégulière ne
pouvaient pas être affiliées à l'assurance maladie,
maintenant ce sera possible. De toute façon ces dernières
pouvaient bénéficier, dans certaines conditions, de l'aide
médicale.
M. LE RAPPORTEUR
. - Ces personnes régularisées
avaient-elles un emploi ?
M. GAEREMYNCK
. - Je n'ai pas la réponse, mais nous l'aurons
car nous mettons sur pied une vaste enquête.
Les questionnaires dont je parlais ont pour objet d'introduire
immédiatement les personnes dans les services publics et sociaux dont
elles ont besoin, mais nous voulons que ces questionnaires fassent l'objet
d'une exploitation systématique.
Nous avons prévu, en 1998, de financer une étude pour exploiter
les informations contenues dans tous les questionnaires. L'étude de 1981
et 1982 portait sur un échantillon.
Sur le plan statistique, ils seront rendus anonymes. Nous avons demandé
l'accord de la CNIL et ils seront exploités poux mieux connaître
la situation, les caractéristiques socio-démographiques des
personnes régularisées en 1997-1998.
Le questionnaire énonce ces différentes caractéristiques.
Nous aurons les informations, ensuite il y aura exploitation de l'ensemble.
Nous en tirerons également un échantillon qui suivra plus
particulièrement le parcours migratoire des personnes en cause.
M. LE RAPPORTEUR.-
Vous ne savez pas si la plupart de ces personnes ont
ou non un emploi, clandestin ou non.
M. GAEREMYNCK
. - Parmi les éléments à prendre
en compte pour la décision de réexamen, la question était
de savoir si les intéressés travaillaient ou pas. Le travail
étaient l'un des indices, parmi d'autres. Ce n'était pas le
critère essentiel.
M. LE RAPPORTEUR
. - N'avez-vous pas de comptage particulier ?
M. GAEREMYNCK
. - Non, mais nous l'aurons.
M. LE RAPPORTEUR
. - A quelle date pensez-vous l'avoir ? Est-ce en
cours ?
M. GAEREMYNCK
. - L'opération de traitement est en cours, le
remplissage des questionnaires, ensuite la transmission à
l'opérateur.
M. LE RAPPORTEUR
. - Il est important de savoir si ces personnes ont
déjà un emploi ou si elles vont grossir le nombre de
chômeurs.
M. GAEREMYNCK
. - Un certain nombre ont un emploi, mais pas
forcément tous. Combien ? Nous ne sommes pas en mesure de le dire.
M. LE RAPPORTEUR.-
Vous nous ferez une note.
M. GAEREMYNCK
. - Je vous remettrai un exemplaire du questionnaire.
Accès aux prestations familiales : les enfants, bien sûr,
bénéficient des prestations familiales, selon le système,
c'est-à-dire l'âge, le nombre.
M. LE PRÉSIDENT.-
Vous n'avez pas de point de repère.
M. GAEREMYNCK
. - Non puisqu'il n'y a pas de comptage.
L'enquête nous apportera des éléments. Pour l'instant, nous
n'avons pas d'informations.
M. LE PRESIDENT
. - Connaissez-vous le nombre d'enfants à charge
dans les familles régularisées ? Vous devez pouvoir
l'obtenir rapidement.
M. GAEREMYNCK
. - Nous l'avons clairement pour les demandes
présentées au titre de regroupement familial. Pour les autres
catégories, l'information est disponible, mais elle n'a pas encore
été exploitée.
M. LE RAPPORTEUR
. - Pour le budget des caisses d'allocations familiales,
il est intéressant de savoir quel va être l'impact.
M. LE PRÉSIDENT.-
Nous allons entendre Mme AUBRY, je suppose
qu'elle aura un chiffre prévisionnel sur les incidences
financières et sociales de cette régularisation. Un ministre ne
peut pas ne pas prendre en compte une opération de régularisation
de 75 000 personnes en France.
Je suppose que vous avez les éléments nécessaires pour
nourrir la curiosité du ministre.
M. GAEREMYNCK
. - Le système des prestations familiales est
très complexe.
M. LE PRÉSIDENT.-
Raison de plus pour réfléchir.
M. GAEREMYNCK
. - Le montant des allocations dépend du rang
de l'enfant, de l'âge, du nombre, de la position de la famille. Une
multiplicité de critères interviennent.
M. LE RAPPORTEUR.-
Supposons que nous arrivions à
régulariser 75 000 personnes, il doit y avoir un maximum de chefs
de famille.
M. GAEREMYNCK
. - On ne fait pas cela à l'unité
près.
M. LE RAPPORTEUR
. - Il doit être possible d'évaluer le
montant des prestations familiales à verser.
M. GAEREMYNCK
. - Parmi le nombre de personnes à
régulariser, les personnes adultes ne présentent pas un
problème, mais il y a les familles, celles-ci, dans un certain nombre de
cas, ont des enfants nés en France. Ils sont déjà pris en
compte.
M. LE PRESIDENT
. - Nous n'allons pas nous appesantir sur ce point. Nous
sommes très demandeurs d'une évaluation des incidences
évoquées par Monsieur le Rapporteur, aussi bien sur le domaine de
l'emploi que sur les situations financières des organismes de protection
sociale, avant la fin de la mission.
Par conséquent, si cette réponse ne peut pas être
donnée aujourd'hui, elle sera demandée de façon tout
à fait précise et, au besoin, nous vous entendrons à
nouveau à la fin de la mission. C'est un élément important
de notre rapport.
M. LE RAPPORTEUR
. - Les perspective d'intégration dans la
société française des personnes régularisées.
M. GAEREMYNCK
. - Je répète mes propos
précédents sur le suivi social. Nous voulons, par un dispositif
social, que les personnes soient connues et sur la base du questionnaire qui
reflète leurs besoins particuliers, les introduire dans les services les
plus appropriés : emploi, logement, apprentissage du
français, etc.
L'objectif du service social est d'introduire ces personnes dans les
dispositifs de la politique d'intégration sociale.
M. LE RAPPORTEUR.-
L'apprentissage du français n'est pas
obligatoire.
M. GAEREMYNCK
. - L'idée est de le suivre. Un grand nombre
d'entre elles nous le demande.
M. LE RAPPORTEUR
. - Vous nous communiquerez le pourcentage, ce serait
intéressant car l'intégration passe tout de même par
l'apprentissage de la langue.
M. GAEREMYNCK
. - Un certain nombre d'entre elles parlent
français.
M. LE PRESIDENT
. - Nous allons passer la parole aux collègues qui
après ce long et intéressant débat, ont peut-être
des questions complémentaires à poser ou des observations
à faire.
M. DEMUYNCK
. - Merci, Monsieur le Président. Il est vrai que
cette audition a été longue et intéressante. je vais poser
deux brèves questions.
Dans les régularisations qui vous ont été
présentées, retrouvez-vous des personnes qui ont
déjà bénéficié d'une aide au retour, sous
différentes circulaires qui ont pu paraître ?
Vous avez expliqué que vous faisiez une évaluation, un suivi, un
entretien à l'OMI. Pourriez-vous être plus précis et nous
dire quels en sont les résultats, les demandes précises, et
surtout quels sont les moyens supplémentaires que vous allez donner aux
organismes afin de satisfaire éventuellement ces demandes et si les
villes sont informées des demandes de ces nouveaux
régularisés ?
M. GAEREMYNCK
. - Sur le fait de retrouver des personnes ayant
bénéficié d'une aide au retour, je ne peux vous
répondre, nous n'avons pas d'éléments sur ce point. Cela
ne fait pas partie du questionnaire et à mon avis c'est
négligeable.
M. LE PRÉSIDENT.-
Votre impression est que c'est
négligeable.
M. GAEREMYNCK
. - Cela ne fait pas partie des question posées
dans le cadre de l'instruction des dossiers et ne sert pas quant au suivi
social.
Quant à votre deuxième question, nous avons voulu que l'OMI
s'organise pour faire face à toutes ces demandes. Tout à l'heure
nous parlions d'un budget autour de 10 000 personnes, nous sommes
très loin de ce chiffre pour la saisine de l'OMI, mais en tout cas
l'Office est prêt, par ses agents et aussi par l'intermédiaire des
conventions.
Nous avons demandé à l'OMI de conventionner avec certains
organismes ou associations, pour assurer l'information sur les dispositifs
d'aide au retour, le dispositif que je décrivais tout à l'heure.
Nous demandons aux associations avec lesquelles elles sont en contact, par le
biais de réunions d'information collectives, d'entretiens individuels
d'informer les étrangers de l'existence du dispositif d'aide au retour
et de ses possibilités.
Nous demandons, dans certains cas, de procéder, en liaison avec l'OMI,
à l'entretien personnalisé, dont je parlais tout à
l'heure, destiné à faire le bilan de la situation sociale,
personnelle et éventuellement professionnelle des
intéressés.
L'OMI principalement, avec les organismes avec lesquelles elle est
conventionnée, est en mesure de procéder à ces entretiens
et de mettre en oeuvre les dispositifs.
Information sur les municipalités, les villes : les personnes
saisissent l'OMI, il y a une délégation Paris Nord, Paris Sud.
Qui faudrait-il informer et sur quels critères ? Quelle
municipalité, quelle commune ?
M. DEMUYNCK
. - En Seine-Saint-Denis une information pourrait
être donnée à toutes les communes, dans tous les domaines.
Vous parliez de cours de français, de logement. Ne serait-il pas
intéressant que nous puissions avoir un bilan pour ceux qui sont
ressortissants de la Seine-Saint-Denis pour connaître leurs demandes,
leurs difficultés, leurs problèmes ? Les
municipalités pourraient ainsi prendre les mesures nécessaires
pour une meilleure intégration.
Je suis Maire, je n'ai aucune information particulière. Les services
sociaux sont obligés de se débrouiller, notamment en
matière de logement, dans des conditions inacceptables. Il faudrait
à la fois connaître les problèmes que ces personnes
rencontrent, mais surtout donner des moyens supplémentaires aux
collectivités.
M. LE RAPPORTEUR.-
Je partage entièrement le point de vue de
notre collègue. Il faut surtout donner l'information aux
départements car pour l'aide sociale ce sont les budgets
départementaux qui sont mis à contribution.
M. GAEREMYNCK
. - Ce que vous dites est particulièrement
légitime. Je pense que l'information doit passer par les directions
départementales. Nous allons leur demander si elles peuvent diffuser ces
informations aux communes.
M. LE PRESIDENT
. - D'autres questions ?
M. BLAIZOT
. - J'aimerais bien savoir si vous
bénéficiez d'une collaboration vraiment forte des
autorités locales pour l'accueil et tout ce qui peut accompagner leur
intervention. Les représentations diplomatiques des pays en question
à Paris interviennent-elles pour essayer de contribuer au succès
de ces opérations ? Par exemple, pour convaincre les personnes non
autorisées à rester sur le territoire à rentrer
plutôt que de rentrer dans la clandestinité. Y a-t-il de la part
des autorités des pays concernés un appui à votre
action ? Avez-vous le sentiment que le climat d'accueil qu'auront les
personnes qui rentreront sera satisfaisant et un motif de succès de
l'opération ?
M. GAEREMYNCK
. - Concernant l'action des autorités des pays
concernés en France avant le départ, je crois qu'il n'y a rien de
particulier.
M. BLAIZOT
. - Vous ne voyez donc pas les représentants de
ces pays prendre en charge les intéressés.
M. GAEREMYNCK
. - Je peux demander à nos collègues des
Affaires Etrangères s'ils ont des éléments sur ce point.
Je ne peux répondre négativement, peut-être existe-t-il une
action dont je n'ai pas connaissance.
M. BLAIZOT
. - Le Ministère des Affaires Etrangères
pourrait convaincre les représentations diplomatiques de ces pays
d'encourager les ressortissants à rentrer, avec la conviction qu'ils
seront bien reçus, qu'ils ne se heurteront pas à des obstacles de
la population ou des autorités. Ce serait important.
M. GAEREMYNCK
. - Je vais transmettre la question à mes
collègues des Affaires Etrangères.
M. LE PRESIDENT
. - D'autres questions ?
M. BLAIZOT
. - Qu'en est-il des représentations diplomatiques
à Paris et des autorités locales sur place.
Si les personnes sont reçues à coups de " trique ", il
est certain que cela se saura et qu'elles ne seront pas tentées de
rentrer. Si, au contraire elles sont reçues dans un climat d'accueil
approprié, ce serait peut-être un élément de
succès.
M. GAEREMYNCK
. - Je crois que le problème n'est pas
là, nous pouvons craindre une relative indifférence des pays qui
ne sont pas intéressés. Les relations avec les pays africains ne
sont pas toujours faciles.
M. LE PRÉSIDENT.-
Il peut y avoir une réaction de
souveraineté.
M. GAEREMYNCK
. - Je vais voir avec mon collègue des Affaires
Etrangères comment cela se passe avec les autorités des pays
étrangers. Il y a des contacts, c'est certain, mais quel est le climat
général, je ne peux vous donner d'indication utile.
M. BLAIZOT
. - C'est une part importante du succès de
l'opération.
M. GAEREMYNCK
. - Pour l'instant, peu de personnes sont reparties,
le problème n'a pas pris une ampleur telle que l'impact dans le pays se
pose sur une certaine échelle.
M. BLAIZOT
. - Il faudrait essayer de sensibiliser les
autorités locales afin qu'elles manifestent une bonne volonté.
M. LE PRESIDENT
. - Les Ambassadeurs ont dû faire leur
métier à cet égard, il faut l'espérer. C'est un
aspect important du problème. L'accueil, s'il est bon, aura
peut-être une place déterminante dans un dispositif nouveau et,
pour l'instant est hésitant.
D'autres questions ?
S'il n'y en a pas, je vais, Monsieur le Directeur, arrêter là
cette longue et intéressante audition. Au nom de mes collègues,
je vous remercie de la complaisance avec laquelle vous avez répondu aux
questions pertinentes de Monsieur le Rapporteur. Vous avez enrichi notre
débat et apporté, sur ce thème complexe, une information
sur un volet qui n'est pas souvent traité et qui mérite une
grande attention.
Voilà pourquoi nous nous sommes permis d'insister sur les questions
complémentaires que vous aurez à fournir concernant les
incidences de ce vaste mouvement de régularisation, incidences, je le
rappelle, de nature sociale et financière.
Merci, Monsieur le Directeur de cette prestation tout à fait conforme
à ce que nous espérions.
M. GAEREMYNCK
. - Merci, Monsieur le le Président.