IV. LES MESURES NOUVELLES EN FAVEUR DES PERSONNES LES PLUS DÉFAVORISÉES RESTENT À DÉFINIR
A. L'AIDE EN FAVEUR DU LOGEMENT DES PLUS DÉMUNIS A ÉTÉ DÉVELOPPÉE ENTRE 1993 ET 1997
1. Le plan d'urgence de 1995 a amélioré la situation
Le précédent Premier ministre, M. Alain
Juppé, avait engagé en 1995 un important programme comprenant
10.000 logements d'urgence et 10.000 logements d'insertion afin de
créer un stock de logements facilement mobilisables pour accueillir
à titre temporaire des ménages en difficulté. Ce programme
a été réalisé dans les délais et a
contribué à améliorer considérablement la
situation. On peut rappeler que l'idée de chaîne du logement
était également très présente dans cette action
puisque la circulation depuis l'état de sans-domicile vers les logements
d'urgence puis les logements d'insertion et enfin un logement plus ordinaire
était recherchée.
Les réalisations ont été exécutées le plus
souvent dans des centres urbains anciens. Ce sont très majoritairement
des immeubles existants de petite dimension qui ont été
réhabilités, permettant ainsi une bonne insertion dans la ville.
Le plan a prévu également un accompagnement social par des
travailleurs sociaux qui permet d'améliorer l'insertion de ces personnes
en difficulté.
Dans le cadre du plan d'urgence pour le logement des plus démunis,
l'Etat a procédé en 1995 et 1996 à deux vagues de
réquisitions de logements vacants appartenant à de grands
investisseurs institutionnels en Ile-de-France.
Les logements réquisitionnés, au nombre de 500 (dont 400 sur
Paris) pour la première vague et de 700 (dont 500 sur Paris) pour la
seconde, l'ont été pour une durée minimale de 5 ans.
Ces deux programmes de réquisitions ont permis de loger environ 2.700
personnes qui se trouvaient soit sans ressources stables, soit
hébergées en hôtel, soit vivant dans des logements
insalubres ou venant d'être expulsées.
Parmi les autres mesures pour le logement très social, on peut rappeler
utilement que c'est un décret du 30 juin 1994 qui a étendu les
prêts locatifs aidés à financement très social
(PLA-TS) à la construction de logements neufs. Les opérations
bénéficient d'un taux de subvention de l'Etat de 20 % qui
peut être porté à 25 % par dérogation
préfectorale si l'équilibre de l'opération le justifie.
L'aide aux plus démunis a également pris la forme d'une ligne
budgétaire pour l'hébergement d'urgence et le logement temporaire
créée par la loi de finances rectificative pour 1993 du 22 juin
1993. Cette ligne a parfois été appelée "
ligne
des 100 millions de francs
" puisque tel était le montant qui
lui avait été consacré par les lois de finances initiale
pour 1994, 1995 et 1996. Les opérations financières sur cette
ligne ont consisté dans leur grande majorité, en la
création de structures d'accueil d'urgence (centre d'hébergement,
foyers, résidences ou hôtels sociaux) ou de logements temporaires
dits " logements-passerelles ", notamment par la
mobilisation du
patrimoine vacant de l'Etat et des collectivités territoriales. Une
partie des crédits de la ligne d'urgence est déconcentrée
depuis 1993 au niveau départemental.
En 1997, les décisions de financement ont été
déconcentrées sous les mêmes conditions de plafond que
celles du plan d'urgence (51,2 millions de francs) mais une partie des
crédits a été réservée pour financer
directement les opérations dont le montant de subvention est
supérieur au plafond ou les hôtels sociaux (48,8 millions de
francs).
2. Le FSL est devenu un outil privilégié pour aider les personnes démunies
Depuis 1993, le FSL s'est affirmé comme un outil
privilégié pour venir en aide aux personnes
défavorisées.
En 1996, les dépenses des FSL se sont élevées à
1.174 millions de francs contre 965,6 millions de francs en 1995. Ce montant
est à comparer aux 505 millions de francs dont il était
doté en 1992. On note que 360,9 millions de francs ont été
consacrés aux aides au maintien dans les lieux, 381,5 millions de
francs en aides à l'accès au logement, 31,8 millions de francs au
paiement de garanties et 236,4 millions de francs ont été
consacrés aux dépenses d'accompagnement social lié au
logement (ASLL).
Dépenses des FSL
(en millions de francs)
|
|
|
|
|
1996 (estimation) |
Aides au maintien |
259,5 |
296,5 |
337,7 |
336,8 |
360,9 |
Aides à l'accès |
113,1 |
196,0 |
247,0 |
321,2 |
381,5 |
Paiement de garanties |
5,4 |
9,6 |
17,4 |
22,4 |
31,8 |
ASLL (1) |
81,5 |
124,2 |
148,0 |
171,0 |
236,4 |
Gestion locative |
8,4 |
12,1 |
|||
Subventions aux associations |
7,0 |
15,9 |
20,1 |
39,3 |
|
Fonctionnement |
37,3 |
55,0 |
72,2 |
80,2 |
108,4 |
Dépenses totales |
505,0 |
709,2 |
846,1 |
965,6 |
1.174,7 |
dont aides (2) |
459,6 |
633,5 |
766,2 |
880,4 |
1.062,3 |
NB : les chiffres figurant dans ce tableau sont les
encaissements de trésorerie et non les dépenses
décidées lors des réunions des instances de
décisions.
(1) Accompagnement social lié au logement.
(2) Total des dépenses des FSL non compris les frais de
fonctionnement et les dépenses diverses.
Les 39,3 millions de francs consacrés aux subventions aux associations
ont été consacrés à l'hébergement et
à l'urgence. Les crédits affectés aux FSL ont
augmenté de 132,6 % entre 1992 et 1996, ce qui illustre l'effort
consacré par les gouvernements précédents au logement des
personnes en difficulté ainsi que par l'ensemble des autres acteurs
intéressés au premier rang duquel il convient de citer les
conseils généraux. Ainsi, en 1996, si l'Etat a contribué
à hauteur de 250 millions de francs, la dotation des départements
a atteint 275 millions de francs, celle des caisses d'allocations
familiales 54,1 millions de francs, celle des organismes HLM 40,3 millions de
francs alors que les communes ont financé ces fonds à hauteur de
37,6 millions de francs.
Les dotations de l'Etat (y compris en LFR et mouvements internes)
versées aux FSL, depuis 1993, ont été les suivantes :
(en millions de francs)
Années |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 PLF |
Participation de l'Etat versée aux FSL |
178,3 |
208,0 |
330,0 |
250,0 |
300,0 |
340,0 |
Les dotations de l'Etat aux FSL depuis 1993
Il est à noter qu'en 1994, les FSL ont
bénéficié d'une dotation supplémentaire de l'Etat
de 20 millions de francs ouverte en loi de finances rectificative, notamment
afin de développer les missions d'accompagnement social lié au
logement, dans le cadre des mesures prises par le Gouvernement en faveur du
logement des personnes défavorisées (circulaire du 22 mars
1994).
En 1995, la dotation initiale de 220 millions de francs a été
abondée à hauteur de 110 millions de francs, en loi de
finances rectificative du 4 août 1995, dans le cadre du plan
gouvernemental d'urgence pour le logement des plus défavorisés
pour financer l'accompagnement social lié au logement et, notamment, la
gestion locative.
En 1997, la participation de l'Etat aux FSL est financée sur un compte
d'affectation spéciale dénommé " Fonds pour le
logement des personnes en difficulté " dont la création a
été demandée dans le cadre du projet de loi de finances.
Ce compte est abondé par la contribution annuelle sur les logement
sociaux à usage locatif due, par les bailleurs, sur les locaux qui sont
occupés au 1
er
janvier de l'année d'imposition, par
des locataires dont le revenu imposable excède de 40 % les plafonds
de ressources fixés pour l'attribution des logements sociaux.
Les recettes de ce compte d'affectation spéciale, qui finance
également les dépenses d'aides aux associations logeant à
titre temporaire des personnes défavorisées (ALT) à
hauteur de 140 millions de francs, ont été estimées par la
loi de finances pour 1997 à 440 millions de francs.
Le produit total sur l'année 1997 de ce compte d'affectation
spéciale devait être connu dans le courant du mois de septembre
1997 ; en tout état de cause, il devait être inférieur
à 440 millions de francs.
Un redéploiement budgétaire a permis, au printemps 1997,
d'abonder le compte d'affectation spéciale de 88 millions de francs,
à partir du budget du logement.
Pour 1998, compte tenu des contestations du principe de financement des FSL par
le seul secteur HLM ainsi que des difficultés d'encaissement des
recettes évoquées plus haut, le Gouvernement a
décidé d'imputer à nouveau sa dotation aux FSL sur le
budget du logement, pour un montant de 340 millions de francs.